Joël Teitelbaum, né le [1] à Máramarossziget et décédé le à New York[2],[3], était un grand-rabbin hassidique hongrois, fondateur de la dynastie hassidique de Satmar.

Joël Teitelbaum
Teitelbaum, 1958.
Fonction
Rebbe
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités
Domiciles
Activité
Père
Chananya Yom Tov Lipa Teitelbaum (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Chaim Tzvi Teitelbaum (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Moshe Teitelbaum (en) (neveu)
Aaron Teitelbaum (en) (petit-neveu)
Zalman Teitelbaum (en) (petit-neveu)
Yekusiel Yehuda Teitelbaum (en) (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Lieux de détention

Biographie

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Famille

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Son père est le célèbre rabbin Chananiah Yom Tov Lipa[4] Teitelbaum[5], l'auteur de Kedushas Yom Tov. Sa mère, Chana, est la fille du rabbin Yoel Ashkenazi de Zlochov (Zloczow)[6].

Au mois de février 1904, juste avant ses 17 ans, il épouse Chava, la fille du rabbin Avraham Chaim Horowitz, un descendant de la dynastie hassidique de Ropshitz[7]. Elle meurt avant la Seconde Guerre mondiale[8].

Carrière

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À l'âge de 17 ans, il accepte sa première nomination comme rabbin. Pour le reste de sa vie, sa priorité est d'établir des yeshivot[7].

Le , il devient le rabbin de Carei (en hongrois: Nagykároly, en allemand: Grosskarol/Großkarl), une ville dans le județ de Satu Mare, au Nord-Ouest de la Roumanie, près de la frontière avec la Hongrie, en Transylvanie[9].

Le , il devient le rabbin de Satmar (Satu Mare), jusqu'en 1939[10].

En 1937, il est nommé au comité exécutif du bureau central des communautés orthodoxes de Transylvanie[11]. Fin 1937, la politique antisémite d’Octavian Goga s’intensifie ; Joël Teitelbaum se réfugie en Tchécoslovaquie, abandonnant sa communauté qui le priait de rester, et ne revient que lorsque le roi renverse le gouvernement[11]. Il s’oppose à la formation des brigades de défense juives[11].

Il prend des positions antisionistes et interdit à ses fidèles d’émigrer en Palestine[8].

Seconde Guerre mondiale

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Susan Gal témoigne que son père fut chargé par les responsables du mouvement sioniste de Budapest de prévenir les Juifs du ghetto de Satmar des dangers qu’ils couraient, et de les encourager à fuir en Roumanie ou en Palestine. Pour cela le rabbin Teitelbaum l’excommunie (ou le bannit)[8].

Le 27 avril 1944, les autorités donnent trois jours aux Juifs de Satmar pour aller dans un ghetto. Les proches de Joël Teitelbaum élaborent des plans pour qu’il aille à Cluj, qu’il refuse si ces plans demandent qu’il contrevienne à sa foi, comme de couper sa barbe. Il est finalement transporté dans une ambulance de la Croix-Rouge avec sa femme et des amis[11].

Durant la Seconde Guerre mondiale, Joël Teitelbaum, son épouse Chava, et son assistant (shamash) le rabbin Yoseph Ashkenazi se réfugient à Kolozsvár (Cluj). En , il monte à bord du train de Kastner (organisé par le comité d'aide et de sauvetage sioniste) avec 1 683 autres Juifs à destination de la Suisse. Le train est détourné vers le camp de Bergen-Belsen, où ces Juifs restent quatre mois, les négociations entre l'émissaire d'Adolf Eichmann et Kastner continuant, jusqu'à ce que le train soit effectivement autorisé à partir pour la Suisse. Le , il atteint la frontière suisse avec sa cour[12].

Après-guerre

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Il émigre en Israël en 1946 malgré ses prises de position antérieures[8].

Lorsque Rudolf Kastner poursuit en diffamation Malchiel Gruenwald et se retrouve accusé de collaboration avec Eichmann, il refuse de témoigner en sa faveur, de la même façon qu’il a toujours refusé de faire quoi que ce soit pour les personnes l’ayant aidé, ce que son biographe Menachem Keren-Kratz juge cohérent avec l’ensemble des lâchetés, marques d’égoïsme et contradictions entre ses paroles et ses actes tout au long de la Seconde Guerre mondiale[13].

Aux États-Unis

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Il se réfugie plus tard aux États-Unis, où il s'installe à Brooklyn. Il fonde une communauté à Williamsburg qui attire de nombreux juifs hassidiques[8]. Il fonde le congrès rabbinique central des États-Unis et du Canada en 1954, rassemblant des rabbins antisionistes[8].

Son dernier ouvrage Al hagueoula veal hatemoura, développe un fort antisionisme : il accuse les sionistes de provoquer les Arabes et d'être responsables d'un grand nombre de victimes juives. En effet, depuis la destruction du second temple, la politique rabbinique se préoccupe avant tout d'empêcher le sang de couler[14]. Il écrit aussi que si les rabbins, autrefois hostiles au sionisme, s'y sont ralliés, c'est qu'ils sont corrompus[15].

