Laugier de Nice

atristocrate

Laugier (mort vers 1032), surnommé de Nice, Orange ou Orange-Mévouillon ou encore Vence ou Nice-Vence, est un aristocrate du pays de Nice et de Provence de la seconde moitié du Xe siècle et du début du siècle suivant. Il appartient à la lignée des Orange-Mévouillon.

Laugier de Nice
Titre de noblesse
Seigneur
Biographie
Naissance
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
(?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père
Fratrie
Conjoint
Enfants
Raimbaud de Nice
Pierre Ier
Rostaing de Gréolières (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Le prénom « Laugier » semble commun à cette période et dans la région, au point qu'il existe des confusions

Ce personnage est nommé Laugier selon la forme méridionale. Il apparaît dans la documentation, notamment le Cartulaire de Nice ou Chartrier de l'abbaye de Saint-Pons de Eugène Caïs de Pierlas, sous les formes suivantes : Leotgerius, Leodegarius, Loger, Lodgerio, ou encore Leotger, sans aucun nom ou épithète.

Les auteurs René Poupardin (1907)[1] et Georges de Manteyer (1908) ne lui en associent aucun[2]. Poupardin le qualifie seulement de « seigneur provençal, mari d'Odila »[1].

Le marquis de Ripert-Monclar (1907), archiviste-paléographe, dans le Cartulaire de la commanderie de Richerenches le mentionnait sous la forme Laugier de Vence.

Le médiéviste Jean-Pierre Poly (1976)[3], l'archiviste-paléographe Alain Venturini (1992, 2007)[4],[5] ou encore la médiéviste Mariacristina Varano (2011)[6] utilisent quant à eux les noms d'Orange ou d'Orange-Mévouillon. Cette dernière, citant notamment la thèse d'Estienne (1999)[7], relève donc qu'il « [appartient] à la puissante famille des Orange-Mévouillon, souche de la lignée vicomtale de Nice et des sires d'Orange »[6].

Il est dit Laugier de Nice, comme son épouse, Odile, dans une publication des médiévistes Jean-Hervé Foulon et Mariacristina Varano (2013)[8]. C'est l'une des principales formes retenue par des sites Internet de généalogie.

L'historienne Eliana Magnani (1999), si elle associe à son fils, Raimbaud/Rambaud l'épithète de Nice ou d'Orange, voire de Nice-Orange, elle indique qu'il fait partie de la famille de Nice, mais sans associer de nom à Laugier[9].

À noter que le patronyme Mévouillon, associé à ses descendants, n'apparait qu'à partir de 1057[10].

Biographie

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Origines

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Les origines de Laugier ne sont pas précisément connues et font l'objet de débats chez les spécialistes. Foulon et Varano (2013) résume ainsi « On a beaucoup épilogué sur l'origine exacte de ce dernier, mais hormis les indices que l'on peut tirer du recoupement des domaines fonciers, aucun acte n'apporte de certitude »[8]. Plusieurs hypothèses sont ainsi avancées.

Selon Varano (2011), il pourrait être originaire du comtat Venaissin[6]. Manteyer considérait qu'il était l'un des trois fils — Bermundus, Feraldus et Logerius — d'Ismidon [de Valence ?][11]. Poly (1976) considère qu'il est le quatrième fils de Pons de Mévouillon[12]. Foulon et Varano (2013) avancent qu'il pourrait ainsi être le Laugier dit fils de Pons II et frère de Pons III[8], hypothèse retenue également par Estienne (2004)[10].

Cartulaire de Cluny (no 2779)

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Les spéculations autour de son origine sont aussi liées à un acte du Cartulaire de Cluny, no 2779, daté du [13]. Ce document mentionne deux frères, Laugier/Léger et Pons (Leodegarius et Poncius), déterminés à se faire moines à Cluny, font don à l'abbaye de Cluny de la moitié du castrum d'Altonum (Albon), dans le diocèse de Die, et des dépendances, avec le consentement de six autres frères — Féraud (évêque de Gap) (domni Feraldi), Pierre dit de Mirabel, évêque de Vaison (domni Petri episcoporum), Arnoux/Arnoul/Arnulfe (domni Arnulfi), Geraud/Gérard/Giraud (domni Geraldi), Raoul/Roux/Rodolphe (domnique Rodulfi) et Raimbaud (domni Raimbaldi) —, qui obtiennent également plusieurs alleux[13]. L'enjeu est de savoir si ce Laugier/Léger est le mari d'Odile[14].

Bien que les historiens n'aient pas apporté de réponses tranchées, l'hypothèse actuelle serait que ces deux personnages soient les mêmes (Poly, 1976 ; Estienne, 2004[10] ; Varano, 2011[14]).

Toutefois, une autre hypothèse, avancée notamment par le chanoine Joseph-Hyacinthe Albanès (1899), considérait que ces huit frères soient les fils de Laugier, issu de son premier mariage avec Richilde[15]. L'historien du droit, Noël Didier (1954), reprend cette thèse, sans préciser la mère des huit frères[16], de même que les médiévistes Foulon et Varano (2013)[8].

L'historienne Eliana Magnani (1999), et à sa suite Foulon et Varano (2013)[8], relèvent « l'absence de toute référence à l'existence d'une femme ou d'enfants dans les documents où le moine Laugier apparaît, surtout lorsqu'il fait des dons importants à Cluny. »[9]

Implantation dans le pays de Nice

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Laugier, très probablement issu d'une famille implantée dans le comtat Venaissin, semble y avoir un domaine[6]. Il reçoit des biens dans le pays de Nice, vers la fin du Xe siècle[6]. La documentation actuelle ne permet pas d'expliquer cette implantation[6].

A cette période, il semble être marié. Albanès (1899) évoque une première épouse, dont seraient issus les huit frères de la charte clunisienne no 2779[15]. Poupardin (1907)[1], puis plus récemment Foulon et Varano (2013)[8], mentionnent le nom de cette première épouse, Richilde, d'après le Cartulaire cathédrale de Nice (no 19), concernant une donation du à la cathédrale Sainte-Marie et à ses chanoines. A noter que cette dernière n'est pas mentionnée dans les publications d'Estienne (2004 & 2008)[10],[17].

Il a obtenu ces différents biens dans cette partie de la Provence orientale des comtes ainsi que de Miron et d'Odile, sa futur épouse[6],[18].

Mariage avec Odile

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Il épouse, en secondes noces, après 1004 et avant le , Odile, veuve de Miron († v. )[6],[18]. Alain Venturini (1992) parle d'« union prestigieuse »[4].

Le couple semble obtenir, par l'intermédiaire de Rotboald Ier de Provence, des biens dans la vicomté de Sisteron[10], où la famille va étendre son pouvoir[8].

Donations

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En 1029, une charte nous apprend que Laugier et Odile donnent à Saint-Pons Revest[19].

En 1032, Laugier et sa femme Odile font des donations au monastère de Saint Véran et à l'église de Notre-Dame-la-Dorée, près de la rivière du Loup, diocèse de Vence en 1032.

Famille et descendance

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Laugier pourrait avoir eu deux épouses. La première épouse serait Richilde[8],[6].

Il épouse, en secondes noces, Odile, veuve de Miron. Ils ont quatre ou cinq enfants[10],[8],[17].

Le site FMG retient de la documentation quatre enfants, mais nomme la fille Odile, mariée à Conrad IV, comte de Vintimille (mort après 1082), s'appuyant sur le Cartulaire de Lérins (CLXVI, p. 161)[22].

