Jean Varin

sculpteur français

Jean Warin[note 2] dit Jean Varin, né à Liège le et mort probablement à Paris[1] le , est un sculpteur, graveur en médailles ou médailleur français. Nommé en récompense de sa réalisation du sceau de l'Académie française, par le cardinal Richelieu, à la fonction de garde général des monnaies, il y dirige la refonte des monnaies légères d'or et d'argent, et grave les nouveaux poinçons en tant que graveur général de la Monnaie du Royaume de France. L'ingénieur spécialiste de la frappe de monnaies et médailles poursuit la série de médailles qui perpétuent le règne glorieux du monarque Louis XIII. En 1664, il figure parmi les premiers membres choisis de l'Académie de peinture et de sculpture. L'académicien exécute en marbre la statue de son bienfaiteur, Louis XIV[2].

Jean Warin ou Varin
Image illustrative de l’article Jean Varin
Jean Varin, gravure du XVIIe siècle par Gérard Edelinck.

Titre Graveur général des Monnaies de France
(1646-26 août 1672)
Prédécesseur Jean Darmand (1630 - 1646)
Successeur François Varin (1672 - 1681)
Biographie
Naissance
Liège
Décès (à 65 ans)
Paris

Biographie

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Origines

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Issu d'un milieu protestant, Jean Varin est né à Liège le [note 3], de Catherine Hovius[son] et Jean Varin ; son père, né à Reims, était graveur des monnaies du prince-évêque de Liège Ferdinand de Bavière ; le couple a au moins cinq enfants[3].

Installation à Paris

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Jean Varin par Adolphe Varin (1821-1897)[note 4].

Il va s'installer à Paris en 1626[note 5].

La famille Varin ou Warin a été accusée de faux-monnayage dans l'atelier de Cugnon[4] qui appartenait à Jean-Théodore, comte de Löwenstein Rochefort (1584-1644), seigneur souverain de Chassepierre-Cugnon, mais aussi dans les ateliers de Château-Regnault et de La Tour-à-Glaire pour Louise-Marguerite de Lorraine, princesse de Conti. Claude Warin et son père, Jean I Warin, se seraient enfuis en Angleterre après l'arrestations de porteurs de fausse monnaie, en mai 1628[5]. Jean Varin a été accusé d'avoir participé à ce faux-monnayage par Gédéon Tallemant des Réaux dans ses Historiettes[6].

Il se marie le avec Jeanne Desjours, veuve de René Olivier, petit-fils d'Aubin Olivier, conducteur de la Monnaie du Moulin des Étuves et assassiné quelques semaines plus tôt ; le couple avait eu plusieurs enfants. Le 6 mars 1629, Varin il confirme qu'il n'est pas protestant[7],[8]. Il obtient sa naturalisation en 1650, après l’avoir sollicitée dès 1646[note 6]. Il grave des médailles, art dans lequel il excelle et obtient la protection de Richelieu qui le nomme « Conducteur Général des Monnaies et Graveur des poinçons[1] ».

Monnaie du Moulin des Étuves

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En 1636, Jean Varin persuade le roi de lui attribuer un quart de la Monnaie du Moulin des Étuves fondée par Aubin Olivier[9]. Les propriétaires des trois-quarts restant sont : Pierre Regnier, Pierre Olivier et Aubin II Olivier, représenté par son beau-père. Jean Varin devient à cette date conducteur principal de la Monnaie du Moulin, il rachètera ensuite les parts des enfants de Jeanne Desjours nés de son premier mariage.

En 1639, Jean Varin rachète sa part de la monnaie du Moulin à Pierre Regnier, homme d’un certain âge à l’époque. À partir de ce moment, Varin dirige seul la Monnaie du Moulin. Il rachète ensuite la part d’Aubin III Olivier en 1648[10]. Jean Varin est assigné à titre définitif, comme seul dirigeant de la Monnaie du Moulin.

Consécration

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Richelieu saura reconnaître, encourager et mettre en pleine valeur celui qui campait, dans un buste célèbre, l‘effigie souveraine d’Armand du Plessis, Jean Varin gravera dès 1630 une médaille superbe à la gloire de son protecteur. Cette médaille est suivie par celle reproduite ci-après, datée de 1631.

En 1640, il est choisi pour orner les nouvelles monnaies de la réforme de Claude de Bullion.

En 1646, il devient graveur des sceaux et tailleur général. En 1647, il devient contrôleur et graveur général des monnaies de France, reprenant la charge de Jean Darmand. En il devient contrôleur général des poinçons. En 1664, il est reçu membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture[1]. En 1660, il acquiert la charge de « Conseiller et Secrétaire du roi, Intendant et Ordonnateur des bâtiments royaux ».

Le un arrêt de la cour des Monnaies fait de Jean Varin le seul maître de la Monnaie : « Arrest de la Cour des monnoyes faisant défenses à tous ouvriers, graveurs, monnoyeurs et autres, à l'exception de Jean Warin, intendant des bâtimens de Sa Majesté et conducteur général des machines de toutes les monnoyes au moulin de France, de tenir aucun moulin, coupoirs, laminoirs et autres semblables machines hors les Hostels des monnoyes, comme aussi de vendre aucuns jetons, médailles et pièces de plaisir d'or, d'argent ni autres métaux ».

