Jocelyne Pérard

géographe française

Jocelyne Pérard, née Jocelyne Tournier à Couternon le , est une géographe française. Ses travaux portent sur la climatologie tropicale, avant de se consacrer au lien entre vin et climat dans un contexte de changement climatique. Présidente de l'université de Bourgogne de 1993 à 1998, elle s'est investie politiquement dans le développement culturel du vin à Dijon. Son travail et son engagement sont récompensés de nombreuses distinctions.

Jocelyne Pérard
Jocelyne Pérard en 2017.
Fonction
Présidente d'université
Université de Bourgogne
-
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (84 ans)
CouternonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jocelyne Paulette Louise TournierVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions

Biographie

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Photo du bâtiment de lettres de l'université de Bourgogne
L'université de Bourgogne

Jocelyne Tournier naît en 1940 à Couternon[1],[2]. Ses parents sont d'origine modeste, sa mère est femme de ménage à l'université de Dijon et ses grands-parents sont paysans, milieu qui est selon elle à l'origine de sa sensibilité au terroir et à la nature[3]. Alors qu'elle souhaite devenir archéologue, n'ayant pas appris le grec, elle se tourne vers la géographie[4]. Elle étudie à l'université de Bourgogne où elle obtient en 1962 le prix de la meilleure étudiante de géographie[5]. En 1963, son diplôme d'études supérieures porte sur la « Commercialisation des produits laitiers dans la région dijonnaise »[6]. Agrégée de géographie, elle part enseigner au lycée à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, ce qui la conduit à se passionner pour le climat tropical[3].

Elle soutient son doctorat en 1984 avec pour sujet « Recherches sur les climats de l'archipel malais : les Philippines » sous la direction du climatologue Pierre Pagney[7]. À l'époque, il n'existe pas de bases de données climatologiques, ce qui la conduit à des terrains difficiles à Manille et à Cotonou pour la réaliser[3].

C'est avec son directeur de thèse qu'elle est à l'initiative du Centre de Recherche de Climatologie du CNRS de l'université de Bourgogne, très actif en France dans sa discipline, qu'elle dirige un temps[8],[4]. À la fin de sa carrière, elle est professeure de géographie à l'université de Bourgogne[9]. Elle mentionne avec humour en 2019 que voulant être vigneronne, elle est devenue universitaire, l'université de Dijon possédant un vignoble à Marsannay-la-Côte[10].

Jocelyne Pérard crée en neuf mois, puis fait homologuer en 2007 la chaire Unesco « Culture et traditions du vin » de l'université de Bourgogne, la quatorzième en France, mais originale au niveau international par l'unicité de son sujet, le vin étant réparti sur tout le globe[11],[12],[13]. La chaire étudie toute la chaîne du vin, de la vigne à la dégustation, dans une perspective pluridisciplinaire[14]. Cette chaire permet des échanges universitaires et des collaborations dans le monde entier dans la recherche autour du vin pour diffuser l'ensemble des savoirs académique sur ce thème[11]. Après avoir perdu ce label UNESCO en 2023, elle le retrouve en 2024 sous le titre « Cultures et Traditions Vitivinicoles »[15].

En 2015, elle est professeure émérite[16].

Travaux

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Vue aérienne de Luzon au nord des Philippines
Vue aérienne de Luçon

Les recherches de Jocelyne Pérard portent dans un premier temps sur la climatologie tropicale[17],[18]. Elle travaille durant sa thèse sur les interactions entre la colonne d'air et l'eau aux Philippines, avec une remontée d'eau sur l'île de Luçon qui conduit à une sécheresse hivernale sur le littoral[19].

Œnophile[14], elle s'intéresse ensuite aux conditions climatiques permettant la viticulture, étudiant sa faisabilité dans des pays comme le Viêt Nam où la mousson n'est pas favorable à son développement[20]. Elle se spécialise dans la relation entre vin et climatologie, notamment dans le contexte des changements globaux[21]. Les plantes, et donc la vigne, sont un indice d'augmentation des températures[20]. Elle étudie l'évolution de la vigne avec le changement climatique, les modifications à y apporter, dans l'exploitation (arrêt des feux) ou la préservation de l'environnement, par exemple en optimisant le transport[20]. Elle fait remonter les premières mentions d'avancement de la véraison du pinot noir dès 1996[22]. Elle montre que la canicule de 2003 a eu des conséquences positives sur les vendanges avec un excellent millésime[23]. Elle note aussi que ces vendanges ont également eu un impact dans la hiérarchie des appellations, les plus modestes étant devenues d'une meilleure qualité[22]. Ses recherches estiment que jusqu'à 2030, les vendanges pourraient être bonnes mais de quantité plus faible, mais avec une moindre typicité, à condition qu'il n'y ait pas de phénomènes météorologiques exceptionnels comme les sécheresses ou les épisodes de grêle[22],[23]. Ces derniers entraînent des maladies et des moisissures préjudiciables à la qualité du vin[20].

