Jean Joseph Amable Humbert

général de division de la Révolution française

Jean Humbert
Jean Joseph Amable Humbert

Naissance
Saint-Nabord (France)
Décès (à 55 ans)
La Nouvelle-Orléans (États-Unis)
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France (1789-1791)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France (1791-1792)
Drapeau de la France République française (1792-1803)
Révolutionnaires mexicains (1813)
Provinces-Unies du Río de la Plata (1814)
Drapeau des États-Unis États-Unis (1814-1815)
Grade Général de division
Conflits Guerres de la Révolution française
Chouannerie
Rebellion irlandaise
Révolution haïtienne
Guerre d'indépendance du Mexique
Guerre d'indépendance de l'Argentine
Guerre de 1812
Faits d'armes Siège de Mayence
Bataille d'Argentré
Bataille de Carnac
Bataille de Sainte-Barbe
Bataille de Plouharnel
Bataille de Quiberon
Bataille d'Auverné
Bataille de Ballina
Bataille de Castlebar
Bataille de Collooney
Bataille de Ballinamuck
Expédition de Saint-Domingue
Bataille de Kellola
Bataille de La Nouvelle-Orléans

Jean Joseph Amable Humbert, né le à Saint-Nabord à la ferme de la Couare (Vosges) et mort le à La Nouvelle-Orléans, est un général de division de la Révolution française.

Sous la Révolution modifier

Il ne reçoit aucune éducation pendant sa jeunesse et devient marchand de peaux de lapins. Sergent de la Garde nationale de Lyon à sa création, en [1], Jean Joseph Amable Humbert s'engage au 13e bataillon de volontaires des Vosges le . Il est capitaine le , lieutenant-colonel quatre jours plus tard, et général de brigade le .

Il fait campagne dans l'Ouest contre les Chouans. Il était à Brûlon et à Sablé, avec le représentant Thirion, en . commande en 1795 la ville de Vitré. Il est aussi à Laval en 1795, où il noue des relations et négocie avec les royalistes au siège de Quiberon. Auparavant il a entamé des négociations avec les Chouans à la fin de la Terreur. L'un de leurs chefs, Boishardy, lui propose une rencontre et Humbert se rend au rendez-vous sans escorte. Boishardy, plus prudent, est venu avec 50 hommes et est touché par cette marque de confiance. Humbert rencontre ensuite Cormatin et des pourparlers s'engagent. Ces mesures sont à l'origine du traité de La Mabilais.

Humbert entretient des rapports presque amicaux avec des officiers chouans comme Boishardy et Boisguy. Respecté par ses adversaires, le colonel chouan Toussaint du Breil de Pontbriand écrit à son propos : « Les royalistes n'ont eu qu'à se louer de sa loyauté ».

Il est affecté en 1796 à l'armée de Rhin-et-Moselle.

Mais son principal titre de gloire est sa participation à l'expédition d'Irlande. Débarqué à Killala, le [2], il remporte la bataille de Castlebar, à la tête d'une force franco-irlandaise de 2 000 soldats, il met en déroute les 6 000 Britanniques qui occupent la ville. Leur fuite si rapide est plus tard surnommée la course de Castlebar. Il remporte quelques succès avant d'être obligé de se rendre à la bataille de Ballinamuck le . Échangé fin 1798, il est affecté à l'armée du Danube puis à l'armée d'Helvétie.

L'expédition de Saint-Domingue et la liaison avec Pauline Bonaparte modifier

Il est envoyé à la fin de 1801 à Saint-Domingue, lors de l'expédition de Saint-Domingue pour écraser la Révolution haïtienne.

Bonaparte le fait rentrer en France et démettre de tous ses titres lorsqu'il apprend qu'il a une liaison avec sa sœur Pauline Bonaparte[3] qui a suivi à Saint-Domingue son mari, le général Charles Victoire Emmanuel Leclerc, qui dirige l'expédition et qui y meurt de la fièvre jaune.

La piraterie et la vie à La Nouvelle-Orléans modifier

Accusé de rapines et de prévarications, « de relations avec des chefs de brigands », etc. il est destitué en . Il rejoint alors la piraterie dans les Caraïbes, aux côtés de Jean Lafitte et d'autres réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.

Humbert est autorisé en 1812, à passer au service des États-Unis, où il participe à la guerre de 1812 contre les Britanniques, en particulier à la bataille victorieuse de La Nouvelle-Orléans, en 1815, où il combat dans l'armée américaine comme assistant du major-général Andrew Jackson, descendant d'Irlandais, et futur président américain. Parmi les 2000 morts et blessés côté britannique, figure leur chef, le major-général Edward Pakenham, à qui Humbert avait du remettre son l'épée à Ballinamuck[4],[5].

Devenu un franc-maçon éminent dans la loge de l'Étoile Polaire à La Nouvelle-Orléans, il combat par la suite brièvement pendant la guerre d'indépendance du Mexique au sein de l'armée rebelle mexicaine. De retour à La Nouvelle-Orléans, il y meurt le , à 55 ans.

