Le Renard et la Cigogne

fable de La Fontaine

Le Renard et la Cigogne est la dix-huitième fable du livre I de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668[1]. Cette fable est constituée de deux parties : la cigogne tombe dans le piège du renard, puis le renard tombe dans son propre piège cette fois-ci tendu par la cigogne. La morale est : « Trompeurs, c'est pour vous que j'écris : Attendez vous à la pareille. »

Le Renard et la Cigogne
Image illustrative de l’article Le Renard et la Cigogne
Gravure de Jean-Jacques Flipart d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1668
Nombre de pages 50
Chronologie

La source de cette fable vient d' Ésope qui a inspiré Plutarque (Propos de table, I, 1) et Phèdre.


Illustration de Grandville (1838-1840)

LE RENARD ET LA CIGOGNE

[Phèdre[2],[3] + Isaac Nicolas Nevelet]

Illustration dans "Mythologia Aesopica" d'Isaac Nicolas Nevelet (1610)


Illustration de Benjamin Rabier (1906)

Compère (1) le Renard se mit un jour en frais,

Et retint à dîner commère la Cigogne (2).

Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts (3) :

Le galand (4), pour toute besogne (5),

Avait un brouet (6) clair ; il vivait chichement.

Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :

La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ;

Et le drôle (7) eut lapé le tout en un moment.

Pour se venger de cette tromperie,

À quelque temps de là, la Cigogne le prie.

" Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis

Je ne fais point cérémonie."

À l'heure dite, il courut au logis

De la Cigogne son hôtesse ;

Loua très fort sa politesse ;

Trouva le dîner cuit à point.

Bon appétit (8) surtout ; renards n'en manquent point.

Il se réjouissait à l'odeur de la viande

Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande (9).

On servit, pour l'embarrasser,

En un vase à long col, et d'étroite embouchure :

Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer ;

Mais le museau du sire (10) était d'autre mesure.

Il lui fallut à jeun retourner au logis,

Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris,

Serrant la queue, et portant bas l'oreille.

Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :

Attendez-vous à la pareille.

"Le Renard et la Cigogne", version bilingue néerlandais et français

Vocabulaire

(1) compère et commère : le parrain et la marraine, puis par extension, les bons amis qui vivent ensemble sur un pied d'égalité

(2) le titre des éditions anciennes s'écrit "Le Renard et le Cicogne" (du latin cicogna) mais La Fontaine écrivait  : "cicogne".

(3) "Ce qu'on prépare pour quelque cérémonie, réjouissance ou festin" (dictionnaire de Furetière)

(4) rusé, habile, fripon

(5) "travail, occupation à quoi que ce soit qui soit utile" (dictionnaire de Furetière)

(6) "bouillon qu'on portait autrefois aux nouvelles mariées le lendemain de leurs noces [...] se dit aussi d'un méchant potage" (dictionnaire de Furetière)

(7) "Homme de débauche prêt à tout faire, plaisant et gaillard" "madré et dangereux" (dictionnaire de Furetière)

(8) Ellipse qui donne de la vitalité au style : il avait bon appétit

(9) appétissante, "délicate et bien assaisonnée" (dictionnaire de Furetière)

(10) Applique au peuple, ce titre souvent "s'emploie en raillerie" (dictionnaire de Furetière)

Notes et références

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  1. « Le renard et la cigogne (La Fontaine) Denis d'Inès », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  2. (la) Phèdre, « VULPIS ET CICONIA », sur gallica.bnf.fr,
  3. Phèdre (trad. Ernest Panckoucke), « LE RENARD ET LA CIGOGNE », sur gallica.bnf.fr,

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