Ladislas Ier de Pologne

princeps puis roi de Pologne (1306-1333)

Ladislas le Bref
Ladislas Petite-Coudée
Illustration.
Ladislas le Bref
Titre
Duc de Brześć Kujawski et de Dobrzyń

(21 ans)
Prédécesseur Casimir Ier de Cujavie
Successeur Siemovit de Dobrzyń (Dobrzyń nad Wisłą)
Duc de Brześć Kujawski

(12 ans)
Prédécesseur Casimir II de Łęczyca
Siemovit de Dobrzyń
Successeur Venceslas II de Bohême
Duc de Sandomierz

(3 ans)
Prédécesseur Conrad II de Czersk
Successeur Venceslas II de Bohême
Duc de Łęczyca

(6 ans)
Prédécesseur Casimir II de Łęczyca
Successeur Venceslas II de Bohême
Duc de Grande-Pologne

(4 ans)
Prédécesseur Boleslas le Pieux
Successeur Venceslas II de Bohême
Duc de Sandomierz de Wiślica, de Sieradz, de Łęczyca et de Brześć Kujawski

(16 ans)
Prédécesseur Venceslas II de Bohême
Successeur Casimir III le Grand
Duc de Petite-Pologne (Cracovie)
Princeps de Pologne

(14 ans)
Prédécesseur Venceslas II de Bohême
Successeur Casimir III le Grand
Duc de Grande-Pologne

(6 ans)
Prédécesseur Przemko II de Głogów
Henri IV le Fidèle
Jean de Ścinawa
Boleslas d'Oleśnica
Conrad Ier d'Oleśnica
Successeur Casimir III le Grand
Roi de Pologne

(13 ans)
Couronnement
Cathédrale du Wavel (Cracovie)
Successeur Casimir III le Grand
Biographie
Dynastie Piast
Date de naissance v. 1261
Date de décès
Lieu de décès Cracovie
Sépulture Cathédrale du Wawel
Père Casimir Ier de Cujavie
Mère Euphrosyne d'Opole
Conjoint Edwige de Kalisz
Enfants

Ladislas le Bref ou Ladislas Petite-Coudée (en polonais Władysław I Łokietek), né vers 1261 et mort le , est un duc de la dynastie Piast dont les efforts de trente ans aboutirent à la réunification des provinces polonaises et la restauration de l'État polonais. Couronné roi de Pologne en janvier 1320, il ne réussit cependant pas à rassembler l'ensemble des territoires polonais. La Silésie restait divisée en principautés dont les souverains Piast avaient en majorité fait allégeance au roi de Bohême, la Poméranie avait été conquise par les chevaliers Teutoniques et la Mazovie avait conservé sa souveraineté.

Biographie modifier

Un pays morcelé modifier

Jusqu’au début du XIIe siècle, le royaume de Pologne s’affirmait comme un État de plus en plus puissant sous l’autorité centralisée de la dynastie des Piast. En 1138, suivant la dernière volonté du roi Boleslas III, qui voulait éviter à ses enfants les guerres fratricides qu'il avait connues lui-même, le pays est divisée entre ses quatre fils, chacun recevant un duché héréditaire. L'autorité suprême revient à l'aîné de la maison Piast qui porte le titre de Princeps Senior et siège à Cracovie. Ce fut le début d'une période de près de deux cent ans de division du Royaume.

Ladislas n’a que sept ans lorsque son père Casimir Ier, duc de Cujavie, décède en 1267. En tant que son troisième fils, il devient alors duc de Brześć Kujawski et de Dobrzyń nad Wisłą où il partage le pouvoir avec ses deux frères cadets, Casimir II de Łęczyca et Siemowit de Dobrzyń. Trop jeunes pour gouverner, c’est leur mère, Euphrosyne d'Opole, qui assure la régence. Mineur, Ladislas reste sous l’autorité de sa mère et séjourne régulièrement à Cracovie, à la cour de Boleslas V le Pudique, avec lequel s’est lié son frère aîné Lech II le Noir. Boleslas V n'a pas de descendance et c'est bien Lech qui doit lui succéder.

En 1275, Ladislas est affranchi de la tutelle de sa mère et prend le titre ducal de son père.

La mort de Lech II le Noir modifier

Lorsque Lech II le Noir, devenu duc de Cracovie, décède à son tour le sans laisser d’héritier, il laisse son duché héréditaire de Sieradz à ses frères. Ladislas lui donc succède à Sieradz, alors que le trône de Cracovie est disputé par les aînés de la maison Piast : Boleslas II, duc de Mazovie, et Henri IV dit le Juste, duc de Wrocław.

Dans la guerre pour le trône de Cracovie, Ladislas soutient Boleslas de Mazovie contre Henri. Ce dernier est appuyé par la bourgeoisie allemande, alors que la majorité de la noblesse polonaise soutient Boleslas. Le , Boleslas, Ladislas et son jeune frère Casimir infligent une lourde défaite aux alliés d’Henri (Henri III de Głogów, Przemko de Ścinawa et Bolko Ier d'Opole) à la bataille de Siewierz.

Tentative de s’emparer de la Petite-Pologne et défaite face à Venceslas II modifier

Malgré cette victoire, Boleslas de Mazovie renonce au trône et abandonne à Ladislas le Bref tous ses droits sur la Petite-Pologne. Ladislas s’empare du duché de Sandomierz, mais ne réussit pas à garder le château du Wawel et doit s’enfuir de Cracovie, laissant la ville à Henri IV.

Ayant perdu le trône de Cracovie, Władysław s’efforce, dès la fin 1289, de renforcer sa position à Sandomierz. Ainsi, il marie sa nièce au roi de Hongrie André III.

Le , peu de temps avant de mourir, Henri IV rédige un testament par lequel il fait de Przemysł II, duc de Grande-Pologne, son successeur à Cracovie. Impopulaire, en 1291, Przemysł abandonne la Petite-Pologne ainsi que le duché de Sandomierz dont Ladislas le Bref s’était emparé à Venceslas II soutenu par les notables de Cracovie.

Cependant, Ladislas ne se résigne pas à laisser Venceslas gouverner la Petite-Pologne. En 1292, l’armée tchèque, renforcée par des détachements envoyés par les ducs de Silésie et le margrave de Brandebourg, chasse Ladislas de Sandomierz. Il se réfugie à Sieradz où il subit un siège en . La place forte ne résiste pas très longtemps. Ladislas et son frère Casimir se retrouvent prisonniers de Venceslas. Le , ils sont contraints de rendre un hommage de vassalité à Venceslas et de signer un accord en vertu duquel ils renoncent à revendiquer la Petite-Pologne. En échange, ils peuvent rester en Cujavie.

Alliance avec Przemysł II modifier

Pour essayer de contrer le roi de Bohême, Przemysł II et Ladislas, qui jusque-là étaient concurrents, se rencontrent en à Kalisz, dans le but de mettre au point une stratégie commune pour se débarrasser de Venceslas II. Le , à l’initiative de l’archevêque de Gniezno, Jakub Świnka, Władysław et son frère Kazimierz concluent un accord avec Przemysł. En échange de leur soutien, Przemysł, qui n’a pas de fils, fait de Ladislas le Bref son héritier en Grande-Pologne, en Petite-Pologne et en Poméranie orientale. Cet accord est scellé par le mariage entre Ladislas le Bref et Jadwiga, la fille de Boleslas le Pieux, l’oncle de Przemysł.

Le plan mis au point à Kalisz doit déjà être revu l’année suivante lorsque Casimir est tué par les Lituaniens. Casimir n’étant pas marié et n’ayant pas d’enfant, c’est son frère Ladislas le Bref qui hérite de son duché de Łęczyca.

Le , Jakub Świnka couronne Przemysł II roi de Pologne à Gniezno, sans attendre l’accord du pape et du Saint-Empire. Quelques mois plus tard, le , Przemysł II est enlevé et assassiné par des sbires à la solde du margrave Valdemar de Brandebourg.

Pologne 1275-1300 Śląsk - Silésie, Wielkopolska - Grande-Pologne, Malopolska - Petite-Pologne, Mazowsze -Mazovie, Zakon Krzyzacki - Ordre Teutonique

Duc de Grande-Pologne et de Poméranie modifier

Lorsque Ladislas, soutenu par la noblesse, succède à Przemysł en Grande-Pologne et en Poméranie, Henri III de Głogów fait valoir ses droits sur le trône de Cracovie qui lui avait aussi été promis par Przemysł en 1290.

Les deux parties trouvent un accord le , grâce notamment à l'intervention de l'évêque de Poznań Jan Gerbicz. Henri III de Głogów reçoit toute la région au sud de l’Obra. De plus, Ladislas le Bref adopte Henri IV le Fidèle, le fils d’Henri III de Głogów, à qui il promet d’offrir, lorsque celui atteindra l’âge de sa majorité, le duché de Poznań. Et si Ladislas décède sans descendance, Henri IV le Fidèle héritera de toute la Grande-Pologne.

Ladislas a beaucoup de difficultés à imposer son autorité en Grande-Pologne. Le brigandage est généralisé. Le camp des opposants à Ladislas est de plus en plus puissant, avec à sa tête le nouvel évêque de Poznań Andrzej Zaremba. L’archevêque de Gniezno Jakub Świnka, qui constate l’incapacité de Ladislas à gouverner efficacement, prend ses distances.

En , à Kościan, Henri III de Głogów conclut un accord avec Andrzej Zaremba. En échange d’un soutien pour s’emparer de la Grande-Pologne, de la Poméranie orientale et de la couronne de Pologne, Henri promet d’élargir les privilèges de l’Église et d’offrir le poste de chancelier du royaume à une personne du camp des opposants à Ladislas le Bref.

L’exil modifier

Venceslas II, devenu roi de Bohême en 1297, a aussi l’ambition de devenir roi de Pologne. Pour cela, il doit éliminer Władysław, son adversaire le plus redoutable. En 1299, Ladislas le Bref doit de nouveau rendre un hommage de vassalité à Venceslas. En , sous le prétexte que Ladislas ne remplit pas ses devoirs de vassal, Venceslas II organise une expédition punitive. Ladislas réussit à s’enfuir et à quitter le pays alors que sa femme et ses enfants se cachent à Radziejów.

Le retour modifier

Sceau de Ladislas le Bref, roi de Pologne, 1320

En 1304, Ladislas le Bref, disposant du soutien du Saint-Empire et de la Hongrie, revient d’exil et s’empare de Wiślica et de Lelów. Ce retour triomphal aurait sans doute été de courte durée s’il n’y avait eu le décès de Venceslas II le . Continuant sur sa lancée, Ladislas s’empare avant la fin de l’année des duchés de Sandomierz, Sieradz, Łęczyca et Brześć Kujawski. Ladislas bénéficie une nouvelle fois de circonstances favorables lorsque Venceslas III, en route vers la Pologne à la tête d’une armée pour revendiquer la couronne, est assassiné à Olomouc le . Sa mort, suivie d’une guerre civile en Bohême, laisse les mains libres à Ladislas. Ayant rallié à lui la majorité des chevaliers de Petite-Pologne, Ladislas fait plier les patriciens de Cracovie et l'évêque de Cracovie Jan Muskata, en accordant de nouveaux privilèges à la ville et à son évêque.

Devenu duc de Cracovie, Ladislas Ier s’installe au Wawel le . Ses deux priorités sont de reprendre le contrôle de la Grande-Pologne et de la Poméranie. En Grande-Pologne, il ne réussit qu’à s’emparer de villes frontalières avec la Cujavie : Konin, Koło et Nakło. Le reste de la Grande-Pologne est envahi par Henri III de Głogów (à l’exception de la région de Wieluń dont Bolko Ier d'Opole a pris le contrôle). Fin 1306, à proximité de Tczew, Ladislas le Bref affronte l’armée du Brandebourg et s’empare de la Poméranie orientale qu’il confie à des gouverneurs.

Conquête de la Poméranie de Gdańsk par les Teutoniques modifier

En Poméranie, la bourgeoisie allemande de Tczew et de Gdańsk lorgne vers les margraves de Brandebourg alors que la noblesse polonaise reste loyale à Władysław le Bref. En , le Brandebourg, à l’appel de la bourgeoisie, envahit la Poméranie et assiège Gdańsk. Les Chevaliers Teutoniques sont appelés à l’aide par les Polonais. Mais après avoir rejeté le Brandebourg, l’Ordre Teutonique entend bien conserver la région pour l'intégrer à son État monastique. Le , les Teutoniques s’emparent de Gdańsk, massacrent les habitants polonais et conservent la ville. Ladislas ne contrôle plus que la partie méridionale de la Poméranie.

En , les Teutoniques s’emparent de Tczew. En avril, ils demandent aux Polonais de leur payer une forte rançon pour quitter la Poméranie et Gdańsk, ce que Ladislas refuse. La conquête de la Poméranie s’achève en , lorsque les Teutoniques s’emparent de Świecie après un siège de deux mois. Le contrôle de la Poméranie permet aux Teutoniques de transférer leur capitale de Venise à la forteresse de Malbork.

Élimination de l’opposition modifier

Si Ladislas le Bref ne s’est pas engagé plus activement dans la défense de la Poméranie, c’est parce qu’il devait faire face à une importante opposition intérieure en Petite-Pologne, dirigée par l'évêque de Cracovie Jan Muskata et Albert, le bourgmestre allemand de Cracovie, qui préfèrent s'unir aux Allemands et au royaume de Bohême.

Ancien partisan de Venceslas II, Jan Muskata mène la vie dure à Ladislas. Il noue des contacts avec les deux grands ennemis de Ladislas : Bolko Ier d'Opole et Henri III de Głogów. En , l'archévèque Jakub Świnka vient au secours de Ladislas en privant l’évêque de Cracovie de sa mitre et excommuniant à la suite d'un procès canonique. En , Ladislas fait arrêter Muskata et l’emprisonne pendant six mois avant de l’expulser de la région. Muskata fait appel au pape. En , le tribunal papal l'innocente et le légat annule l’excommunication.

En , Ladislas affronte une tentative de coup d’État fomentée par la bourgeoisie allemande de Cracovie et de Sandomierz, et dirigée par Albert, le bourgmestre de Cracovie. Les mutins appellent Bolko Ier d’Opole à monter sur le trône. Les rebelles s’emparent de la ville mais pas du château royal du Wawel, défendu par les fidèles de Ladislas. On ne sait si Bolko intervient à titre personnel ou en tant que vassal du nouveau roi de Bohême Jean de Luxembourg. Ladislas écrase la mutinerie grâce à l’aide des Hongrois et Bolko doit fuir Cracovie en . Ladislas sanctionne lourdement les meneurs et supprime de nombreux privilèges accordés à la ville.

Conquête de la Grande-Pologne modifier

La normalisation de la situation en Petite-Pologne permet à Ladislas de se tourner vers la Grande-Pologne. Après le décès d’Henri III de Głogów le , son territoire est partagé entre ses cinq fils qui doivent affronter la noblesse opposée au démembrement du duché. Au début 1314, une révolte éclate, sans doute inspirée par Ladislas le Bref. Les insurgés se rendent vite maîtres de toute la Grande-Pologne, à l’exception de Poznań qui résiste. Ils appellent Ladislas à monter sur le trône. Ce n’est qu’en que Ladislas obtient la rédition de Poznań. Il ne laisse aux enfants d’Henri III qu’un petit territoire situé sur l’Obra.

Ayant réalisé la conquête de la Grande-Pologne, Ladislas peut mener une politique étrangère plus active. En 1315, il conclut avec les monarchies scandinaves (Danemark, Suède et Norvège), le Mecklembourg et la Poméranie, une alliance dirigée contre le Brandebourg. La guerre éclate un an plus tard, mais n’a pour conséquence que la dévastation des zones frontalières.

Couronnement royal et reconstruction de l'État modifier

À cette époque, Ladislas commence à manœuvrer pour obtenir que le pape autorise son couronnement en tant que roi de Pologne. Il est activement soutenu par l’Église polonaise, avec l’archevêque de Gniezno Borzysław qui a succédé à Jakub Świnka en 1314 et l’évêque de Cujavie Gerward en tête. En 1318, Ladislas le Bref envoie Gerward à Avignon. Il est sans doute l’auteur de la supplique de Sulejów qu’il remet au pape Jean XXII, dans laquelle une assemblée générale des dignitaires de Pologne réunie à Sulejów demande au pape une couronne royale pour Ladislas. Le pape donne son accord le .

Le , Ladislas Ier le Bref se fait couronner roi à Cracovie dans la cathédrale du Wawel par le nouvel archevêque de Gniezno Janisław. Ce couronnement marque la reconstruction d’un royaume solide. À l’exception de la Silésie, de la Mazovie et de la Poméranie, tous les territoires polonais sont réunis sous la couronne. Le glaive du sacre dit Szczerbiec (Ébréché) est utilisé pour la première fois à l’occasion de ce couronnement.

Proclamation royale de Ladislas Ier en 1325 confirmant les privilèges des cisterciens de Byszewo.

L’année 1320 est également cruciale pour Ladislas dans d’autres domaines. Le , à Inowrocław débute le premier procès organisé par le Saint-Siège, opposant la Pologne et les Chevaliers Teutoniques au sujet de la Poméranie. Le pape Jean XXII nomme Janisław comme juge. Le procès se termine le à Brześć Kujawski. Les Teutoniques sont condamnés à rendre la Poméranie à la Pologne et à payer un dédommagement. Ils ne se plient pas au verdict.

Toujours en 1320, Élisabeth, la fille de Ladislas, épouse le roi de Hongrie Charles Robert, renforçant ainsi l’alliance entre les deux nations.

Intervention dans la Rus' de Halych modifier

Trois ans après sa conclusion, l’alliance entre la Pologne et la Hongrie est mise à contribution. Dans la Rous' de Halych-Volodymyr, la dynastie issue de Roman de Halicz s’éteint à la suite de la mort des deux héritiers du trône qui affrontaient les Tatars. La Pologne et la Hongrie soutiennent avec succès un Piast de Mazovie, Boleslas, le fils de Trojden Ier de Czersk, qui s’empare du trône et prend le nom de Georges II (Jerzy II) pour diriger ce pays orthodoxe. C’est le début d’une influence grandissante de la Pologne dans la région qui permettra son annexion par le fils de Ladislas, Casimir III le Grand.

Guerre contre le Brandebourg modifier

En 1325, Ladislas conclut une alliance avec Ghédimin, le grand-duc de Lituanie en vertu de laquelle Casimir, le fils et successeur de Ladislas, épouse Aldona, la fille de Ghédimin. Le , les armées polonaise et lituanienne lancent une offensive contre la Nouvelle-Marche et s’emparent de la place forte de Międzyrzecz. La même année, Ladislas s’empare de la région de Wieluń, qui appartenait à Boleslas l’Aîné, un allié de la Bohême.

Échec de l’invasion de la Mazovie modifier

Sceau du roi Ladislas le Bref (revers).

L’année suivante, Ladislas met sur pied une nouvelle expédition militaire, cette fois contre la Mazovie. L’objectif est de soumettre Wacław, le duc de Płock. Malgré la prise et l’incendie de Płock, la campagne est un échec car les Teutoniques et ensuite Jean de Luxembourg, tous alliés de la Mazovie, entrent en guerre. Alors que les Teutoniques repoussent Ladislas au nord, Jean de Luxembourg assure sa domination sur une grande partie de la Silésie. Les ducs de Haute-Silésie lui rendent un hommage de vassalité à Opava, ce qui se traduit par la perte de la région pour la Pologne.

Toujours en 1327, Ladislas donne les duchés de Łęczyca et de Sieradz à Przemysł d'Inowrocław et à ses neveux Boleslas et Ladislas, en échange des régions stratégiques d’Inowrocław et de Dobrzyń nad Wisłą.

Perte de la région de Dobrzyń modifier

Au début de l’année 1329, les armées de Bohême et de l’Ordre Teutonique partent en croisade, attaquent et s’emparent des places fortes les plus importantes de Samogitie en Lituanie. Au même moment, le roi Ladislas le Bref envahit les terres contrôlées par l’ordre en Prusse. Les Chevaliers Teutoniques se replient sur la Pologne et s’emparent de la région de Dobrzyń que Jean de Luxembourg offre aux Teutoniques. Ensuite, Wacław de Płock est obligé de rendre un hommage de vassalité à Jean de Luxembourg. Le duché de Płock, qui jusque-là avait réussi à se maintenir en dehors de la souveraineté polonaise, devient un fief de la Bohême. Les Teutoniques, profitant du fait que la Cujavie n’est pas prête pour la guerre, traversent la Vistule pour piller et incendier les villes de Włocławek, Raciąż et Przedecz.

Ne pouvant se battre sur deux fronts, Ladislas le Bref propose un armistice au Brandebourg. Celui-ci, confronté à une guerre civile, accepte.

Guerre contre les Teutoniques pour la possession de la Cujavie modifier

En 1330, la guerre contre les Teutoniques reprend. Ceux-ci mènent des raids contre des villes de Cujavie et de Grande-Pologne, mettant à sac Radziejów, Bydgoszcz et Nakło. En représailles, Ladislas, soutenu par les Lituaniens, traverse la Vistule et attaque la région de Chełmno. Une trêve de sept mois est conclue le . Malheureusement pour la Pologne, l’alliance avec la Lituanie se rompt à la suite d'une querelle entre Ladislas et Gediminas.

En , les armées bohémienne et teutonique lancent une attaque conjointe contre la Grande-Pologne et la Cujavie, les deux armées devant se rejoindre à Kalisz. La ville de Gniezno est dévastée mais la cathédrale est épargnée. En septembre, les Teutoniques, commandés par le grand maître Dietrich von Altenburg, arrivent aux portes de Kalisz. L’armée tchèque n’est pas là. Jean de Luxembourg s’est arrêté en Silésie pour régler la succession du duché de Głogów, a dû faire face à la résistance de Bolko II le Petit. Ne pouvant se permettre de laisser du temps à Ladislas, les Teutoniques décident d’envahir la Cujavie sans attendre l’arrivée des Tchèques.

La nuit du au , le premier affrontement direct entre Polonais et Teutoniques se produit dans la région de Konin. Trois jours plus tard, le a lieu la bataille de Płowce. Les Polonais sont vainqueurs mais la bataille ne change rien à l'équilibre entre les deux belligérants. Cependant, cette bataille a un grand impact psychologique sur les Polonais. Elle montre que les Teutoniques ne sont pas invincibles. Cette victoire montre aussi les limites de la puissance de Ladislas Ier le Bref. Il peut repousser les offensives mais il est dans l’incapacité de reconquérir.

Peu de temps après, des négociations s’ouvrent avec les Teutoniques à Inowrocław mais elles n’aboutissent pas. En 1332, l’Ordre lance une nouvelle grande offensive militaire contre la Cujavie. Cette fois, les forces polonaises ne peuvent arrêter la marée teutonique. Le , après deux semaines de siège, les Teutoniques s’emparent de Brześć Kujawski, la capitale de la Cujavie. Les deux autres plus importantes places fortes de la région (Inowrocław et Gniewkowo) tombent aussi très vite dans leurs mains. Ladislas ne peut que constater la perte du duché qu’il avait hérité de son père. En , le roi de Bohême Jean de Luxembourg et le roi de Hongrie Charles Robert sont appelés à être arbitres dans le conflit entre Polonais et Teutoniques. Le légat du pape impose un armistice qui laisse aux Teutoniques leurs conquêtes récentes, la région de Dobrzyń et la Cujavie.

Décès modifier

En , profitant de la mort de Przemko II de Głogów, Ladislas envahit le petit duché de Kościan appartenant aux ducs de Głogów, vassaux de Jean de Luxembourg. C’est sa dernière conquête.

Ladislas décède le au château du Wawel, à Cracovie. Il laisse un royaume plus petit que celui qu’il a reçu lors de son couronnement en 1320. Il est inhumé dans la cathédrale du Wawel.

Descendance modifier

De son mariage avec Jadwiga de Kalisz, il a eu trois fils : Ladislas, Stefan et Casimir. Les deux premiers étant morts très jeunes, c’est le cadet qui lui succède sur le trône de la Pologne sous le nom de Casimir III le Grand.

Ladislas IV a également eu trois filles : Cunégonde (en), Élisabeth et Edwige. Cunégonde a épousé Bernard de Świdnica, ensuite Rodolphe Ier de Saxe. Élisabeth a épousé Charles Robert d'Anjou, le roi de Hongrie. Elle est la mère de Louis Ier de Hongrie. Edwige est morte avant d’avoir atteint l’âge adulte.

Ascendance modifier

Bibliographie modifier

  • François Dvornik, Les Slaves histoire, civilisation de l'Antiquité aux débuts de l'Époque contemporaine, Éditions du Seuil, Paris (1970).

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