Lele (peuple de la république démocratique du Congo)
Les Lele sont une population de langue bantoue d'Afrique centrale vivant en République démocratique du Congo. Ils sont établis sur le territoire d’Ilebo, dans l’actuelle province du Kasai, entre la rivière Kasai au nord et à l’Est, la rivière Loange (Tembo ou Katembo) à l’Ouest. En outre, on retrouve quelques bashilele qui habitent les bords de la Loange dans le territoire d’Idiofa, province de Kwilu. Du point de vue ethnographique ou tribal, les bashilele font frontières avec les bakuba et les baluba et les Bashi-bienge à l’Est, les bakele, les bankutu, nkoudous, les basakata, au nord. Et au sud et à l’Ouest par les Bandjembe et les Bawongo, les bapende, les Badinga. En outre, il y a les batshoko qui sont dispersés dans plusieurs parties de la région.
Ils font partie du grand groupe des Anamongo. Par la langue et la culture, ils sont également proches des Wongo et des Bakuba[1]. Selon la tradition, les trois groupes sont issus d'un ancêtre commun, Woto[1].
La polyandrie est l'une des caractéristiques de la société leele traditionnelle[2].
Ethnonymie
modifierSelon les sources on observe les variantes suivantes : Bachilela, Bachilele, Bajilele, Bashileele, Bashilehle, Bashilele, Bashi-Lele, Bashilyeel, Batsilele, Bouxhilile, Hongo, Leele, Leles, Schilele, Shilele, Usilele, Wongo[3].
Histoire
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Langue et population
modifierIls parlent le lele, une langue bantoue dont le nombre de locuteurs était estimé à 26 000 en 1971[4]. Le lele ou le kishilele fait partie des langues bushong et ba-wongo. Selon VANSINA, « le lele comme le wongo est une langue presque inconnue et peut-être considéré comme une variante du lu-kuba », (VANSINA, J., Les tribus Ba-kuba et les peuplades apparenteés, Tervuren, 1954, p.36. ) En plus, à propos de l’évolution de cette langue, aujourd’hui nous pouvons dire qu'il existe, de quelque manière, deux sortes de kishilele ; l’on parle parfois de ki(s)hi-tende et ki(s)hi-ngere [1] pour les distinguer. Le ki(s)hi-tende est principalement parlé dans le secteur sud-banga au sud du territoire des bashilele. Et le ki(s)hi-ngere est parlé au centre-Nord, dans les secteurs de Mapangu et Basongo.
Quant à la différence entre ces deux variantes du kishilele, elle se situe au niveau de la prononciation et parfois même de l’écriture de certains mots. Tandisque le ki(s)hi-ngere utilise beaucoup le son h, le h aspiré, le kishi-tende utilise beaucoup le son sh. Voilà qui crée la différence. Ainsi par exemple, l’on aura
En Kishi-Ngere En Kishi-tende Traduction
Mah Mash l’eau
Roh rosh la source,
Ruhirere bushirere la langue kishilele
Hemb shemb anguille
Ihaku Ishaku nom du deuxième jumeau
Ainsi donc, pour tant d’autres mots, et surtout dans la conjugaison, cette différence est bien présente. Ces quelques différences seraient probablement nées du contact des bashilele de la partie sud aux bandjembe (bawongo) avec qui ils font frontières. Sinon, les mots de la langue kishilele restent presque les mêmes partout.
La tribu de Bashilele compte plusieurs groupements, parmi lesquels nous pouvons citer : Bakumu-biyambu, tundu Kateya, tundu-Mandjumba, Tundu-Lunda, Tundu-Ngomandja, Tundu-Nyate, Tundu-Pero Minenge, Tundu-Kambulu, Tundu-Matamashi, Tundu-kambembo, tundu-ididingi bashi-Mabond, Bashi-shabita, bashi-bushongo, batswa bandomayi, mabomwetshi, etc. Ces différents groupement occupent les actuels secteurs de Mapangu, Basongo te Sud-Banga. la tribu lele est donc celle qui occupe majoritairement le territoire d’Ilebo.
[1] Tende et Ngere ne sont ni des peuples, ni des tribus ou clans, etc., ce sont simplement deux mots qui signifient, en Kishilele, amont et aval, et dans notre contexte, les références géographiques sont les rivières kasai et Loange.
Une autre source[5] évalue la population lele à environ 20 000 personnes. Une troisième référence porte ce chiffre à 30 000[1].
Culture
modifierLes Lélé ont produit des masques de forme aplatie, aux yeux souvent cernés de plusieurs lignes, ainsi que des objets de prestige[5], notamment des statuettes reconnaissables à leur coiffure en longues tresses[1].
Notes et références
modifier- « Lele (Bashilele) », in Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat et Lucien Stéphan, L'art africain, Citadelles & Mazenod, Paris, 2008 (rééd.), p. 558 (ISBN 978-2-85088-441-2)
- (fr) Séraphin Ngondo A. Pitshandenge, La polyandrie chez les Bashilele du Kasaï occidental, Zaïre : fonctionnement et rôles, Centre français sur la population et le développement, Paris, 1996, 22 p.
- Source RAMEAU, BnF [1]
- (en) Fiche langue
[lel]
dans la base de données linguistique Ethnologue. - (fr) Jean-Baptiste Bacquart, L'Art tribal d'Afrique noire, Thames & Hudson, 2010, p. 172-175 (ISBN 978-2878113549)
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Mary Douglas, The Lele of the Kasai, Londres, Routledge, (1re éd. 1963), 286 p. (ISBN 0-415-29104-6 et 978-0-415-29104-0, lire en ligne)
- (en) Mary Douglas, « Sorcery accusations unleashed : the Lele revisited, 1987 », in Africa (Londres), 69 (2) 1999, p. 177-192
- Mireille Alard, L'art des Bashileele (Kasaï occidental), Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 1987, 4 vol. (thèse de doctorat d'Histoire)
- David Graeber, Dette : 5000 ans d'histoire (2011)
- Luc de Heusch, « Structure et praxis sociales chez les Lele du Kasaï », in L'Homme, no 3, tome 4, 1964, p. 87-109 (texte en ligne sur Persée)
- (en) Ndolamb Ngokwey, « The cultural construction of illness : the case of Mukund among the Lele of Zaire », in Africa (São Paulo), no 7, 1984, p. 115-132
- Séraphin Ngondo A. Pitshandenge, La polyandrie chez les Bashilele du Kasaï occidental, Zaïre : fonctionnement et rôles, Centre français sur la population et le développement, Paris, 1996, 22 p. (ISBN 2-87762-092-1)
Discographie
modifier- Anthologie de la musique congolaise – RDC, vol. 9 : Musique traditionnelle des Leele, collecteur R. Menard, Musée royal de l'Afrique centrale/Fonti musicali (CD + livret)