Ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda

ligne ferroviaire algérienne

La ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda, ou ligne de Oued Tlelat à Oujda, est une ancienne ligne ferroviaire algérienne qui reliait Sainte-Barbe-du-Tlélat (actuelle Oued Tlelat), dans le nord-ouest de l'Algérie, à Oujda, dans le nord-est du Maroc.

Ligne de
Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda
Image illustrative de l’article Ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda
Localisation de la ligne de Oued Tlelat à Oujda dans le nord-ouest de l'algérie.
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie,
Drapeau du Maroc Maroc
Villes desservies Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Oujda
Historique
Mise en service 1877 – 1911
Concessionnaires OA (1877 – 1921)
PLM-A (1921 – 1938)
OCFA (1938 – 1960)
SNCFFA (1960 – 1963)
SNCFA (1963 – 1976)
SNTF (depuis 1976)
Caractéristiques techniques
Longueur 222,106 km
Écartement standard (1,435 m)
Nombre de voies simple voie

Longue de 222,106 km, dont 14,706 km au Maroc, la ligne est mise en service en plusieurs étapes entre 1877 et 1911.

La section marocaine, entre Oujda et la frontière entre l'Algérie et le Maroc est fermée en 1994. En 2010, la section entre Oued Tlelat et Tabia est intégrée à la nouvelle ligne de Oued Tlelat à Béchar et la section entre Tabia et la frontière forme l'actuelle ligne de Tabia à Akid Abbes.

Histoire

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Dans le cadre du deuxième plan de chemins de fer en Algérie de 1874, la Compagnie de l'Ouest algérien obtient le la concession de la ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat (actuelle Oued Tlelat) à Sidi Bel Abbès. Cette ligne, longue de 51,678 km, est mise en service le [1],[2].

Le , la compagnie obtient la concession de la ligne ferroviaire de Sidi Bel Abbès à Magenta (actuelle El Haçaiba) avec prolongement jusqu'à Bedeau (actuelle Ras El Ma) et Crampel (actuelle Redjem Demouche). La nouvelle ligne de Sidi Bel Abbès à Crampel prolonge celle de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Sidi Bel Abbès pour former la ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Crampel longue de 151,585 km. La section de Sidi Bel Abbès à Tabia est mise en service le , celle de Tabia à Crampel se fera par étape de 1883 à 1885[1].

Le , la compagnie de l'Ouest algérien obtient la concession de la ligne ferroviaire de Tabia à Tlemcen via Lamoricière (actuelle Ouled Mimoun). Cette nouvelle ligne est mise en service par étapes :

  • de Tabia à Aïn Tellout, le  ;
  • de Aïn Tellout à Lamoricière, le  ;
  • de Lamoricière à Aïn Fezza, le
  • de Aïn Fezza à Tlemcen, le .

La loi du concède à la compagnie de l'Ouest algérien le prolongement de la ligne de Tabia à Tlemcen jusqu'à Oujda, au Maroc, quelques kilomètres après la frontière algéro-marocaine. Ce prolongement est mise en service par étapes :

  • de Tlemcen à Turenne (actuelle Sabra), le  ;
  • de Turenne à Marnia (actuelle Maghnia), le  ;
  • de Marnia à Zoudj Beghal (actuelle Akid Abbes),  ;
  • de Zoudj Beghal à Oujda, le .

La mise en service de ce dernier prolongement entraîne une réorganisation des lignes au sud d'Oran :

  • la section de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Tabia, de la ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Crampel, et la ligne de Tabia à Oujda sont réunies pour former la nouvelle ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda ;
  • la section de Tabia à Crampel, de la ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Crampel, devient une ligne à part entière et forme la nouvelle ligne de Tabia à Crampel[3],[4].

Le , le déraillement d'un train de marchandises, transportant des légionnaires, a provoqué la mort de 56 légionnaires et de 5 cheminots. Le déraillement s'est produit au niveau du PK 163 de la ligne, entre les gares de Zelboun et Turenne (actuelle Sabra). Le train transportait 510 légionnaires en provenance de Sidi Bel Abbès et à destination du Maroc. L'accident a eu lieu dans une zone où étaient effectués des travaux d'entretien, mais une partie de la voie avaient été dégarnie et des traverses avaient été décalées[5].

En 1934, la ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda est connectée au réseau ferroviaire marocain à la suite de la mise en service de la ligne de Fès à Oujda. Cette interconnexion permet la mise en place de liaisons ferroviaires entre Casablanca, Oran et Alger et termine la réalisation de l'artère ferroviaire impériale d'Afrique du Nord, ligne longue de 2 280 km qui relie Casablanca, la capitale économique du Maroc, Alger la capitale de l'Algérie et Tunis, la capitale de la Tunisie via Oran et Constantine.

En 1994, la liaison ferroviaire entre l'Algérie est le Maroc est interrompue à la suite de l'attentat du 24 août 1994 dans l'hôtel Atlas Asni de Marrakech qui a entrainé la fermeture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc. À cette date, le terminus de la ligne devient la gare de Akid Abbes (anciennement Zoudj Beghal)[6].

En 2010, la section de la ligne de Oued Tlelat à Tabia est incorporée dans la nouvelle ligne de Oued Tlelat à Béchar ; la section de Tabia à Akid Abbes devient un une ligne à part entière pour former l'actuelle ligne de Tabia à Akid Abbes.

Dates de déclaration d'utilité publique et d'ouverture des sections de la ligne[7]
Section Longueur
(en km)
Date de
DUP(*)
Date
d'ouverture
Sainte-Barbe-du-Tlélat - Sidi Bel Abbès 51,678 km
Sidi Bel Abbès - Tabia 23,205 km
Tabia - Aïn Tellout 23,419 km
Aïn Tellout - Lamoricière 8,709 km
Lamoricière - Aïn Fezza 22,003 km
Aïn Fezza - Tlemcen 9,646 km
Tlemcen - Turenne 29,575 km
Turenne - Marnia 29,672 km
Marnia - Zoudj Beghal 9,493 km
Zoudj Beghal - Oujda 14,706 km

La ligne

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Caractéristiques

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Longue de 222,106 km, c'est une voie unique à écartement normal et non électrifiée.

Principalement établie dans la partie occidentale de l'Atlas tellien (extrême nord-ouest de l'Algérie), la ligne a un profil de moyenne montagne avec une alternance de secteurs montagneux sinueux (monts du Tessala et monts de Tlemcen) et de plaines (plaine de Sidi Bel Abbès, bassin de Tlemcen et plaine de l'Angad).

Le point de départ de la ligne, Sainte-Barbe-du-Tlélat, est le point le plus bas à une altitude de 138,650 m. Sur plus de la moitié de son parcours, la ligne a une ascension continue jusqu'à Aïn Fezza (PK 129,014) qui est son point culminant à 859,700 m d'altitude. À partir de Aïn Fezza, la ligne entame sa descente en direction d'Oujda (PK 222,106), située à une altitude de 543,700 m[8].

Profil en long de la ligne de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Oujda[2].

Le rayon minimum des courbes de raccordement est de 225 m. La pente ou rampe maximum par mètre est de 19 mm/m. Les longueurs des principales rampes ou pentes sont[2] :

  • rampe de 0 à 19 mm/m, sur 24,700 km, du PK 0, à la sortie de la gare de Sainte-Barbe-du-Tlélat (alt. 138,650 m), jusqu'àu col d'Ouled Ali (alt. 500 m) peu avant la gare de Oued Imbert, dans l'ascension des monts du Tessala ;
  • rampe de 7 à 16 mm/m, sur 7,500 km, du PK 118,500 au PK 126.6, entre les gares de Oued Chouly (alt. 733,900 m) et de Aïn Fezza (alt. 859,700 m), dans l'ascension des monts de Tlemcen ;
  • pente de 2 à 16 mm/m, sur 31,500 km, du PK 151,500 au PK 183,000, entre les gares de Aïn Douz (alt. 821,500 m) et de Sidi Medjahed (alt. 414,250 m), dans la descente des monts de Tlemcen.

La ligne a pour origine la gare de Sainte-Barbe-du-Tlélat (actuelle Oued Tlelat), gare établie à 139 m d'altitude à l'extrémité est de la plaine de Mlela et aux pieds de la partie orientale des monts du Tessala. Elle se débranche de la ligne d'Alger à Oran à la sortie est de la gare et se dirige vers le sud pour entamer immédiatement son ascension de l'Atlas tellien, en direction Sidi Bel Abbès.

La ligne remonte le cours de l'oued Tlela, sur une vingtaine de kilomètres jusqu'à la gare des Lauriers-roses (actuelle Djeniene Meskine). Puis elle franchit le col d'Ouled Ali (500 m d'altitude) pour entrer dans la plaine de Sidi Bel Abbès. Elle continue son parcours dans la plaine en remontant l'oued Mekerra jusqu'à la gare de Tabia où elle bifurque vers l'ouest en direction de Tlemcen en laissant à sa gauche la ligne de Tabia à Crampel se diriger vers le sud.

Le viaduc ferroviaire d'El Ourit, entre Aïn Fezza et Tlemcen.

Quittant Tabia, la ligne demeure dans la plaine de Sidi Bel Abbès sur une vingtaine de kilomètres jusqu'à Aïn Tellout. De là, elle longe les contreforts nord des monts de Tlemcen jusqu'à Oued Chouly où elle entame l'ascension du djebel Hanif pour atteindre le point culminant de la ligne au niveau de Aïn Fezza (859,700 m d'altitude). Dans sa descente du versant occidental du djebel Hanîf, qu'elle traverse par plusieurs tunnels, la ligne franchit l'oued Safsaf par le viaduc d'El Ourit (construit par Eiffel en 1890) qui surplombe les cascades éponymes.

Passé le Djebel Hanîf, la ligne entre dans la partie méridionale de la plaine de Tlemcen qu'elle parcourt sur quelques kilomètres à l'ouest de Tlemcen avant d'atteindre à nouveau les contreforts du versant nord des monts de Tlemcen. Une dizaine de tunnels et de hauts viaducs sont nécessaires pour traverser des avancées montagneuses (djebels Tamesguida et Taksempt) ou franchir les nombreux torrents du massif qui vont alimenter les affluents de l'oued Tafna que la ligne franchit peu avant la gare de Sidi Medjahed.

La ligne quitte la zone montagneuse au niveau de la gare de Tralimet pour descendre dans la cuvette de Maghnia (ou pleine de Maghnia) et atteindre la gare de la ville éponyme. À la sortie ouest de la gare, elle s'oriente vers le sud-ouest en direction de la gare de Zoudj-el-Beghal (actuelle gare de Akid Abbes) qui fait office de gare frontière. À l'entrée de cette gare, la ligne laisse à sa droite la ligne en direction de Nemours (actuelle Ghazaouet) filer vers le nord au travers du massif des Trara.

Passé le poste frontière, la ligne entre au Maroc et atteint Oujda avec un tracé rectiligne de près de quinze kilomètres dans la plaine de l'Angad. La gare d'Oujda est une gare en cul-de-sac, les trains en provenance ou à destination des gares des réseaux marocains (Fès, Tanger, Cassalanca ou Bouarfa) et algériens (Oran ou Alger, avant la fermeture de la frontière) y effectuent un rebroussement[8].

Tracé de la ligne de Oued Tlelat à Oujda.

Gares de la ligne

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La gare de Sainte-Barbe-du-Tlélat au début du XXe siècle.
La gare de Sidi Bel Abbès au début du XXe siècle.
La gare de Tlemcen en 2016.
La gare d'Oujda en 2010.
Gare[Note 1] Commune actuelle PK* Altitude[2]
Sainte-Barbe-du-Tlélat Oued Tlelat PK 0,000 138,650 m
Saint-Lucien Zahana PK 5,600 200,630 m
Lauriers-Roses Zahana PK 15,405 363,440 m
Oued Imbert Aïn El Berd PK 28,316 480,710 m
Les Trembles Sidi Hamadouche PK 35,885 393,360 m
Prudon Sidi Brahim PK 41,338 434,740 m
Sidi Bel Abbès Sidi Bel Abbès PK 51,678 483,170 m
Détrie Sidi Lahcene PK 57,747 500,080 m
Palissy Sidi Khaled PK 63,635 528,800 m
Boukanéfis Boukhanafis PK 70,601 586,340 m
Tabia Tabia PK 74,883 623,590 m
Taffamane Chettouane Belaila PK 87,583 680,500 m
Descartes Ben Badis PK 97,017 742,450 m
Aïn Tellout Aïn Tallout PK 98,302 729,200 m
Lamoricière Ouled Mimoun PK 107,011 715,000 m
Oued Chouly Oued Lakhdar PK 117,956 733,900 m
Aïn Fezza Aïn Fezza PK 129,014 859,700 m
Tlemcen Tlemcen PK 138,660 720,200 m
Mansourah Mansourah PK 143,250 805,000 m
Aïn Douz Beni Mester PK 150,472 821,500 m
Zelboun Beni Mester PK 153,641 800,500 m
Turenne Sabra PK 168,235 616,500 m
Sidi Medjahed Sidi Medjahed PK 184,275 414,250 m
Tralimet Sidi Medjahed PK 189,057 451,330 m
Marnia Maghnia PK 197,907 373,500 m
Zoudj Beghal Maghnia PK 207,400 443,500 m
Oujda Oujda PK 222,106 543,700 m

Notes et références

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  1. Les noms des gares mentionnées dans la première colonne du tableau sont les noms tels qu'ils ont été attribués à leur ouverture.

Références

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  1. a et b Jean Courau 1891.
  2. a b c et d Jacques Poggi 1931.
  3. P. Caufourier 1931.
  4. Pascal Bejui, Luc Raynaud et J-P Vergez-Larrouy 1992.
  5. Émile Pereire, « L'horrible catastrophe de Turenne », L'Écho de Tlemcen,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « AFRIQUE La tension entre Alger et Rabat L'Algérie décide la " fermeture intégrale " de sa frontière avec le Maroc », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  7. [[#Pascal BejuiLuc RaynaudJ-P Vergez-Larrouy1992|Pascal Bejui, Luc Raynaud et J-P Vergez-Larrouy 1992]].
  8. a et b Henri Lartilleux 1949.

Voir aussi

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
  • Jean Courau, Les Chemins de fer de l'Algérie-Tunisie : leur état actuel, leur histoire et leur avenir, Paris, Michelet, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • P. Caufourier, « Le réseau oranais de l'État (Algérie) », Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, t. LXIII, no 1630,‎ , p. 365-370 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Jacques Poggi, Les chemins de fer d'intérêt général de l'Algérie : aperçu historique, organisation actuelle, programme d'avenir, Paris, Larose, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Henri Lartilleux, Géographie des chemins de fer français : Troisième volume : Afrique du Nord, vol. 3, t. I, Édition Librairie Le Chaix, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Pascal Bejui, Luc Raynaud et J-P Vergez-Larrouy, Les chemins de fer de la France d'outre-mer : L'Afrique du Nord, le transsaharien, vol. 2, La Regordane, , 272 p. (ISBN 978-2906984134). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes

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