Jean de Gamala
Jean de Gamala est un personnage évoqué pour la première fois par George Alfred Henty, qui l'a introduit dans son livre For The Temple en 1888. L'identité de cet individu n’a pour l'heure pas été confirmée par la recherche archéologique ou exégétique. À la fin de la préface l'auteur prend bien soin de préciser :
« Je me suis efforcé de vous présenter une image aussi vivante que possible des événements de cette guerre sans trop charger l'histoire de détails, et mis à part ce qui concerne les exploits de Jean de Gamala, dont Josèphe[1] ne dit rien, j'ai suivi strictement sur tous les points le récit de cet historien[2]. »
Par la suite un autodidacte, Luigi Cascioli[3], ingénieur agronome de son état et ancien élève de petit séminaire, a affirmé que « Jean de Gamala » avait effectivement vécu, bien qu'il n'existe aucun témoignage de l'époque (et même postérieur) attestant son existence. Selon lui, il s'agirait d'un fils de Judas le Galiléen et d'un héritier du trône de David. Il soutient que le personnage de Jésus est le résultat de manipulations et de falsifications de documents, et que les évangiles sont la déformation de la vie de « Jean de Gamala ».
Cette théorie n'a pas reçu un grand écho et l'on n'a pas jugé utile de la réfuter ; elle a eu cependant un certain succès auprès du grand public grâce à des méthodes publicitaires énergiques : l'auteur a déposé une plainte contre le curé de sa paroisse pour abus de crédulité populaire et substitution de personne ; après que les tribunaux italiens eurent classé la plainte il s'est adressé à la Cour européenne des droits de l'homme où l'affaire pourra durer encore quelques années[4]. Il est allé (sans donner de suite d'ailleurs) jusqu'à menacer l'Église catholique de faire opérer le miracle de la transsubstantiation par un prêtre défroqué et de faire vendre le vin ainsi consacré « à deux francs le litre (a due franchi il litro)[5] ». Son livre, édité à compte d'auteur, a pu de cette façon se vendre entièrement, assure-t-il, même si aucun spécialiste reconnu ne le cite, ni même ne parle de lui.
Le résultat a été de donner, à défaut d'existence, une certaine popularité à Jean de Gamala qui, absent des publications universitaires, se rencontre aujourd'hui à foison sur des sites athées ou antichrétiens, des blogs etc [réf. souhaitée]. Interrogé pour savoir ce qu'il pensait des travaux d'Emilio Salsi, Giancarlo Tranfo, etc. selon lesquels Jean de Gamala serait le vrai Jésus historique, Mauro Pesce, professeur émérite d'histoire du christianisme à l'université de Bologne, n'a pas hésité à répondre : « Sauf le respect que je dois à leurs personnes, je pense qu'il s'agit de travaux sans fondements historiques. »[6]
Il ne faut pas confondre cette thèse avec celle de Daniel Massé[7], conseiller à la Cour d'appel d'Alger, qui fait de Jésus le fils de Juda de Gamala, un agitateur juif dont parle Flavius Josèphe ; il l'appelle Jean sans qu'on sache s'il s'agit exactement du même personnage que celui de Cascioli. La thèse de Daniel Massé a, elle aussi, été ignorée par les érudits.
Notes et références
modifier- En référence aux livres de Flavius Josèphe
- (en) I have endeavoured to present you with as vivid a picture as possible of the events of the war without encumbering the story with details, and except as regards the exploits of John of Gamala, of whom Josephus says nothing, have strictly followed in every particular the narrative of the historian.
- Luigi Cascioli, livre-dénonciation La Fable de Christ, 2001
- On trouvera diverses pièces du procès, avec la décision de classement, sur le site de Luigi Cascioli, soit de façon étendue en italien, soit de façon abrégée dans un français très approximatif.
- On trouvera le texte sur un site athée, saluant la mémoire de Luigi Cascioli qui venait de mourir.
- Giovanni di Gamala non è il vero Gesù storico.
- Massé 1926
Liens externes
modifier- (it) Luigi Cascioli, « Rassegna stampa » (consulté le )
- Daniel Massé, L’énigme de Jésus-Christ, Paris, Éditions du Siècle, , 282 p. (lire en ligne) Daniel Massé, juriste de formation, né en 1872, écrivit quatre ouvrages sur la vie de Jésus, sur son entourage proche ainsi que sur les bases historiques du christianisme primitif, livres devenus rares dans leurs éditions originales. Les thèses développées dans ses ouvrages présentent l’image du galiléen en « une curieuse silhouette d’un homme fait dieu », à contre-courant des textes évangéliques traditionnels. C’est ce substrat infrahistorique inhabituel qui fut largement récupéré par Robert Ambelain dans les années 1970, pour servir à l’écriture de : « Jésus ou le mortel secret des templiers » ; « La vie secrète de saint Paul » ; « Les lourds secrets du Golgotha ».