Klaus Kinski

acteur allemand
Klaus Kinski
Klaus Kinski au festival de Cannes 1988.
Biographie
Naissance
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Klaus Günter Karl NakszynskiVoir et modifier les données sur Wikidata
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Minhoï Geneviève Loanic (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinction

Klaus Günter Karl Nakszynski, dit Klaus Kinski, est un comédien allemand, né le à Zoppot, dans le territoire de Dantzig (aujourd'hui Sopot en Pologne), et mort le à Lagunitas, en Californie. Il est renommé pour un style de jeu d'acteur très intense et est également célèbre pour sa personnalité volatile. Il a joué dans plus de 130 films pour une carrière qui s'étale sur 40 ans, de 1948 à 1988. Sa filmographie est notamment marquée par son association avec le réalisateur Werner Herzog. Il est le père de l'actrice Nastassja Nakszynski dite Nastassja Kinski.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Vue de Sopot, où est né Klaus Kinski.

Klaus Günter Karl Nakszynski est le cadet des quatre enfants de Bruno Nakszyński, pharmacien allemand d'ascendance polonaise, et de Susanne Lutze, infirmière allemande dont le père était pasteur[1]. En 1930, la famille emménage à Berlin.

Selon ses propres déclarations, la famille aurait été pauvre et Kinski contraint à gagner de l'argent dès son plus jeune âge, mendier, voire voler. Toutefois, le fait qu'il ait été cireur de chaussures, garçon de courses ou encore laveur de cadavres n'est pas prouvé et ses affirmations ont été contredites par ses frères aînés, selon lesquels la famille était « de classe moyenne » et Klaus « particulièrement entouré d'attention ».

Quoi qu'il en soit, le fait est que le jeune Kinski atterrit en maison de correction avant d'intégrer le lycée Prinz-Heinrich jusqu'au collège puis le lycée Bismarck.

Il a 16 ans lorsqu'il est enrôlé dans la Wehrmacht en 1943. Blessé au cours des derniers combats, il est fait prisonnier par les Anglais en 1944. C'est là que, le , il monte pour la première fois sur les planches et joue un rôle de théâtre grotesque Pech und Schwefel (Suie et soufre) sur la scène du camp de détention, dirigé par l'acteur et metteur en scène Hans Buehl. Ensuite il incarne souvent des rôles féminins. Après avoir frappé un autre acteur lors d'une répétition il est contraint de quitter cette troupe et rejoindre une troupe de cabaret dans le camp. Au printemps 1946 il est parmi les derniers prisonniers à être libéré.

Carrière modifier

Selon son propre récit, il a d'abord passé six semaines « sauvages » à Heidelberg avec une prostituée de seize ans rencontrée dans le train, fille qu'il quitte pour travailler dans les théâtres de Tübingen et de Baden-Baden. C'est là qu'il apprend la mort de sa mère pendant la guerre lors d'un raid aérien sur Berlin. En automne 1946 il retourne à Berlin, où il apprend la mort de son père à l'hôpital de Marienbad des suites d'une pneumonie.

Kinski sous-loue une chambre à Berlin chez la famille Matzig, considérée comme une colonie d'artistes et un foyer d'intellectuels de gauche dès avant que les nazis prennent le pouvoir. C'est ainsi qu'il se dirige vers le théâtre, en 1946 et mène une vie de bohème de ville en ville en Allemagne (Offenburg, Francfort, Berlin). À Tübingen, il obtient un premier succès dans le rôle de Melchthal dans Wilhelm Tell[Lequel ?] et se fait remarquer en « investissant » la totalité de son cachet (50 DM) dans une beuverie[réf. nécessaire]. Après un bref engagement à Baden-Baden et quelques petits rôles sans importance, il prend le pseudonyme de Klaus Kinski.

C'est à cette époque qu'il arrive à percer : le public berlinois le découvre en 1947 dans deux pièces de Jean Cocteau : La Machine à écrire, puis La Voix humaine, un long monologue dans lequel il incarne le rôle d'une femme désespérée, et dont la représentation fait scandale[réf. nécessaire].

Il débute au cinéma en 1948, quitte l'Allemagne pour vagabonder en France, refait du théâtre en 1951, puis du cinéma à partir de 1955. Son irascibilité lui ferme bien des portes mais, polyglotte, il tourne dans plusieurs pays et apparaît dans de nombreux rôles secondaires, comme dans Le Docteur Jivago de David Lean. Il tient progressivement des rôles principaux, notamment de méchants, dans les années 1960, et devient une vedette du cinéma de série B, principalement en Italie. Les films de Werner Herzog lui permettent ensuite de parvenir à une plus grande reconnaissance, dans le domaine du cinéma d'art et d'essai[réf. nécessaire].

