Rochambelles

conductrices ambulancières de l'unité Rochambeau qui faisait partie de la 2e DB du général Philippe Leclerc pendant la 2e Guerre mondiale
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Les volontaires françaises du Groupe Rochambeau fondé par Florence Conrad à New York en 1943 pour conduire des ambulances sont surnommées Rochambelles[1]. Cette unité d'ambulancières a été intégrée au sein de la 2e division blindée (2e DB) du général Philippe Leclerc pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles participent aux combats de la Libération en transportant les blessés de la division dans les hôpitaux militaires les plus proches. Au total, le groupe Rochambeau a compté une cinquantaine de femmes. Certaines d'entre elles poursuivront leur engagement jusqu'en Indochine.

Insigne des Rochambelles.

Origine modifier

En 1940, Florence Conrad, une Américaine francophile qui vivait en France[2] et avait déjà participé à des actions sociales et sanitaires pendant la Première Guerre mondiale[3],[4] puis au début de la Seconde Guerre mondiale sur la ligne Maginot, retourne à New York, y rassemble des fonds et achète dix-neuf ambulances neuves, des Dodge WC54. Elle recrute douze femmes françaises vivant à New York, dont Suzanne Torrès, qui sera son lieutenant, et crée une unité sanitaire qui prend le nom d'unité Rochambeau, en hommage au comte de Rochambeau, héros français de la guerre d'indépendance des États-Unis. Florence Conrad dirige le groupe Rochambeau de sa formation en Afrique du Nord jusqu’à la Libération de Paris. Suzanne Torrès lui succède et mène l'unité de la 2e DB en Alsace-Lorraine puis jusqu’à Berchtesgaden.

Parcours des volontaires féminines du groupe Rochambeau modifier

Le groupe arrive au Maroc à Rabat en septembre 1943[3],et s'installe à bord d'une péniche sur le Bouregreg[3]. 25 nouvelles jeunes femmes, Françaises pour la plupart, s'engagent, dont Rosette Peschaud[5]. D'autres Rochambelles s'engageront aussi en Angleterre ou en France[3].

Le général Leclerc, s'il est a priori peu enthousiasme à l'idée d'intégrer des volontaires féminines, se laisse intéresser par la perspective de disposer de dix-neuf ambulances neuves[6],[7],[8]. Il intégre en définitive ce groupe féminin[5] à la 2e division blindée (1re compagnie médicale du 13e bataillon médical), et fait accepter par son armée la présence de ces femmes qui veulent être considérées comme des soldats[6].

Elles rejoignent l'Angleterre par convoi sur le paquebot Capetown Castle entre le et le , débarquent en Normandie à Utah Beach dans la nuit du 4 au , participent à la campagne de Normandie, à la Libération de Paris le et effectuent les campagnes de Lorraine et d'Alsace[5]. Elles vont jusqu'en Allemagne, dont certaines vont jusqu'à Berchtesgaden, où se situe le Berghof, la résidence d'été d'Hitler, et le Kehlsteinhaus (le « Nid d'aigle »)[6].

Après la Libération, quelques Rochambelles poursuivent leur engagement pendant la guerre d'Indochine et certaines débarquent à Saïgon dès le 15 octobre 1945[9].

Postérité modifier

La Française Liliane Valter, considérée comme la dernière des « Rochambelles », meurt en 2019 à 95 ans[10].

La Rochambelle, une course-marche féminine de 5 km au profit de la lutte contre le cancer organisée tous les ans à Caen depuis 2006, est nommée ainsi en hommage aux Rochambelles, les ambulancières rattachées à la 2e division blindée du général Leclerc pour la libération de la France en 1944.

À l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement de Normandie, Raymonde Jeanmougin, ambulancière du groupe Rochambeau, a été la marraine de la 9e édition de la Rochambelle en 2014. Elle avait 21 ans lorsqu’elle a rejoint la 2e DB du général Leclerc comme ambulancière et débarqué à Utah Beach en août 1944 avec 43 autres Rochambelles. Elle est décédée le 19 avril 2018 à l’âge de 96 ans[11].

