La Dame de pique

nouvelle d’Alexandre Pouchkine

La Dame de pique (en russe : Пиковая дама, Pikovaïa dama) est une nouvelle fantastique d'Alexandre Pouchkine ; elle a été publiée dans la revue Cabinet de lecture en .

La Dame de pique
Image illustrative de l’article La Dame de pique
Graffiti (2008),
tableau inspiré de La Dame de pique
Publication
Auteur Alexandre Pouchkine
Titre d'origine
Пиковая дама
Langue russe
Parution octobre 1834,
dans le Cabinet de lecture
Intrigue
Genre Nouvelle fantastique
Lieux fictifs Paris, Saint-Pétersbourg

Genèse

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La Dame de pique est écrite en novembre 1833 dans le domaine familial de Pouchkine à Boldino[1],[2].

Personnages principaux

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  • La comtesse Anna Fedotovna : personnage central de l'intrigue. Lors d'un séjour fait jadis à la cour de Louis XV, la vieille femme a appris une combinaison secrète permettant de s'enrichir en jouant aux cartes.
  • Hermann : jeune officier allemand. Il découvre le secret de la comtesse mais finit victime de sa propre cupidité.
  • Lisabeta Ivanovna : demoiselle de compagnie de la comtesse. Elle s'éprend d'Hermann, qui se sert d'elle pour connaître le secret des cartes.
  • Tomski : officier, ami d'Hermann. Petit-fils de la comtesse, il révèle à Hermann l’histoire de sa grand-mère.
  • Naroumof : lieutenant des gardes à cheval. Ami d'Hermann et de Tomski, c'est chez lui que s'ouvre le récit.

Résumé

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Une nuit d'hiver, chez le lieutenant Naroumof, cinq jeunes gens passent leur temps à jouer. Ils en viennent à discuter du mystérieux pouvoir de la comtesse Anna Fedotovna, grand-mère de l'un d'entre eux, Paul Tomski. La vieille dame connaîtrait une combinaison secrète de trois cartes permettant de gagner infailliblement au jeu de pharaon.

Tomski narre l'histoire de sa grand-mère. Alors qu'elle séjournait à Versailles dans sa jeunesse, elle jouait beaucoup. Un soir, elle perdit une somme colossale, ce qui provoqua la colère de son mari. Elle trouva une aide inespérée chez le comte de Saint-Germain : il lui révéla une martingale par laquelle elle regagna tout son argent le soir même. Mais depuis, la comtesse refuse obstinément de livrer son secret.

L'un des cinq compagnons de jeu est Hermann, jeune officier du génie d'origine allemande. Il n'a jamais touché une seule carte. Fasciné par la richesse que pourrait lui procurer la combinaison mystérieuse, il séduit Lisabéta Ivanovna, demoiselle de compagnie de la comtesse. Lisabéta lui donne rendez-vous un soir dans sa chambre. Mais Hermann s'introduit par une autre porte et se cache dans une pièce voisine. Après plusieurs heures d'attente, il entre chez la vieille dame, qui s'apprête à se coucher. Effrayée par l'arme dont l'intrus la menace, elle meurt sur-le-champ.

À l'enterrement de la comtesse, Hermann croit la voir cligner malicieusement de l’œil. Frappé d'effroi, il s'effondre. En même temps, Lisabéta est prise d'un malaise sur le parvis de l'église.

La nuit suivante, Hermann a une vision. La comtesse vient lui révéler son secret : le trois, le sept et l'as, qu'il devra jouer à raison d'une seule carte par soirée. Mais elle lui fait promettre d'épouser Lisabéta et de ne plus jamais jouer. Hermann devient victime d'une idée fixe : il voit partout des trois, des sept et des as... Envisageant de rompre sa promesse, il songe à quitter l'armée et partir pour Paris, où il pourrait s'enrichir en paix.

