Les Trois Petits Cochons (film)

film sorti en 1933

Les Trois Petits Cochons (Three Little Pigs en VO) est un court métrage d'animation américain de la série Silly Symphonies réalisé par Burton Gillett et produit par les studios Disney en 1933. Il est basé sur le conte folklorique Les Trois Petits Cochons.

Les Trois Petits Cochons

Titre original Three Little Pigs
Réalisation Burt Gillett
Scénario Boris V. Morkovin
Sociétés de production Walt Disney Productions
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Animation
Durée 8 min 42 s
Sortie 1933

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Il a donné lieu à trois suites : Le Grand Méchant Loup (1934), Les Trois Petits Loups (1936) et Le Cochon pratique (1939) ainsi qu'à un grand nombre de bandes dessinées mettant en scène le personnage du Grand Méchant Loup sous le nom de Grand Loup.

Synopsis

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Trois petits cochons construisent respectivement des maisons de paille, de bois et de briques. Le grand méchant loup détruit en soufflant les deux premières avant de se heurter à la solidité de la troisième dans laquelle se sont réfugiés les trois cochons, il souffle encore jusqu'à en perdre son pantalon. Il tente alors de s'introduire par la cheminée mais Naf-Naf, le plus sage des petits cochons, l'ayant entendu, ajoute de la térébenthine dans une grande marmite d'eau bouillante. Le loup descend et s'assoit dans la marmite. Il trempe ses fesses dans l'eau bouillante ; de douleur il crie, saute et s'enfuit dans la forêt, traînant son derrière au sol en hurlant tandis que les petits cochons sauvés rient de cette infortune.

Fiche technique

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Distribution

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Voix originales

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Voix françaises

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Distinctions

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Production

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Origines

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Cette version de l'histoire est adaptée du conte transcrit en 1853 par James Halliwell mais utilise le traitement narratif utilisé par Andrew Langman dans The Green Fairy Book (1892)[1].

Personnages

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Les studios Disney ont donné des noms à chacun des trois cochons :

  • Fifer Pig (en français, Nouf-Nouf), le cochon jouant du fifre qui habite la maison de paille ;
  • Fiddler Pig (en français, Nif-Nif), le cochon violoniste qui habite la maison de bois ;
  • Practical Pig (en français, Naf-Naf), le cochon « pratique » mais aussi terre-à-terre, maçon et agriculteur, qui habite la maison de briques.

D'après les studios Disney, les trois petits cochons auraient pour cousin le personnage de Peter Pig, apparu aux côtés de Donald Duck dans la Silly Symphony, Une petite poule avisée (1934). Si en version originale anglaise les cochons sont désignés par leur instrument ou leur qualité (« Fifer » le flûtiste, « Fiddler » le violoniste et « Practical » celui avec le sens pratique), la version française a privilégié la sonorité des noms, principe repris par la suite avec, entre autres, Riri, Fifi et Loulou ou Lili, Lulu et Zizi. De plus, les cochons ne sont pas présentés dans le même ordre que celui de l'histoire originale : Nif-Nif (Fiddler Pig) est chronologiquement le deuxième, Naf-Naf (Practical Pig) le troisième et Nouf-Nouf (Fifer Pig) le premier.

Animation

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Les scènes-clés avec les cochons ont été animées par Fred Moore connu pour son habileté à dessiner des personnages « mignons », les scènes de danses par Dick Lundy, spécialiste du genre. Jack King anima la séquence de Naf-Naf au piano. Norman Ferguson, rodé sur l'animation de Pluto, traita le Grand Méchant Loup, adaptant les mouvements expressifs des yeux du chien au loup et Art Babbitt réalisa des animations supplémentaires pour les deux scènes du loup, les deux captures et la chute du loup dans le chaudron[1],[8],[9].

Musique et chansons

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Le thème principal du film, Qui craint le grand méchant loup ? ou Who's Afraid of the Big Bad Wolf en version originale, a été composée par Frank Churchill sur des paroles d'Ann Ronell[2].

Deux des trois petits cochons sont doublés par des femmes comme c'est souvent le cas pour les voix d'enfants : Dorothy Compton et Mary Moder, membres du trio The Rhythmettes ayant déjà participé à plusieurs Silly Symphonies[1]. Quant à Billy Bletcher et Pinto Colvig, ils sont respectivement les voix originales de Pat Hibulaire et Dingo.

