La Mort de Staline

film de Armando Iannucci sorti en 2018
La Mort de Staline
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logo du film
Titre original The Death of Stalin
Réalisation Armando Iannucci
Scénario Armando Iannucci
Ian Martin
David Schneider
Peter Fellows
Musique Chris Willis
Acteurs principaux
Sociétés de production Main Journey
Quad Productions
Pays de production Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la France France
Drapeau de la Belgique Belgique
Genre Comédie noire
Durée 106 minutes
Sortie 2017

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

La Mort de Staline (The Death of Stalin) est une comédie satirique britannico-franco-belge coécrite et réalisée par Armando Iannucci, sortie en 2017. Il s'agit de l'adaptation de la bande dessinée française homonyme de Thierry Robin et Fabien Nury[1].

Synopsis modifier

Le film débute par les deux concerts successifs du Concerto pour piano no 23 de Mozart interprété par la pianiste Maria Judina, public puis celui improvisé à la suite pour réaliser l’enregistrement demandé par Staline à la fin du premier concert. Pour obtenir des conditions acoustiques identiques, notamment par les applaudissements, des passants dans la rue viennent remplacer les spectateurs qui avaient déjà quitté la salle de concert. Le chef d’orchestre, victime d’une syncope, est remplacé par un chef ramené de son domicile, sorti brusquement du lit, qui dirige en pyjama. Le film montre le dictateur victime d’une attaque à la lecture d’un billet accusateur inséré dans la pochette du disque par la concertiste dont les proches ont été assassinés sur ordre de Staline.

Le film décrit les luttes de pouvoir à l’intérieur du cercle dirigeant qui s’amorcent dès l’agonie de Staline en mars 1953 et se développent dans les jours suivant ses funérailles. L’action du film se termine par l’exécution de Béria, le plus déterminé de tous, qui voulait prendre la totalité du pouvoir. De plus, Béria faisait planer une menace sur les autres membres du bureau politique étant entré le premier dans le bureau de Staline pendant son agonie pour récupérer dans le coffre les dossiers personnels de tous les membres du Politburo. La scène finale montre Khrouchtchev — qui a été nommé entre-temps chef de l’Union soviétique — assistant à un concert de Mariya Judina, observé par Leonid Brejnev, qui le renversera onze ans plus tard.

Fiche technique modifier

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Distribution modifier

Production modifier

Genèse et développement modifier

Le lancement de la réalisation du film a été annoncé lors du Festival de Cannes 2016[2].

Attribution des rôles modifier

Tournage modifier

Armando Iannucci et l’équipe du tournage commencent les prises de vues le [2].

Accueil modifier

Promotion modifier

Le "G" de Gaumont est remplacé par le marteau et la faucille, symboles du communisme léniniste.
Logo Gaumont pour la promotion du film.

En , la bande annonce officielle est dévoilée[3]. Parallèlement, le Parti communiste de la fédération de Russie exige que le film soit censuré dans le pays au prétexte qu'il discrédite la mémoire de Staline[4]. En , le gouvernement décide d'empêcher la sortie du film sur son territoire[5]. Pour Vladimir Medinski, le ministre russe de la Culture : « Beaucoup de gens d’âge mûr considèrent ce film comme une farce méprisante envers notre passé soviétique, envers notre pays qui a vaincu le fascisme, envers l’armée soviétique (…) et, plus rebutant encore, envers les victimes du stalinisme[6]. »

Festivals et sorties modifier

La Mort de Staline est sélectionné et projeté le au Festival international du film de Toronto, avant la sortie nationale prévue le au Royaume-Uni.

En France, le film est sorti le .

Il est diffusé en avant-première le dans le cadre de la dixième semaine du cinéma britannique à Bruz.

À noter que le film s'est vu interdit de diffusion deux jours avant sa sortie en Russie par le ministère de la culture, au motif que le film « s'en prend à des symboles nationaux. ».

Critiques modifier

En France, le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3,2/5[7].

Pour Samuel Douhaire de Télérama, « Armando Iannucci, maître de la satire politique l'a bien compris : dans son récit de l'agonie du « Petit Père des peuples », puis de sa guerre de succession éclair, l’angoisse des personnages est, à juste titre, permanente. Mais son intensité confine à l’absurde. Et transforme tout — les situations, les paroles, les êtres humains — en caricature. Donc, en farce. »[8].

Pour Jacques Mandelbaum du Monde, « Spécialiste de la satire politique à la mode anglaise, Armando Iannucci imagine pour son deuxième long métrage de nous plonger dans les coulisses sanglantes de la succession de Joseph Staline. […] La Mort de Staline accuse toutefois quelques handicaps qui l'entravent. La langue anglaise, pour commencer, qui nuit au réalisme de la situation[9]. Le côté théâtre de l'absurde, qui n'est pas à la mesure de l'ignominie du sujet »[10].

