La Cathédrale blessée

œuvre de Mel Bonis

La Cathédrale blessée, op. 107, est une œuvre de la compositrice Mel Bonis, datant de 1915.

La Cathédrale blessée
op. 107
Image illustrative de l’article La Cathédrale blessée
Façade de la cathédrale de Reims après les bombardements de 1914

Genre musique pour piano
Musique Mel Bonis
Dates de composition 1915

Composition modifier

Mel Bonis compose sa Cathédrale blessée pour piano en 1915. Les deux manuscrits portent cette date, avec les mentions « édité chez Eschig, 1930 » et « à la mémoire de M. Lucien Augé de Lassus ». L'œuvre est pourtant publiée aux éditions Eschig en 1929, puis rééditée en 2004 par la maison d'édition Furore[1].

Analyse modifier

L'œuvre a été écrite pendant la Grande Guerre, et il semble que ce soit la seule pièce de cette période. Elle a été écrite en réaction au bombardement de Reims en septembre 1914[2]. Si l'œuvre est la seule de cette période, elle fait partie d'un groupe d'œuvres aux exigences techniques poussées, évoquant par le style musical et le titre une esthétique symboliste[3].

Selon François de Médicis, cette œuvre offre un exemple riche de renvois intertextuels. Lucien Augé de Lassus est un archéologue, poète et auteur dramatique français qui a rédigé des livrets pour divers compositeurs comme Camille Saint-Saëns. D'après le Bulletin de la Société pour la protection des paysages de France[4], le bombardement de la cathédrale de Reims avait profondément ébranlé le poète. Ce dernier meurt le 19 décembre 1914, et le Bulletin souligne que les ravages infligés à la cathédrale auraient accélérés sa mort. Le titre de l'œuvre fait penser à celui de La cathédrale engloutie, de Claude Debussy, dixième pièce du premier livre des Préludes, mais la musique y fait aussi allusion. Des accords en valeurs rythmiques de noires décrivent des arcs ascendants et descendants, « tels des ogives sonores aux harmonies diaprées comme des couleurs de vitrail ». De même, l'indication métrique de la pièce se rapproche de celle de Debussy : l'œuvre de Bonis est en
, tandis que celle de Debussy est en
. Cependant, si Debussy fait entendre une mélodie modale inspirée du plain-chant et une ligne en organum, Bonis cite le Dies Irae[5]. Ce dernier est présenté sous la forme d’une marche funèbre marcato, mise en mouvement par la combinaison des contretemps de la basse et des syncopes des voix intérieures[6]. L'hymne émerge après un grand arpège qui s'élance des graves pour aller vers les aigus dans un fortissimo et regagner les profondeurs du grave à nouveau. Les mesures 24 à 34 rappellent le Gibet du triptyque de Gaspard de la nuit de Maurice Ravel, avec son glas funèbre et sa couleur harmonique caractéristique. En effet, ces mesures exploitent différentes transpositions de la gamme octatonique avec des accords de septième de dominante dont les fondamentales sont situées à distance de triton. La compositrice termine la pièce sur une dissonance lugubre exploitant le contraste entre la note la plus basse du clavier, le la bécarre, et le ton principal de l'œuvre, le sol dièse[5].

Réception modifier

Éditions disponibles modifier

  • Œuvres pour piano, Volume 4, Pièces de concert, éd. Furore, 2004

Discographie modifier

Références modifier

  1. Jardin 2020, p. 64.
  2. Jardin 2020, p. 24.
  3. Jardin 2020, p. 307.
  4. "Lucien Augé de Lassus", Bulletin de la Société pour la protection des paysages de France 14/76 (décembre 1915), p. 1-3
  5. a et b Jardin 2020, p. 302-303.
  6. Palazzetto Bru Zane, « Cathédrale blessée op. 7, La (Mel Bonis) », sur Bru Zane Media Base (consulté le )

Sources modifier

Liens externes modifier