Politique

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Présidence de l'université de Bourgogne

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Jocelyne Pérard est élue présidente de l'université de Bourgogne de 1993 à 1998[24],[25],[26]. Elle ne souhaitait pas être élue, « Ça s'est fait comme ça », et est à l'époque l'une des trois femmes présidentes d'université en France[4]. Son mandat est marqué par les réformes de l'enseignement supérieur, la réforme Bayrou sur les examens, et par les changements de politiques des universités régionales[27],[28],[29].

Investissement dans la vie culturelle dijonnaise

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Photo de l'hôtel Bouchu d'Esterno à Dijon.
L'hôtel Bouchu d'Esterno à Dijon, siège de l'Organisation internationale de la vigne et du vin

En 2003, elle est vice-présidente du Conseil de l'Université des Nations unies, réseau international d'enseignement supérieur, par exemple sur le vin[30]. C'est dans ce contexte que lui vient l'idée de créer une chaire UNESCO[10].

En 2006, elle est la première femme à présider une séance de tastevinage[22].

En 2014, elle dirige le volet scientifique du dossier des climats du vignoble de Bourgogne (en) au patrimoine mondial de l'UNESCO[31].

En 2017, elle s'implique dans la création de la Cité de la gastronomie et du vin comme co-présidente du projet[32].

Elle fait partie du groupe de travail sur le changement climatique de l'Organisation internationale de la vigne et du vin[33]. Elle s'implique dans la candidature de Dijon pour le siège de l'Organisation Internationale du Vin[33],[34].

Elle fait partie du Comité scientifique et culturel de la Cité du Vin de Bordeaux[35].

Plaque des « Climats du vignoble de Bourgogne », au Clos de Vougeot

Hommages et distinctions

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Photo des chevaliers du Tastevin, en habit rouge et jaune de cérémonie
Les chevaliers du Tastevin

Publications

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Ouvrages

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  • Jocelyne Pérard et Olivier Jacquet, Vin et gastronomie : regards croisés, (ISBN 978-2-36441-307-8 et 2-36441-307-9, OCLC 1104227773).
  • Maryvonne Perrot et Jocelyne Pérard, L'homme et l'environnement : histoire des grandes peurs et géographie des catastrophes : Actes du colloque organisé à Dijon du 16 au 18 novembre 2000, Université de Bourgogne, (ISBN 2-906645-43-5 et 978-2-906645-43-1, OCLC 470415654).
  • Jocelyne Pérard et Pierre Escourrou, Climats et climatologie : Volume d'hommage offert au Professeur Pierre Pagney, , 537 p. (ISBN 978-2950276902).
  • Gérard Beltrando, Malika Hélène Madelin, Hervé Quenol et Association internationale de climatologie, Les risques liés au temps et au climat actes du colloque d'Epernay, Maison Moët et Chandon, 6-9 septembre 2006, Prodig, cop. 2006 (ISBN 2-901560-70-9 et 978-2-901560-70-8, OCLC 493677707).

Articles

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  • D. Yacono et Jocelyne Perard, « Pluviosité et régimes pluviométriques à Sumatra », Bulletin de l'Association de Géographes Français, vol. 55, no 456,‎ , p. 329–338 (DOI 10.3406/bagf.1978.5056, lire en ligne, consulté le ).
  • Benjamin Bois et Jocelyne Pérard, « Climat et viticulture au Vietnam : évaluation et perspectives », Climatologie, vol. 6,‎ , p. 75–89 (ISSN 1996-3041 et 2413-5380, DOI 10.4267/climatologie.525, lire en ligne, consulté le ).
  • Jocelyne Pérard, « Remarques sur l'existence probable de remontées d'eau profonde en mer de Chine méridionale, près des côtes de Luçon », Norois, vol. 116, no 1,‎ , p. 519–526 (DOI 10.3406/noroi.1982.4068, lire en ligne, consulté le ).
  • Martine Tabeaud et Jocelyne Perard, « Pourquoi l’AFDG est-elle trop souvent perçue par les géographes physiciens comme une Association de Développement (voire de Défense) de la Géographie humaine ? », Géographes associés, vol. 11, no 1,‎ , p. 13–14 (DOI 10.3406/geoas.1992.1796, lire en ligne, consulté le ).