François Lemaire : Jean Warin avec le jeune Louis XIV (1654), huile sur parchemin, Monnaie de Paris.

Jean Varin est le premier à généraliser la frappe au balancier des monnaies françaises. Cette technique mécanique remplace la frappe au marteau manuelle et permet de produire des pièces d'une qualité plus régulière.

D'ailleurs, Voltaire dira de lui, dans Le Siècle de Louis XIV : « Nous avons égalé les anciens dans les médailles. Warin fut le premier qui tira cet art de la médiocrité, vers la fin du règne de Louis XIII »[11].

Expérimentée dans les années 1550, sous le règne de Henri II, la frappe au balancier permet à Jean Varin de produire la série des Louis d'or, le magnifique écu de 60 sols (ou écu blanc) et ses sous-multiples avec le portrait de Louis XIII. Varin gravera par la suite une partie des monnaies de Louis XIV, les portraits enfantins et juvéniles du roi-soleil, qui sont considérés parmi les monnaies de l'âge d'or de la numismatique française.

Il a orné aussi de nombreuses médailles. Son art de la statuaire est moins connu. On peut voir quelques-unes de ses œuvres au château de Versailles. Son fils François Varin lui succède au poste de graveur général, qu'il occupe de 1672 à 1681.

Galerie

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Famille

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  • Jean I Warin ou Varin, graveur du prince-évêque de Liège, marié à Catherine Hovius, fille de Guillaume Hovius, imprimeur. Georges de Froidcourt a trouvé les actes des baptêmes de six de leurs enfants :
    • Adrien Varin, baptisé le ,
    • Guillaume Varin, baptisé le , modeleur en cire,
    • Catherine Varin, baptisée le ,
    • Jean II Varin, baptisé le ,
      • Anne Varin (1631- ), mariée à Anne Jubert de Brécourt[13],
      • Jeanne Varin (1632-1651), mariée en 1651 à Michel Oulry,
      • Charlotte Varin (1633- )
      • Catherine Varin (1636- )
      • Henri Varin (1637-avant 1692/1699), sieur de Forges, marié en 1676 à Jeanne Luillier,
      • François Varin (1644 - après 1705), graveur général de la Monnaie de 1673 à 1681, marié après 1670 à Jacqueline Gobillon.
    • Jeanne Varin, baptisée le ,
    • Anne Varin, baptisée le .
  • Claude Warin, frère de Jean II Varin d'après Jean Tricou, est-il Guillaume Varin né le à Liège, graveur ordinaire en 1651 à la Monnaie de Lyon où il est mort en mars 1654 comme l'affirme Didier Jacquemin[3] ? Pour Jean Tricou, Claude Warin est l'aîné des enfants de Jean I Warin et pourrait être né ailleurs qu'à Liège, peut-être en France, ce qui expliquerait qu'il n'ait pas eu besoin de lettre de naturalité.

