Patriarche latin de Jérusalem
Le patriarche latin de Jérusalem est l'un des patriarches catholiques orientaux. C'est le titre le plus ancien parmi tous les patriarches catholiques orientaux puisqu'il date de 1099 et le seul de rite latin.
En effet, après la prise de Jérusalem par les croisés en 1099, une structure religieuse, le patriarcat latin, est créée à Jérusalem en complément d’une structure temporelle, qui sera le royaume de Jérusalem.
Les patriarches pendant les Croisades
modifierLe patriarcat de Jérusalem est un des sièges épiscopaux les plus prestigieux de la chrétienté, les premiers titulaires ayant été Jacques le Juste et Siméon, les propres cousins du Christ. Lors de la prise de Jérusalem, le 15 juillet 1099, les croisés n’acceptent pas que ce siège soit tenu par un religieux de confession grecque-orthodoxe, membre d’une Église séparée de celle de Rome depuis le schisme de 1054 entre l'Orient et l'Occident. Les religieux croisés créent donc le 1eraoût 1099 le patriarcat latin de Jérusalem et en nomment le premier titulaire, Arnoul de Chocques. Jean VIII, le patriarche orthodoxe de Jérusalem, finit par se réfugier à Constantinople vers 1107, et l’un de ses successeurs ne reviendra à Jérusalem qu’en 1187.
Patriarches siégeant à Jérusalem (1099-1187)modifier | |||
Arnoul de Chocques († 1118) | élu le | déposé le 26 ou le | |
Daimbert Lanfranchi de Pise († 1105) | élu le 26 ou le | déposé en | |
Evremar de Thérouanne († 1129) plus tard archevêque de Césarée |
élu en | déposé en 1108 | |
Gibelin de Sabran († 1112) ancien archevêque d'Arles et légat du pape |
élu au printemps 1108 | mort le | |
Arnoul de Chocques († 1118) | élu le | mort le | |
Gormond de Picquigny († 1128) | élu en | mort fin 1128 | |
Étienne de Chartres († 1130) | élu fin 1128 | mort à l’automne 1130 | |
Guillaume Ier († 1145) | élu fin 1130 | mort le | |
Foucher d'Angoulême († 1157), ancien archevêque de Tyr | élu le | mort le | |
Amaury de Nesle († 1180) | élu 1157/1158 | mort le | |
Héraclius d’Auvergne († 1191) | élu le | mort en | |
Patriarches siégeant à Saint-Jean-d’Acre (1191-1291)modifierAprès la prise de Jérusalem en 1187, le siège du patriarcat est transféré à Tyr, puis à Saint-Jean-d’Acre en 1191. Le patriarche retourne à Jérusalem en 1229, lors de la restitution de la ville aux Francs, puis repart à Saint-Jean-d’Acre en 1244. Saint-Jean-d’Acre avait son propre évêché, mais les deux sont fusionnés en 1261. | |||
Rodolphe, ancien évêque de Béthléem | élu en 1191 | mort en 1192 | |
Michel de Corbeil | élu en 1193 | nommé à Sens en | |
Aymar Le Moine | élu en 1194 | mort pendant l’été 1202 | |
Soffredo Gaetani | élu en 1202 | démissionne en 1204 | |
Albert Avogadro, évêque de Verceil | élu en février | assassiné le | |
Raoul Ier de Mérencourt | élu en 1215 | mort en 1224 | |
Tommaso del Vescovo | élu en 1225, mais non confirmé | ||
Gérold de Lausanne ancien abbé de Cluny et évêque de Valence |
élu le | mort le | |
Robert de Nantes | élu le | mort le | |
Opizo, patriarche latin d'Antioche | élu en 1254, mais non confirmé | ||
Jacques Pantaléon, ancien évêque de Verdun | élu le | élu pape (Urbain IV) | |
Guillaume II | élu le mort le | ||
Tommaso Agni, archevêque de Cosenza | élu le | mort le | |
Jean de Verceil | nommé par le pape en , démissionne | ||
Hélie Ier | élu le | mort en 1287 | |
Nicolas de Hanapes | élu le | mort noyé le lors de l'évacuation d'Acre |
Les patriarches titulaires
modifierAprès la prise de Saint-Jean-d’Acre, le patriarcat, qui correspond approximativement au territoire du royaume de Jérusalem disparaît d’un point de vue territorial. Mais le pape continue à nommer des patriarches titulaires et leur attribue en 1374 la basilique Saint-Laurent-hors-les-murs à Rome.
