Jennifer Murray

pilote d'hélicoptère anglaise

Jennifer Murray, née Jennifer Mather en à Providence (Rhode Island), est une pilote connue pour être la première femme à avoir réalisé un tour du monde en hélicoptère à cinquante-sept ans puis un tour du monde en hélicoptère par les pôles à soixante-six ans.

Jennifer Murray
Nom de naissance Jennifer Mather
Naissance (83 ans)
Providence (Rhode Island)
Nationalité Angleterre
États-Unis
Pays de résidence Angleterre
Activité principale
Pilote d'hélicoptère
Conjoint
Descendants
3

Biographie modifier

Jennifer Mather naît à Providence (Rhode Island) en mais grandit en Angleterre où ses parents retournent alors qu'elle a quatre ans[1],[2]. Son père, Sir William Mather, y est président de Mather & Platt, une grande firme d'ingénierie basée à Manchester[3]. Elle fait des études dans le domaine du design textile et dans les années 1960 crée une entreprise dans cette branche en Thaïlande, puis une seconde à Hong Kong[3],[1],[2]. Elle épouse Simon Murray en 1966, un homme d'affaires britannique avec qui elle a trois enfants qu'ils élèvent dans le Somerset[1] : Justin né en 1969, Suzanna née en 1970 et Christy née en 1972[4].
Ce n'est que dans les années 1990, à l'âge de cinquante-quatre ans, qu'elle s'initie au pilotage. Elle adore ça dès les premiers instants et devient alors pilote d'hélicoptère, licenciée en 1994[1],[2].

1997, premier tour du monde modifier

Seulement trois ans après ses premiers vols en hélicoptères, Murray se lance dans une tentative ambitieuse : réussir un tour du monde à bord d'un Robinson R44[5],[1],[6], un hélicoptère léger, monomoteur, à l'autonomie limitée. Elle entreprend ce voyage avec un copilote, Quentin Smith, et à bord d'un hélicoptère quasiment de série qui n'a comme seuls équipements spéciaux qu'un réservoir additionnel de 189 litres et un assistant de navigation (de type moving map display (en))[5] alors qu'un tel « voyage » n'a été réalisé que trois fois auparavant, avec des appareils beaucoup plus gros équipés de moteurs à turbine et de pilotes automatiques[1]. Leur appareil et son unique moteur à piston a alors une autonomie de six heures[1]. Ils réussissent leur tour du monde en quatre-vingt-dix-sept jours et elle devient ainsi la première femme à réaliser un tour du monde en hélicoptère[1],[6].

Ils décollent d'Angleterre le et volent en direction de l'est, et après avoir survolé vingt-huit pays se reposent en Angleterre le [1]. Leur trajet les fait survoler l'Europe et notamment l'Italie avant d'arriver en Égypte et au Moyen-Orient puis en Inde, en Asie du Sud (Thaïlande, Indonésie) avant de remonter vers le nord par les Philippines, Hong Kong, le Japon puis la Russie. Ils traversent le détroit de Béring, l'Alaska et redescendent vers la Californie en survolant le Canada et les États-Unis qu'ils traversent jusqu'au moment de remonter la côte est, repasser au-dessus du Canada, et enfin revenir en Europe par l'Atlantique nord grâce aux escales au Groenland, en Islande, aux Îles Féroé puis en Écosse[1],[5]. À titre personnel Murray a volé lors de ce tour du monde de trois mois pendant trois-cent vingt heures pour un peu plus de quarante-cinq mille kilomètres[5].

Le but affiché était de réaliser le tour du monde en moins de cent jours et de lever des fonds pour des œuvres humanitaires[1]. Les deux objectifs sont réussis et 100 000 $ sont reversés à Save the Children[5] mais le défi en lui-même l'attire également[a]. Ainsi elle a établi plusieurs premières : première femme, première grand-mère et premier équipage britannique (avec Smith) à réaliser un tour du monde en hélicoptère, mais également hélicoptère le plus petit à réussir un tour du monde[1],[5].
L'hélicoptère est exposé depuis 2004 au musée National Air and Space Museum à l'aéroport de Washington-Dulles[7],[2],[8].

2000, premier tour du monde en solo modifier

Mappemonde sur lequel est tracé en blanc le trajet
Trajet de son tour du monde (en blanc) exposé au Oakland Aviation Museum (en).