Notes et références

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  1. a b et c René Poupardin, Le royaume de Bourgogne (888-1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Paris, H. Champion, , 509 p. (lire en ligne), pp. 295-296, p. 494.
  2. Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne), p. 359.
  3. Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne), p. 408.
  4. a et b Alain Venturini, « Chapitre V - Le temps des Reillane-Vence », dans Georges Castellan (sous la dir.), Histoire de Vence et du Pays Vençois, Aix-en-Provence, (lire en ligne), p. 41 et suiv.
  5. Alain Venturini, « Naissance et affirmation du Consulat de Nice », Recherches Régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, no 185,‎ , p. 5-19 (lire en ligne [PDF]).
  6. a b c d e f g h et i Varano, 2011, p. 215-216
  7. Marie-Pierre Estienne, Les réseaux castraux et l'évolution de l'architecture castrale dans les Baronnies de Mevouillon et de Montauban de la fin du Xe siècle à 1317 (thèse de doctorat en Art et archéologie), (lire en ligne), p. 50 et ss..
  8. a b c d e f g h et i Jean-Hervé Foulon, Mariacristina Varano, « Réforme et épiscopat en Provence. Étude comparée des cas de Gap et de Sisteron au milieu du XIe siècle », Cahiers de Fanjeaux, no 48,‎ , p. 311-342 (lire en ligne).
  9. a b et c Eliana Magnani, Monastères et aristocratie en Provence - milieu Xe - début XIIe siècle, vol. 10, Lit Verlag, coll. « Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Leben im Mittelalter », , 610 p. (ISBN 3-8258-3663-0, lire en ligne), p. 121, p. 188.
  10. a b c d e et f Marie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (ISBN 978-2-82182-761-5, lire en ligne). ([PDF] lire en ligne).
  11. Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : études d'histoire et de géographie politique. Tome 1, Picard, , 988 p. (lire en ligne), p. 359.
  12. Jean-Pierre Poly, La Provence et la société féodale : 879-1166, contribution à l'étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, , 431 p. (lire en ligne), p. 78, 94-95.
  13. a et b Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny. Tome troisième - 987-1027, Paris, Imprimerie nationale, 1876-1903 (lire en ligne), pp. 802-804, no 2779.
    Acte no 1653 dans Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France (« Charte Artem/CMJS no 1653 »), Cédric Giraud, Jean-Baptiste Renault et Benoît-Michel Tock, éds., Nancy : Centre de médiévistique Jean Schneider ; éds électronique : Orléans : Institut de recherche et d'histoire des textes, 2010. (Telma). (lire en ligne).
  14. a et b Varano, 2011, p. 217-218, « La délicate question de Laugier, donateur de l’acte du Cartulaire de Cluny, no 2779 »
  15. a et b Joseph-Hyacinthe Albanès, complété, annoté et publié par le chanoine Ulysse Chevalier, Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France d'après les documents authentiques recueillis dans les registres du Vatican et les archives locales — Tome premier : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron, Montbéliard, 1899-1920 (lire en ligne), p. 464-465.
  16. Noël Didier, Les églises de Sisteron et de Forcalquier du XIe siècle à la Révolution : le problème de la « concathédralité », Libr. Dalloz, , p. 12.
  17. a et b Marie-Pierre Estienne, Châteaux médiévaux dans les Baronnies : Xe – XVe siècle, Alpara, , 164 p. (ISBN 978-2-91612-549-7, lire en ligne), chap. 31, p. 22, 52.
  18. a et b Clamens, 2009, p. ....
  19. Bonaventure Salvetti, L'abbaye de Saint-Pons : hors les murs de Nice : essai historique, Nice, éditeur-impr. J. Gasparini, , 230 p. (lire en ligne), p. 59.
  20. a et b Pierre Bodard, Les Diocèses de Nice et Monaco, Beauchesne, , 387 p. (ISBN 978-2-70101-095-3, lire en ligne), p. 34-37.
  21. a et b Florian Mazel, « Réforme de l'Église et domination urbaine : aux origines de l'hégémonie des Agoult-Simiane en pays d'Apt (XIe – XIIe siècles av. J.-C. », Religion et société urbaine au Moyen-Age, Publications de la Sorbonne,‎ , p. 43-68 (ISBN 2859443924, lire en ligne).
  22. fmg.ac, p. Chapter 4 - Vence - A. 11th century families in Vence (lire en ligne).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Eugène Caïs de Pierlas, Le XIe siècle dans les Alpes-Maritimes, études généalogiques, Turin, Imprimerie Royale, (lire en ligne).
  • Guillaume Clamens (Université Nice-Sophia-Antipolis), « La Famille des seigneurs de Nice : Origines et Généalogie (999-1154) », Archéam, no 16,‎ , pp. 26-61 (lire en ligne).
  • Mariacristina Varano (thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I), Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècles). L'exemple de Forcalquier et de sa région, , 1007 + 132 (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes

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Liens externes

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