Lignée supposée

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Hommages

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Notes et références

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Notes
  1. Charles Perrault a écrit que Jean Varin est mort à Paris le 26 août 1672 à l'âge de 68 ans, ce qui donnerait 1604 comme année de naissance et a entraîné des recherches pour connaître sa date de naissance. On trouve la date de 22 août 1672 sur la fiche de la BnF sur Jean Varin.
  2. dès 1630, Jean signe ses œuvres et ses manuscrits Warin.
  3. Archives de l’Etat à Liège: Registre des naissances de l'église Notre-Dame Aux-Fonts à Liège en date du 6 février 1607, paroisse sainte Catherine, de parents Jean Varin et de Catherine Hovius, les témoins : Suscip : Andréa Maijbais et Anne Legally, femme à Guillaume Wijpar, T17, microfilms YL 142 et 143, volumes 56, 57
  4. Ce graveur serait un lointain descendant de Jean Varin.
  5. Première mention de Jean Varin à Paris, il est dans sa vingtième année d’existence, comme « Maistre Orfèvre ».
  6. Archives nationales, Zip 592 : Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, Salut. Nostre cher et amé Jean Varin, Maistre, Garde et Conducteur des engins de la Monnoye au Moulin de Paris et Graveur général des Monnoyes de France, faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine, nous faict dire et remonstrer qu’estant sorti dès l’année MVIc XXVI de la ville de Liège, lieu de sa naissance pour venir s’habituer en France ... .
    Donné à Libourne, au mois d’août, l’an de grâce MVIc cinquante, de nostre règne, le huitième.
  7. À ce jour, il n'a pas encore été établi de lien généalogique direct entre Jean Varin/Warin et son fils successeur François Varin, tous deux graveurs-médailleurs du roi, avec la lignée des graveurs châlonnais Varin (cf. H. Beraldi qui indique avec prudence la « Dynastie des Graveurs Varin », in: Les Graveurs du XIXe siècle, vol. XII, Paris, L. Conquet, 1892, p. 178). Mais Charles-Nicolas Varin, puis (Pierre-) Adolphe Varin se sont intéressés à leur homonyme en dessinant et gravant son portrait[14].
Références
  1. a b et c Source : La Grande Encyclopédie, Volume 31 (vers 1900)
  2. Entrée "Jean Varin", Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, dirigé par Pierre Larousse, Tome 15, volume Testam-Z, Paris, 1876, en particulier page 789.
  3. a et b Didier Jacquemin, « Jean Varin (1607-1672) », Cercle numismatique liégeois,‎ , p. 6-7 (lire en ligne).
  4. Raymond Weiller, « Les coins de faux-monnayeurs de Rochefort », Monographie, Cercle Culturel de Rochefort, no 29,‎
  5. Alexandre Pinchart, « Quelques particularités sur des ateliers de fausses monnaies au XVIIe siècle et sur les monnaies des seigneurs de Cugnon et des Hayons dans le Luxembourg », Revue de la numismatique belge, t. IV,‎ , p. 46-55 (lire en ligne)
  6. Tallemant des Réaux, « Varin », dans Historiettes, t. V, Paris, Alphonse Levavasseur libraire, (lire en ligne), p. 354-355
  7. F. Mazerolle (1932), p. 11.
  8. Jean Varin a été baptisé dans une église catholique à Liège et n'a donc pas besoin d'abjurer la foi protestante. Cette confirmation était nécessaire car depuis la paix d'Alès, le protestantisme est toléré dans le royaume mais interdit à Paris.
  9. 1636, 29 février. Saint-Germain-en-Laye: Lettres patentes qui accordent au sieur Warin la quatrième par et portion de la conduite du moulin de la Monoye de Paris' in Monnaie de Paris : ms. 4° 56, f° 19r°-20v°, Monnaie de Paris : ms. 4° 157
  10. Minutier central, 26, R 73, 13 jan. 1648, cité par Mazerolle, doc. 149, Arch. Nat. E658B, f° 290-293
  11. Le Siècle de Louis XIV, sur Wikisource.
  12. Entrée Jean Varin, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, dirigé par Pierre Larousse, Tome 15, volume Testam-Z, Paris, 1876, en particulier page 789.
  13. Mazerolle 1932, p. 65
  14. CDD, Pinacothèque familiale "Dynastie des Graveurs Varin"

Annexes

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Bibliographie

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  • André Félibien, Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes, t. 5e partie - 10e entretien, Paris, (lire en ligne), p. 155-158.
  • Jean Varin, conducteur et graveur général des Monnoyes de France, dans Charles Perrault, Des hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leurs portraits au naturel, tome 2, p. 85-86, A. Dezallier, Paris, 1700 (lire en ligne)
  • Saumery, Les Délices du Païs de Liège, tome 5, Les hommes illustres du Pays de Liège, p. 293-294, à Liège chez Everard Kints, 1738 (tome 5).
  • Eudor Soulié (annoté par), « Testament de Jean Warin (de Liège) », Archives de l'art français, t. 1,‎ 1851-1852, p. 287-300 (lire en ligne)
  • « Lettres de naturalisation : Jean Varin, Graveur général des Monnaies de France, né à Liège (1650) », Nouvelles archives de l'art français,‎ , p. 236-238 (lire en ligne)
  • Louis Courajod, Jean Warin : Ses oeuvres de sculpture et le buste de Louis XIV du musée du Louvre, Paris, Honoré Champion libraire, , 50 p. (lire en ligne)
  • Natalis Rondot, Les médailleurs et les graveurs de monnaies, jetons et médailles en France, Paris, Ernest Leroux éditeur, (lire en ligne), p. 35, 37, 44, 57, 100, 103-104, 106-109, 271, 273, 290, 293, 294, 307, 318
  • Fernand Mazerolle, Jean Varin, conducteur de la monnaie du Moulin, tailleur général des monnaies, controleur général des poinçons et effigies : sa vie, sa famille, son oeuvre (1596-1672), Ét. Bourgey J. Schemit, Paris, 1932 (2 volumes) — t. 1 (lire en ligne), t. 2 (lire en ligne).
  • Georges de Froidcourt, Les origines liégeoises de Jean Varin, Liège, Éditions de l'Œuvre des Artistes, , 34 p.
  • Michel Thys, « Jean Varin (1604 ? - 1672) », Cahiers numismatiques, Société d'études numismatiques et archéologiques, no 34,‎ , p. 123-130 (lire en ligne)
  • Jean-Luc Desnier, Rector orbis ou le cardinal de Richelieu sur une médaille de Jean Varin, p. 683-697, dans Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, 1994, tome 106, no 2 (lire en ligne)
  • Didier Jacquemin, « Jean Varin (1607-1672) : Un Liégeois au service des rois de France. Essai pour une nouvelle biographie », Cercle numismatique liégeois,‎ , p. 53 (lire en ligne)

Article connexe

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Liens externes

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