La Chauve-souris, le Buisson et le Canard

La Chauve-souris, le Buisson et le Canard
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La Chauve-souris, le Buisson et le Canard

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Dessaint & Saillant
Lieu de parution Paris
Date de parution 1755-1759
Illustrateur Jean-Baptiste Oudry (Gravure de Pierre-Philippe Choffard)
Chronologie

La Chauve-souris, le Buisson et le Canard est la septième fable du livre XII de Jean de La Fontaine situé dans le troisième et dernier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1693 mais daté de 1694.

Texte de la fable modifier

Le Buisson, le Canard et la Chauve-Souris,
Voyant tous trois qu'en leur pays
Ils faisaient petite fortune,
Vont trafiquer au loin, et font bourse commune.
Ils avaient des comptoirs, des Facteurs[1], des Agents
Non moins soigneux qu'intelligents,
Des registres exacts de mise[2] et de recette.
Tout allait bien, quand leur emplette,
En passant par certains endroits
Remplis d'écueils, et forts étroits,
Et de trajet très difficile,
Alla tout emballée au fond des magasins
Qui du Tartare sont voisins.
Notre Trio poussa maint regret inutile,
Ou plutôt il n'en poussa point.
Le plus petit Marchand est savant sur ce point ;
Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte.
Celle que par malheur nos gens avaient soufferte
Ne put se réparer : le cas fut découvert.
Les voilà sans crédit, sans argent, sans ressource,
Prêts à porter le bonnet vert.
Aucun ne leur ouvrit sa bourse,
Et le sort principal, et les gros intérêts,
Et les Sergents, et les procès,
Et le Créancier à la porte,
Dès devant la pointe du jour,
N'occupaient le Trio qu'à chercher maints détours,
Pour contenter cette cohorte.
Le Buisson accrochait les passants à tous coups :
Messieurs, leur disait-il, de grâce, apprenez-nous
En quel lieu sont les marchandises
Que certains gouffres nous ont prises.
Le Plongeon sous les eaux s'en allait les chercher.
L'Oiseau Chauve-Souris n'osait plus approcher
Pendant le jour nulle demeure ;
Suivi des Sergents à toute heure
En des trous il s'allait cacher.
Je connais maint detteur qui n'est ni Souris-Chauve,
Ni Buisson, ni Canard, ni dans tel cas tombé,
Mais simple grand seigneur, qui tous les jours se sauve
Par un escalier dérobé.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, La Chauve-souris, le Buisson et le Canard, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 464

Notes modifier

  1. Commis qui sert un grossiste
  2. Dépenses d'un compte


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