Larco

entreprise grecque

Larco
illustration de Larco

Création Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateurs Prodromos Bodosakis-Athanasiadis (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Forme juridique Anо́nymi Etería (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Siège social MaroússiVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité Exploitation minièreVoir et modifier les données sur Wikidata
Produits FerronickelVoir et modifier les données sur Wikidata
Site web www.larco.grVoir et modifier les données sur Wikidata

ΛΑΡΚΟ

Larco (en grec moderne : ΛΑΡΚΟ[note 1]) est une entreprise minière et métallurgique grecque produisant du ferronickel. Elle exploite des mines en Eubée, à Neo Kokkino, Kastoria et Sérvia. La société possède également une usine d'extraction du nickel à Lárymna qui emploie la majorité de ses employés.

Depuis au moins 1999[2], Larco est le seul producteur de nickel de l'Union européenne opérant à partir de minerais locaux[3]. L'entreprise, qui a été un acteur historique de la production de ferronickel en dépit de sa petite taille, est chroniquement déficitaire depuis des années 1980.

Histoire modifier

Valorisation du minerai opportune… mais problématique (1952-1963) modifier

Les gisements de nickel grecs sont des latérites. Celles-ci sont exportées à partir de 1870 en tant que minerai de fer et, après 1929, en tant que minerai de nickel. Les réserves en sont estimées, à la fin du XXe siècle, à 200 millions de tonnes[2], réévaluées à 250 millions de tonnes en 2019[4].

Le , l'État grec conclut avec la Hellenic Chemical Products and Fertilizers SA un accord lui accordant une concession de 36 ans sur les mines de nickel de la région de Lárymna[5].

Au cours des dix premières années d’exploitation des mines de Lárymna, l’exploration et l’exploitation des gisements s'avèrent très satisfaisantes et dépassent même les obligations contractuelles de la société. Pour le traitement métallurgique des minerais nickélifères, c'est le procédé Krupp-Renn pour la production de ferronickel à 5 % de nickel qui est sélectionné[5]. L'usine est construite, dominée par une cheminée de 150 m, la plus haute de Grèce[4]. Un premier four rotatif de 4,2 m de diamètre et 90 m de long est mis en service en 1956. L’incompatibilité des latérites grecques avec le procédé Krupp-Renn amène à l'abandon du procédé[6]. Cet échec, qui crée plus de 25 millions de dollars de pertes, met en cause l'avenir de la société[5].

Des négociations pour la vente des mines à Inco, la société minière canadienne et leader mondial de la production de nickel, commencent immédiatement mais elles sont définitivement abandonnées en . Presque immédiatement après, la Société Le Nickel, manifeste son intérêt[note 2] et, le , un protocole est signé pour la création d'une nouvelle société, dans laquelle Le Nickel a une participation de 21,5 %. La production de nickel s'affranchit de la Hellenic Chemical Products and Fertilizers SA ; la nouvelle société est baptisée Société Minière et Métallurgique de Lárymna S.A. (LARCO)[5],[note 1].

Mise au point d'un modèle technico-économique viable (1963-1968) modifier

schéma des routes métallurgiques
Schéma de principe du procédé Larco.

La méthode de Nouvelle-Calédonie, consistant à préréduire le minerai dans des fours tambours rotatifs, puis à le fondre et à l'affiner dans des fours électriques, est adoptée[5]. Le procédé LM (initiales du professeur Loucas Moussoulos[2]) est mis au point en 1963[6] et un deuxième four, de 4,6 m x 110 m, est alors mis en service[7]. Mais le procédé modifié n'est toujours pas satisfaisant, et c'est une dernière modification, appelée procédé Larco, qui permet enfin, en 1966, de valoriser les latérites extraites[6] pour en faire un ferronickel contenant de 18 à 24 % de nickel[8]. Un procédé complémentaire, le M-LAR, destiné à valoriser les scories riches en fer pour la production d'acier est par contre abandonné en 1964 à cause de problèmes métallurgiques[2].

