Leonid Tchertkov

écrivain et poète soviétique

Leonid Natanovitch Tchertkov (en russe : Леони́д Ната́нович Чертко́в, né le  à Moscou et mort le  à Cologne) est un poète, écrivain, historien de la littérature et traducteur russe et soviétique.

Biographie modifier

Leonid Tchertkov nait le [1] dans une famille juive. Son père est un militaire[1], Nathan Aleksandrovitch Tchertkov. Il étudie à l'Institut bibliothécaire d'État de Moscou, de 1952 à 1956, et commence à écrire de la poésie[1],[2].

Il dirige ensuite[3] le cercle des Poètes de la mansarde, ou groupe de Tchertkov, où entrent Galina Andreïeva, Stanislav KrassovitskiValentin Khromov, Andreï Sergueïev, et Nikolaï Chatrov[4],[5].

En 1957, il est condamné à 5 ans de prison sur le fondement de l'article 58.10 du code pénal (agitation antisoviétique et propagande)[3]. L'enquête l'accuse d'avoir soutenu depuis 1953 que la révolution d'Octobre était une erreur historique, et que le marxisme avait vieilli en tant que science, et n'avait pas d'apport pour les conditions de vie matérielle ou spirituelle de l'homme. Devant les juges, il ne reconnait pas sa culpabilité, et leur enjoint « de ne pas faire de lui un criminel politique »[3].

Il effectue sa peine à Doubravlag, en république socialiste soviétique autonome de Mordovie[2]. Il publie pendant ses années de détention des samizdat. Dans le camp, il fait connaissance de l'artiste Rodion Goudzneko[6] et du poète Mikhaïl Krassilnikov[7]. Il crée avec ce dernier les almanachs manuscrits Troie («Троя») et Pantchanada («Пятиречие»)[2]. Un de ses poèmes est publié en 1961 dans les pages du journal de samizdat moscovite Phenix («Феникс»). Il rassemblera à partir de 1962 ses samizdat dans le recueil Nerastankino («Нерастанкино»)[3].

Libéré en [3], il vit à Moscou jusqu'en 1964[2], travaille à l'Institut national de l'information scientifique pour les sciences sociales (ru) de l'Académie des sciences. Il se lie d'amitié avec Dmitri PlavinskiGuennadi Aïgui, Vadim Kozovoï, et Lev Tourtchinski (ru).

Entre 1966 en 1974, il vit à Leningrad[2]. Il suit les cours par correspondance de l'université de Tartu et de l'université Herzen[2], qu'il termine en 1968. Spécialiste de l'histoire de la littérature russe, il rédige de nombreux articles pour la Courte encyclopédie littéraire (ru)[8], l'Encyclopédie de Lermontov et d'autres publications. Il traduit de la poésie anglaise et américaine. Il est lié à Joseph Brodski, Lev Lossev (ru), Sergueï Dovlatov, Konstantin Azadovski (ru), Aleksandr Lavrov (ru). Il fréquente Andreï Iegounov (ru) et Ivan Likhatchiov (ru).

Il est marié de 1966 à 1974, jusqu'à leur divorce, avec Tatiana Lvovna Nikolskaïa (ru), née en 1945, critique littéraire. Elle a écrit des souvenirs sur lui[9].

En 1974, il émigre en dehors de l'URSS[2]. Il vit à Vienne, puis enseigne à Toulouse[8], puis  dans les années 1980—1985, à l'université de Cologne[8].

Sous sa direction ont été publiés les recueils des œuvres de Konstantin Vaguinov (Munich, 1982)[2], et de Vladimir Narbout (Paris, 1983)[2]. Il écrit dans les revues l'Arche[8], le Continent[8], Gnosis[8], Témoin du mouvement chrétien russe (ru), Symbole, et le journal de la Pensée russe[8], puis dans les années 1990 dans la Nouvelle critique littéraire, et Novy mir. Il publie des livres de poèmes en Allemagne et en Russie.

Il meurt le d'une crise cardiaque dans la bibliothèque de la chaire de slavistique de l'université de Cologne . Il est enterré au cimetière de Südfriedhof[8].