Au XIVe siècle, outre cette basilique, le patriarche avait la jouissance de nombreux domaines dans les territoires d’Orient restés aux mains des Latins (Chypre, Lesbos, Chios, Candie, Rhodes, Naxos…), mais ses possessions s’amenuisèrent au fur et à mesure de l’avancée des conquêtes turques.
- 1295-1304 : Landolfo
- 1305-1311 : Anthony Bek, évêque de Durham.
- 1314-1318 : Pierre Ier, évêque de Rodez, légat pontifical en Orient.
- 1322-1324 : Pierre II, chanoine à Nicosie.
- 1324-1328 : Raymond Beguin, administrateur du diocèse chypriote de Nemosia.
- 1329-1342 : Pierre III de la Palud , dominicain[1] .
- 1342-1345 : Élie II , archevêque de Nicosie, cardinal
- 1345 : Emanuele Marino
- 1345-1348 : Pierre IV de Casa , évêque de Vaison
- 1349-1360 : Guillaume III Lamy, évêque de Chartres
- 1361-1369 : Philippe Ier de Cabassolle, évêque de Cavaillon
- 1369-1371 : Guillaume IV Militis
- 1371-1374 : Guillaume V de la Garde, archevêque d’Arles
- 1375-1379 : Philippe II d'Alençon, archevêque de Rouen, cardinal.
- 1379-1418 : Avec le grand schisme d’Occident (1378-1418), il y a plusieurs papes en même temps qui nomment chacun un patriarche de Jérusalem :
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- 1419-1427 : Francisco Cepera, archevêque de Saragosse
- 1427-1434 : Giovanni Delfino, patriarche de Grado
- 1434-1448 : Biaggio Molino, patriarche de Grado
- 1448-1449 : Christoforo Garatoni, évêque de Coron
- 1449-1458 : Bessarion, cardinal
- 1458-1460 : Lorenzo Zani, archevêque de Split
- 1460-1480 : Louis d'Harcourt, évêque de Bayeux
- 1480-1503 : Bartolomeo de la Rovere, évêque de Ferrare
- 1504-1523 : Bernardino Carvajal, cardinal-doyen
- 1523-1539 : Rodrigo Carvajal, neveu du précédent
- 1539-1550 : Alessandro Farnese cardinal
- 1550-1556 : Christoforo Spiriti, évêque de Césène
- 1558-1576 : Antonio Hélia, évêque de Pola
- 1576-1585 : Giovanni Antonio Facchinetti, futur pape Innocent IX.
- 1585-1588 : Scipione Gonzaga a Bozzolo, cardinal
- 1588-1618 : Fabio Bondi
- 1618-1621 : Gianbattista Cennini, cardinal
- 1621-1622 : Diofebo Farnèse
- 1622-1627 : Alfonso Manzanedo de Quinones
- 1627-1635 : Domenico de Marini, archevêque de Gênes
- 1636-1637 : Giovanni Colonna
- 1638-1641 : Tegrimio Tegrimi, évêque d’Assise
- 1641-1647 : Egidio Orsini de Vivere
- 1653-1670 : Camillo Massimo, cardinal
- 1671-???? : Egidio Colonna
- 1689-1690 : Bandino Panciatici, cardinal
- 1690-1694 : Pietro Bargellini, archevêque de Thèbes
- 1698-1706 : Francesco Martelli
- 1708-1728 : Mutio di Gaeta, archevêque de Bari
- 1728-1729 : Vincenzo Luigi Gotti
- 1729-1734 : Pompeio Aldrovandi, archevêque de Néocésarée
- 1734-1751 : Tomaso Cervini, archevêque de Nicomédie
- 1751-1762 : Tomaso de Moncada, archevêque de Messine
- 1762-1795 : Giorgio Maria Lascaris, archevêque de Theodosie
- 1800-1802 : Michele di Pietro, évêque d’Isauporaulis
- 1816-1829 : Francesco Maria Fenzi, archevêque de Corfou
- 1830-1847 : Paolo Augusto Foscolo, archevêque de Corfou, patriarche d’Alexandrie en 1847
Les patriarches résidents depuis 1847
modifierEn 1842, l’Église anglicane crée un évêché anglican à Jérusalem, puis l’Église orthodoxe russe envoie une mission évangélique en Palestine peu après. Craignant que l’influence de l’Église catholique ne disparaisse dans cette région, le pape Pie IX décide d’y rétablir une nouvelle hiérarchie latine. Après discussion au sein de la curie, il décide de rétablir le patriarcat latin de Jérusalem le et annonce le 4 octobre que l’Empire ottoman autorise son rétablissement, avec une juridiction s’étendant sur la Palestine et Chypre. Il consacre quelques jours plus tard au Palais du Quirinal, Valerga, qui fera construire une vingtaine d'années plus tard la co-cathédrale latine du patriarcat[Quoi ?].