En 2018, Romane Pezet, petite-nièce de Marie-Thérèse Tarkoy-Pezet, ancienne rochambelle, réalise un court métrage en son honneur, intitulé Les Rochambelles ou l'histoire oubliée, produit par l'association Le Halguen Production, basée à Vannes[12],[13],[14].

En 2021, Karine Lebert a publié un roman en hommage aux Rochambelles[15].

Références modifier

  1. Élodie Jauneau, « Images et représentations des premières soldates françaises (1938-1962) », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 30 | 2009, mis en ligne le 15 décembre 2012, consulté le 13 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/clio/9481 ; DOI : https://doi.org/10.4000/clio.9481
  2. Frédéric De Monicault, « Les Rochambelles, d’Ellen Hampton: les héroïnes de la 2e DB », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  3. a b c et d Elisabeth Lesimple, « Les Rochambelles - Ambulancières », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 3696-3697.
  4. Rosette Peschaud, L'épopée des Rochambelles, témoignage audio, 16 juin 2001, 22 min 40 sec. [MP3].
  5. a b et c « Mort de la Rochambelle Rosette Peschaud », ”Le Monde”,‎ (lire en ligne).
  6. a b et c Jean Planchais, « "Quand j'étais rochambelle" de Suzanne Massu », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. Suzanne Massu, Quand j'étais Rochambelle, Paris, Grasset, .
  8. Rosette Peschaud, Le « parcours d’une Rochambelle » dans la 2e D.B., vidéo, 2015, 14:16, Association des Amis de la Fondation de la Résistance – Mémoire et Espoirs de la Résistance (MER).
  9. Élodie Jauneau, «  Des femmes dans la 2e division blindée du général Leclerc. Le Groupe Rochambeau : un exemple de féminisation de l'Armée française  »,  Travail, genre et sociétés, no 25,‎ , p. 99-123 (DOI 10.3917/tgs.025.0099, lire en ligne).
  10. Frédéric De Monicault, « Décès de Liliane Valter, dernière Rochambelle de la division Leclerc », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  11. La Rochambelle, Course féminine contre le cancer, Caen, 2006.
  12. « Marie-Thérèse Tarkoy-Pezet a fêté ses 102 ans », ouest-france.fr, 29 juin 2015.
  13. « La Résistante Marie-Thérèse Tarkoy est décédée », ouest-france.fr, 20 juillet 2017.
  14. « Le Halguen Production prépare son second film », ouest-france.fr, 4 janvier 2019.
  15. Karine Lebert, Pour l'honneur des Rochambelles, Presses de la Cité, .

Bibliographie modifier

  • Florence Conrad, Camarades de combat, New York, Brentano's, 1942.
  • Suzanne Massu, Quand j'étais Rochambelle, Paris, Grasset, 1969.
  • Suzanne Massu, Un commandant pas comme les autres, Paris, Fayard, 1971.
  • Édith Vézy, Gargamelle, Mon ambulance guerrière, 2e DB, Paris, l'Harmattan, 1994.
  • Zizon Bervialle, Au volant de Madeleine-Bastille, Paris, Caravane.
  • Marie-Gabrielle Copin-Barrier, Marguerite ou La vie d'une Rochambelle, Paris, l'Harmattan, 2001.
  • Ellen Hampton (trad. de l'anglais par Claude Urraca), Les Rochambelles, des femmes au front : Les ambulancières de la France combattante 1943-1945 [« Women of Valor: The Rochambelles on the WWII Front »], Tallandier, (ISBN 979-10-210-5107-2).
  • Joseph Muller, L'amour des dames pour la France, Issy-les-Moulineaux, Muller édition, 2004.
  • Pauline Brunet, Les Rochambelles, Ambulancières de la Division Leclerc 1943-1945, Memorabilia, 2021.

Article connexe modifier

Liens externes modifier