Publications modifier

Recueils modifier

Revues modifier

  • (ru) « Из книги «Смальта» » [« Tiré du livre Smalt »], Новая русская книга, nos 4/5,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) « Ночные путешественники » [« Voyageurs de nuit »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) « Стихи » [« Vers »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (ru) « Стихи » [« Vers »], Зеркало, nos 27-28,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Notes et références modifier

  1. a b et c (ru) Никольская Т. Л. (T. L. Nikolskaïa), « Путешественник, ставший затворником » [« Un voyageur devenu ermite »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e f g h et i (ru) « Антологии самиздата. Леонид Чертков » [« Anthologie du samizdat. Leonid Tchertkov »], sur antology.igrunov.ru
  3. a b c d et e (ru) Д. И. Зубарев (D. I. Zoubarev), « Леонид Натанович Чертков » [« Leonid Natanovitch Tchertkov »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (ru) « Группа Черткова » [« Groupe de Tchertkov »], sur www.ruthenia.ru (consulté le )
  5. (ru) « Страница памяти Шатрова Николая » [« Page en mémoire de Nikolaï Chatrov »], sur ckop6b.narod.ru (consulté le )
  6. (ru) Л. Скобкина (L. Skobnika), Герои ленинградской культуры. 1950—1980-е гг. [« Héros de la culture de Leningrad. 1950-1980 »], Saint-Pétersbourg, Центральный выставочный зал «Манеж»,‎ , p. 175
  7. (ru) Ю. Валуева (I. Valieva), К истории неофициальной культуры и современного русского зарубежья ... [« Contribution à l'histoire de la culture non officielle et des russes de l'étranger. .. »], Saint-Pétersbourg, Контраст,‎ , 600 p.
  8. a b c d e f g et h (ru) « Чертков Леонид Натанович » [« Tcherkov Leonid Natanovitch »], sur feb-web.ru (consulté le )
  9. (ru) Никольская Татьяна (Tatiana Nikilskaïa), Спасибо, что вы были…. [« Merci à vous d'avoir été ... »], Saint-Pétersbourg, Юолукка,‎

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (ru) « Антологии самиздата. Леонид Чертков » [« Anthologie du samizdat. Leonid Tchertkov »], sur antology.igrunov.ru ;
  • (ru) « Леонид Чертков » [« Leonid Tchertkov »], sur www.hrono.ru (consulté le ) ;
  • (ru) М. Гробман (M. Grobman), « ...Я на вокзале был задержан за рукав... » [« ... À la gare je fus retenu par la manche »], Зеркало, nos 13-14,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) К. Азадовский (K. Azadovski), « О «странном русском»: Леонид Чертков » [« À propos d'un russe étrange : Leonid Tchertkov »], Новая русская книга, nos 4/5,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) Толстой И. (I. Tolstoï), « Памяти Леонида Черткова » [« En mémoire de Leonid Tchertkov »], La Pensée russe // Русская мысль, Paris, no 4326,‎ 13-19 juin 2000, p. 19
  • (ru) Д. И. Зубарев (D. I. Zoubarev), « Леонид Натанович Чертков » [« Leonid Natanovitch Tchertkov »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) Никольская Т. Л. (T. L. Nikolskaïa), « Путешественник, ставший затворником » [« Un voyageur devenu ermite »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) В. Кузнецов (B. Koutsenov), « Нас сблизила любовь к литературе » [« L'amour de la littérature nous rapprochait »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) Р. Тименчик (Roman Timentchik), « Леня Чертков » [« Lenia Tchertkov »], Новое литературное обозрение, no 47,‎ (lire en ligne, consulté le ) ;
  • (ru) « Самиздат Ленинград. 1950-е — 1980-е. », dans Литературная энциклопедия [Encyclopédie littéraire] [« Leningrad en samizdat : années 1950 et 1960 »], Moscou, Новое литературное обозрение,‎ , p. 361-362
  • (ru) Никольская Т. (T. Nikolskaïa), Спасибо, что вы были…. [« Merci à vous d'avoir été ... »], Saint-Pétersbourg, Юолукка,‎  ;
  • (ru) Ю. Валуева (I. Valieva), К истории неофициальной культуры и современного русского зарубежья.1950 е- 1990-е. Автобиографии. Авторское чтение [« Contribution à l'histoire de la culture non officielle et des russes de l'étranger. Années 1950, années 1990. Autobiographies. Conférences d'auteurs »], Saint-Pétersbourg, ООО « Контраст»,‎ , 600 p.
    • Voir pour une présentation de cet ouvrage : (ru) « Голоса из подполья » [« Voix du sous-sol »], sur Радио Свобода,‎ (consulté le ).

Liens externes modifier

  • (ru) « Poèmes de Leonid Tchertkov », sur Неофициальная поэзия. Антология. Группа Черткова. (rvb.ru) [Poésie non officielle. Anthologie. Groupe de Tchertkov] (consulté le ) ;
  • (ru) « Соль земли » [« Sel de la terre »], sur Anthologie du samizdat (antology.igrunov.ru) (consulté le ).