Kutalmış
Koutoulmich ou Qutalmish (en persan : قتلمش, en orthographe turque moderne : Kutalmış) est un prince seldjoukide, petit-fils de Seldjouk et fils d'Arslan-Israïl (en) (?-1032).
Cousin de Toghrul-Beg, il joua un rôle clef dans les conquêtes des Turcs seldjoukides. En 1046, il remporta sur les Byzantins la victoire de Ganja (en)[1].
Selon le récit du chroniqueur Ibn al-Athir, Koutoulmich portait le laqab (titre honorifique) de Shihab al-Dawla. En 1064, à la mort de Toghrul, il se rebella contre l'accession au trône d'Alp Arslan et marcha vers Rayy, sa capitale. Alp Arslan tenta de se réconcilier avec lui mais Koutoulmich refusa, mit à sac les villages environnants et fit inonder la plaine salée qui séparait les armées. Nizam al-Mulk, vizir d'Alp Arslan, avait amené des troupes nombreuses et disciplinées du Khorasan et s'était assuré le soutien des oulémas et des ascètes. Koutoulmich, qui pratiquait l'astrologie, vit que les présages étaient mauvais pour lui et voulut se retirer mais Alp Arslan trouva une route à travers le marais et mit en déroute les troupes de Koutoulmich. Celui-ci mourut pendant la bataille près du château de Kurdkuh, sans qu'on sache la cause exacte de sa mort. Alp Arslan voulait faire exécuter les prisonniers mais Nizam al-Mulk le convainquit de les épargner. Dans la perspective historique d'Ibn al-Athir, Koutoulmich représente l'ancienne pratique guerrière des Turcs nomades, indisciplinés et pillards, qui s'oppose à celle de l'État organisé arabo-persan incarné par Alp Arslan[2].
Selon une tradition incertaine, Koutoulmich laissa quatre fils qui restèrent captifs jusqu'à la fin du règne d'Alp Arslan. À la mort de celui-ci en 1072, ils recouvrèrent la liberté, soit en s'évadant, soit avec le consentement de son successeur Malik Chah. Deux de ces fils allèrent chercher l'aventure en Palestine où ils furent capturés par le gouverneur Atsiz ibn Abaq qui les livra à Malik Chah. Les deux autres se fixèrent dans le sud de l'Anatolie où leur ascendance seldjoukide leur valait un certain prestige auprès des tribus turkmènes. Un de ces fils, Süleyman, est le fondateur du sultanat de Roum[3]
D'après la similitude de nom, il est possible que Koutoulmich soit un ancêtre, voire le père de Koutloumous, fondateur du monastère de Koutloumousiou, sur le Mont Athos, bien qu'aucune source ancienne ne le confirme[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10].
Références
modifier- Martin Sicker, The Islamic World in Ascendancy: From the Arab Conquests to the Siege of Vienna, Greenwood, 2000, p. 53.
- Songul Mecit, The Rum Seljuqs: Evolution of a Dynasty, Routledge, 2016, ch. « Kutalmış b. Arslan Israil b. Sekjuq » [1]
- (en) Claude Cahen, The Formation of Turkey : The Seljukid Sultanate of Rum: Eleventh to Fourteenth Century, Routledge, (ISBN 978-1138175709, lire en ligne)
- (en) Sotiris Kadas, Mount Athos: An Illustrated Guide to the Monasteries and Their History, Ekdotike Athenon, (ISBN 978-960-213-075-9, lire en ligne)
- Dimitar Yordanov Dimitrov, « НИКИТА ХОНИАТ СРЕЩУ МАНУИЛ I КОМНИН: ПОЛЕМИКА, СВЪРЗАНА С ИСЛЯМА, В КОНТЕКСТА НА ВИЗАНТИЙСКАТА ТРАДИЦИЯ », Епохи, vol. 24, no 2, , p. 236–242 (ISSN 1310-2141 et 2534-8418, lire en ligne, consulté le )
- « THE DEVELOPMENT OF MONASTIC ARCHITECTURE ON MOUNT ATHOS WITH SPECIAL REFERENCE TO THE MONASTERIES OF PANTOCRATOR AND CHILANDARI - ProQuest », sur www.proquest.com (consulté le )
- (en) D. Nastase, « Les débuts de la communauté œcuménique du Mont Athos », Byzantina Symmeikta, , p. 251–314 (ISSN 1791-4884, DOI 10.12681/byzsym.704, lire en ligne, consulté le )
- Paul Lemerle, Actes de Kutlumus, Lethielleux, (ISBN 978-2-283-60416-8, lire en ligne)
- (en) « Koutloumousiou Monastery at Mount Athos », sur The Byzantine Legacy (consulté le )
- (en) Emmanuel Amand de Mendieta, Mount Athos: The Garden of the Panaghia, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-3-11-265122-3, lire en ligne)