Jean Cahen-Salvador

résistant et haut fonctionnaire français
Jean Cahen-Salvador
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Fonctions
Secrétaire général
Conseil économique, social et environnemental
-
Président
Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Père

Jean Cahen-Salvador né le [1],[2] dans le 8e arrondissement de Paris[3] et mort le dans le 12e arrondissement de Paris[4], est un conseiller d'État français qui réussit à s'évader du convoi n° 62 du 20 novembre 1943, l'emmenant du camp de Drancy vers Auschwitz[5]. Il fut chef de cabinet de Michel Debré et un dirigeant industriel.

Biographie modifier

Jean Cahen-Salvador est né le [6]. Il est le fils de Georges Cahen-Salvador, conseiller d'État (né à Paris le et mort en 1963) et de Madeleine Katz, née le . Il est le frère de Gilbert Cahen-Salvador.

Son épouse est Simone Raymonde Cahen-Salvador née Mouton (1913-2003), fille de Henri Mouton, conseiller d’État. Ils ont trois enfants : Anne-Marie Cahen-Salvador (née le ) mariée à Nicolas Seydoux, Gilles Louis Cahen-Salvador (né le ) et Catherine Cahen-Salvador (1947 ?).

Diplômé de l'École libre des sciences politiques, il est docteur en droit et reçu au concours de l'auditorat du Conseil d’État le .

Il participe à de nombreux cabinets ministériels entre 1936 et 1940, souvent liés aux questions économiques et sociales.

Suspendu par le gouvernement du maréchal Pétain au nom du statut des juifs, il est mis à la retraite d'office en . À la Libération il est réintégré au Conseil d’État et nommé maître des requêtes à compter du .

La Seconde Guerre mondiale modifier

Au sujet du convoi n° 62 du 20 novembre 1943, partant du camp de Drancy vers Auschwitz, Klarsfeld (1978) écrit[7] :

« En effet, il y a eu 19 évasions en cours de route, dont celle de Jean Cahen-Salvador, aujourd'hui conseiller d'État. Ces évasions font l'objet de plusieurs documents XXVc-249 et XXVI-78. L'évasion a lieu près de Lerouville (Meuse)[8] à 20 h 30, le et fut le fait de jeunes gens, qui avaient participé au percement d'un tunnel[9] pour s'échapper de Drancy et qui avaient été dénoncés. »

Il réussit à passer en Suisse, avec son père, Georges Cahen-Salvador, sa mère, Madeleine Cahen-Salvador, son épouse Simone Raymonde Cahen-Salvador et ses deux enfants Anne-Marie Cahen-Salvador et Gilles Louis Cahen-Salvador[10].

Après la Seconde Guerre mondiale modifier

Après la Seconde Guerre mondiale, Jean Cahen-Salvador occupe d'abord le poste de secrétaire général du Conseil économique jusqu'en 1952 — son père Georges Cahen-Salvador avait été le secrétaire général du Conseil national économique durant tout l'entre-deux-guerres[11] —, puis est envoyé en mission auprès de l'OTAN.

Il est nommé conseiller d’État le .

En 1959-1960, Jean Cahen-Salvador est chargé de mission auprès du ministre des travaux publics et des transports[12],[13],[14],[15].

Il préside la société Nord-Aviation de 1961 à 1967.

De 1965 à 1967, il est président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales.

En 1967, il est le premier président du Conseil d'administration du Centre national pour l'exploitation des océans (CNEXO)[16], devenu plus tard l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer ou IFREMER)[17].

En 1967, il est membre du conseil d'administration de la Biennale de Paris[18] et président du Conseil d'administration de la Biennale de Paris en 1980[19].

De 1971 à 1974, il est président des Chantiers de l'Atlantique.

Il contribue à la Fondation de la Résistance[20].

Il est mort le [21], à l'âge de 86 ans.

Décorations modifier

Œuvres modifier

Ouvrages modifier

  • La représentation des intérêts et les services publics, thèse pour le doctorat présentée devant la Faculté de droit de Paris, 1935
  • Le Procès du maréchal Bazaine, Lausanne, La Guilde du Livre, 1946.
  • Pour une nouvelle condition de l'artiste[23], 1978.
  • Avec Claude Bouret, Blandine Bouret, Bernard Dezaly, Daniel Gervis & Michel Melot, La Lithographie en France des origines à nos jours[24], Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques, 1982 (ISBN 9782904047008 et 290404700X).
  • Sauvegardons les petits édifices ruraux, Paris, FNASSEM, 1980[25].
  • Sauvegarde et avenir du petit patrimoine rural, usuel et culturel, dans les pays membres d'ICOMOS[26].

Préfaces modifier

  • Henri Prieux, Traité pratique du droit des travaux publics. Introduction de Bernard Renaud. Préfaces de Jean Cahen-Salvador et de Georges Liet-Veaux. 5e édition, 1958
  • Léon-Maurice Nordmann, Journal : 1938-1941, préface de Jean Cahen-Salvador[27], 1993

Articles modifier

Rapports modifier

  • (en) Report of the Committee For Air Transport On Plan VI. Translation of "Rapport du Comité des Transports Aériens sur le VIe Plan". Paris, France, March 1971, NASA Technical Translation[29].

