Le Pompier (fr)
Image illustrative de l’article Le Pompier
Couverture d'une partition de 1931

Hymne des Beaux-Arts et architectes
Autre(s) nom(s) Les Pompiers (fr)
Le Casque du Pompier (fr)
Paroles Aristide Bruant
1871
Musique A.-N. Séguin et A. Durez
1872
Adopté en 1885

Le Pompier est une chanson du folklore étudiant français.

Issue du répertoire d’Aristide Bruant, elle devient à partir de 1885 l’hymne des étudiants des Beaux-Arts et de ses architectes.

Histoire de la chanson modifier

Des paroles d’Aristide Bruant modifier

Cette chanson est issue d’un manuscrit autographe de 1871[1] des toutes premières compositions d’Aristide Bruant (1851-1925). Il a alors 20 ans et, démobilisé, il écrit les paroles de cette chanson à Courtenay, le village de son enfance.

Mise en musique par Auguste-Nicolas Séguin et son ami Alexandre Durez — à qui il dédie cette chanson —, elle est publiée en 1872 sous le titre Le Casque du Pompier, Cascade excentrique[2],[3].

L’origine de ce chant semble ensuite se perdre lorsqu’il s’impose en 1885 aux Beaux-Arts sous le titre Les Pompiers, puis Le Pompier. Il devient angevin à partir des récits des années 1920 pour être enfin réattribué à son auteur d’origine en 2022[4].

Introduction aux Beaux-Arts modifier

En 1885[a], l'élève Édouard Defaye (1857-1898) introduit cette chanson à l’atelier officiel d’architecture Jules André (1819-1890) de l'École des beaux-arts de Paris lors d’une charrette d'un concours général de construction de 1re classe[5]. Chanter dans les ateliers de l’École est alors une habitude car les postes radios n’existent pas encore.

L'atelier André se situant à l’extérieur[b] des Beaux-Arts, il faut le jour du jury dudit concours pousser et tirer les charrettes sur lesquels sont posés les « panets[6] » (ou rendus). Les élèves entrent alors dans la cour de l’École en entonnant Le Pompier, au grand étonnement des autres ateliers. L’atelier André remportant ce jour-là le premier prix du concours de construction, ils ressortent en direction de leur atelier en chantonnant triomphalement cet air. C’est à partir de ce moment que Le Pompier est progressivement adopté par l’ensemble de l’École pour devenir l’hymne des Beaux-Arts et fredonné par tout le Quartier Latin[7]. La chanson est célébrée dès 1892[8] lors du premier Bal des Quat’z’Arts.

Dès lors, elle est chantée pour tous les événements importants liés à l’École. À partir de 1968[c], cette tradition se poursuit chez les élèves architectes et on entend toujours Le Pompier lors de diplômes, d’anniversaires, de mariages, d’enterrements ou en ouverture des Concours de fanfares des Beaux-Arts.

Paroles modifier

Les paroles et l’ordre des couplets, transmis pendant longtemps oralement au sein des ateliers de l’École des Beaux-Arts, ont quelque peu évolué depuis la version originale de 1872 et son introduction en 1885. Toutefois les paroles chantées aujourd’hui[9],[10] sont restées très proches de celles de Bruant. Un élève lance généralement un long « On », puis tous reprennent ensuite :

1er couplet

On dit quelquefois au village
Qu'un casque, ça sert à rien du tout
Rien du tout !
Ça sert à donner du courage
À ceux qui n'en ont pas du tout.
Pas du tout !
De loin ça prend des airs fantasques
Et chacun dit en les voyant,
En les voyant !
Ah ç'qu'ils sont beaux avec leurs casques,
Ça leur donne des p'tits airs épatants.
Tant ! Tant ! Tant !

Refrain

Un casque est une coiffure
Qui sied à leur figure,
Un casque de pompier
Ça fait presque guerrier.
Ça leur donne un air vainqueur
Qui sied pas mal à leur valeur.
Sous ce casque luisant,
Ils ont l'air épatant, vraiment !
Zim la boum la boum tralalère,
On peut l'blaguer tant qu'on voudra,
Zim la boum la boum tralala,
Un pompier, c’est bien au-d’sus d'ça.

2e couplet

On nous raconte dans l'histoire
Que les Romains et les Gaulois,
Les Gaulois !
Ces fils chéris de la victoire,
Portaient des casques autrefois.
Autrefois !
Le casque c'est donc l'héritage
De tous ces guerriers valeureux,
Oui valeureux !
Et si nous l'avons en partage,
C'est qu’ nous sommes des pompiers comm’ eux
Ah ! Ah ! Ah !

3e couplet

On sait que chacun sur la terre
A son faible ou sa passion.
Passion !
Le pompier qu'est un militaire
Est fier de sa position.
Position !
Le sapeur et sa barbe noire
Est orgueilleux de son bonnet.
De son bonnet !
Le Pompier met toute sa gloire
Dans son casque et dans son plumet.
Eh ! Eh ! Eh !

4e couplet

Les jours oùsqu'il y a la fête,
Il endosse ses plus beaux habits.
Beaux habits !
Il met son casque sur sa tête
Pour aller flâner dans l'pays.
Dans l’pays !
Puis, à l'ombre de sa visière,
Quand il rencontre un jeune tendron,
Un jeune tendron !
Il lance une œillade incendiaire,
Le pompier est tellement polisson.
Son ! Son ! Son!

5e couplet

Les jours oùsqu'on est de la r'vue,
Derrière le champ à Jean Maclou.
Jean Maclou !
Le pompier s'met en grand' tenue,
Nous sommes bien une quinzaine en tout.
Zaine en tout !
S'il met un casque sur sa nuque,
C'est pas pour faire des embarras,
Des embarras !
Mais pour garantir sa perruque,
Quand bien même il n'en aurait pas.
Ah ! Ah ! Ah !

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. L’histoire de l’introduction de cette chanson aux Beaux-Arts est relatée par Jean-Paul Alaux dans son ouvrage « Souvenirs sur les origines de la Chanson des Pompiers (...) » paru en 1926. Toutefois, l’origine angevine de la chanson proposée par Alaux n’a été remise en cause que récemment grâce à la découverte du cahier manuscrit de 1871 d’Aristide Bruant et de la partition éditée en 1872.
  2. Au 22, rue Cassette, Paris 6e arr.
  3. Le 6 décembre 1968 parait le décret initié par André Malraux séparant l’enseignement de l'architecture de l’’École des Beaux-Arts.

Références modifier

  1. La Gazette Drouot du 27 septembre 2014 (revue hebdomadaire), vente « Aristide Bruant, le chansonnier de la Belle époque », lots no 5 et no 6, Manuscrits autographes signés.
  2. Palazetto Bru Zane, « Page de titre de la Cascade excentrique, Le casque du pompier (Bruant / Durez & Séguin) », sur bruzanemediabase.com (consulté le )
  3. Bibliothèque nationale de France, département Musique, « Le casque du pompier », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  4. Isabelle Conte, Le bal des Quat'z'arts (1892-1966). La ritualisation des derniers feux de la tradition académique. Sous la dir. de Leniaud, Jean-Michel. Thèse doctorante, Hist. art, EPHE, 2012 (notice sur aghora.fr)
  5. Jean-Paul Alaux, Souvenirs sur les origines de la Chanson des Pompiers, de la Ballade du Rougevin et du Bal des Quat’z’Arts, Paris, Edité à compte d'auteur,
  6. René Beudin, Charrette au cul les nouvôs ! Le parler des architectes, Paris, Éditions Horay, coll. « Cabinet de curiosité », , 104 p. (ISBN 2705804382)
  7. Palazetto Bru Zane, « Page de titre de la Chanson monôme du Quartier Latin, Le pompier (Damaré / Dreyfus) », sur bruzanemediabase.com (consulté le )
  8. Christophe Samoyault-Müller, « La montée au Bal et l’entrée au Bal », sur 4zarts.org, (consulté le )
  9. Nos chansons, Cent chansons (Bréviaire de l’École), Paris, Grande Masse des Beaux-Arts, , 196 p., p. 5-6
  10. Grande Masse de Beaux-Arts, « Le Pompier (3/3) », sur grandemasse.org, (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Ouvrages modifier

  • Jean-Paul Alaux, Souvenirs sur les origines de la Chanson des Pompiers, de la Ballade du Rougevin et du Bal des Quat’z’Arts, Paris, Édité à compte d’auteur, 1926.
  • René Beudin, Charrette au cul les nouvôs ! Le parler des architectes, Éditions Horay, coll. « Cabinet de curiosité », Paris, 2006, 104 p. (ISBN 2705804382)
  • Isabelle Conte, Le bal des Quat'z'arts (1892-1966). La ritualisation des derniers feux de la tradition académique, Sous la dir. de Leniaud, Jean-Michel. Thèse doctorante, Hist. art, EPHE, 2012.
  • Michel Day, Charrette, Édité à compte d'auteur, Paris, 2001, 150 p.

Articles modifier

  • Trois articles sur le site de la Grande Masse des Beaux-Arts :
    • Isabelle Conte, « Le Pompier (1/3), origine : De Bruant au quai Malaquais, 1872 », Brèves historiques, sur grandemasse.org, 1er mars 2022 lire en ligne (page consultée le 10 janvier 2023)]
    • Christophe Samoyault-Muller, « Le Pompier (2/3) : Naissance d’un hymne, 1885-1940 », Brèves historiques, sur grandemasse.org, décembre 2014 (mis à jour 15 mars 2022) lire en ligne (page consultée le 10 janvier 2023)]
    • Emmanuel Sallès, « Le Pompier (3/3) : Les paroles de la chanson, Aujourd'hui », Brèves historiques, sur grandemasse.org, 16 mars 2022 lire en ligne (page consultée le 10 janvier 2023)]

Audios modifier

  • Plusieurs articles de la rubrique Disque du mois du site de la Grande Masse des Beaux-Arts proposent, en plus de la lecture de l’article, d’écouter d’anciens enregistrements de cette chanson, dont :
    • Pierre-Édouard Caloni, « Enregistrement du Pompier : Chorale de l’atelier André, Columbia, 78T, 1931 », Disque du mois, sur grandemasse.org, avril 2014 lire en ligne (page consultée le 10 janvier 2023)]
    • Pierre-Édouard Caloni, « Disque du bal des 4’Z’Arts : L’orchestre des 4’Z’Arts et le chœur du Comité, 78T, 1954 », Disque du mois, sur grandemasse.org, mai 2014 lire en ligne (page consultée le 10 janvier 2023)]

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

  • Vidéo sur le site de l’INA d'un concours de casques (de pompiers ?) en juin 1951 à Saint-Gemain-des-Prés organisé par les étudiants des Beaux-Arts lire en ligne (page consultée le 10 janvier 2023)]