La route métallurgique finale consiste en[2] :

  • chauffage et préréduction de la latérite dans des fours tambours rotatifs :
  • fusion réductrice du préréduit dans des fours électriques à arc immergés ;
  • enrichissement du ferronickel dans un convertisseur à oxygène de type OBM de 50 tonnes.

Les scories, séparées du métal par décantation dans le four électrique, sont granulées afin de servir dans la production de ciment. Le ferronickel est également granulé (différemment des scories) pour faciliter son utilisation dans la production d'acier inoxydable[2].

La production de nickel passe de 109 t en 1966 à plus de 2 300 t en 1967. En 1968, la Société Le Nickel revend sa participation. Cependant, au cours de cette période, l'entreprise parvient à acquérir des Français le savoir-faire nécessaire à son autonomie[5].

Une croissance en autonomie (1969-1976) modifier

Productions annuelles
t. de minerai t. de nickel
1966 109[5]
1967 2 300[5]
1969 501 409[9]
1970[9] 882 693 7 210
1971[9] 1 182 000 8 642
1976 16 500[5]
1979 14 632[2]
1980 13 880[2]
1981 10 860[2]
1982 4 477[2]
1983 12 858[10]
1984 15 829[10]
1985 15 952[10]
1986 2 581[10]
1987 9 202[11]
1988 13 131[11]
1989 16 097[11]
1990 16 200[11]
1991 16 005[2]
1992 15 424[2]
1993 10 931[2]
1994 16 183[2]
1995 17 155[2]
1996 17 800[2]
1997 17 604[2]
1998 15 000[2]
1999 13 465[2]
2004[8] 2 520 000 18 500
2005[8] 2 770 000 19 500
2006[8] 2 630 000 18 500
2012[12] 2 250 000 18 600
2013[12] 2 220 000 16 800
2014[12] 2 380 000 18 481
2015[3] 2 340 000 17 113
2016[3] 2 450 000 17 071

La mine originelle est la mine souterraine d'Agios Ioannis à Neo Kokkino, à 12 km de Lárymna, dont le minerai titre, au début des années 1970, 1,32 % de nickel[9]. Au début du XXIe siècle, la mine souterraine est complétée par 3 fosses à ciel ouvert. Sa production annuelle est d'environ 750 000 t tonnes de minerai d'une teneur en nickel de 1.10 %[8].

En 1969, la mine à ciel ouvert à Psachná, sur l'île d'Eubée, est ouverte[13]. En 1970, la nouvelle mine contribue pour 300 000 t de minerai titrant 1,1 % de nickel aux 501 409 t de minerai sont par la compagnie. Les réserves de latérite nickelifère, de plusieurs dizaines de millions de tonnes, justifient des investissements lourds[9]. Au début du XXIe siècle, la production annuelle de cette mine se situe entre 1 500 000 et 1 600 000 t tonnes de minerai d'une teneur en nickel comprise entre 1 et 1,03 %[8].

Les coûts d'extraction à ciel ouvert en Eubée compensent la plus faible richesse du minerai, qui devient la source principale d'approvisionnement en 1971. La quantité de minerai extrait double ainsi de 1969 à 1971. Malgré des conditions de marché difficiles (la production de 1971 reste pratiquement invendue), les investissements se poursuivent[9] : en 1970 et 1972, deux nouveaux fours rotatifs sont mis en service, portant la capacité de production de l'usine de Lárymna à 15 000 t/an de nickel[13].

Enfin, en 1976, la mine de Sérvia est ouverte afin d'alimenter en lignite l'usine de Lárymna. Au début du XXIe siècle, la production annuelle de cette mine se situe entre 250 000 et 300 000 t tonnes[8].

En 1996, la mine de Kastoria, sur la frontière albanaise, est mise en service, avec l'exploitation du gisement de Ieropigi (he). L'extraction de minerai devient excédentaire par rapport à la capacité de la fonderie[13]. Au début du XXIe siècle, elle comprend deux gisements, dont deux sont exploités à ciel ouvert. La production annuelle de cette mine se situe entre 350 000 et 400 000 t tonnes de minerai d'une teneur en nickel d'environ 1,35 %[8].

De 1968 à 1975, l'entreprise suscite la création de deux villages dotés de toutes les commodités modernes[13].