Cependant, sûr de lui, il se rend au casino dès le lendemain soir. Il joue la première carte avec succès. Le surlendemain, il abat la deuxième carte et gagne. Le troisième soir, il mise toute sa fortune sur ce qu'il croit être l'as. Mais par inadvertance, il a joué la dame de pique. Il s'en rend compte trop tard. La carte ressemble étrangement à la comtesse. Elle lui adresse même un nouveau clin d'œil... Ruiné, il sombre dans la folie. Interné à l'hôpital psychiatrique d'Oboukhov, il répète sans cesse : « Trois, sept, as ! Trois, sept, dame[3] !... »

Lisabéta Ivanovna épouse un aimable jeune homme et Tomski convole en justes noces avec la princesse Pauline.

En 1922, le philologue Mstislav Tsiavlovski publie les écrits du poète Nachtchokine, un ami de Pouchkine, selon des notes de Barteniev. Pouchkine aurait évoqué une dame tenant un brillant salon à Saint-Pétersbourg, pour laquelle il éprouvait un amour platonique. Bien que son nom ne soit pas mentionné, il s'agit sans doute de la comtesse Dolly de Ficquelmont. En effet, Pouchkine compte alors parmi les familiers du palais Saltykov de Saint-Pétersbourg. Cette demeure aurait servi de modèle au palais de la vieille comtesse de La Dame de pique[4][réf. nécessaire].

Réception et analyse

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Considéré comme « un chef-d’œuvre de l'art fantastique » par Dostoïevski[5] la nouvelle ne clarifie pas la nature de l'apparition de la comtesse, au lecteur de choisir entre une interprétation réaliste ou surnaturelle de cet événement. De même, plusieurs interprétations sont possibles sur l'identification des cartes gagnantes et l'erreur de la carte finale par Hermann[6] : par exemple Gary Rosenshield affirme que cette erreur permet à Hermann de pouvoir continuer à participer aux jeux d'argent qui le fascinent tant[7].

Traductions françaises

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La nouvelle a été traduite plusieurs fois en français, notamment en 1852 par Prosper Mérimée[8],[9] et en 1935 par André Gide[10], qui ne connaît pas le russe mais s'appuie sur la compétence de Jacques Schiffrin[11].

Postérité

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Cinéma

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La Dame de pique a été adaptée à plusieurs reprises au cinéma :

Télévision

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Livre illustré

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  • 2016 : La Dame de pique, Alexandre Pouchkine et Hugo Bogo, collection « Grands Classiques illustrés », éditions Sarbacane

Notes et références

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  1. Voir source originale en russe
  2. Notice de La Dame de pique in Pouchkine, Œuvres complètes, tome I, p. 497, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1973.
  3. La Dame de pique, Conclusion.
  4. À travers l'amour prétendu d'Hermann pour Lise, Pouchkine aurait dépeint ses propres sentiments pour la comtesse Dolly. Cependant, Leonid Grossman estime que Pouchkine aurait plutôt tenu le rôle d'un nouveau Boccace, l'entente entre la comtesse et son époux étant parfaite.
  5. (ru) Fiodor Dostoïevski, F.M. Dostoevskiĭ : materialy i issledovanii︠a︡ (lire en ligne)
  6. (en) Sergei Davydov, « The Ace in "The Queen of Spades" », Slavic Review,‎
  7. (en) Gary Rosenshield, « Choosing the Right Card: Madness, Gambling, and the Imagination in Pushkin's "The Queen of Spades" », PMLA,‎
  8. Dans une lettre à Edmund Wilson (18 septembre 1956), Vladimir Nabokov écrit : « Ce que Mérimée admire en fait dans Pouchkine, c'est son côté Mérimée. ».
  9. Nina Kehayan 1995, p. 21
  10. Gide insiste lui aussi sur la « fidélité » de sa traduction, en opposition à celle « plus élégante » de Mérimée.
  11. Pierre Masson, « Gide traducteur de Pouchkine », Bulletin des amis d'André Gide, vol. 23, no 107,‎ , p. 441-447.

Édition

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Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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