La Clef (cinéma)
La Clef, aussi appelé par le passé Images d'ailleurs et L'Usage du monde, est un cinéma indépendant et associatif d'art et essai situé au 21, rue de la Clef - 34, rue Daubenton dans le 5e arrondissement de Paris.
Lieu |
21, rue de la Clef 34, rue Daubenton Paris 5e |
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Coordonnées | 48° 50′ 28″ nord, 2° 21′ 09″ est |
Inauguration | |
Fermeture | |
Nb. de salles | 2 |
Capacité | 120 et 65 places |
Format de son | Dolby |
Anciens noms |
La Clef – Images d'ailleurs La Clef – L'Usage du monde |
Statut juridique | Association |
Direction | Collectif |
Historique
modifierLe cinéma a été fondé le par Claude Frank-Forter, dans le but de promouvoir les cinéastes sous-représentés et d'offrir des prix abordables[1].
En , après la récession de l'industrie cinématographique en France, Claude Frank-Forter vend le cinéma au comité d'entreprise de la Caisse d'épargne de Paris. Le cinéma est maintenu avec deux salles au lieu de trois. Le cinéma devient La Clef – Images d'ailleurs[2] et sa programmation est reprise en par le réalisateur béninois Sanvi Panou pour promouvoir les films africains, notamment des réalisateurs Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo et Youssef Chahine, puis des pays du Sud en général[3], comme le cinéma sud-américain (en). La salle ferme en [4],[5],[6].
Après plus d'un an d'inexploitation, La Clef rouvre le sous le nom La Clef – L'Usage du monde, en référence au roman L'Usage du monde de Nicolas Bouvier[7]. Il est exploité par une nouvelle structure associative[a], dirigée par Raphaël Vion[8]. Le contrat de location est fixé pour cinq ans, renouvelable tous les deux ans, à un loyer très faible[8]. La programmation est orientée vers le cinéma du monde (2 500 films de 130 pays[8]) et le cinéma engagé, n'hésitant pas à laisser longtemps les films à l'affiche.
En , un nouveau bureau, composé de délégués des syndicats SUD et CGT, est élu à la tête du comité d'entreprise de la Caisse d'épargne d'Île-de-France (CECEIDF), propriétaire du cinéma depuis la fusion du CE parisien avec ceux de la région[8]. Ce nouveau bureau décide de vendre l'immeuble, qui n'est pas rentable, entraînant la fermeture définitive du cinéma le .
En réaction, le collectif À la Clef[b],[c], composé d'anciens salariés de l'association exploitant le lieu, lance un projet de financement participatif pour un projet de reprise[7],[8],[9].
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Le cinéma à l'angle des rues de la Clef et Daubenton en . À l'affiche : This Is My Land (cy), Dégradé (en) et Court.
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La rue de la Clef et le cinéma en . À l'affiche : Hôtel Singapura (à gauche de l'image).
Occupation par Home Cinéma
modifierÀ partir du , l'association Home Cinéma[d] occupe le site afin de le rouvrir et surtout d'amener le propriétaire (le comité social et économique de la Caisse d'épargne d'Île-de-France, CSECEIDF, après transformation du CE en CSE) à s'engager à garder l'activité initiale[10],[11],[12],[13]. Afin de faire vivre ce lieu, l'association ouvre tous les jours pour projeter des films à prix libre. La programmation est établie par différents collectifs et des festivals comme Seytou Africa ou Autres Brésils. La plupart des séances se font en présence des réalisateurs et réalisatrices venus soutenir l'occupation comme Françoise Romand, Yann Gonzalez, Guillaume Massart, Vincent Macaigne, Maud Alpi, Laurent Cantet, Claire Denis ou Alain Cavalier.
Le procès en appel, le au tribunal d'instance de Paris[14], reconnaît l'association Home Cinéma comme occupante.
Plusieurs appels ont été faits pour que la mairie de Paris s'investisse dans le rachat du cinéma sans que cela soit suivi d'effet. En , le groupe SOS, dirigé par Jean-Marc Borello (actuel numéro 2 de La République en marche) et spécialisé dans l'économie sociale et solidaire, notamment dans le domaine culturel, propose de racheter le lieu alors que l'association Home Cinéma, opposée à cette action, lance pour sa part un financement participatif pour récolter 4 millions d'euros nécessaires au rachat[15].
Malgré le soutien d'un grand nombre de personnes et de personnalités se relayant pour s'opposer à l'expulsion[16], la salle ferme ses portes à la suite d'une intervention des forces de l'ordre le [17]. Le groupe SOS déclare renoncer à l'achat du cinéma : La Clef est toujours à vendre[18].
Collectif La Clef Revival
modifierEn , des désaccords naissent parmi les membres de Home Cinéma, menant à la création d'un nouveau collectif, La Clef Revival[19],[e].
En attendant de pouvoir réinvestir les lieux, le collectif La Clef Revival continue à vivre grâce aux invitations de nombreux festivals[20]. L'élan de solidarité autour du cinéma associatif œuvre également pour réunir les fonds nécessaires au rachat du site de la rue Daubenton[21].
Le , le collectif La Clef Revival est expulsé mais en , il annonce avoir signé un compromis de vente avec le propriétaire du lieu, le CSE de la Caisse d'épargne d'Île-de-France, afin de racheter le cinéma[22]. Pour financer cet achat, le collectif organise une campagne de financement participatif, ainsi qu'une exposition-vente au palais de Tokyo en d'œuvres données par 80 artistes[23],[24].
Cependant cette cession est contestée par le collectif La Clef Survival, composé d'autres membres de la première association Home Cinéma[19],[25],[f].
Le , le collectif La Clef Revival annonce avoir conclu le rachat du cinéma pour 2,7 millions d'euros[26].
Accès
modifierLa Clef est accessible par la ligne 7 du métro de Paris, station Censier - Daubenton.
Notes et références
modifier- « Histoire du cinéma : Entretien avec Claude Franck-Forter, fondateur des cinémas La Clef », sur laclefrevival.org, collectif La Clef Revival, (consulté le ).
- Ayoko Mensah (interviewer) et Sanvi Panou (interviewé), « Directeur du cinéma Images d'ailleurs », sur Africultures, (consulté le ).
- Frodon 2017, p. 250.
- Isabelle Audin, « La "clef" sous la porte », sur Clap Noir, (consulté le ).
- Olivier Barlet, « Images d’ailleurs : un débat dans l'urgence », sur Africultures, .
- Franck Salin, « Le cinéma Images d'ailleurs en danger de mort », sur Afrik.com, .
- Clarisse Fabre, « La dernière séance du cinéma La Clef, à Paris », Le Monde, .
- Antoine du Jeu, « Les salariés du cinéma La Clef s'engagent contre sa fermeture », Les Inrockuptibles, .
- Isabelle Blondel, « Paris : le cinéma La Clef bientôt rouvert ? », Le Figaro, .
- Annabelle Martella, « Cinéma : À Paris, les squatteurs reprennent la Clef en main », Libération, .
- « La Clef ouvre à nouveau », Politis, .
- « Cinéma La Clef : La résistance s'organise autour de La Clef Revival », Le Film français, .
- Simon Louvet, « Le dernier cinéma associatif de Paris rouvert par des collectifs : « C’est une guerre culturelle » », sur actu.fr, .
- Annabelle Martella, « Les squatteurs du cinéma La Clef bientôt mis à la porte ? », Libération, .
- Annabelle Martella, « Le groupe SOS prêt à prendre La Clef », Libération, .
- Occitane Lacurie, « Tous·tes à la Clef », Débordements, .
- Annabelle Martella, « À Paris, le cinéma la Clef mis à la porte », Libération, .
- Occitane Lacurie, « La Clef est toujours à vendre », Débordements, .
- Émilie Salabelle, « Le cinéma La Clef sur le point d'être racheté par un collectif militant pour sa sauvegarde », sur actu.fr, .
- Occitane Lacurie, « La Bourse ou la Clef », Débordements, .
- Occitane Lacurie, « Le Magot bientôt sous Clef ? », Débordements, .
- Clément Boutin, « « On y est presque » : le cinéma La Clef, à Paris, en passe d'être racheté par son collectif de défense », Causette, (consulté le ).
- « Le collectif La Clef Revival organise une exposition-vente au Palais de Tokyo », Trois Couleurs, (lire en ligne ).
- Éloïse Duval, « Fermeture du cinéma la Clef, à Paris : une vente d'œuvres pour «défendre la liberté artistique contre l’uniformisation », Libération, .
- Céline Rouden, « Paris : le cinéma La Clef en passe d'être racheté », La Croix, .
- « Paris : menacé de fermeture, le cinéma La Clef racheté par son collectif de soutien », sur bfmtv.com, (consulté le )
Déclarations d'associations dans le Journal officiel des associations et fondations d'entreprise (JOAFE) :
- Annonce no 1902 du : Association du cinéma La Clé - L'Usage du monde, JOAFE, no 19, , p. 2171.
- Annonce no 1862 du : Collectif À la Clef, JOAFE, no 22, .
- Annonce no 1538 du : Collectif À la Clef, JOAFE, no 18, .
- Annonce no 1255 du : Association Home Cinéma, JOAFE, no 39, .
- Annonce no 1036 du : La Clef Revival, JOAFE, no 45, .
- Annonce no 1928 du : La Clef Survival, JOAFE, no 47, .
Annexes
modifierBibliographie
modifierOuvrages
modifier- Jean-Michel Frodon, « La Clef », dans Jean-Michel Frodon (dir.) et Dina Iordanova (dir.), Cinémas de Paris, Paris, CNRS Éditions, , 365 p. (ISBN 978-2-271-11480-8, présentation en ligne), p. 248–251 [lire en ligne].
- Antonin Faurel, Vivien Le Jeune Durhin et Inès Sarah Maalèj, Association Home cinéma, La Clef : Cinéma occupé, Brest, Éditions autonomes, , 127 p. (ISBN 978-2-490487-15-8).
- (it) Barbara Russo et Marguerite Foucher, « Il cinema La Clef tra autogestione e istituzionalizzazione nel milieu culturale parigino », Tracce Urbane. Rivista Italiana Transdisciplinare di Studi Urbani, Rome, La Sapienza, vol. 9, no 13 « Pratiche di rigenerazione urbana e cultura. Sguardi critici tra co-creazione, istituzionalizzazione e conflitto », , p. 116–142 (DOI 10.13133/2532-6562/18166).
Articles de presse
modifier- Rose Baldous, « On en sait (enfin) plus sur l’avenir du Cinéma La Clef », Les Inrockuptibles, .
- Occitane Lacurie, « La Clef, son univers impitoyable », Débordements, .
- Joëlle Gayot, « Au cinéma la clef la dernière bataille pour la liberté », Télérama, .
- « Non à la privatisation du cinéma La Clef », tribune, Libération, .
- Céline Rouden, « À Paris, le cinéma La Clef se cherche un avenir », La Croix, .
Podcasts
modifier- Occitane Lacurie et Barnabé Sauvage, « La Clef Revival, une utopie concrète », Débordements, .
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative au spectacle :
- cinemalaclef.fr, site officiel du cinéma jusqu'à sa fermeture en (version du sur Internet Archive).
- Sites de collectifs militant pour sa réouverture :