Sortie et accueil

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La première du film Les Trois Petits Cochons a lieu le au Radio City Music Hall de New York, en première partie d’Elmer the Great de Mervin LeRoy. Le public est moyennement amusé[9]. Un critique se serait plaint qu'après L'Arche de Noé (1933), le studio Disney soit en déficit car Les Trois Petits Cochons ne compte que quatre animaux[9]. La première à Los Angeles a lieu le au Loew's State en première partie d'Arizona to Broadway de James Tinling. Mais ce n'est qu'après sa sortie nationale que le succès devient immense[9], prenant par surprise Walt Disney qui ne considérait le film que comme une histoire de plus[9].

Dès , Roy O. Disney est contacté par Saul Bourne, alors agent du compositeur Irving Berlin et directeur de la Irving Berlin Music, société de gestion des droits indépendante des grandes maisons d'éditions phonographiques[10], qui lui propose de gérer également les droits associés aux musiques des Silly Symphonies, ce que Disney accepte[11].

Devant le succès, United Artists demande à Disney de faire plaisir au public en leur donnant encore plus de « petits cochons »[12],[13]. Deux autres films sont ainsi réalisés : Le Grand Méchant Loup en 1934 et Les Trois Petits Loups en 1936[13]. Si le studio Disney ne reçoit qu'une faible recette des exploitants de salles de cinéma : moins de 60 000 USD[14], Les Trois Petits Cochons deviennent l'une des premières « folies commerciales » générées par le studio (Steven Watts la compare à celle de Davy Crockett dans les années 1950[15], musique comprise[16]).

Analyse

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Pour Neil Sinyard, c'est le court métrage d'animation le plus connu[9]. Pour Russel Merritt et J. B. Kaufman, ce court métrage caractérise le mieux de développement de la « personnalité d'animation[8] ». Il marque pour Dave Smith une étape dans cette « personnification » et dans l'utilisation de la musique[5]. Sinyard, Merritt et Kaufman associent le succès du film au fait que des animateurs de talents ont travaillé dans le domaine qu'ils maîtrisaient le mieux pour concevoir des personnages très expressifs[9],[8].

Disque de Who's Afraid of the Big Bad Wolf? (1932)

L'animateur Chuck Jones, figure du studio rival de Disney Warner Bros, explique[9] : « avec Les Trois Petits Cochons, le public découvre pour la première fois des personnages vivants. Ce n'est plus comme dans Steamboat Willie un méchant grand et gros et un petit gentil. Là il y a trois cochons bien distincts par l'apparence et par leur comportement. » Pour Sinyard, la chanson Qui a peur du grand méchant loup ? (Who's afraid of Big Bad Woolf) est devenue un hymne pour la population américaine confrontée à la Grande Dépression[9]. Le message de la chance, la chance sourit aux travailleurs, est similaire à celui de la comédie musicale 42e Rue (1933)[12].

Sinyard analyse le succès du film et considère qu'il tient dans deux qualités qui apparaissent rarement dans les productions postérieures de Disney, la contemporanéité et l'ambigüité[12]. Il est souvent de manière malencontreuse et indirecte étudié comme une vision de la société contemporaine bien que le studio n'a jamais voulu faire un film ayant un intérêt aussi immédiat[12]. Sinyard accepte cette double lecture du film, d'un côté le divertissement, de l'autre une morale sur la vertu du travail, voire pour certains l'esprit du New Deal lancé par Franklin Delano Roosevelt[12]. Il considère que cette ambivalence provient de la personnalité même de Walt Disney durant cette période, un conservateur né mais adepte du progrès qui prenait des risques et cherchait l'innovation tant dans son métier que dans la vie[12].

Le film a été censuré après sa sortie[Quand ?]. Une scène où le Loup se déguise en vendeur de brosse avec un masque le faisant ressembler à une caricature de juif a été jugée antisémite et fut modifiée par la suite (le Loup ne porte plus que des lunettes)[17]. Critiqué pour cette caricature du colporteur juif, le studio Disney a toutefois présenté de nombreux personnages adorables de juif typique tel que l'Oncle Albert dans Mary Poppins, le chef des pompiers dans Monte là-d'ssus (1961), le juge du concours agricole dans Après lui, le déluge (1963) ou le fabricant de jouets dans Babes in Toyland (1961) interprété par Ed Wynn[18].