En 1976, la production atteint un record de 16 500 t de nickel[5]. Une installation de granulation du ferronickel en fusion démarre : Larco est la première entreprise au monde à commercialiser le ferronickel granulé. L'année suivante, la plus longue bande transporteuse d'Europe, longue de 7,5 km, est mise en service pour transporter le minerai[13] des mines d'Eubée vers le port. Cette bande présente aussi la particularité d'exploiter la baisse d’altitude pour produire de l’électricité[8].

Stabilité technique mais déficit récurrent (depuis 1977) modifier

Dans les années 1980, l'entreprise change de main : en 1982, la Banque nationale de Grèce devient majoritaire dans le capital[13]. L'État grec en prend le contrôle en 1985. Un tiers de la dette correspond à des retards de paiement de l'électricité consommée. En 1985 et 1986, l'entreprise est paralysée par des grèves liées à un plan de licenciement. En effet, les coûts de production sont 10 % plus élevés que les cours. Les effectifs sont réduits de 2 000 à 1 200 employés en fin 1986. Une embellie des cours du nickel permet à l'entreprise de renouer brièvement avec les bénéfices et l'État grec planifie la revente de sa participation[10].

En 1989, l'entreprise entre en liquidation et une « nouvelle Larco » est créée, avec pour principaux actionnaires la Banque nationale, la Public Energy Corporation et l'État grec[13], qui possède, par ce montage, 80 % des parts. En 1989-1990, l'usine tourne au ralenti à cause de la conjoncture, avec seulement 3 fours électriques et 2 fours rotatifs[11].

En 2000 et 2001, les fours électriques no 1 et 4 sont modernisés, leur puissance passant de 30 à 40 MVA. La modernisation se poursuit avec le four no 2 en 2005, et les fours no 3 et 6 en 2006[13]. Pour autant, la compétitivité de l'entreprise reste problématique. En 2004, une revue de l'ensemble des producteurs mondiaux de nickel conclut avec un résumé de la situation de Larco :

« L'usine est l'un des producteurs de nickel aux coûts les plus élevés du monde, avec un coût de production d'environ 2,80 $/lb (minerai pauvre, besoin énergétique, faible productivité, faible capacité). Elle a sa part de difficultés financières et est soutenue par l'assistance du gouvernement[14]. »

— The Past and the Future of Nickel Laterites (2004)

L’entreprise a connu plusieurs périodes économiquement difficiles. À partir de 2008, les finances de l'entreprise se dégradent significativement. En 2009, l'État grec procède à une recapitalisation de 45 M€ sans contrepartie ni autorisation de l'Union européenne, mais celle-ci estime que les aides directes et indirectes dépassent 136 M€. En 2014, l'Union Européenne obtient qu'un programme de privatisation et de restructuration soit mis en œuvre afin que des conditions de saine concurrence soit restaurées[15]. L'entreprise peine alors à trouver un équilibre financier : après un exercice légèrement bénéficiaire en 2011 (6,37 M€), les pertes atteignent 34,32 M€ en 2012, 76,38 M€ en 2013 et 28,6 M€ en 2014[note 3]. Ces pertes sont à comparer au chiffre d'affaires généré par la vente du nickel : en 2014, un cours à 12,516 €/t représente une entrée de 223,8 M€[12].

En , l'entreprise cumule 280 M€ de factures électriques impayées et l'Union européenne, qui chiffre à 135,8 M€ le montant des aides illégales accordées à l'entreprise et exige, sans succès, une privatisation[17]. Au début de 2019, la renégociation du prix de l'électricité donne un peu de visibilité à l'entreprise, qui peine à trouver un repreneur[18].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b La raison sociale complète est en grec moderne : ΛΑΡΚΟ ΑΝΩΝΥΜΟΣ ΕΛΛΗΝΙΚΗ ΜΕΤΑΛΛΕΥΤΙΚΗ ΚΑΙ ΜΕΤΑΛΛΟΥΡΓΙΚΗ ΕΤΑΙΡΕΙΑ ΛΑΡΥΜΝΗΣ. Le terme « ΛΑΡΚΟ » est un complément et non pas un acronyme, raison pour laquelle le titre retenu dans cet article n'est pas écrit en lettres capitales[1].
  2. Inco est spécialisée dans le traitement des minerais sulfurés, alors que la Société Le Nickel ne traite que les minerais latéritiques. Il n'y a aucun rapport entre les deux types d'extraction et, au vu de la nature des minerais grecs, l’intérêt des Français est logique.
  3. D'autres sources font état d'une perte de 51 M€ en 2013 et 75 M€ en 2014, sans compter que l'entreprise n'a payé, en 2014, que 22,5 M€ d'électricité sur les 57,3 M€ que lui a facturés son actionnaire, l'entreprise publique PPC[16]

