Léontine Zanta

philosophe, féministe catholique, enseignante, journaliste, romancière et conférencière française
Léontine Zanta
Léontine Zanta dans Les Annales politiques et littéraires du 31 mai 1914.
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Léontine Zanta, née à Mâcon[1] le , et morte le à Neuilly sur Seine, est une enseignante, journaliste, romancière et conférencière française. Elle est la première Française à obtenir le doctorat de philosophie en 1914.

Biographie modifier

Le père de Léontine Zanta est professeur à Colmar quand éclate la guerre de 1870[2]. Il se réfugie alors à Mâcon.

Grâce à ses relations au sein de l'Éducation nationale, notamment Gabriel Séailles, le père de Léontine parvient à lui faire suivre des études en philosophie.

Léontine Zanta devient licenciée ès lettres en 1898[3]. Elle enseigne à la Mutualité de Maintenon, institution privée et laïque dispensant aux femmes des cours dans des domaines auxquels l'enseignement public ne leur permet pas d'accéder.

Elle sera à 42 ans, en 1914, la première femme française docteur ès lettres-philosophie[4]. Elle a été précédée en cela par une étudiante roumaine, Alice Steriad, qui devint première femme à décrocher un doctorat de philosophie à l'université française en 1913[5]. La soutenance de thèse de Léontine Zanta provoque, contrairement à celle d'Alice Steriad, un phénomène médiatique important.

Léontine Zanta a été journaliste à L'Écho de Paris[6], au Figaro[7], au Petit Journal[8] et appartint, de 1920 à 1942, au jury du prix Femina[9].

Née dans une famille profondément catholique, ses conceptions philosophiques seront également inspirées par le spiritualisme de Bergson, philosophe avec lequel elle nouera une solide amitié.

Elle a rencontré Pierre Teilhard de Chardin dans le salon de la cousine de celui-ci, Marguerite Teilhard-Chambon. Dans une lettre, elle annonce à Teilhard la parution dans L'Écho de Paris du (en première page[10]) de son article « Les Équipes sociales féminines »[11]. Teilhard lui répond de Tien-Tsin le  : « Vous avez raison de voir dans celles-ci un triomphe, de fait, pour le Féminisme ! C’est en s’imposant de la sorte que les femmes feront leur place dans la société[12]. »

Elle participe, en 1929, aux premiers États généraux du féminisme, organisés par le Conseil national des femmes françaises[13].

La vision de Léontine Zanta sur la place des femmes dans la société est conforme à celle du féminisme chrétien catholique. Elle tient une attitude relativement agressive envers les féminismes non catholiques, estimant que le véritable féminisme est celui qui ne rompt pas avec l'ordre social et est favorable à la famille catholique.

Auteure de deux romans où le personnage principal est incarné par une étudiante en philosophie, elle pose la question de la conciliation entre féminité et philosophie. Elle y répond de manière pessimiste, estimant que le salut peut venir de Dieu seul[14].

L'avènement du régime de Vichy ne semble pas avoir perturbé sa vision. Elle s'empare en effet dans ces écrits de certains thèmes d'extrême-droite comme la régénération de la culture et recevra même un prix pour son œuvre en 1941.

Elle meurt le 15 juin 1942.

Publications modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Sainte Monique et son fils, la mère chrétienne, Plon, 1941
  • Sainte-Odile, Flammarion, 1931[15]
  • « Le féminisme : ses manifestations variées à travers les faits, les institutions, les tendances, les mouvements d'opinions », Semaines Sociales de France, 19e session - Nancy 1927 : La femme dans la société, Gabalda, p. 67-86, 1928
  • La Part du feu, Plon et Nourrit, 1927, prix de littérature spiritualiste 1928
  • Psychologie du féminisme, préface de Paul Bourget, Plon, 1922[16],[17]
  • La Science et l'amour. Journal d'une étudiante, Plon, 1921
  • La Doctrine d'Épictète stoïcien, comme l'homme se peut rendre vertueus, libre, heureus et sans passion, traduitte du grec en françois par André Rivaudeau, 1567 ; réédition : La Traduction française du Manuel d'Épictète d'André de Rivaudeau au XVIe siècle, introduction par Léontine Zanta, Paris, E. Champion, 1914 lire en ligne sur Gallica.
  • La Renaissance du stoïcisme au XVIe siècle, thèse pour le doctorat ès lettres présentée à la faculté des Lettres de l'Université de Paris, Champion, 1914 ; réédition La Renaissance du stoïcisme au XVIe siècle, Slatkine, 1975, prix Marcelin Guérin

