Pesach Liebmann Hersch (né le et mort le ), également connu sous le nom de Liebman Hersh (ליבמאן הערש), est professeur de démographie et statistiques à l'Université de Genève[1] et un intellectuel membre du Bund [2] (mouvement social démocrate juif crée en 1897 à Vilna). Son travail pionnier sur l'émigration juive lui ont valu une reconnaissance internationale[3].

Liebmann Hersch
Biographie
Naissance
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Pamūšis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
GenèveVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activité
Enfants
Jeanne Hersch
Joseph Hersch (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique

Biographie modifier

Liebmann Hersch est né dans la petite ville lituanienne de Pamūšis, dans le district de Šiauliai, à l'époque province de l'Empire russe. Il est le fils de Meyer Dovid Hersch (1858–1933) et de Hannah-Dvorah Hersch (née Blumberg; 1860–1890). Le père de Liebmann est un "maskil" ( juif des lumières) , un journaliste qui a publié des articles dans la presse hébraïque notamment dans Ha-Maggid (en) et Ha-Melitz (en)[4]. Liebmann est l'aîné des six fils. Peu après sa naissance (un ou deux ans) sa famille s'installe dans le village natal de son père Joniškis (Yanishok) où naquit un jeune frère en 1884. Ils déménagent à nouveau à Šiauliai (Shavel), la ville natale de sa mère . Là entre 1886 et 1890, naissent quatre autres garçons. La mère de Liebmann meurt en 1890, à l'âge de 30 ans, sept semaines après avoir donné le jour à son plus jeune enfant[5].

En 1891 Meyer Dovid Hersch part pour l'Afrique du Sud, où il travaille comme correspondant de la presse hébraïque d'Europe de l'Est. Durant le séjour de quatre ans de leur père en Afrique du Sud, Liebmann et ses frères ont été pris en charge par un enseignant de la ville[4]. Le père de Liebmann revint à Šiauliai en 1895 (pour la Bar Mizwah de Liebmann). La même année il se remarie avec Ita Melamed Hersch (1871–1958). La famille s'installe alors à Varsovie[6], où Liebmann poursuit sa scolarité et participe aux activités de la jeunesse sioniste[4].

Liebmann Hersch étudie les mathématiques à l'Université de Varsovie. Par suite de son engagement dans une activité militante anti-tsariste il est obligé de quitter Varsovie. Il part alors à Genève en 1904. En 1905 il rejoint l'Union générale des travailleurs juifs de Pologne (en) (Yiddish: Algemeyner Yidisher Arbeter Bund), ou simplement Bund—fondé en 1897[4]. Influencé par les débats internes au Bund concernant l'économie et le futur politique des Juifs d'Europe de l'Est, Hersch axe ses recherches sur les causes et les caractéristiques de l'émigration juive[7].

À l'Université de Genève Liebmann Hersch étudie la sociologie. Il passe sa licence en 1908. Il obtient son doctorat en 1913 pour son travail sur l'émigration des juifs d'Europe de l'Est Le Juif errant d'aujourd'hui publié en français, qui est lauréat du prix de géographie de la même Université. Une édition révisée est publiée l'année suivante en yiddish sous le titre Di yidishe emigratsie (L'émigration juive)[7]. Privat-docent de cette université depuis 1909, il est nommé professeur extraordinaire en 1915 puis professeur ordinaire en 1921[4], titulaire de la chaire de Démographie et Statistiques.

Il publie nombre d'articles dans le cadre du Bund qui traitent des problèmes politiques et sociaux. Écrits en polonais, en russe mais principalement en yiddish, ses articles mettent particulièrement l'accent sur l'émigration et les problèmes nationaux du judaïsme[2].

Dans les années 1920, Hersch étudie particulièrement la situation présente des Juifs d'Europe. En 1927 il publie une étude critique du Sionisme en trois volets dans le journal yiddish Di Tsukunft, étude établie sur des données statistiques et démographiques. Sur la base de cette étude il écrit son ouvrage La population de la Palestine et les perspectives du Sionisme, publié tout d'abord à Varsovie en yiddish en 1928, et traduit en français[8]. En 1931 l'article de Hersch "International Migration of the Jews," devenu un classique sur le sujet, apparaît dans la collection International Migrations (volume 2), éditée par Walter Willcox (en) et Ferenczi, et publié par le National Bureau of Economic Research à New York[7].

Dans les années 1930 la recherche menée par Liebmann Hersch comprend essentiellement des analyses statistiques quantitatives. Ainsi se basant sur les statistiques officielles de l’État Polonais, il publie en 1937 une étude en yiddish comparant la criminalité des Juifs et des non-Juifs en Pologne publiée à Vilna in 1937[9], puis en 1938 en français à la librairie Félix Alcan sous le titre Le Juif délinquant.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Liebmann Hersch déploie une intense activité pour aider les Juifs dans les territoires occupés par les nazis. En Suisse, il œuvre activement pour faire entrer en Suisse les socialistes juifs de France menacés de déportation. Grâce au réseau syndical et socialiste suisse (USS - Union syndicale suisse - et OSEO - œuvre socialiste d’entraide ouvrière) il a pu aider à faire entrer en Suisse plus d'une centaine de bundistes de France. Représentant en Suisse du Jewish Labor Committee[2], il organise l'aide financière envoyée par les travailleurs américains.

Par la publication en français et en allemand de son ouvrage Mon Judaisme (Mein Judentum) , il aide de nombreux juifs réfugiés dans les camps suisses à trouver une réponse à la simple question : que veut dire être juif.

Toujours intéressé par les problèmes des jeunes et leur éducation il est membre du Bureau Exécutif de l' Union ORT (Organisation reconstruction travail), et de l'Œuvre de secours aux enfants (OSE)[10].

Après la guerre, Liebmann Hersch continue ses activités scientifiques, militantes et personnelles.

Depuis plusieurs années vice-président de l'Union pour l’Étude scientifique de la Population, il en est élu Président en 1949, poste auquel il succède à Adolphe Landry. En 1954 Hersch est élu Président de la Conférence mondiale sur la population organisée à Rome par les Nations unies (quatrième conférence internationale pour la démographie et les statistiques)[9],[11],

Durant cette période il voyage beaucoup.

Hersch se rend pour la première fois en Palestine en 1947 invité à participer au Congrès mondial pour les études juives à l'Université de Jérusalem. Il décrit la Palestine comme un a "joyau sur un volcan." Il devient plus conciliant avec le Sionisme que ne l'était officiellement le Bund et défendait des réalisations du Yishuv[12].

Il effectue un long voyage en Amérique du Sud où il rend visite aux bundistes d'Uruguay, d'Argentine et du Brésil. Il rend visite à sa famille en Afrique du Sud en 1952[5] qu'il n'avait pas revue depuis 1903.

Pendant les dix dernières années de sa vie, il a une activité politique au sein du Bund d'après guerre (International Jewish Labor Bund (en)) : Membre du Comité international de coordination, L. Hersch représente le parti aux congrès et au comité exécutif de l'Internationale socialiste. Il participe aux deux premiers congrès de l'après-guerre à Bruxelles en 1947 puis New-York en 1948. Il se rend à Montréal en pour participer au troisième congrès. Malade, il renonce à participer aux débats. Le président du Bund, et ami de longue date de Liebmann Hersch, Emanuel Nowogrodzki (en) lira le discours de Liebmann.

De retour en Suisse, Liebmann Hersch s'éteint quelques semaines plus tard.

Vie familiale modifier

Liebmann Hersch est marié à Liba Hersch (née Lichtenbaum), de Warsaw. De leur union naissent Jeanne (1910), Irène (1917) et Joseph (1925). Jeanne Hersch est devenue une philosophe reconnue qui a enseigné à l'Université de Genève et a occupé à l'Unesco le poste de directrice de la philosophie..

Ecrits modifier

  • Le Juif errant d'aujourd'hui : étude sur l'émigration des israélites de l'Europe orientale aux États-Unis de l'Amérique du Nord. Paris : Giard & Brière, 1913
  • La population de la Palestine et les perspectives du sionisme. Rom : Amministrazione del "Metron", R. Università, Instituto de statistica e politica economica, 1928
  • Le Juif délinquant; étude comparative sur la criminalité de la population juive et non-juive de la République polonaise. Paris : F. Alcan, 1938
  • Mon Judaïsme (le Judaïsme vu par un positiviste juif). Genève 1941.

Références modifier

  1. "Dr. Liebman Hersh" [obituary]. New York Times, 11 June 1955.
  2. a b et c Mishkinsky, Moshe. "Hersch, Pesach Liebman." Encyclopaedia Judaica. 2nd ed. Vol. 9. Detroit: Macmillan Reference USA, 2007. 42.
  3. Alroey, Gur. "Demographers in the Service of the Nation: Liebmann Hersch, Jacob Lestschinsky, and the Early Study of Jewish Migration." Jewish History 20. 3/4 (2006): 265–282; here: 270, 276. doi: 10.1007/s10835-006-9006-3
  4. a b c d et e Alroey, 270.
  5. a et b Hersch, Meyer Dovid. The Writings of Meyer Dovid Hersch (1858–1933): Rand pioneer and historian of Jewish life in early Johannesburg. Johannesburg: Ammatt Press, 2005. 23.
  6. Levy, Joshua. "Ita Hersch" [biographical note, in connection with an excerpt from Levy's translation of a memoir by Ita Hersch, My Childhood in Trishik]. LitvakSIG (Lithuanian-Jewish Special Interest Group), www.litvaksig.org.
  7. a b et c Alroey, 271.
  8. Alroey, 273.
  9. a et b Alroey, 275–276.
  10. Jewish Telegraphic Agency Daily News Bulletin, 13 June 1955
  11. Notestein, Frank W. "World Population Conference Rome, August 31 – September 10." Population Index 20.4 (October 1954): 241–248; here: 242–243.
  12. Slucki, David (2010). Here-ness, there-ness, and everywhere-ness: the Jewish Labour Bund and the question of Israel, 1944-1955. Journal of Modern Jewish Studies, 9(3): 349-368.

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