L'Enfouisseur et son compère
L'Enfouisseur et son compère est la quatrième fable du livre X de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.
L'Enfouisseur et son compère | ||||||||
Gravure de Laurent Cars d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759 | ||||||||
Auteur | Jean de La Fontaine | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | Fable | |||||||
Éditeur | Claude Barbin | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1678 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Texte de la fable
modifierUn Pince-maille[N 1] avait tant amassé
Qu'il ne savait où loger sa finance.
L'avarice, compagne et sœur de l'ignorance,
Le rendait fort embarrassé
Dans le choix d'un dépositaire ;
Car il en voulait un. et voici sa raison.
L'objet[N 2] tente ; il faudra que ce monceau s'altère,
Si je le laisse à la maison :
Moi-même de mon bien je serai le larron.
Le larron : quoi, jouir, c'est se voler soi-même !
Mon ami, j'ai pitié de ton erreur extrême ;
Apprends de moi cette leçon :
Le bien n'est bien qu'en tant que l'on s'en peut défaire.
Sans cela c'est un mal. Veux-tu le réserver
Pour un âge et des temps qui n'en ont plus que faire ?
La peine d'acquérir, le soin de conserver
Ôtent le prix à l'or, qu'on croit si nécessaire.
Pour se décharger d'un tel soin,
Notre homme eût pu trouver des gens sûrs au besoin ;
Il aima mieux la terre, et prenant son Compère,
Celui-ci l'aide. Ils vont enfouir le trésor.
Au bout de quelque temps, l'homme va voir son or :
Il ne retrouva que le gîte.
Soupçonnant à bon droit le Compère, il va vite
Lui dire : Apprêtez-vous ; car il me reste encor
Quelques deniers : je veux les joindre à l'autre masse.
Le Compère aussitôt va remettre en sa place
L'argent volé, prétendant bien
Tout reprendre à la fois sans qu'il y manquât rien.
Mais, pour ce coup, l'autre fut sage :
Il retint tout chez lui, résolu de jouir,
Plus n'entasser, plus n'enfouir
Et le pauvre voleur, ne trouvant plus son gage[N 3],
Pensa tomber de sa hauteur.
Il n'est pas malaisé de tromper un trompeur.
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, L'Enfouisseur et son compère, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 400
Notes
modifier- Avare, grippe-sou. La maille était une petite monnaie de cuivre de la plus faible valeur
- ce que l'on a sous les yeux
- l'argent qu'il avait mis en dépôt
Références
modifierLiens externes
modifier- « fable Jean de La Fontaine : L'Enfouisseur et son compère », sur www.la-fontaine-ch-thierry.net (consulté le )