Réutilisations

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Ce film est le second court métrage de la série Silly Symphonies à avoir été adaptée en bandes dessinées en [19]. En raison de sa récompense aux Oscars, ce court métrage a été diffusé avec quatre autres Silly Symphonies dans la compilation Academy Award Review of Walt Disney Cartoons[20], sortie le [21].

Il a aussi été l'objet d'un remake de propagande, sorti le , The Thrifty Pig, avec le loup en nazi essayant de détruire la maison qu'un des cochons a construit avec les bons de guerre canadiens[22].

À la fin du film, le cochon pratique déverse un bidon de turpentine (essence de térébenthine) dans le chaudron du foyer pour empêcher le loup de venir. Comme le fait remarquer Jean-Louis Leutrat[23], « c'est ce produit/terme qui sera utilisé un peu en hommage dans Qui veut la peau de Roger Rabbit, traduit en « trempette », pour désigner la solution permettant de tuer les personnages de dessin animés ».

La chanson Qui a peur du grand méchant loup (Who's afraid of Big Bad Woolf) chantée par les petits cochons est reprise à plusieurs reprises dans la pièce de théâtre Qui a peur de Virginia Woolf ? (Who's afraid of Virginia Woolf) d'Edward Albee en 1963 et a donné, par dérision, son nom à cette pièce.

Le court métrage comprenait à l'origine une scène dans laquelle le personnage du Grand Méchant Loup se déguise en colporteur juif stéréotypé avec un faux nez, des lunettes et un déguisement de barbe ; la voix de l'acteur prend alors un accent yiddish et la musique intègre un violon. Cette scène est devenue plus controversée après la Seconde Guerre mondiale et a finalement été modifiée lors de la première réédition en septembre 1948, avec une nouvelle conception du déguisement du loup en homme à la brosse à foulon, mais sans le déguisement, pour le rendre moins offensant, et le dialogue est passé de "Je suis l'homme à la brosse à foulon... je donne un échantillon gratuit !" à "Je suis l'homme à la brosse à foulon... je travaille pour aller à l'université..." en utilisant une voix d'idiot

En 1989, le jeu vidéo Les trois petits cochons s'amusent est publié par Coktel Vision sur DOS, Amiga, Atari ST.

Titres en langues étrangères

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Source : IMDb[4]

Autour du film

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  • La version française de Qui a peur du grand méchant loup ? fut interprétée pour la première fois par Georges Milton.
  • On peut apercevoir sur le mur de la maison de pierre les portraits de la mère (Mother) et du père (Father) des trois petits cochons, représentant respectivement une truie allaitant sept porcelets et un chapelet de saucisses ou une cuisse de porc.
  • Le court métrage a été adapté en jeu vidéo par Coktel Vision sous le titre Les Trois Petits Cochons s'amusent.

Notes et références

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  1. a b c d e et f (en) Russel Merritt & J.B. Kaufman, Walt Disney's Silly Symphonies, p. 124
  2. a et b « Who's Afraid of the Big Bad Wolf », sur ASCAP (consulté le )
  3. Notice BNF
  4. a et b « Three Little Pigs (1933) » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  5. a et b (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 553-554
  6. « La Dépêche, 28 juillet 1933 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
  7. Planète Jeunesse - Silly Symphonies
  8. a b et c (en), Russel Merritt and J. B. Kaufman, Walt Disney's Silly Symphonies, p. 39
  9. a b c d e f g h et i (en) Neil Sinyard, The Best of Disney, p. 22.
  10. (en) Jimmy Johnson, Inside the Whimsy Works, p. 57
  11. (en) Jimmy Johnson, Inside the Whimsy Works, p. 58
  12. a b c d e et f (en) Neil Sinyard, The Best of Disney, p. 23.
  13. a et b (en) Russel Merritt & J.B. Kaufman, Walt Disney's Silly Symphonies, p. 140
  14. (en) Bob Thomas, Disney's Art of Animation : From Mickey Mouse to Beauty and the Beast, p. 66
  15. (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 314
  16. (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 315
  17. « Disney passe aux Noirs et Blancs »
  18. (en) Douglas Brode, Multiculturalism and the Mouse, p. 103.
  19. (en) Base INDUCKS : {{{Code}}}The Big Bad Wolf
  20. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 3
  21. « Academy Award Review of Walt Disney Cartoons » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  22. Sébastien Roffat, Animation et Propagande, éditions l'Harmattan, 2006
  23. Jean-Louis Leutrat, L'Analyse des films aujourd'hui, Presses Sorbonne-Nouvelle, 1994, p. 181

Liens externes

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