kimura byol lemoine

artiste multimédia et commissaire
Kimura byol lemoine
kimura byol lemoine
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#6261 (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

kimura byol lemoine (키무라 별 르무완 * キムラ ビョル レモワン) est artiste multidisciplinaire, commissaire d’exposition et archiviste queer féministe de Montréal qui milite auprès de différentes communautés[1],[2]. Contribuant à donner une voix et une visibilité aux minorités dans son travail artistique, kimura byol lemoine explore dans ses œuvres des thématiques liées à l'identité, la diaspora, le déplacement, le genre et la sexualité[3]. Sa pratique plurielle et autodidacte a été diffusée et reconnue à l'internationale dans des contextes variés allant des projections en festival au cinéma, des expositions en galerie aux espaces alternatifs[4].

kimura byol lemoine s'identifie comme une personne intersexe[5] et agenre[6] et utilise le pronom personnel neutre yel•le[5],[6],[7],[8] ainsi que les accords en double flexion abrégée[5],[9].

Biographie modifier

kimura byol lemoine nait en 1968 à Pusan, en Corée du Sud, d'une mère sud-coréenne et d'un père japonais[10]. Faisant partie de la première génération de coréens placés en adoption internationale[1], kimura byol lemoine est adopté en 1969 par un couple belge puis grandit en Belgique[11],[12],[13].

Très tôt, kimura byol lemoine s'initie aux arts à travers la peinture, grâce à un ensemble de pinceaux offert par sa grand-mère[3]. Après un passage en école d'art où kimura byol lemoine découvre le surréalisme et l'art non figuratif[3], son penchant artistique se tourne vers le septième art, pour lequel kimura byol lemoine développe une véritable passion qui l'amène à faire l'école buissonnière pour assister à des projections au cinéma durant ses heures de cours[2].

En 1988, kimura byol lemoine réalise son premier film, Adoption, pour lequel kimura byol lemoine remporte le prix du festival « Être jeune en Europe aujourd'hui »[14],[15]. Tourné en l'espace de seulement deux jours à partir d'une lettre ouverte écrite à sa mère biologique[14],[12], cette œuvre interroge son identité d'adopté·e asiatique élevé·e dans un pays occidental[16]. À la suite de l'obtention de cette récompense déterminante, kimura byol lemoine présente son film à l'ambassade de Corée du Sud puis se rend dans son pays natal avec 23 autres adoptés sud-coréens dans le cadre d'un programme de réintégration raciale[12], un séjour qui lui permettra de capter des premières images de sa terre natale grâce à sa caméra Super 8[2].

En 1993, kimura byol lemoine s'installe en Corée du Sud où kimura byol lemoine demeure jusqu'en 2006. Malgré de nombreux écueils causés par le manque de soutien et le paternalisme des autorités et de la société coréenne vis-à-vis des adopté·es en quête de leurs racines[17],[18], kimura byol lemoine parvient ultimement à reprendre contact avec sa mère biologique[19]. Durant son retour au pays (1993-2006), kimura byol lemoine affirme un nouveau pan de son identité comme personne queer. Le traitement réservé à la communauté LGBTQ pousse kimura byol lemoine à quitter le pays pour s'établir à Montréal, au Canada, en 2006[2],[18]. Cette nouvelle ville d'accueil lui donne une « liberté spatiale et mentale » pour réfléchir, cette fois, à la définition de son identité de genre [source].

En 2008, kimura byol lemoine réalise le film Disadoption, un court-métrage qui raconte, sur une berceuse de son enfance, le souhait de son père de le « désadopter »[3]. Ce film est un plaidoyer pour éveiller les consciences de potentiels parents adoptifs occidentaux, qui n'ont pas toujours les outils culturels pour comprendre et soutenir un enfant d'origine différente de la leur[3].

En 2017, kimura byol lemoine est récipiendaire de la bourse Regard sur Montréal, une résidence de production soutenue par le Conseil des arts de Montréal, la SODEC, l'ONF en collaboration avec Les Films de l'Autre, qui lui sert à réaliser le court métrage documentaire #6261[20]. Pour ce projet, l'artiste part à la rencontre de Montréalais d'origines diverses qui ont un point commun : leur adresse, située au numéro 6261. Le film est présenté en première aux Rendez-vous du Cinéma Québécois[21] et est développé et produit par Microclimat Films.

En 2020, kimura byol lemoine réalise Adoption : 30 ans après, une œuvre qui revient sur son tout premier film et qui comprend des entrevues avec l'actrice principale de l’œuvre.