Œuvres

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  • Vayoel Moshe (1958)
  • Al HaGeulah VeAl HaTemurah (1967)
  • Divrei Yoel
  • Hidushei Torah MHR"I Teitelbaum

Aphorismes

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  • Comment un juif peut-il s'asseoir à la table du Seder à Pesach sans avoir d'abord étudié le livre Gevuros Hashem du Maharal de Prague[16]?
  • Un homme vient à la recherche d'un gendre à la yechiva, et demande au Rebbe qu'il soit un grand érudit. Le Rebbe lui répond: "Vous cherchez comme un ver de terre dans une flamme"[17].
  • Lorsque le Satmar Rebbe se préparait à quitter Israël pour les États-Unis, Reuven Margolis lui dit: "Comme vous partez, où puis-je aller pour une "berachah" (bénédiction)?" Le Rebbe lui répondit: "Allez dans n'importe quelle shtiebel (oratoire hassidique) et demandez au premier juif que vous voyez mettant ses tefillin sur les chiffres de camp de concentration sur son bras."[18]

Bibliographie

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  • (en) Meyer Birnbaum (avec Yonason Rosenblum). Lieutenant Birnbaum. A Soldier's Story. Growing Up Jewish In America, Liberating The D.P. Camps, And A New Home In Jerusalem. Mesorah Publications: Brooklyn, N.Y. 1993. (ISBN 0-89906-462-0 et 0-89906-463-9)
  • (en) The Rebbe. A Glimpse into the Daily Life of the Satmar Rebbe Rabbeinu Yoel Teitelbaum. Translated and Adapted by Mechon Lev Avos from Sefer Eidis B'Yosef by Rabbi Yechezkiel Yosef Weisshaus. Machon Lev Avos. 2008. (ISBN 978-1-60091-063-0)
  • (en) Chaim Moshe Stauber (Rabbi). The Satmar Rebbe. The life and times of RAV YOEL TEITELBAUM zt"l. A close talmid's personal recollections. Edited by Devora Glicksman. Feldheim: Jerusalem, New York, 2011. (ISBN 978-1-59826-764-8)

Notes et références

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  1. « Rabbi Joel Teitelbaum Dies at 92; Leader of the Satmar Hasidic Sect; Opposed State of Israel Moved to Brooklyn in 1946 », The New York Times, (consulté le )
  2. Voir, Rabbi Joel Teitelbaum. In Williamsberg in the 1960s. video.
  3. Voir, Kyrias Joel, NY: Grave of Grand Rabbi Joel Teitelbaum and his wife in Kiryas Joel (named for Rabbi Teitelbaum)
  4. Fils de Yekusiel Yehudah. Voir, The Rebbe, 2008, p. 157.
  5. Décédé le 29 Chevat 5664 (1904 et enterré à Sighet. Voir, The Rebbe, 2008, p. 157.
  6. Voir, The Rebbe, 2008, p. VII.
  7. a et b Voir, The Rebbe, 2008, p. VII
  8. a b c d e et f Menachem Keren-Kratz, « The Satmar Rebbe and the Destruction of Hungarian Jewry, part 2 », Tablet, 17 juillet 2014, consulté le 17 mars 2024.
  9. Voir, The Rebbe, 2008, p. VIII.
  10. Voir, The Rebbe, 2008, p. VIII-IX.
  11. a b c et d Menachem Keren-Kratz, « The Satmar Rebbe and the Destruction of Hungarian Jewry, part 1 », Tablet, 17 juillet 2014, consulté le 17 mars 2024.
  12. Voir, The Rebbe, 2008, p. IX.
  13. Menachem Keren-Kratz, « The Satmar Rebbe and the Destruction of Hungarian Jewry, part 2 », Tablet, 17 juillet 2014, consulté le 17 mars 2024. Citation : « After the Holocaust, Rabbi Yoel also turned his back on all those who had helped to rescue him[...] Thus, Rabbi Yoel repaid with ingratitude even the man whose name became most closely associated with his rescue from the extermination camps[...] After the Holocaust, ignoring his moral indebtedness, Rabbi Yoel turned his back on his benefactors of all camps. », en anglais : Après la Shoah, le rabbin Yoel a aussi tourné le dos à tous ceux qui avait aidé à le sauver[...]Donc, Rabbi Yoel rembourse avec de l’ingratitude même l’homme dont le nom devient celui qui est le plus intimement associé à son sauvetage des camps d’extermination[...] Après la Shoah, ignorant sa dette morale, Rabbi Yoel tourne le dos à ses bienfaiteurs de tous les camps..
  14. Emmanuel Lévyne, Judaïsme contre sionisme, Tsédek, 1969, p. 74.
  15. Emmanuel Lévyne, Judaïsme contre sionisme, Tsédek, 1969, p. 71-72.
  16. Voir, THE REBBE, 2008, p. 180-181.
  17. Voir, THE REBBE, 2008, p. 195.
  18. Voir, Birnbaum, 1993, p. xii.

Liens externes

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