Le cimetière de la rue Girod où il a été inhumé, ayant été réduit dans les années 1880 pour permettre le passage d'une rue, ses restes sont relevés et déposés dans une fosse commune, sauf son crâne qu'un certain W.M. Robinson a remis à sa loge maçonnique[6].

Regards contemporains modifier

« Le général Humbert n'avait pas d'éducation ; c'était un ancien sergent de l'armée de Louis XVI, mais il était franc, ouvert et les Royalistes n'ont eu qu'à se louer de sa loyauté. »

— Toussaint du Breil de Pontbriand[7]

« De belle taille, en bonne santé vigoureux autant qu’on peut l’être, prompt à décider, non moins prompt à agir, apparemment maître de son art, on le devinait bon officier bien que sa physionomie empêchât de l’aimer en tant qu’homme. L’œil petit et ensommeillé, sans doute parce qu’il était toujours aux aguets, dardait des regards de travers où brillait une étincelle de cruauté : c’était l’œil d’un chat qui s’apprête à bondir sur sa proie. Son éducation et ses manières étaient celles d’une personne issue des plus basses classes de la société, encore qu’il fût capable, à l’instar de la plupart de ses compatriotes, d’adopter, au gré des circonstances, le comportement d’un parfait gentilhomme. D’éducation, il en avait si peu qu’il était à peine capable de signer son nom. Ses passions étaient furieuses et toute sa conduite était empreinte de brutalité et de violence. À l’examen, on s’avisait cependant que cette brutalité était un procédé mis en œuvre dans le seul but d’obtenir par la terreur une prompte obéissance à ses ordres[8]. »

— Joseph Stock, évêque protestant de Killala et Achonry.

Œuvres, événements et lieux évoquant le général Humbert modifier

C'est particulièrement en référence à l'expédition d'Irlande, et son importance dans l'histoire irlandaise, que la mémoire du général Humbert est conservée.

  • The Year of the French (nouvelle), est un livre de Thomas Flanagan sur l'arrivée des Français en 1798.
  • The Year of the French (série TV) (L'Année des Français dans sa version en français) est une série télévisée (1982) de Michael Garvey, inspirée du livre de Thomas Flanagan, avec l'acteur Jean-Claude Drouot[9] dans le rôle du général Humbert.
  • Deux bustes du général Humbert, sculptés par Carmel Gallagher, ont été installés en 1988 et 1989 dans un square à Killala à la suite de commémorations du débarquement des Français de 1798[10].
  • Dans la province de Connacht, en Irlande, et particulièrement à Castlebar et Ballina, la mémoire du général Humbert est célébrée dans la culture populaire, comme un pub qui porte son nom, ou un festival de chansons.
  • Une université d'été portant le nom de Humbert Summer School se tient chaque année en Irlande depuis 1986. Elle aborde des questions politiques et sociales de l'Irlande contemporaine, et accueille un festival de musique traditionnelle irlandaise[11].
  • Un pub irlandais porte son nom rue Saint-Nicolas à La Rochelle, en France.
  • Une stèle à Killala, marque l'endroit où Humbert et ses hommes ont débarqué le 22 août 1798.

Sources (bibliographie) modifier

  • Marie-Louise Jacotey est l'auteure d'une biographie éditée en 1980 qui relate les multiples expéditions du général Humbert : Un Volontaire de 1792 - Le Général Humbert ou la passion de la Liberté[12],[13].
  • Poulet (Henry).- Un soldat lorrain méconnu : le général Humbert (1767-1823), Nancy, 1928.
  • Baeyens (Jacques).- La Vie aventureuse de Jean-Joseph-Amable Humbert, général de la République (1767-1823), in Le Pays de Remiremont, N° 3, 1980, p. 3-17
  • Baeyens (Jacques).- Sabre au Clair - Amable Humbert, Général de la République, Albatros (éditions)

Références modifier

  1. La maison d'histoire et patrimoine : Jean Joseph Amable Humbert,
  2. ou le 23 juin selon "Fastes de la légion-d'honneur...Tome 1, 1845" page 59 Gallica
  3. American military leaders: from colonial times to the present, volume 2, par John C. Fredriksen, page 356 (voir page Pauline Bonaparte)
  4. Selon d'autres sources, Humbert a remis son épée au général Lake [1].
  5. « Spirit of the Occasion », sur aoh.com (consulté le )
  6. (en-CA) Shannon Selin, « General Jean Joseph Amable Humbert: Soldier, Lothario, Filibuster », sur Shannon Selin, (consulté le )
  7. Mémoires du colonel de Pontbriand, p.111.
  8. Pierre Joannon, Les soldats perdus de l’armée d’Irlande, revue historique des armées, lire en ligne
  9. Fiche descriptive de la série sur IMDB : https://www.imdb.com/title/tt0439409/
  10. Bustes des généraux Humbert et Sarrazin
  11. L’école Humbert
  12. Le Général Humbert : un volontaire 1792 ou la Passion de la liberté, par Marie-Louise Jacotey
  13. Site ecrivosges.com, page "Dictionnaire des Vosgiens célèbres : Humbert (Jean-Joseph-Amable), général.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier