Lamentazioni per la settimana santa

composition d'Alessandro Scarlatti

Les Lamentazioni per la Settimana Santa (« Lamentations pour la Semaine sainte ») sont un cycle de six œuvres religieuses destinées aux célébrations de la Semaine sainte, composées par Alessandro Scarlatti vers 1706.

Histoire

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On ignore la destination et le commanditaire de ces œuvres, composées vers 1706[1],[2], mais elles sont probablement destinées à Ferdinand de Médicis à Florence, Scarlatti espérant obtenir un poste auprès du prince[1].

Basée sur les prières (lectiones) poétiques des Lamentations de Jérémie, la musique est chantée pendant les Matines. Celles-ci étaient antérieurement placées vers 2 heures du matin (la huitième heure, selon saint-Benoît). Mais, dès le XIIe siècle, s'installe la tradition de célébrer les Matines de cet Office des Ténèbres par anticipation, la veille du jour fêté, en fin d'après-midi, afin de faciliter la participation des fidèles aux rites, notamment à la fin de l'office, alors que le jour est tombé, qui consiste à éteindre les chandelles[3] — le chœur est éclairé par un chandelier, ou herse, à quinze cierges, éteint un à un après chaque Psaume. Ces Matines, précédant Pâques, sont réparties en trois nocturnes qui contiennent chacun trois psaumes et trois leçons avec trois lectures et trois répons. Elles sont immédiatement suivies des Laudes, comprenant chaque jour trois Psaumes et deux Cantiques. L’Office se terminent encore toujours par le Miserere, le Psaume 50, suivi d’une oraison finale et de la trépidation bruyante. Ce sont ces lectures que mettent en musique les compositeurs depuis le XVe siècle. En Italie, à partir de la fin du XVIe siècle, la polyphonie est remplacée par le style monodique soutenu avec des instruments et la basse continue, accentuant l'impact de l'expression suggérée par les textes[2].

Les Lamentations pour les offices de ténèbres de la Semaine sainte de Scarlatti, sont très différentes de son style opératique. De son temps, il était principalement considéré comme un compositeur de musique sacrée[4],[5]. Ici, tout en conservant son sens dramatique et, pour la partie vocale, son sens de la déclamation[2], inspiré par le texte très riche en images, « Scarlatti déploie le meilleur de son invention mélodique et rythmique »[6]. Usant notamment d'une écriture très contrapuntique, d'effets chromatiques expressifs, de rythmes syncopés pour exprimer la douleur ou les gémissements, afin de renforcer ces effets, il utilise les pauses en tant que figures rhétoriques[2].

Détails

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Chaque lamentation nécessite une voix de soprano, sauf la seconde du samedi, nécessitant un ténor, accompagnés par des cordes à trois ou quatre parties et la basse continue[6].

  • Première et troisième lamentations pour le Jeudi saint (Feria V in Coena Domini) : célébration de l'eucharistie, chantées le mercredi soir.
  • Première et seconde lamentations pour le Vendredi saint (Feria VI in Parascese), chantées le jeudi soir.
  • Première et seconde lamentations pour le Samedi saint (Lettioni del Venerdì Santo), chantées le vendredi soir.

Manuscrit

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Discographie

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Notes et références

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  1. a et b Lionnet 1992, p. 4.
  2. a b c et d Gatti 1993, p. 13.
  3. Gatti 1993, p. 12.
  4. Carrère 1995, p. 15.
  5. (en) Charles Burney, Dr Nurney's Musical Tours in Europe (Vol. 1), Londres, T. Becket and Co., , 396 p. (OCLC 642297940, lire en ligne), Traduction française : Voyage musical dans l'Europe des Lumières, Paris, Flammarion, 1992, p. 358.
  6. a et b Lionnet 1992, p. 5.
  7. Poensgen 2004, p. 38 sqq.
  8. Lors de sa sortie ce disque a été distingué par Jean-Luc Macia de « 5 clés » dans le magazine Diapason no 392, avril 1993, p. 138.

Bibliographie

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  • (en) Edward J. Dent, Alessandro Scarlatti : his life and works, Londres, E. Arnold, (1re éd. 1905), 259 p. (lire en ligne).
  • Jean Lionnet, « Lamentazioni per la settimana santa », p. 4–5, Opus 111 (OPS-30-66), 1992 (OCLC 777766784) .
  • Enrico Gatti (trad. Mars Vanscheeuwijck), « Lamentazioni per la settimana santa », p. 11–15, Glossa (GCD 921205), 1993 (OCLC 777766784) .
  • Alessandro Scarlatti et Ferdinand III de Médicis (trad. de l'italien par Patrick Hersant et Xavier Carrère, préf. et notes Xavier Carrère), « Mon respectueux, mon profond silence parle pour moi » : Correspondance d'Alessandro Scarlatti et de Ferdiand de Médicis, Toulouse, Ombre, coll. « Petite bibliothèque Ombre » (no 53), , 115 p. (ISBN 2-84142-016-7, OCLC 1033722311, BNF 36687452).
  • (de) Benedikt Johannes Poensgen (thèse de doctorat), Die Offiziumskompositionen von Alessandro Scarlatti : vol. 1. Zur Biographie und zu den Offiziumskompositionen Alessandro Scarlattis ; vol. 2. Verzeichnis der Offiziumskompositionen, Hambourg, Université de Hambourg, , xiii-276 et 159 (462) (OCLC 76146656, lire en ligne [PDF]).

Articles connexes

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Liens externes

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