Portrait de Jean Cahen-Salvador modifier

En 2010, un portrait de Jean Cahen-Salvador est donné par Pierre Chalmin[30] :

« Jean Cahen-Salvador, à qui j'ai servi de jeune homme de compagnie pendant l'été 1991, était né en 1908. Conseiller d'État, comme son père et son grand-père, il avait occupé des fonctions éminentes tant au gouvernement (chef de cabinet de Michel Debré au moment du putsch d'Alger) que dans l'industrie. Il avait bien connu avant guerre Morand et Drieu. Dénoncé en 1942, à la fois comme Juif et résistant (il appartenait à cette haute bourgeoisie qui n'avait plus rien de Juif), il fut torturé à Drancy avant d'être déporté pour Auschwitz ; il a sauté du train et il est parvenu, grâce à la complicité d'un ami secrétaire d'État à Vichy, à gagner la Suisse. Il s'est longuement confié à moi. Il était un homme d'une droiture morale absolue, d'une culture classique étonnante même chez un homme de cette génération, d'une bonté édifiante. Sa rencontre m'a beaucoup marqué. »

Notes et références modifier

  1. Voir, Jean Cahen-Salvador (1908-1995). IdRef. Le référentiel des autorités Sudoc.
  2. Selon Klarsfeld, 1978, il est né en 1906.
  3. Voir, geneavenir.free.fr/Archives.
  4. « le fichier INSEE des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  5. Voir, Klarsfeld, 1978.
  6. Klarsfeld, 1978, donne sa date de naissance mais non son lieu de naissance.
  7. Voir introduction au Convoi No. 62 en date du 20 novembre 1943.
  8. Voir, Dans la Meuse, un couple d'éclusiers sauva un évadé du convoi no 62. Comité Français pour Yad Vashem. Les Justes parmi les Nations. et en particulier, « Les évadés du convoi no 62 évoqués par Jean-Christophe Erbstein », où il est fait mention que les futurs évadés ont appris par des lorrains que le train est obligé de ralentir à cet endroit.
  9. Sur le tunnel et les noms de ceux qui ont participé, voir, Drancy sous Brünner (2 juillet 1943-17 août 1944).
  10. Voir, Personnes enregistrées à la frontière genevoise durant la seconde guerre mondiale. Archives d'État de Genève. État au 30 juikllet 2009., document donnant les dates de naissance respectives.
  11. Alain Chatriot, La démocratie sociale à la française. L'expérience du Conseil national économique 1924-1940, Paris, La Découverte, 2002.
  12. Voir, Arrêté du 25 août 1959, signé par Jean Cahen-Salvador, relatif aux bandages métalliques des véhicules et appareils agricoles. Legifrance.gouv.fr. août 1959.
  13. Voir, Réglementation de sécurité pour les pipe-lines à hydrocarbures liquides ou liquéfiés sous pression (1) (J.O. du 3 octobre 1959, p. 9557).
  14. Voir, Arrêté du 20 juillet 1960 portant création d'un connaissement fluvial négociable.
  15. Voir, Autorisation à la chambre de commerce de Bayonne de recourir à l'emprunt en vue du financement de travaux au port de Saint-Jean-de-Luz-Ciboure. Journal Officiel de la République Française, 22 octobre 1963, p. 9583.
  16. Voir, Histoire des organismes. CNEXO.
  17. Voir, Liste des articles du versement COMEXO-CNEXO.
  18. Voir, Biennale de Paris. Archives. 1967.
  19. Voir, Biennale de Paris. Archives. 1980.
  20. Voir, Liste des donateurs à la Fondation de la Résistance.
  21. Voir, Nous ne les oublions pas. Jean Cahen-Salvador. 25 avril 1995.
  22. « Ordre du Mérite artisanal », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )
  23. Voir, Jean Cahen-Salvador. Pour une nouvelle condition de l'artiste, 1978.
  24. Voir, La Lithographie en France des origines à nos jours.
  25. Voir, La Région Languedoc Roussillon. Département Égalité des Chances. Direction de la Culture du Patrimoine. Dernières Acquisitions. août 2008-novembre 2008.
  26. Voir, Jean Cahen-Salvador. Sauvegarde et avenir du petit patrimoine rural, usuel et culturel, dans les pays d'ICOMOS. Volume 2 ICOMOS.
  27. Voir, Léon-Maurice Nordmann. Journal: 1938-1941, 1993.
  28. Voir, Jean Cahen-Salvador. Le dynamisme de l'industrie a fortement contribué au succès. Le Monde Diplomatique, février 1966.
  29. Voir,(en) Jean Cahen-Salvador. Report of the Committee for Air Transport on Plan VI. Paris, France, March 1971, NASA Technical Translation.
  30. Voir, L'art de l'insulte. Entretien avec Pierre Chalmin. Archaïon. 9 novembre 2010.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Alain Chatriot, La Démocratie sociale à la française. L'expérience du Conseil national économique 1924-1940, Paris, La Découverte, 2002.
  • Roland Drago, Jean Imbert, Jean Tulard, François Monnier (s/dir.), Dictionnaire biographique des membres du Conseil d'État 1799-2002, Paris, Fayard, 2004, notice p. 428.
  • Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Beate et Serge Klarsfeld, Paris, 1978.
  • Bulletin de la Société de l'Histoire du protestantisme français, Librairie Droz (ISBN 2600012613 et 9782600012614).

Liens externes modifier