Klaus Kinski dans Cinq pour l'enfer en 1969.

Le Grand Silence, western italien de Sergio Corbucci sorti en 1968, est le premier film qui attire sur lui l'attention en France. Suivront entre autres Justine ou les Infortunes de la vertu (1968), L'important c'est d'aimer (1974) et Mort d'un pourri (1979). Il invente une façon particulière d'entrer dans le champ de la caméra en tournant de manière à être de profil puis de face en pivotant sur ses jambes (la caméra ne filmant que son torse, son visage et non ses jambes) et sans que la caméra fasse aucun mouvement : c'est la «spirale Kinski » (décrite comme telle par Werner Herzog)[2].

Klaus Kinski a tourné un grand nombre de films : des policiers aux « westerns spaghetti » en passant par des dizaines de séries B, et surtout les films de Werner Herzog : Aguirre, la colère de Dieu (1972), suivi de Nosferatu, fantôme de la nuit et Woyzeck (tous deux en 1979) puis Fitzcarraldo (1982) et Cobra Verde (1987). Si ces cinq films, fruits de sa collaboration avec Herzog, lui apportent la consécration dans le monde du cinéma[3], Kinski a avoué avoir choisi d'autres films de sa carrière uniquement en fonction du cachet et de la durée du tournage[4] et même refusé des offres de Steven Spielberg[5] ou d'Akira Kurosawa au motif que ces derniers ne lui proposaient pas assez d'argent.

Acteur charismatique, réputé pour ses coups de tête et ses colères ravageuses, les relations difficiles qu'il entretient avec les réalisateurs font l'objet du film documentaire de Werner Herzog, dont il était l'acteur fétiche : Ennemis intimes (Mein Liebster Feind, littéralement Mon plus cher ennemi, 1999, parfois traduit par Mon ennemi intime)[réf. nécessaire].

Plaque commémorative à Sopot, sa ville natale.

En 1975, Kinski publie son autobiographie, traduite en français en 1976 sous le titre Crever pour vivre. Il y parle de son enfance misérable, de ses aventures crapuleuses, de ses passions, de ses haines, de ses folies, de son goût de la démesure et de ses préférences sexuelles pour les mineures[6]. Sa famille est outrée par le contenu du livre, qui contribue à éloigner l'acteur de ses enfants[7] : seul son fils cadet, Nikolai, assistera à ses funérailles en 1991[8]. Kinski meurt d'une crise cardiaque à Lagunitas en Californie à 65 ans, ses cendres sont dispersées dans l'océan Pacifique[9].

Carrière cinématographique modifier

En 1947, Klaus Kinski effectue un essai pour Roberto Rossellini qui prépare son film, Allemagne année zéro. Un contrat au théâtre l'empêchera de se libérer pour le tournage. Sa première expérience sera le film Morituri. Son premier rôle marquant sera celui du prince Otto, le frère de Louis II de Bavière, sous la direction de Helmut Käutner (Louis II de Bavière en 1955).

En 1957, il participe au film de Douglas Sirk, tourné en Allemagne, Le temps d'aimer et le temps de mourir. Son premier film comme vedette sera Der rote Rausch en 1962. C'est grâce au film de David Lean, Le Docteur Jivago qu'il acquiert la reconnaissance internationale. Il enchaîne avec Sergio Leone et en 1965 s'installe à Rome, où il tournera polars, westerns, films érotiques, films de guerre, acceptant « les rôles au téléphone sans même lire les scénarios, choisissant toujours celui qui est le mieux payé ». Le lieu de tournage est aussi un critère : Marrakech, Rio, Londres, Téhéran[10]... Dans les années 1970, il s'installe à Paris, où il alternera projets singuliers (avec Andrzej Żuławski, Serge Moati, Alain Fleischer, Frank Cassenti) et films commerciaux.

Adaptations d'Edgar Wallace modifier

En 1959, débute la série allemande des adaptations des romans d'Edgar Wallace. Cette série est produite par le tandem Wendlandt-Philipsen ; elle durera jusqu'en 1972 et comptera 38 opus. Klaus Kinski participera à de très nombreux épisodes : Le Vengeur défie Scotland Yard (un scénariste décapité) ; Les Mystères de Londres (un tueur aveugle) ; Le Narcisse jaune intrigue Scotland Yard (un barman) ; L'Étrange Comtesse (un déséquilibré) ; L'Orchidée rouge (un gangster) ; La Porte aux sept serrures (un filou) ; Le Requin harponne Scotland Yard (un policier camouflé en marchand) ; L'Énigme du serpent noir (un gardien d'animaux) ; Le Crapaud masqué (un abbé « mauvais ») ; Le Foulard indien ; Mabuse attaque Scotland Yard (un tueur) ; La Serrure aux treize secrets ; Neues vom Hexer (un domestique) ; La Main de l'épouvante ; Liz et Helen.