Préfaces

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Références

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  1. « Notice de personne : Jocelyne Pérard » Accès libre, sur BNF.
  2. a et b « Couternon. Trois personnalités ont reçu la médaille d’honneur de la Ville », sur bienpublic.com (consulté le ).
  3. a b et c « Jocelyne Pérard, du climat aux climats », Le grand Dijon, no 33,‎ , p. 24.
  4. a b et c Frank Mauerhan, « La dame de Bourgogne », Le Point, no 1282,‎ , p. 18.
  5. Maurice Dubois, « L'Institut de géographie de Dijon en 1962 », Revue Géographique de l'Est, vol. 3, no 3,‎ , p. 247–251 (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Diplômes d'études supérieures de géographie présentés en 1963 », Annales de géographie, vol. 73, no 399,‎ , p. 626–630 (lire en ligne, consulté le ).
  7. « ID REF ».
  8. François Durand-Dastès, « Cent ans de climatologie », Bulletin de l’association de géographes français. Géographies, vol. 97, nos 1/2,‎ , p. 151–160 (ISSN 0004-5322, DOI 10.4000/bagf.6553, lire en ligne, consulté le ).
  9. Jean-Pierre Stahl, « La photo souvenir de la toute nouvelle Fondation pour la culture et les civilisations du vin ! », sur Côté châteaux, (consulté le ).
  10. a et b « Jocelyne Pérard », Détours en France,‎ (lire en ligne Accès libre).
  11. a et b « L'université reçoit l'homologation de l'Unesco », Le Bien Public,‎ .
  12. « Une chaire Unesco « Vin et culture » à l'université », Le Bien Public,‎ .
  13. « Jocelyne Pérard : L'ancienne présidente de l'université de Bourgogne sera nommée en septembre titulaire de la chaire Vin et Culture, créée par l'Unesco. Une première mondiale. », Le Point,‎ .
  14. a et b Isabelle Fougere, « De la science au culte », Le Figaro Magazine, no 19705,‎ .
  15. « SCIENCES : La chaire de l'université de Bourgogne portant sur la vigne et le vin retrouve son label UNESCO », sur infos-dijon.com, (consulté le ).
  16. « Les femmes, les hommes et les pouvoirs », Bulletin Quotidien,‎ .
  17. Yves Boquet, « L’Asie du Sud-Est : quelles géographies ? », Bulletin de l’association de géographes français. Géographies, vol. 98, no 1,‎ (ISSN 0004-5322, lire en ligne, consulté le ).
  18. Nicolas Ginsburger, « Femmes en géographie au temps des changements: Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990) », L’Espace géographique, vol. Tome 46, no 3,‎ , p. 236–263 (ISSN 0046-2497, DOI 10.3917/eg.463.0236, lire en ligne, consulté le ).
  19. André Guilcher et Pierre Pagney, « Introduction aux actes du Colloque sur les interrelations air-mer. (Endoume : Marseille, 7 mai 1982) », Norois, vol. 116, no 1,‎ , p. 475–477 (DOI 10.3406/noroi.1982.4064, lire en ligne, consulté le ).
  20. a b c et d « J. Pérard : « Le réchauffement fait des dégâts sur les vignes » », Le Bien Public,‎ .
  21. « L’Académie Amorim : 30 ans au service de la recherche et de l’innovation », sur Terre de Vins, (consulté le ).
  22. a b c et d « Dans la lignée des dernières années avec 32,66 % des vins agréés », Le Journal de Saône et Loire,‎ .
  23. a et b « La vigne et le réchauffement », Le Bien Public,‎ , p. 8.
  24. « Les présidents de l’université de Bourgogne - Université de Bourgogne », sur u-bourgogne.fr, (consulté le ).
  25. « Au programme, les examens, l'anonymat et l'évaluation », Libération,‎ , p. 20.
  26. Paul Quino, « Allègre: "J'applique un boycott personnel". », Libération,‎ , p. 19.
  27. « Université de Bourgogne : les antennes délocalisées n'ont plus le vent en poupe », Les Échos,‎ .
  28. Brigitte Perucca, « L'université de Bourgogne d'accord pour " un esprit solidaire " », Les Echos,‎ .
  29. Paul Quinio, « A Dijon, un semestre de fac à l'essai. Les étudiants auront désormais la possibilité de se réorienter fin février. », Libération,‎ , p. 20.
  30. « Jocelyne Pérard : Nouvelles responsabilités à l'Unesco », Le Bien Public,‎ .
  31. Laure Gamaury, « Dans les cuisines de la cité de la gastronomie », L'expansion,‎ , p. 1-4.
  32. « Cité de la Gastronomie : une inauguration virtuelle du projet », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le ).
  33. a et b « Évènement. Dijon candidate pour accueillir le siège de l’Organisation internationale de la vigne et du vin », sur bienpublic.com (consulté le ).
  34. « Cité Internationale de la Gastronomie: première réunion du Comité d'orientation stratégique », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le ).
  35. « Fondation pour la culture et les civilisations du vin », sur laciteduvin.com (consulté le ).
  36. « Persönlichkeiten der JGU | ÜBER DIE JGU », sur universitaet.uni-mainz.de (consulté le ).
  37. « Les gens : Jocelyne Pérard et Olivier Jacquet », L'Histoire, no 477,‎ , p. 8.
  38. Décret du 20 novembre 2015 portant promotion et nomination.
  39. Décret du 13 juillet 2009 portant promotion et nomination.
  40. « Légion d'honneur. Préfecture Diplômés dans l'ordre de la Légion d'Honneur », sur bienpublic.com (consulté le ).
  41. Décret du 28 mars 1997 portant promotion et nomination.

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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