Bibliographie modifier

  • Henri Maleprade, Léontine Zanta : vertueuse aventurière du féminisme, Éditions Rive droite, 1997 (ISBN 978-2-84152-050-3)
  • Pierre Teilhard de Chardin, Lettres à Léontine Zanta, introduction par Robert Garric et Henri de Lubac, Desclée De Brouwer, 1965
  • Victor Giraud, « Stoïcisme et Christianisme au XVIe siècle », Écrivains et Soldats, Hachette, 1921, p. 5-12[18]
  • Annabelle Bonnet, Léontine Zanta - Histoire oubliée de la première docteure française en philosophie, préface de Geneviève Fraisse, Paris, L'Harmattan, collection Logiques sociales, 2021.

Distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. Annales de l’académie de Mâcon, t. 27, p. LXXXIII lire en ligne sur Gallica
  2. Émile de Feuquières, « La philosophie compte en Mlle Zonta sa première doctoresse », Le Petit Parisien, 20 mai 1914, p. 2, avec une photo de Léontine Zanta lire en ligne sur Gallica.
  3. Émile de Feuquières, « La philosophie ... ».
  4. Samuel Rocheblave, « Mlle Zanta soutient sa thèse de philosophie en Sorbonne », Le Temps, 21 mai 1914, p. 3, article qui commence par « Quiconque veut suivre l'évolution du temps présent dans le domaine des idées traduites en actes significatifs, n'a qu'à regarder aux spectacles imprévus offerts en ce moment par La Sorbonne » lire en ligne sur Gallica.
  5. Annabelle Bonnet, La barbe ne fait pas le philosophe, Paris, CNRS, , 332 p., p. 130.
  6. Toril Moi (en), Simone De Beauvoir: The Making of an Intellectual Woman, Oxford University Press, 2008, p. 284.
  7. lire en ligne sur Gallica.
  8. lire en ligne sur Gallica.
  9. Le Figaro, 1er décembre 1937 qui publie une photo où figure Léontine Zanta lire en ligne sur Gallica.
  10. lire en ligne sur Gallica.
  11. Branche féminine, fondée en 1923 par Myriem Foncin, des Équipes sociales, créées en 1920 par Robert Garric.
  12. Lettres à Léontine Zanta, p. 68.
  13. CNFF, États généraux du féminisme, 14-15-16 février 1929, Paris, Impr. d'ouvriers sourds-muets, 1929, p. 235.
  14. Annabelle Bonnet, La barbe ne fait pas le philosophe, Paris, CNRS, , 332 p., p. 192-193.
  15. ouvrage consacré au pèlerinage du Mont Sainte-Odile et en particulier à l'Hortus deliciarum, dont le seul manuscrit avait été détruit dans un incendie, et dont en 1931 quelques feuillets avaient été retrouvés par Alexandre de Laborde lire en ligne sur Gallica.
  16. Ce texte avait été publié en feuilleton dans La Revue hebdomadaire en 1921 lire en ligne sur Gallica
  17. Ouvrage présenté ainsi par Antoine Albalat dans le Journal des débats politiques et littéraires du 30 janvier 1923, p. 3 : « Féministe modérée et persuasive, Mme Zanta consacre un volume élégamment écrit et très convaincu, à plaider la cause des femmes. Ce qu'elle demande semble assez raisonnable. Elle voudrait que la femme eût sa place au soleil et qu'on prît au sérieux son intelligence, ses aptitudes, son effort et sa bonne volonté. […] Quand on a lu cette belle apologie de l'intelligence des femmes, on s'étonne qu'il n'y ait jamais eu chez elles ni grand sculpteur, ni grand musicien, ni grand peintre, ni grand philosophe, ni grand mathématicien, et que les femmes n'aient jamais rien inventé, pas même la machine à coudre. » lire en ligne sur Gallica.
  18. lire en ligne.
  19. La Croix, 17 juillet 1917, p. 8 lire en ligne sur Gallica.
  20. Annales de l’académie de Mâcon, t. 23, p. CXXXIII lire en ligne sur Gallica.
  21. La Croix, 13 mai 1928, p. 2 lire en ligne sur Gallica.
  22. Le Temps, 8 mars 1932, p. 6 lire en ligne sur Gallica.
  23. La Croix, 29 juin 1941, p. 3 lire en ligne sur Gallica.

Liens externes modifier