Les westerns modifier

La Chevauchée vers Santa Cruz (1963) marque les débuts de Klaus Kinski dans le western. Il tourne un autre de ces westerns allemands : Le Trésor des montagnes bleues. Puis viennent les westerns italo-espagnol : Et pour quelques dollars de plus (1965) ; El Chuncho (1966) ; Chacun pour soi (1967) ; Le Grand Silence (1968) ; Deux fois traître (1968) ; Et le vent apporta la violence (1969) ; Macho Callaghan se déchaîne (1970) ; Nevada Kid (1970) ; Priez les morts, tuez les vivants (1970) ; On m'appelle King (1971) ; La vengeance est un plat qui se mange froid (1971) ; La Vengeance de Dieu (1971) ; Black killer (1971) ; Le Retour de Clint le Solitaire (1972) ; Shangaï Joe (1972) ; Un génie, deux associés, une cloche (1975).

Collaborations modifier

Kinski tournera quatre films avec le cinéaste espagnol Jesús Franco, cinéaste mêlant horreur et érotisme dans ses films. Dans l'adaptation de Sade, Justine ou les Infortunes de la vertu, il joue le rôle du marquis de Sade. Suivront Venus in Furs en 1969, Les Nuits de Dracula en 1970 et Jack l'Éventreur en 1976.

Sa tumultueuse collaboration avec Werner Herzog est la plus féconde et la plus connue (cinq films) et sera immortalisée dans un documentaire réalisé en 1999 par Herzog lui-même : Ennemis intimes.

Vie privée modifier

Ses trois enfants ont eux aussi choisi la profession d'acteurs :

Révélations antérieures à sa mort modifier

Dans un livre autobiographique paru en 1975 et intitulé Ich bin so wild nach deinem Erdbeermund - Je suis tellement fou de ta bouche à la fraise, Klaus Kinski parle de ses préférences sexuelles pour les mineures. Il y décrit le viol d'une adolescente de 15 ans, dont il a couvert les cris en mettant le son du téléviseur à fond. L'ouvrage est ressorti en 1991, épuré et avec le titre Ich brauche Liebe - J'ai besoin d'amour.

Révélations ultérieures à sa mort modifier

En 2013, avec la publication de son autobiographie Kindermund[11] (bouche d'enfant), sa fille aînée, Pola Kinski, accuse son père de l'avoir violée de l'âge de 5 ans à 19 ans[12],[6]. La cadette Nastassja dénonce également un père tyrannique, terrifiant, qui a tenté d'abuser d'elle[13].

Filmographie modifier

Années 1940 modifier

Années 1950 modifier

Années 1960 modifier

Années 1970 modifier

Années 1980 modifier

Publications modifier

  • Crever pour vivre, Klaus Kinski, éditions Belfond, 1976 ; Livre de Poche, 1982. Autobiographie[15]. Ressortie en version remaniée J'ai besoin d'amour, Klaus Kinski, éditions Michel Lafon, Paris, 1990

Hommages modifier

Voix françaises modifier

Bien qu'il fût francophone, Klaus Kinski fut tout de même doublé à cause de son accent, notamment dans des rôles non germaniques.

et aussi :

Notes et références modifier

  1. Christian David, Kinski. Die Biographie, Berlin : Aufbau, 2006, p. 13.
  2. « Spirale Kinski - Die Kinskische Schraube » (consulté le )
  3. Voir lesinrocks.com.
  4. Voir sur imdb.com.
  5. Pour jouer un nazi dans Les Aventuriers de l'arche perdue.
  6. a et b « L'image brisée de Klaus Kinski », Le Monde, 13 janvier 2013.
  7. Voir sur nanarland.com.
  8. Voir sur imdb.com.
  9. Édouard Launet, Le petit livre des gros égos, Presses universitaires de France, , 192 p. (ISBN 978-2-13-061994-9, lire en ligne), p. 149-152
  10. extrait du livre de Philippe Rège, Klaus Kinski
  11. Traduction française : Tu ne diras jamais rien [« Kindermund »], traduction de Peter Hirsch, Paris, Éditions Michel Lafon, 2013, 311 p. (ISBN 978-2-7499-2086-3)
  12. Voir sur tdg.ch.
  13. « Nastassja Kinski : elle accuse son père Klaus », Le Nouvel Observateur, 14 janvier 2013 ; « Nastassja Kinski : mon père était un tyran », TF1 news, 13 janvier 2013 mis à jour le 14 janvier.
  14. « Klaus Kinski » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  15. Berlin, « Klaus Kinski, un monument s’effondre », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Liens externes modifier