Pour Jean Serroy du Dauphiné Libéré « Les acteurs de la tragicomédie sont tous là, avec toute la vérité hilarante de la caricature, dans des jeux de pouvoir dont le machiavélisme a quelque chose de shakespearien. »

Box-office modifier

Distinctions modifier

Récompenses modifier

Nominations et sélections modifier

Commentaires modifier

Le film surcharge satiriquement les circonstances de la mort, mais les présente néanmoins largement en fonction de la réalité historique. Staline n’a été retrouvé que de nombreuses heures après son accident vasculaire cérébral, car personne n’osait entrer dans sa chambre sans être sollicité et sans qu’aucun médecin ne soit appelé tant que tous les membres du Politburo n’étaient pas réunis à la Datcha de Staline à Kuntsevo. La scène de la mort, dans laquelle Staline ouvre brièvement les yeux et lève un doigt menaçant, a ainsi été attestée par quelques personnes présentes. De même, il est conforme aux faits historiques que quelques-uns des meilleurs médecins de l’Union soviétique, y compris le médecin personnel de Staline, avaient été arrêtés peu de temps avant la mort de Staline dans le complot des blouses blanches visant principalement les médecins d’origine juive. Beaucoup des scènes cinématographiques apparemment grotesques se sont réellement déroulées mais pas toujours dans les contextes montrés, car l’action cinématographique mélange la fiction, les événements réels à leur date exacte et ceux de l’année qui a suivi la mort de Staline en comprimant sur une durée de quelques jours.

Iannucci a dit: « Je ne veux pas dire que c’est un documentaire. L’intrigue du film est condensée, mais c’est une poésie inspirée de la réalité : mon but était que le public ressente cette terreur comme elle était perçue à l’époque ». En effet, de nombreuses personnes, comme cela est historiquement prouvé, ont proclamé « Longue vie à Staline ! » avant leur assassinat par les commandos de Staline[13].

Le film diffère de la réalité historique dans plusieurs passages.

Le concert donné uniquement pour réaliser un enregistrement du concerto pour piano n ° 23 de Mozart pour Staline, a eu lieu non avant sa mort mais quelques années avant les événements décrits. Staline avait alors fait remettre en remerciement 50 000 roubles à la pianiste Maria Judina, qui l’aurait toutefois renvoyée au dictateur par une lettre dans laquelle elle avait écrit qu’elle donnerait cet argent à son église pour prier pour son âme en raison des crimes qu'il avait commis contre le peuple russe. Staline n'y répondit jamais. Cet enregistrement était sur le tourne-disques dans la chambre de Staline à sa mort. Staline écoute ce concerto dans le film une exécution ordinaire se déroulant les jours avant sa mort.

L’accident d’avion qui a causé la mort de la plupart des joueurs de l’équipe de hockey de l’association sportive WWS MWO Moscou a également eu lieu. Le fils de Staline, Vassili, forma une nouvelle équipe pour que son père n’apprenne pas l’accident d’avion.

Le sort de la fille de Staline, Svetlana, décrit dans le film, ne correspond pas à la réalité : elle a demandé l’asile à l’ambassade des États-Unis à New Delhi lors d’un voyage à l’étranger en Inde en 1966, ce qui lui a été accordé.

Contrairement à ce qui est montré, Vassili Staline n’a pas été autorisé à prononcer un discours lors des funérailles.

Plus de 500 personnes sont mortes dans les bousculades autour de la Place Rouge lors des funérailles le 9 mars 1953 mais contrairement à ce que montre le film, il n’y a pas eu d’exécutions de foules par les troupes de la police politique MGB sous les ordres de Béria.

L’arrestation de Béria se serait probablement déroulée à peu près comme dans la scène du film mais fin juin 1953 et non immédiatement après la mort de Staline. La date et la forme de son exécution reste encore débattues par les historiens mais elle aurait eu lieu immédiatement après un jugement en décembre 1953.

Notes et références modifier

  1. « L'adaptation ciné de la BD française La Mort de Staline s'annonce hilarante », sur Libération, (consulté le ).
  2. a et b « Gaumont et Quad lancent le tournage de The Death of Stalin », sur Le Film français (consulté le ).
  3. « The Death of Stalin : une bande-annonce ultra prometteuse pour l'adaptation de la BD », sur Begeek, (consulté le ).
  4. « Consécration: Le PC russe veut censurer «La mort de Staline» », sur 20 minutes (consulté le ).
  5. « Le film “La mort de Staline” ne fait pas rire les Russes », Courrier international,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « La nouvelle guerre froide en cartes, citations, faits et chiffres », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « La Mort de Staline », sur Allociné (consulté le ).
  8. Samuel Douhaire, « La Mort de Staline », sur Télérama, (consulté le ).
  9. Khrouchtchev doit monter à pied plusieurs étages d'un immeuble car l'ascenseur est en panne, cela est signalé par une pancarte "Out of order".
  10. Jacques Mandelbaum, « « La Mort de Staline » : panier de crabes soviétiques à la mode anglaise », sur Le Monde, (consulté le ).
  11. JP-Boxoffice.com ; page du film La Mort de Staline consulté le 27 mai 2018.
  12. « "Cold War" triomphe aux 31es Prix du cinéma européen, "Girl" remporte le prix de la découverte: le palmarès complet des EFA 2018 », sur La Libre Belgique, (consulté le ).
  13. Armando Iannucci sur « La mort de Staline », la satire et les funérailles de Trump - Rolling Stone

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Andreï Arkhangelski, « Staline est mort, rions maintenant », Courrier International, Courrier International S.A., Paris, , pp.58-59, (ISSN 1154-516X) (article original paru dans Ogoniok, Moscou, du ).

Documentation modifier

Liens externes modifier