Parcours d'artiste militant modifier

Carrière artistique modifier

kimura byol lemoine emploie l'art comme outil intime et politique afin de déconstruire son bagage identitaire et discerner les conséquences néfastes d'une définition occidentale de l'identité[2],[3],[9]. Son travail artistique se distingue par sa sensibilité contagieuse et son humour tranchant, qui côtoient une esthétique DIY[9]. Son ample production peut être considérée comme une forme d'archivage activiste de son parcours identitaire par le biais de diverses médiums et formats : calligraphie, photographie, peinture, poésie et vidéo[22].

Critique de la suprématie blanche dans le milieu de l'art, kimura byol lemoine conteste les méthodes de sélection et la répartition du financement et des programmes de bourses et de résidences, qui discriminent les personnes racisé·es et issu·es de la diversité sexuelle et de genre[2]. Investi·e auprès de différents organismes et collectifs montréalais, son implication au sein du collectifs et du Festival montréalais Qouleur, du Groupe intervention vidéo et des centres d'artistes autogérés articule et La Centrale contribue à faire rayonner le travail d'artistes issu·es de la diversité et à enrichir la vie artistique locale[3],[23].

Ses vidéos sont distribuées par le Groupe intervention vidéo (Montréal), le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir (Paris) et VTape (Toronto).

Travail militant modifier

À partir de la fin de la guerre de Corée en 1953, plus de 200 000 enfants coréens, le plus souvent issus d'un couple mixte, nés hors mariage, ou d'une mère célibataire, ont été placés en adoption à l'étranger[24],[25],[26]. Parmi les agences qui se divisent le « marché » de l'adoption internationale, la Holt International Children's Services (HICS), créée en 1955 par l'Américain Harry Holt détient la plus grande part du secteur. Bien que la compagnie excelle dans le traitement rapide des requêtes d'adoptions, l'administration des dossiers se congestionne lorsque des adoptées reviennent au pays pour tenter de retrouver la trace de leurs parents biologiques[27].

C'est dans ce contexte et pour répondre aux besoins particuliers des adopté·es internationaux·ales qui tentent de reconnecter avec leurs origines que kimura byol lemoine co-fonde le Global Overseas Adoptees’ Link, une organisation qui aide les personnes adoptées à retrouver leur famille biologique, ainsi qu'à s'adapter à la vie et au travail dans leur pays d'origine[19]. Ses apparitions récurrentes dans les médias coréens et son militantisme chevronné lui valent la réputation de « visage de l'adoption outre-mer »[28].

En 2001, kimura byol lemoine et sa collaboratrice kate-hers RHEE rassemblent de jeunes artistes issus de la diaspora coréenne dans un annuaire intitulé O.K.A.Y. (Overseas Korean Artists Yearbook). Chaque tome est consacré à une région du monde ― comme l'Amérique, le Japon et l'Europe ― et présente une création originale des artistes recensé·es[24].

Œuvres (sélection) modifier

Films et vidéos modifier

  • 1988 : Adoption (court métrage)
  • 2008 : Disadoption (vidéo)
  • 2010 : Qu'est-ce que ça veut dire? (vidéo)
  • 2011 : Bang bang (vidéo)
  • 2011 : 9 octobre (vidéo)
  • 2014 : Hairy (vidéo)
  • 2016 : #6261(court métrage)
  • 2017 : 2x50=100 (vidéo)
  • 2017 : ARTivismes lesbiens. Réalités actuelles (moyen métrage)
  • 2020 : Adoption : 30 ans après (court métrage)

Ouvrage à titre d'auteur·trice modifier

  • 2005 : 55% Korean, Séoul, GimmYoung

Expositions solos (sélection) modifier

  • 1997 : Ugly Beauty, galerie Munhwa Ilbo, Séoul
  • 1998 : Between TWO, Centre culturel français de Séoul
  • 2003 : Oui mais non, Galerie Artinus, Séoul
  • 2004 : Chinoiseries accentuées, Bar Soho, Séoul
  • 2006 : Lausanne Kimchifié, Espace Zinéma, Lausanne
  • 2020 : kimura byol cho mihee 조미희 nathalie lemoine, Dazibao, Montréal

Expositions de groupe (sélection) modifier

Commissariat et programmation modifier

  • 2007 : Orientité, La Centrale galerie Powerhouse, Montréal
  • 2014 : Qouleur : De Zéro au Futur (et tout entre-temps), Ada X (Studio XX), Montréal[29]
  • 2015 : Topovidéographies : Les archives audiovisuelles des adopté·es (1988-2015), Groupe intervention vidéo, Montréal
  • 2016 : Terra Traces, co-commissarié avec Sonja Zlatanova, La Centrale galerie Powerhouse, Montréal
  • 2016 : GIV le 40e: Canasian Experience, Berlin Asian Film Network, FAQ-Aden, Berlin
  • 2019 : Laissez-passer, Le MUP - Festival international de courts métrages et le Groupe intervention vidéo, Montréal

