Lluís Llach

auteur-compositeur-interprète catalan
Lluís Llach
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Lluís Llach en 2017
Informations générales
Nom de naissance Lluís Llach i Grande
Naissance (75 ans)
Gérone, Espagne
Activité principale chanteur
Activités annexes compositeur, parolier
Instruments Piano, guitare
Années actives De 1965 à 2007
Site officiel http://www.lluisllach.cat/

Lluís Llach i Grande (/ʎuˈiz ˈʎak i ˈgran.də/)[1], né le à Gérone (Catalogne)[2], est un chanteur catalan. Il est une des figures de proue du combat pour la culture catalane contre le franquisme ; ainsi, il est un des animateurs de la Nova Cançó et devient le dernier membre à avoir rejoint le groupe Els Setze Jutges (en français les seize juges). Du fait de cet engagement qui l'a conduit à l'exil, il est considéré en Pays catalans comme une référence non seulement musicale mais également morale, surtout à gauche. Sa chanson L'Estaca (le pieu) est devenu un véritable hymne libertaire catalan[3]. Aux élections de 2015 au parlement de Catalogne, il conduit la coalition indépendantiste Junts pel Sí (Ensemble pour le oui) dans la circonscription de Gérone. Il devient député au parlement de Catalogne de 2015 à 2017. Il préside de 2018 à 2019 le Conseil consultatif pour la promotion d'un forum civique et social pour le débat constituant (ca).

Biographie modifier

Lluís Llach en 2006

Il est le second fils d'un médecin de village issu d'une famille de propriétaires terriens. Sa mère, éduquée dans les écoles de la bourgeoisie barcelonaise, initie ses deux fils à la musique sur sa propre guitare. Puis vient le piano. Lluis compose ses premières mélodies à six ou sept ans, mais pour la première vraie chanson il faut attendre 1965, Que feliç era, mare, dont il écrit la musique sur des paroles de son frère.

En 1967 il intègre le groupe Els Setze Jutges, dont il sera la dernière recrue.

De 1971 à 1976, sous la dictature franquiste, Lluís Llach quittera la Catalogne pour ce qu'il appellera du « tourisme pour motivations politiques ». Le 23 janvier 1973, l'entreprise nationale publique Radiotelevisión Española a diffusé le programme musical en catalan Lluís Llach, filmé en noir et blanc et en couleur dans divers endroits de la province de Gérone[4]. En exil, il s'installe à Paris où il débute doucement, le , sa carrière française à l'Olympia.

En 1975, il est condamné à une amende de 100 000 pesetas après avoir donné des représentations au « Palau de la Musica »[5]. Il est alors totalement interdit de concert en Catalogne.

Au décès de Franco, l'année 1976 marquera son retour en Catalogne, qui sera fêté par un grand concert donné au Palais des Sports de Barcelone.

En 1985, il perd sa mère et lui dédie un message d'amour que l'on retrouve dans son album Maremar. Le , Lluís Llach donne un concert mythique au Camp del Barça devant un public de 100 000 personnes : un événement tout à fait exceptionnel et rarement égalé par un artiste européen.

Dans les années 1980, il se lance une première fois en politique, avec un petit parti nationaliste catalan de gauche[6].

Il met fin à sa carrière artistique en 2006, après 29 albums, plusieurs de musiques de films (Salvador), des duos avec des grands noms de l'opéra, tel Jose Carreras, des concerts géants ou intimistes dans des salles réputées telles le Palau San Jordi à Barcelone ... « Par respect pour [s]on public », qu'il veut quitter dans la « plénitude de la forme physique, sans maladie, ni faiblesse vocale », il effectue à cette occasion une série de concerts dont une soirée à l'Olympia de Paris le , et un ultime concert le , à Verges, le village où il a passé son enfance. Toutefois, il n'exclut pas par la suite des présentations ponctuelles avec son piano dans des petits théâtres.

Le , il donne un récital en plein air à Valence pour soutenir la chaîne catalane TV3 qui ne peut plus émettre au Pays valencien[7].

À l'occasion des élections générales espagnoles de 2011, il soutient, avec d'autres membres de la société civile et du monde associatif, la plateforme Catalunya Sí, une association qui demande l'indépendance de la Catalogne à travers le parti de gauche Esquerra Republicana de Catalunya[8].

Lors des élections au Parlement de Catalogne de 2015, il est tête de liste de Junts pel Sí (JxSí) dans la circonscription de Gérone. Il est élu député au Parlement de Catalogne avec dix de ses colistiers[9]. Au Parlement, il est élu président de la commission d'étude du processus constituant en , après le décès de Muriel Casals[10]. Il soutient le référendum de 2017 sur l'indépendance de la Catalogne[6].

Le 29 février 2020, il est présent au meeting de Carles Puigdemont, Président en exil de la Generalitat de Catalogne, au parc des expositions de Perpignan[11]. Il y chante Venim del Nord, Venim del Sud[12].

Il maintient une activité parallèle de vigneron.

Œuvre et influences modifier

Même s'il dépend d'arrangeurs comme Manel Camp ou Carles Cases dans ses premiers enregistrements, Llach a su évoluer de chansons basiques à des pièces d'une grande complexité harmonique et mélodique. Guitariste autodidacte, lorsqu'il s'accompagne à la guitare, il se limite à ponctuer ses chansons avec des accords simples. En revanche, comme pianiste, il montre une très bonne connaissance de la tradition de la chanson culte de Schubert à Hahn avec touches de Satie (Nounou) et ses contemporains catalans comme Mompou et Manuel Blancafort (A la taverna del mar). Llach a utilisé des patrons de salsa pour le piano (Terra), des modulations en bloc d'un ton (El jorn dels miserables) et des progressions jazzistiques (Cançó d'amor a la llibertat). Quelques chansons des débuts montrent une influence des danses baroques (Laura, Jo sé, Vinyes verdes vora el mar) et des phrases en ostinato (Non, Somniem). Parmi ses influences comme chanteur, Llach se plaît à citer Mahalia Jackson et Jacques Brel.

Ses paroles ont aussi évolué des thèmes romantiques et appels à l'action de la jeunesse vers des cycles programmatiques de chansons et une fine ironie politique. La mer ainsi qu'une attitude positive et courageuse face à la mort inévitable sont des thèmes récurrents. Llach a mis en musique des poèmes de Constantin Cavafy, Marius Torres, Josep Maria de Sagarra, Pere Quart et, surtout, de son ami Miquel Martí i Pol.

Llach s'est produit aussi comme baryton classique, notamment avec une série de représentations du Requiem de Gabriel Fauré.

Pour éviter d'être censuré, dans sa chanson La gallineta, il fait dire à la poule « vive la révulsion » au lieu de « vive la révolution[13] »[réf. nécessaire].

L'Estaca modifier

Il est l'auteur de la chanson L'Estaca, connue pour avoir été l'hymne officieux catalan de résistance au franquisme et souvent reprise[6]. L'Estaca a fait l'objet de reprises en France par Serge Utgé-Royo, Zebda, les Femmouzes T., Jean-Bernard Plantevin, le chanteur occitan Patric, en corse par le groupe I Chjami Aghjalesi sous le titre de Catena (« La Chaîne »)[14], le groupe El Comunero dans leur album Sigue Luchando et le groupe Karpatt ainsi que de traductions en français par le chanteur engagé Marc Ogeret, sous le titre l'Estaque et de Marc Robine, sous le titre Le Pieu), en picard par Daniel Barbez sous le titre El piquet et dans le monde (notamment en Pologne par Solidarność), en breton sous le titre Ar Peul (en français Le Pieu) par Thierry Gahinet [15],[16]. Enfin, L'estaca est chantée aussi sous le titre Lo pal en occitan par le groupe piémontais Lou Dalfin avec un accompagnement de style rock. La chanson se trouve dans l'album Gibous, bagase e bandì.

Discographie modifier

Littérature modifier

Notes et références modifier

  1. Etant donné l'interdiction des prénoms catalans durant la dictature franquiste, son nom à l'état civil était Luis Llach durant cette période.
  2. « Lluís Llach. Web site oficial », sur lluisllach.cat (consulté le ).
  3. Robert Wangermée, Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Èditions Mardaga, 1995, page 356.
  4. (es) « Programas de radio y televisión • TVE », La Vanguardia,  : « 23 del presente mes, a las 4,30 de la tarde, T.V.E. ofrecerá a los espectadores de Cataluña y Baleares el programa musical en catalán «Lluís Llach» […] Lluís Llach es uno de los cantantes catalanes que mayor proyección ha tenido tanto en nuestro país […] Este programa ha sido rodado en blanco y negro y color utilizando como marco diversos lugares de la provincia de Gerona […] el guionista y director Luis M.ª Güell », p. 59
  5. (es) Juan García Morcillo (dir.), Lluís Llach, Sociedad General de Autores y Editores, (ISBN 84-87491-23-5), p. 25
  6. a b et c Mathieu de Taillac, « Lluis Llach, chanteur de l'antifranquisme, devenu prédicateur indépendantiste », Le Figaro, samedi 30 septembre / dimanche 1er octobre 2017, page 5.
  7. (es) « Lluís Llach cantará para reivindicar TV3 en Valencia », sur Levante-EMV (consulté le ).
  8. « catalunyasi.wordpress.com/supo… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  9. (ca) Generalitat de Catalunya, Eleccions al Parlament de Catalunya 2015, section Composició del Parlament
  10. (ca) « Lluís Llach, escollit president de la comissió d'estudi del procés constituent », 324, 8 mars 2016.
  11. « Puigdemont à Perpignan : la plus grande réunion depuis les manifestations viticoles de 1907 », La Semaine du Roussillon,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Lluís Llach, Gérard Jacquet i Roger Mas canten a capella a Perpinyà » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  13. Les paroles sont « Vive la révolution » (en catalan, « visca la revolució. »). Voir le texte publié sur le site de web de Lluís Llach, Cançons ; La gallineta (Cançoneta
  14. Ricordi di Petru-Pà, « Chjami Aghjalesi - Catena », sur YouTube, (consulté le ).
  15. Traduction de Mona Ar Beg. Thierry Gahinet ; La Vie en chanson
  16. « Thierry Gahinet et Michelle Padellec Estaca », sur Dailymotion, (consulté le ).
  17. a b c et d (ca) « Lluis Llach - Discographie - Albums », sur www.lluisllach.cat (consulté le ).
  18. Julien Marion, « Lluis Llach : « Avec l’Occitanie, on a volé l’identité de 450000 personnes» », L'Indépendant,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Adrià Budry Carbó, « Lluís Llach, l’anarchiste qui ne voulait pas être chanteur », Le Temps,‎ (lire en ligne).

Article connexe modifier

Liens externes modifier