Forte de cette première expérience de circumnavigation, elle repart en 2000 à l'âge de soixante ans, avec le même appareil[8] et toujours sans pilote automatique. Mais cette fois elle part seule, sans copilote[1]. Seule aux commandes de son appareil, mais pas seule dans les airs puisque Colin Bodill (en) l'accompagne en ULM. Et pendant qu'elle devient la première femme à réaliser un tour du monde en hélicoptère, Bodill devient le premier à le faire en ULM[9]. Comme en 1997, elle part d'Angleterre et vole vers l'est. Elle décolle le de l'aérodrome de Brooklands en Angleterre en direction du sud-est de l'Europe, puis arrive au Moyen-Orient où elle doit se poser en urgence en Jordanie à la suite d'une panne moteur[9]. Puis c'est l'Arabie saoudite, le Pakistan où elle vole sous la menace militaire, l'Inde, le Bangladesh, l’Asie du sud-est, avant la remontée vers le détroit de Béring non sans éprouver des difficultés pour obtenir l’autorisation de survoler la Chine et la Russie[3],[9]. Elle traverse alors les États-Unis vers le sud-est et va même se poser à Cuba, puis remonte le long de la façade Atlantique et revient en Europe par le Groenland et l'Islande. Enfin le elle se pose à son point de départ, après un voyage de 35 000 km en 99 jours[9],[10]. Première femme a réussir un tour du monde en hélicoptère en solo, cette performance lui vaut une première apparition dans le livre Guinness des records comme tour du monde en hélicoptère le plus rapide pour une femme[10].

2003, le pôle sud modifier

Une fois ce tour du monde en solo (mais accompagnée) terminé, Jennifer Murray se lance un nouveau défi : réaliser un nouveau tour du monde en hélicoptère, mais par les pôles cette fois, un exploit jamais réalisé auparavant. Elle ne tente pas l'aventure seule, mais en binôme avec Colin Bodill, le pilote qui a fait le tour du monde en ULM en même temps qu'elle le faisait en hélicoptère[6]. Après trois ans de préparations[b] ils décollent de New York le en direction du pôle Sud. Un des moments les plus dangereux est le passage de Drake, 870 km d'eau (froide) entre l'Amérique du Sud et l'Antarctique[2]. Ils deviennent les premiers à le franchir en hélicoptère monomoteur, puis le premier hélicoptère civil monomoteur à atteindre le pôle Sud, le , jour anniversaire des 100 ans du premier vol motorisé des frères Wright[2]. Le (cinquante-huitième jour de leur périple) le blizard réduit la visibilité à néant et oblige les pilotes à se poser pour attendre la fin de la tempête. Mais sans aucune visibilité l'appareil s'écrase[c], blessant ses deux passagers. Colin est touché au dos et souffre d’hémorragies internes alors que Jennifer est victime de fractures du coude et aux côtes, en état de choc et inconsciente. Dans la tempête et ses −50 °c, ils s’abritent d’abord derrière la carcasse de leur hélicoptère avant que Colin ne réussisse à monter une tente pour attendre les secours prévenus par leur système d'alerte GPS[2],[6]. Ils sont retrouvés et secourus 4h30 après le crash, puis rapatriés[2],[6].

2006-2007, le tour du monde par les pôles modifier

Trois ans plus tard le duo retente l'aventure en partant cette fois de Fort Worth au Texas[2]. Ils décollent le depuis l'aéroport de la banlieue de Dallas et comme lors de la première tentative ils partent en route vers le sud. Ils partent à bord d'un nouvel appareil, un Bell 407 plus gros et plus puissant que leur désormais inutilisable (et exposé au National Air and Space Museum) Robinson 44. Il s'agit toujours d'un hélicoptère monomoteur, mais équipé d'un turbomoteur et plus d'un moteur à pistons, un Allison Model 250[6]. Le tour du monde est prévu pour durer cent soixante-neuf jours (pour une arrivée estimée le ), répartis en cent vingt-sept étapes et couvrant trente-quatre pays[6],[3]. Ils franchissent le passage de Dake le puis traversent l'Antarctique au gré des aléas climatiques, sont cloués au sol à plusieurs reprises par des vents violents mais finissent par atteindre le pôle Sud le [2],[14]. Ils repartent en direction du nord via l'Amérique, qu'ils remontent intégralement et approchent la région arctique en [2] pour finalement atteindre le pôle Nord le [14]. Ils redescendent ensuite vers le Texas, et bouclent leur périple le après 170 jours, 22 heures, 47 minutes et 17 secondes précisément[2], des date et durée très proches de leur estimation. Durant un peu moins de six mois ils survolent des endroits parmi les plus froids et les plus chauds de la planête, se ravitaillant cent-une fois dans vingt-six pays, et parcourent un total de 51 819 km[2],[15]. Avec ce tour du monde, Murray et Bodill se voient honorer de deux nouvelles apparitions dans le livre Guinness des records, comme premier et plus rapide tour du monde en hélicoptère par les pôles[16],[17].

