Le Signe des quatre

roman policier d'Arthur Conan Doyle

Le Signe des Quatre
Image illustrative de l’article Le Signe des quatre

Auteur Arthur Conan Doyle
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Roman policier
Version originale
Langue Anglais
Titre The Sign of the Four
Éditeur Lippincott's Monthly Magazine
Date de parution 1890
Version française
Traducteur Jeanne de Polignac (1861-1919)
Éditeur Hachette
Lieu de parution Paris
Date de parution 1896
Nombre de pages 244
Chronologie

Le Signe des quatre (The Sign of the Four en version originale) est la deuxième aventure de Sherlock Holmes, écrite en 1889 par Arthur Conan Doyle et publiée en 1890. Le titre de ce roman, chronologiquement le premier du cycle de Sherlock Holmes à paraître en français, fut aussi traduit La Marque des quatre ou encore Le Pacte des quatre[1].

Résumé modifier

Ennuyé par le manque d'enquêtes, Sherlock Holmes s'adonne à la consommation de drogues pour s'occuper, ainsi qu'à diverses activités ennuyeuses, sous le regard de son colocataire, le docteur John Watson.

En 1888, une jeune cliente blonde, Mary Morstan, débarque chez Holmes, et lui demande de l'aide. Elle lui explique qu'elle est gouvernante, et que c'est sa patronne qui lui a conseillé de venir ici. Watson tombe sous le charme de la jeune femme qui expose son problème : son père, navigateur dans les Indes, est décédé environ dix ans auparavant (disparu le ). Or, elle reçoit, depuis six ans, et à cycle régulier, des perles de grande valeur. Et ce même jour lui est parvenu une enveloppe où un anonyme lui demande de venir à un rendez-vous, accompagnée si elle le souhaite, mais pas d'un policier.

Holmes accepte de l'aider et, épaulé de Watson, accompagne Mary au dit rendez-vous. Ils découvrent sur place que l'anonyme est le fils d'un ancien ami et collègue du capitaine Morstan. Celui-ci révèle que leurs pères avaient découvert un trésor de cinq cent mille livres, mais que ni le trésor ni les bijoux n'ont été partagés avec la fille de Morstan. L'homme explique enfin que son frère a découvert le coffre hier, caché dans leur maison.

Mais arrivés sur les lieux, ils constatent la mort du frère et la disparition du coffre. Holmes et Watson commencent alors un dangereux périple qui les mènera jusqu'à une course poursuite folle sur la Tamise...

Rédaction et publication modifier

Conan Doyle débute la rédaction du Signe des Quatre à la suite d'un dîner littéraire organisé en par Joseph Stoddart, directeur d'une toute nouvelle revue littéraire américaine intitulée Lippincott's Monthly Magazine. Stoddart cherchait à publier des romans d'auteurs britanniques. Demandant conseil à son confrère John Payn, ce dernier lui recommande Arthur Conan Doyle, parmi d'autres noms[2]. Conan Doyle vient en effet de rencontrer en début d'année un grand succès avec son roman historique Micah Clarke[3]. Stoddart organise alors un dîner littéraire à Londres à la fin du mois d'août, où sont conviés Oscar Wilde et Thomas Patrick Gill (un parlementaire irlandais) en plus de Conan Doyle. À la fin du dîner, Stoddart parvient à obtenir de Conan Doyle, ainsi que de Wilde, la promesse d'un nouveau roman à paraître dans le Lippincott's Monthly Magazine. Wilde propose par la suite Le Portrait de Dorian Gray, tandis que Conan Doyle propose Le Signe des Quatre[4].

Conan Doyle, pour satisfaire son engagement, doit arrêter temporairement la rédaction de La Compagnie blanche, un nouveau roman historique débuté en [5]. Cependant, il souhaite reprendre rapidement l'écriture de La Compagnie blanche, et rédige donc Le Signe des Quatre avec un certain empressement : James McCearney écrit ainsi dans sa biographie de Conan Doyle : « Le Signe des Quatre est une corvée alimentaire qui l'empêche de se consacrer à ses études historiques ; il veut en finir au plus vite »[4]. Pour se simplifier la tache, l'auteur reprend les personnages d'Une étude en rouge : Sherlock Holmes et le Docteur Watson, qu'il ne pensait pas réemployer après son premier roman. La rédaction du Signe des Quatre dure seulement un mois et est terminée fin [4].

En conséquence de l'empressement de sa rédaction, le roman comporte plusieurs incohérences. Watson, qui expliquait avoir été blessé à l'épaule en Afghanistan dans Une étude en rouge, se plaint ici de sa blessure à la jambe[6]. Par ailleurs, le roman contient certaines incohérences temporelles : un message rédigé en juillet est porté « de toute urgence » à Holmes qui le reçoit en septembre[6].

Le Signe des Quatre paraît dans le Lippincott's Monthly Magazine en , avant d'être réédité en volume en aux États-Unis. Conan Doyle reçoit £100 de droits pour l'édition américaine, et garde ses droits d'auteur sur Le Signe des Quatre, contrairement à Une étude en rouge[5].

En français, le livre est paru en 1896 chez Hachette sous le titre La Marque des quatre, dans une traduction anonyme de la comtesse d'Oilliamson Jeanne de Polignac. Du au , il avait paru sous forme de roman-feuilleton dans Le Temps.