Ne voulant pas que ce patriarche soit soumis aux compétitions nationales, les papes ne nomment à ce siège que des Italiens, jusqu’en 1987. La nomination de Monseigneur Michel Sabbah en 1987 marque une évolution dans cette politique. C'est en effet le premier Arabe palestinien à porter le titre. Le patriarche latin de Jérusalem apparaît alors comme le dirigeant local d'une Église locale.
Giuseppe Valerga | nommé le | mort le |
Vincente Bracco | nommé le | mort le |
Luigi Piavi | nommé le | mort le |
Filippo Camassei | nommé le | créé cardinal le († 18-1-1921) |
Luigi Barlassina (it) | nommé le | mort le |
Alberto Gori (it) | nommé le | mort le |
Giacomo Beltritti | nommé le | démissionne le (limite d'âge) |
Michel Sabbah | nommé le | démissionne le (limite d'âge) |
Fouad Twal | nommé le | démissionne le (limite d'âge) |
Pierbattista Pizzaballa (administrateur apostolique de 2016 à 2020) | nommé le |
Le siège est actuellement occupé depuis le par Pierbattista Pizzaballa, auparavant administrateur apostolique sede vacante de 2016 à 2020[2].
Annexes
modifierBibliographie
modifier- E-G Rey, Les Familles d'outre-mer de du Cange, 1869, Paris, Imprimerie impériale, 998 p., p. 713-737[3]
- Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastique, vol. XXVI, Letouzey et Amé, , p. 1124-1130.
- (it) G. Fedalto, La Chiesa latina in Oriente, éd. Mazziana, coll. « Studi religiosi » no 3, Vérone, 3 vol, 1973-1978.
- La Chiesa latina in Oriente, vol. 1, 1981 (2eéd. augm.), 671 p.
- La Chiesa latina in Oriente / Hierarchia latina orientis, vol. 2, 2006 (2eéd. augm.), 300 p. (ISBN 88-85073-77-8)
- La Chiesa latina in Oriente / Documenti veneziani, vol. 3, 1978, 308 p.
- (de) W. Hotzelt, Kirchengeschichte Palästinas im Zeitalter der Kreuzzüge 1099-1291, éd. Bachem, coll. « Kirchengeschichte Palästinas von der Urkirche bis zur Gegenwart » no 3, Cologne, 1940, 253 p.
- (en) B. Hamilton, The Latin Church in the Crusader States : the Secular Church, Londres, Variorum Publications, 1980
- L. de Mas Latrie, « Les Patriarches latins d'Alexandrie », dans Charles-Jean-Melchior de Vogüé, Revue de l'Orient latin, vol. I., Paris, Ernest Leroux, (réimpr. 1964), 644 p. (ISSN 2017-716X, lire en ligne), p. 16-44.
Articles connexes
modifier- Patriarcat latin de Jérusalem
- Patriarche de Jérusalem
- Patriarche latin d'Alexandrie
- Patriarche latin d'Antioche
- Patriarche latin de Constantinople
- Pentarchie
Lien externe
modifierNotes et références
modifier- Marie-Claude Guigue, Topographie historique du département de l'Ain, Bourg, Gromier Ainé, , 518 p. (BNF 30556006, lire en ligne), p. 318.
- (it) « Rinunce e Nomine [B0468] : Rinuncia del Patriarca di Gerusalemme dei Latini e nomina dell’Amministratore Apostolico sede vacante », Bulletin quotidien, Bureau de presse du Saint-Siège,
- E-G Rey, Les Familles d'outre-mer de du Cange, Paris, Imprimerie impériale, , 998 p. (lire en ligne)