Les Femmes et le Secret

Fable de La Fontaine

Les Femmes et le Secret est la sixième fable du livre VIII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678. Elle traite de la propagation de la rumeur.

Les Femmes et le Secret
Image illustrative de l’article Les Femmes et le Secret
Gravure de Pierre-Étienne Moitte d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

La Fontaine prend comme source le texte d'Abstémius "De l'homme qui avait dit à son épouse qu'il avait pondu un œuf" (Hecatonmythium, CXXXIX).

Résumé de la fable modifier

La Fontaine dénonce la vitesse à laquelle se propage et s'exagère un secret ainsi que le fait que les femmes, et certains hommes, ne sachent pas le garder : « Rien ne pèse tant qu'un secret/Le porter loin est difficile au dames/ Et je sais même sur ce fait/Bon nombre d'hommes qui sont femmes. » (vers 1 à 4). La fable raconte l'histoire d'un homme qui pour éprouver son épouse lui fait croire qu'il vient de pondre un œuf tout en lui demandant de garder le secret ; le fabuliste montre qu'en une journée un nombre considérable de personnes est au courant.

Illustrations modifier


Mise en musique modifier

  • Pierre Vachon : Les Femmes et le Secret, comédie en 1 acte mêlée d'ariettes, sur un livret de A-F Quétant, d'après la fable de La Fontaine (créée le à la Comédie-italienne de Paris).

Texte de la fable modifier

Rien ne pèse tant qu'un secret :
Le porter loin est difficile aux dames ;
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes.
Pour éprouver la sienne un mari s'écria,
La nuit étant près d'elle : " Ô Dieux ! qu'est-ce cela ?
Je n'en puis plus ! on me déchire !
Quoi ? j'accouche d'un œuf ! - D'un œuf ? - Oui, le voilà
Frais et nouveau pondu. Gardez bien de le dire :
On m'appellerait poule. Enfin n'en parlez pas. "
La femme neuve[N 1] sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.
Mais ce serment s'évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L'épouse indiscrète[N 2] et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé ;
Et de courir chez sa voisine.
Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé ;
N'en dites rien surtout, car vous me feriez battre :
Mon mari vient de pondre un œuf gros comme quatre.
Au nom de Dieu gardez-vous bien
D'aller publier[N 3] ce mystère.
- Vous moquez-vous ? dit l'autre : Ah ! vous ne savez guère
Quelle[N 4] je suis. Allez, ne craignez rien. "
La femme du pondeur[N 5] s'en retourne chez elle.
L'autre grille[N 6] déjà de conter la nouvelle ;
Elle va la répandre en plus de dix endroits.
Au lieu d'un œuf elle en dit trois.
Ce n'est pas encore tout, car une autre commère
En dit quatre, et raconte à l'oreille le fait,
Précaution peu nécessaire,
Car ce n'était plus un secret.
Comme le nombre d'œufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d'un cent.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Les Femmes et le Secret, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 299

Notes modifier

  1. sans expérience
  2. Celui qui ne sait pas garder un secret (dictionnaire de Furetière)
  3. rendre public
  4. Quelle femme
  5. Mot créé par La Fontaine
  6. brûle, désire vivement

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