Après ce tour du monde circumpolaire bouclé à soixante-six ans, Jennifer Murray continue de se lancer des défis. Ainsi en à soixante-et-onze ans, elle accompagne sa nièce Rebecca Pattinson lors d'un ultra trail dans les contreforts de l'Himalaya (Racing the Planet: Nepal 2011 (en), 250 km sur sept jours) mais sans pouvoir finir la course[18].

Jennifer Murray a publié trois livres à propos de ses aventures. « Now solo » a pour sujet son tour du monde en solitaire en 2000, « Broken journey » raconte son tour du monde polaire avorté de 2003 et l'accident, et « Polar first » la tentative réussie de 2006-2007[1].

Prix et distinctions modifier

En plus de ses trois mentions dans le livre des reccords, les exploits de Jennifer Murray ont été salués de quelques prix et distinctions.

  • En 1997 elle reçoit une médaille d'argent du Royal Aero Club (médailles décernées chaque année pour récompenser les performances exceptionnelles dans l'aviation)[2].
  • En 2001 elle reçoit le Trophée Harmon dans la catégorie aviatrice.
  • En 2000 elle reçoit le Britannia Trophy du Royal Aero Club (prix décerné a ou aux aviateurs britanniques ayant accompli la performance a plus méritoire de l'année) conjointement avec Colin Bodill pour leurs tours du monde respectifs[19].
  • En 2002 elle est intronisée à l'International Forest of Friendship (en)[20].
  • En 2004 la Gambie édite un timbre en son honneur.
  • En 2005 elle est intronisée au Rhode Island Aviation Hall of Fame[21].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « When I learnt that no woman had ever piloted a helicopter around the world and that only three men had ever done so – and they had all been flying larger, jet turbine helicopters with autopilot – the challenge was there. I was a woman and my helicopter was a small piston engine affair with no autopilot. The record was there for the taking[1]. »
  2. Trois ans actifs où elle finit notamment troisième de la course aéronautique London-Sydney Air Race en 2001 (avec le seul hélicoptère en lice)[11],[12],[2].
  3. Une photo de l'appareil écrasé est visible sur le site commercial shutterstock.com[13].

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o (en) « World beater: marking Jennifer Murray’s special helicopter feat », Helicopter magazine,‎ (lire en ligne [archive du ])
  2. a b c d e f g h i j k l m n et o (en) Karen Bush Gibson, Women Aviators: 26 Stories of Pioneer Flights, Daring Missions, and Record-Setting Journeys, Chicago Review Press, coll. « Women of action », (lire en ligne), « Jennifer Murray », p. 186-191
  3. a b c et d (en) Fiona MacCarthy, Last Curtsey: The End of the Debutantes, Faber and Faber, (ISBN 9780571228591, lire en ligne), p. 369-371
  4. (en) « Family Group Sheet », sur christopherlong.co.uk (consulté le )
  5. a b c d e et f (en) « Piston-powered helo makes it around the world », Flying Magazine,‎ , p. 34 (lire en ligne, consulté le )
  6. a b c d e f et g « Polar First (1), vers le Pôle Sud en hélicoptère », sur helicopassion.com (consulté le )
  7. (en) « Smithsonian Houses Robinson R22 and R44 », Flying Magazine,‎ , p. 26 (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b (en) « Significant Events in Robinson Helicopter Company History », sur robinsonheli.com (consulté le )
  9. a b c et d (en) « Granny flies into record books », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en) « Fastest circumnavigation by helicopter (female) », sur guinnessworldrecords.com (consulté le )
  11. (en) « In Pictures: London to Sydney Air Race », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Patrick Barkham, « Low-flying vet completes 65mph Australian odyssey », sur theguardian.com, (consulté le )
  13. (en) « Crashed Helicopter Jennifer Murray 63 Who Survived », sur shutterstock.com (consulté le )
  14. a et b « Polar First (2), vers le Pôle Nord en hélicoptère », sur helicopassion.com (consulté le )
  15. (en) « Recognising the bravery of people » [archive du ], sur royalhumanesociety.org.uk
  16. (en) « First circumnavigation via both Poles by helicopter », sur guinnessworldrecords.com (consulté le )
  17. (en) « Fastest circumnavigation via both Poles by helicopter », sur guinnessworldrecords.com (consulté le )
  18. (en) « Himalayan challenge left tough competitor stricken » [archive du ], sur ross-shirejournal.co.uk,
  19. (en) « The Britannia Trophy », sur royalaeroclub.co.uk (consulté le )
  20. (en) « IFOF Honorees YearI nducted » [PDF], sur ifof.org, (consulté le ), p. 21
  21. (en) « Jennifer Murray », sur riahof.org (consulté le )