Distinctions modifier

Résidences, reconnaissances et récompenses modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Philippe Pons, « Le Mondial: La quête d’identité d’une Coréenne de nulle part », Le Monde,‎ 23-24 juin 2002 (lire en ligne)
  2. a b c d e et f (en-US) Samuel Larochelle, « kimura byol-nathalie lemoine: In a World Where Everything 'Intersex' », sur Canada Media Fund (consulté le )
  3. a b c d e f et g Julie Vaillancourt, « Pleinement queer. Quêtes identitaires et expressions artistiques », Fugues magazine,‎ , p. 40-41
  4. Oriane Morriet, « Bilan de la vie de l'artiste non-genré.e kimura byol-nathalie lemoine avec « 2x50=100 » », sur Le Lien MULTIMÉDIA :: le portail des professionnels du numérique au Québec, (consulté le )
  5. a b et c Samuel Larochelle, « kimura byol-nathalie lemoine à l’intersection des mondes », sur Fonds des médias du Canada (consulté le )
  6. a et b Oriane Morriet, « Bilan de la vie de l'artiste non-genré.e kimura byol-nathalie lemoine avec « 2x50=100 » », sur Le Lien MULTIMÉDIA :: le portail des professionnels du numérique au Québec (consulté le )
  7. « Exposition: kimura byol-nathalie lemoine », sur Dazibao (consulté le )
  8. « kimura byol-nathalie lemoine | Art contemporain | PHI », sur phi.ca (consulté le )
  9. a b et c « Prix Powerhouse 2016 », sur La Centrale Galerie Powerhouse (consulté le )
  10. (en) Wency Leung, « The Pros and Cons of International Adoption: Roots of Discontent », Review Asia,‎ , p. 57
  11. Béatrix de L'Aulnoit, « Retour au pays du matin calme », Marie-Claire France,‎ , p. 54
  12. a b et c Jo Mi Hee Nathalie Lemoine Bertin, « Moi Lectrice: Née en Corée, adoptée en Belgique », Marie-Claire France, no 415,‎ , p. 133-138, 142
  13. (en) Wency Leung, « The pros and cons of International adoption: Roots of discontent. », Review Asia Magazine,‎ , p. 57
  14. a et b Emmanuelle Peyret, « Europe: J'irai cracher sur ma mère », Libération,‎ , p. 25
  15. Corinne Leclercq, « Mihee-Nathalie Lemoine, une artiste sociale », Le Courrier de la Corée,‎ , s.p.
  16. Philippe Pons, « Le Mondial: La quête d'identité d'une "Coréenne de nulle part" », Le Monde,‎ 23-24 juin 2002, p. VIII
  17. (en) Clarence Tsui, « Cross-cultural Seoul searching to find a place to call home », sur South China Morning Post, (consulté le )
  18. a et b Tristan Bourbon-Parme, « Le difficile retour à Séoul des enfants adoptés », Le Figaro,‎
  19. a et b (en) Adriana Barton, « Unearthing the roots of adoption. », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne)
  20. « kimura byol-nathalie lemoine, lauréate de la résidence Regard sur Montréal », sur CTVM.info, (consulté le )
  21. Qui fait Quoi, « «#6261» de kimura byol - nathalie lemoine en première aux RVQC », sur www.qfq.com (consulté le )
  22. (en) Kim Mi-Hui, « Expart Artist Explore Womanhood Subconscious in Creative Shows », Korea Herald,‎ 13-20 avril 2001, p. 10
  23. (en-CA) « Unboxed / Déballé », sur articule (consulté le )
  24. a et b Marie-Françoise de Ricaud et Catherine Morlie, « Mihee-Nathalie Lemoine: portrait d'une artiste militante », Le Petit Échotier,‎ , p. 31-32
  25. « Grand reportage - Corée du Sud: pourquoi autant d’enfants coréens ont-ils été adoptés à l’étranger? », sur RFI, (consulté le )
  26. Béatrix de L'Aulnoit, « Retour au pays du matin calme », Marie-Claire France,‎ , p. 54 (lire en ligne)
  27. Tristan de Bourbon, « Le difficile retour à Séoul des enfants adoptés », Le Figaro,‎ , s.p. (lire en ligne [jpg])
  28. (en) Elizabeth Woyke, « Homeland Divided », Hyphen Magazine,‎ (lire en ligne)
  29. (ko-Hani) Taehoon Kim, « Books: Na-neun 55% hanguk-in naen hwaga Cho Mihee-ssi », Chosun Ilbo,‎ , p. 41 (lire en ligne)

Liens externes modifier