Illustrations modifier

Analyse modifier

Le roman est notamment connu dans l'univers holmésien pour les déductions que Holmes parvient à tirer au sujet du propriétaire d'une montre que lui tend Watson. Holmes détermine sans erreur que la montre appartenait au frère de Watson à partir des initiales gravées sur l'objet. Ce frère était un homme alcoolique ayant alterné les périodes d'aisance et de pauvreté, ce dernier élément étant déduit du fait que la montre porte quatre marques de prêteur sur gage. Dans un article d'analyse intitulé « Sherlock Holmes : Le Roi des détectives, le détective des rois » paru en septembre 1971 dans le mensuel Mystère magazine n°283, Francis Lacassin commente ce passage du roman et remarque que « Le raisonnement est convaincant, mais il n'est pas à l'abri de la contestation. [La montre] aurait pu appartenir à un Henry Wilson sans parenté avec Watson qui aurait pu l'acheter la veille chez un brocanteur. Les quatre gages auraient pu être le fait de possesseurs successifs n'ayant entre eux aucun lien. Le tremblement des mains caractérise aussi des maladies nerveuses sans rapport avec la consommation d'alcool ou de stupéfiants. Il importe peu : le lecteur ne réclame pas de Holmes l'authentique, mais le merveilleux. »[7]

Adaptations modifier

Le Signe des quatre est adapté à plusieurs reprises au cinéma et à la télévision. La liste complète des adaptations est la suivante :

Année Titre Pays Réalisateur Holmes Watson
1913 Sherlock Holmes Solves the Sign of the Four[8] Drapeau des États-Unis États-Unis Lloyd Lonergan Harry Benham Charles Gunn
1923 The Sign of Four[9] Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Maurice Elvey Eille Norwood Arthur Cullin
1932 The Sign of Four: Sherlock Holmes' Greatest Case[10] Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Graham Cutts Arthur Wontner Ian Hunter
1968 The Sign of the Four[11]
Épisode de la série télévisée de la BBC
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni William Sterling Peter Cushing Nigel Stock
1974 Das Zeichen der Vier[12] Drapeau de la France France / Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest Jean-Pierre Decourt Rolf Becker Roger Lumont
1983 The Sign of the Four[13] Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Desmond Davis Ian Richardson David Healy
1983 Sherlock Holmes and the Sign of Four[14] (dessin animé) Drapeau de l'Australie Australie Ian Mackenzie
Alex Nicholas
Peter O'Toole (voix) Earle Cross (voix)
1983 Сокровища Агры (Les Trésors d'Agra)[15] Drapeau de l'URSS Union soviétique Igor Maslennikov Vasili Livanov Vitali Solomin
1987 The Sign of Four[16]
Épisode de la série télévisée Sherlock Holmes
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Peter Hammond Jeremy Brett Edward Hardwicke
1991 Sherlock Holmes et la croix de sang[17] Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni / Drapeau des États-Unis États-Unis Fraser Clarke Heston Charlton Heston Richard Johnson
2001 The Sign of Four[18] Drapeau du Canada Canada Rodney Gibbons Matt Frewer Kenneth Welsh

Parmi ces adaptations, il est à noter que le film The Sign of Four de 1923 a la particularité de moderniser le scénario du roman, introduisant notamment une séquence de course-poursuite en voiture. Le film Sherlock Holmes et la croix de sang de 1991 propose quant à lui une fin alternative à celle de l'œuvre de Conan Doyle[19].

D'autres œuvres font également référence au Signe des quatre, sans être pour autant des adaptations du roman. En 1905, dans le film Adventures of Sherlock Holmes; or, Held for Ransom, un groupe de malfaiteurs emploie le nom du « Signe des quatre » pour envoyer une demande de rançon à un notable londonien. En 1984, le premier épisode de la série d'animation Sherlock Hound, intitulé en français « Les Quatre Signatures », s'inspire plus largement de l'intrigue du roman : l'épisode se concentre sur une poursuite en bateau liée au fait que des pirates du Bengale souhaitent récupérer un trésor.

Livre audio en français modifier

  • Arthur Conan Doyle, Le signe des 4 [« The Sign of Four »], Paris, La Compagnie du Savoir, coll. « Les enquêtes de Sherlock Holmes », (EAN 3760002133423, BNF 42489655)
    Narrateur : Cyril Deguillen ; support : 1 disque compact audio ; durée : 4 h 42 min environ ; référence éditeur : La Compagnie du Savoir CDS276. Le nom du traducteur n'est pas indiqué. Le titre est typographié avec un chiffre par l'éditeur et reproduit ainsi dans la notice BnF.

Notes et références modifier

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  1. Selon la traduction de Béatrice Vierne aux éditions Anatolia.
  2. James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.118
  3. James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.116
  4. a b et c James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.119
  5. a et b James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.117
  6. a et b James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.120
  7. Francis Lacassin, « Sherlock Holmes : Le Roi des détectives, le détective des rois », Mystère magazine n°283, septembre 1971, page 110.
  8. « Sherlock Holmes Solves the Sign of the Four (1913) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database, court métrage, noir et blanc, silencieux
  9. « The Sign of Four (1923) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database, noir et blanc, silencieux
  10. « The Sign of Four: Sherlock Holmes' Greatest Case (1932) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  11. « Sherlock Holmes (TV series 1964–1968) - The Sign of Four (#2.15) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  12. « Das Zeichen der Vier (TV 1974) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  13. « The Sign of Four (TV 1985) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  14. « Sherlock Holmes and the Sign of Four (1983) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  15. « Priklyucheniya Sherloka Kholmsa i doktora Vatsona: Sokrovishcha Agry (TV 1983) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  16. « The Sign of Four (TV 1987) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  17. « Sherlock Holmes et la croix du sang (TV 1991) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  18. « The Sign of Four (TV 2003) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  19. Bernard Oudin, Enquête sur Sherlock Holmes, 1997 p.46