Jean Benoît (artiste)

artiste canadien
Jean Benoît
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Naissance
Décès
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ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jean Benoît, né le à Québec et mort le à Paris, est un artiste plasticien surréaliste français d'origine québécoise.

Biographie modifier

À l'âge de 15 ans, Jean Benoît entre à l'École des beaux-arts de Québec. En 1942, il s'installe à Montréal et, toujours aux Beaux-arts, suit le cours d'Alfred Pellan qui l'initie, dès 1943, aux Manifestes du Surréalisme et au jeu du cadavre exquis. Sous le pseudonyme « Je Anonyme », il signe le manifeste Prisme d'yeux (1948).

Avec son épouse, l'artiste Mimi Parent, il part, en 1948, pour Paris et y rencontre André Breton en 1959. C'est à Paris qu'il suivra les cours en ethnologie au Musée de l'Homme qui l'inciteront à aller à la rencontre des arts premiers, surtout en Océanie avec Pierre Langlois, dès 1967.

Le , en marge de l'exposition internationale du Surréalisme dédiée à Éros, dans l'appartement de Joyce Mansour, Jean Benoît présente son « Exécution du testament du marquis de Sade » devant un public confidentiel dont André Breton et Matta. Au terme de cette présentation, il s'applique sur la poitrine un fer rougi portant les quatre lettres SADE. Matta fait de même[1]. Le journal Arts accorde une page complète à l'exposition et une demi-page au cérémonial. Alain Jouffroy écrit : « L'acte lui-même, qui consiste à se brûler aux lettres de Sade, dans un monde aussi bavard et aussi peu enclin aux gestes que l'est celui où nous vivons en ce moment à Paris, est, à mon sens un défi. Défi aux conformismes, défi aux paresses, défi au sommeil, défi à toutes les formes d'inertie, dans la vie comme dans la pensée[2]. »

Il participe également aux expositions de 1961, celle de New-York (IXe Exposition internationale du Surréalisme : Surrealist Intrusion in the Enchanters'Domain, organisée par Marcel Duchamp et André Breton à la Galerie d'Arcy et à celle de Milan : Mostra internazionale des surrealismo qui se déroule à la Galerie Schwarz. Mais encore à celle de Sao Paulo, en 1967, A Phala, tenue à la Fondation Armando Alvarez Penteado (FAAP), aux côtés de Leonora Carrington, Gabriel Derkevorkian, Jean Terrosian, ou celle de Brnö en 1968, Le principe de plaisir[3]

En 1963, Jean Benoît rejoint le mouvement Panique, fondé par Arrabal et Topor, et auquel prend part le peintre et cinéaste Alejandro Jodorowsky. Il réalise alors des dessins de costumes pour deux personnages - le nécrophile et la première communiante - de la pièce d'Arrabal, La Communion solennelle, dessins publiés avec le texte de la pièce dans la revue La Brèche n°4.

En 1965, en réponse à une lettre d'une conservatrice du Musée de Besançon, André Breton le cite parmi les dix créateurs les plus authentiques de ces vingt dernières années. La même année, Jean Benoît participe à la XIe exposition internationale du surréalisme intitulée L'Écart absolu, à la galerie de la revue L'Œil, à Paris, dans laquelle il apparaît en costume de nécrophile, en hommage au Sergent Bertrand, costume dont le poète Radovan Ivsic réalisa des photographies et au dos duquel il écrit : « Mort, la vie te guette »[4].

Œuvres modifier

Illustration
Écrit
Sculptures et costumes
  • Exécution du testament du marquis de Sade, 1950, sculpture et installation. André Breton : « Il y a des testaments qui sautent les murs pour aller chavirer dans les yeux des loups… »[5]
  • L'Art si difficile d'être sincère sans être ridicule, 1964
  • Le Bouledogue de Maldoror, 1965-1966 (gants de cuir de petites filles et tessons de bouteille)[6]
  • Le Nécrophile, 1965[7]
  • L'Antiquité fin du XXe siècle, 1965
  • Théorie de perversité, canne, 1991/92

Bibliographie modifier

  • André Breton, « Enfin Jean Benoît nous rend le grand cérémonial » (1962), dans Le Surréalisme et la peinture, Paris, Gallimard, 1965, p. 494-499.
  • Annie Le Brun, Jean Benoît, avec des textes de André Breton, Radovan Ivšić, Jean Benoît, Alain Joubert, Levallois-Perret, Éditions Filipacchi, 1996 - Exposition du 9 au 31 octobre 1996 à la Galerie 1900-2000, Paris.
  • Annie Le Brun, « Éclipse de liberté », dans Ailleurs et autrement, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », 2011, p. 269-278.
  • Annie Le Brun, « Un délicat déchaîné » et « C'est tout simple », dans Un espace inobjectif. Entre les mots et les images, Paris, Gallimard, coll. « Art et Artistes », 2019, p. 12-32, p. 139-142.
  • Maxime Catellier, «La dernière scène», entretien avec Jean Benoît, dans Le Bathyscaphe no 7, Automne 2011, Éditions Seuls maîtres à bord / L'Oie de Cravan.
  • Maxime Catellier, La Mort du Canada suivi de Lettre à Jean Benoît, Montréal, Poètes de Brousse, 2009.
  • Marine Degli, « Jean Benoît, le mystère en plein soleil », in L'Œuf sauvage n° 12, printemps 2015.

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Fribourg (Suisse), Office du livre / Paris, Presses Universitaires de France, 1982, pp. 56 et 262.
  2. Arts, no 754, décembre 1959.
  3. Catalogue de l'exposition Mimi Parent, Jean Benoît. Surréalistes, organisée au Musée national des beaux-arts du Québec, par la commissaire Danielle Lord, en 2004.
  4. Annie Le Brun, « Un délicat déchaîné », dans Un espace inobjectif. Entre les mots et les images, Paris, Gallimard, coll. « Art et Artistes », 2019, p. 30.
  5. Breton, Le Surréalisme et la peinture, Gallimard, 1965, p. 386.
  6. Biro, op. cit., p. 56.
  7. Biro, op. cit., p. 56. Dans le court-métrage de Michel Zimbacca, Ni d'Ève ni d'Adam (1969), Jean Benoît apparaît quelques secondes dans ce costume du Nécrophile. En complément de programme du DVD L'Invention du monde de M. Zimbacca, Jean-Louis Bédouin et Benjamin Péret, réédition de 2010.