Le kemari (蹴鞠?, litt. « balle frappée ») est une forme de football qui était populaire au Japon pendant la période Heian (794-1185)[1].

Kemari à Nara.

Histoire modifier

Le kemari est issu d'un sport chinois, le cùjú, et a été introduit au Japon vers l'an 600, au cours de la période d'Asuka. On en trouve une première mention dans les sources littéraires en 644[2]. Les règles de ce sport furent standardisées à partir du XIIIe siècle[2], sous l'influence notable de son homologue d'origine chinoise[3].

Fujiwara no Narimichi (藤原 成通?, 1097-1162), contemporain de l'empereur Shirakawa, est considéré comme le « saint du kemari » en raison de son habilité inégalée parmi ses contemporains. Bien que doué dans nombre de domaines typiquement attendus d'un gentilhomme de l'époque, tel que le yabusame, la poésie chinoise et japonaise, la flûte et la calligraphie, c'était vraiment dans le kemari qu'il excellait. Il y aurait joué, enfant, tous les jours, après avoir recouvré d'une maladie, puis fut un jour frappé de visions par les dieux du kemari[4]. Il est encore aujourd'hui pratiqué, notamment au sein des sanctuaires shintoïstes du japon[3]. George H. W. Bush en joua une partie lors d'une visite protocolaire dans l'archipel[5],[6].

Le jeu modifier

Tenue et cadre religieux modifier

Bien qu'il se joue normalement en habit de cour, selon un style vestimentaire hérité de la période d'Asuka et comportant notamment le kariginu, le kemari est un sport très physique. Contrairement à son homologue chinois, le kemari est dénué de tout esprit de compétition et comporte une forte dimension religieuse[7]. Le jeu, qui se pratique souvent dans des temples et sanctuaires, est précédé d'une cérémonie.

Règles modifier

Les participants, au nombre de huit[8], sont disposés en cercle. Le premier effectue une série de jongles avec une balle appelée mari (?). Celle-ci est fabriquée à partir de peaux de bête, puis remplie d'orge. Elle mesure environ 24 cm de diamètre[9]. Lorsque la balle tombe au sol, le joueur fait alors la passe à un autre joueur, et ainsi de suite. Chacun leur tour, les joueurs effectuent ainsi une démonstration de jongles et de passe. Seule la jambe droite est utilisée[10].

Place dans la culture japonaise modifier

Le kemari possède un sanctuaire dédié, fondé par la famille aristocratique Asukai, le Shiramine-jingū, où est vénéré Seidai Myōjin (精大 明神?), dieu des sports, et en particulier du kemari et du football. Aujourd'hui, ce sport se pratique officiellement chaque année à une date fixe, le , dans le sanctuaire de Kyoto[11].

Notes et références modifier

  1. « Un ancêtre du football encore vivant », sur Nippon.com, (consulté le ).
  2. a et b (en) Allen Guttmann et Lee Austin Thompson, Japanese Sports : A history, University of Hawaii Press, , 307 p. (ISBN 978-0-8248-2464-8, lire en ligne), p. 26-27.
  3. a et b Richard Witzig, The Global Art of Soccer, CusiBoy Publishing, , 500 p. (ISBN 978-0-9776688-0-9, lire en ligne), p. 5.
  4. Yabai Writers, « Kemari: The Ancient Sport of Keeping the Ball Afloat | Yabai: The Modern, Vibrant Face of Japan », sur yabai.com (consulté le ).
  5. (en) Michael Wines, « Japanese Visit, on the Surface: Jovial Bush, Friendly Crowds », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  6. (en) Michael Wines, « On Japan Leg of Journey, Bush's Stakes Are High », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  7. « Histoire du football : les origines », sur fr.fifa.com (consulté le ).
  8. Françoise Laget, Serge Laget, Philippe Cazaban et Gilles Montgermont (préf. Dominique Rocheteau), Jours de foot : la plus belle histoire du football mondial, Paris, Chronique Éditions, , 337 p. (ISBN 979-10-90871-60-1, OCLC 866827012).
  9. « Le « kemari » japonais, bien avant le football », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
  10. « Le kemari ou la version japonaise du footbag », sur nipponconnection.fr, (consulté le ).
  11. « Au Japon, jouons au kemari, du football traditionnel, pour fêter l'année nouvelle », sur www.rtbf.be, (consulté le ).

Voir aussi modifier

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