Références modifier

  1. (en) « ΛΑΡΚΟ ΑΝΩΝΥΜΟΣ ΕΛΛΗΝΙΚΗ ΜΕΤΑΛΛΕΥΤΙΚΗ ΚΑΙ ΜΕΤΑΛΛΟΥΡΓΙΚΗ ΕΤΑΙΡΕΙΑ ΛΑΡΥΜΝΗΣ », sur opencorporates.com/ (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s (en) Emmanouil Zevgolis, Ferrous Metals and Ferroalloys in Greece. Present State and Perspective, (lire en ligne [PDF])
  3. a b et c (en) Sinan Hastorun, Minerals Yearbook 2016, US Bureau of Mines, (lire en ligne [PDF]), p. 19.1-19.8
  4. a et b Alain Jeannin, « Nickel : un an de sursis pour Larco, premier producteur européen », france Info,‎ (lire en ligne)
  5. a b c d e f g h i et j (en) « The founder », Bodossaki Foundation (consulté le )
  6. a b et c (he) Emmanouil Zevgolis, « Η Σύγχρονη Ιστορία της Μεταλλουργίας του Ελληνικού Σιδηρονικελίου » [« The Contemporary History of the Greek Ferronickel Industry »], Mining and Metallurgical Chronicles,‎ (lire en ligne)
  7. (ru) Внедоменное получение железа за рубежом [« Production de fer en loupe par des fours rotatifs (procédé Krupp-Renn) du livre Production étrangère de fer sans haut fourneau »], Moscou, А.Н. Похвиснева,‎ , « Получение кричного железа во вращающихся печах (крично-рудный процесс) », p. 176–240
  8. a b c d e f g h et i (en) Athanasios Apostolikas, K. Maglaras, E. Frogoudakis et Y. Kirillidi, The nickel industry in Greece, (lire en ligne)
  9. a b c d e et f (en) John D. Corrick, Minerals Yearbook 1971, vol. 3, US Bureau of Mines, (lire en ligne [PDF]), p. 359-360
  10. a b c d et e (en) Walter G. Steblez, Minerals Yearbook 1987 : The mineral industry of Greece, vol. 3, US Bureau of Mines, (lire en ligne [PDF]), p. 371-385
  11. a b c d et e (en) George A. Rabchevsky, Minerals Yearbook 1990 : The mineral industry of Greece, vol. 3, US Bureau of Mines, (lire en ligne [PDF]), p. 137-145
  12. a b c et d (en) « The mining/metallurgical industry in Greece. Commodity review for years 2013-2014 », République hellénique,
  13. a b c d e f g et h (en) « Our history », LARCO GMMSA (consulté le )
  14. (en) Ashok D. Dalvi, W. Gordon Bacon et Robert C. Osborne, The Past and the Future of Nickel Laterites, Inco Limited, 7-10 mars 2004 (lire en ligne)
  15. (en) « State aid: Commission finds that Greek mining company Larco received incompatible state aid; opens way to sale of some assets », Union européenne,
  16. (en) Sarantis Michalopoulos, « How a state company derailed competition in Greece », euractiv.com, eractiv,‎
  17. (en) « Greece seeks to avert nickel producer Larco shutdown », businesstimes.com,‎ (lire en ligne)
  18. Alain Jeannin, « Après la SLN jusqu'en 1968, qui veut désormais contrôler le nickel grec », france Info,‎ (lire en ligne)


Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :