Louis-Armand de Bourbon-Conti (1695-1727)

militaire français

Louis-Armand de Bourbon-Conti, né au château de Versailles le et mort à l'hôtel de Conti le est un prince du sang et cinquième prince de Conti. Il fut également comte de La Marche, d'Alais, de Beaumont-sur-Oise, de Pézenas, duc de Mercœur, seigneur de L'Isle-Adam et prince d'Orange. Il fut l'époux de Louise-Élisabeth de Bourbon-Condé, la petite-fille du roi Louis XIV. Le prince était surnommé « le Singe vert » en raison de sa singulière laideur.

Louis-Armand de Bourbon-Conti
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Portrait de Louis-Armand de Bourbon-Conti par Étienne Jehandier Desrochers, XVIIIe siècle.

Titre

Prince de Conti


(18 ans, 2 mois et 25 jours)

Prédécesseur François-Louis de Bourbon-Conti
Successeur Louis-François de Bourbon-Conti
Biographie
Titulature Prince du sang
Prince de Conti
Prince de La Roche-Sur-Yon
Prince d'Orange
Duc de Mercœur
Seigneur de L'Isle-Adam
Comte de La Marche
Comte d'Alais
Comte de Beaumont-sur-Oise
Comte de Pézenas
Dynastie Maison de Conti
Distinctions Grand maître de France
Chevalier de l'ordre du Saint-Esprit
Pair de France
Autres fonctions Lieutenant général des armées
Gouverneur du Poitou
Membre du Conseil de régence
Membre du Conseil de la guerre
Surnom Le Singe vert
Naissance
Château de Versailles (France)
Décès (à 31 ans)
Hôtel de Conti (France)
Père François-Louis de Bourbon-Conti
Mère Marie-Thérèse de Bourbon-Condé
Conjoint Louise-Élisabeth de Bourbon-Condé
Enfants Louis de Bourbon-Conti
Louis-François de Bourbon-Conti
Louis-Armand de Bourbon-Conti
Charles de Bourbon-Conti
Louise-Henriette de Bourbon-Conti
Religion Catholicisme

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Biographie

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Enfance

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Louis-Armand de Bourbon-Conti est né au château de Versailles le . Unique fils survivant de son père François-Louis de Bourbon-Conti, dit le « Grand Conti », et de son épouse, Marie-Thérèse de Bourbon-Condé, il sera ainsi baptisé le dans la chapelle royale du château de Versailles, avec pour parrain le roi Louis XIV et pour marraine Marie de Modène, alors épouse du roi Jacques II d'Angleterre. Surnommé à la cour « le Singe vert » à cause de sa laideur (il est bossu et affligé de tics), il est alors considéré comme étant bizarre, lâche et vicieux.

Dans la mesure où il est prince du sang, il est néanmoins traité avec libéralité par Louis XIV et par plus tard le Régent. Il est fait chevalier de l'ordre du Saint-Esprit le , et prit séance avec les pairs de France au Parlement de Paris le . Le prince n'est alors âgé que de treize ans. Louis-Armand succèdera alors en 1709 à son père, en tant que prince de Conti.

Mariage

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En 1713, il épouse avec dispense sa cousine germaine, Louise-Élisabeth de Bourbon-Condé, fille de Louis III de Bourbon-Condé. Au mois d'août 1716, il attrape, dans une maison-close, la vérole qu'il transmet à sa femme. Pour se venger, il retrouve la « coupable » qui n'avait pas vingt ans et, alors accompagné d'un garçon-boucher, fait insuffler de l'air à l'aide d'un soufflet dans l'anus de la jeune prostituée qui en meurt. Un prince du sang ne pouvant être inquiété par la justice, les deux gérants du bordel, les époux Berlier de Montrival, entremetteurs du monde[1], le furent ainsi.

Ils furent ainsi bannis de Paris après avoir été fustigés puis traînés torse-nu au cul d'un chariot, de la Conciergerie à leur hôtel de la rue du Faubourg-Saint-Martin[2],[3],[4]. Quant au prince, sa mère et son épouse s'enfermèrent courageusement avec lui et il guérit. Bien qu'il trompait sa femme sans scrupules, le prince de Conti était d'une jalousie maladive et violente. Son épouse la princesse, de son côté, n'avait pas tardé à prendre pour amant le marquis de La Fare[5], un cavalier de très belle allure, futur maréchal de France, sans prendre la peine de dissimuler cette liaison nouvelle.

Le prince, rendu fou de jalousie, se mit à battre sa femme et l'on dut appeler un chirurgien à deux reprises. La princesse n'en perdit pas pour autant sa fierté et lui aurait ainsi dit : « souvenez-vous que je peux faire des princes du sang sans vous mais que vous ne pouvez pas en faire sans moi ! ». Elle finit par s'enfuir pour aller se réfugier chez sa mère, puis dans un couvent. Il en appelle au Parlement pour tenter de récupérer son épouse, qui finira ainsi par rentrer au domicile en 1725. Il aura tout de même cinq enfants de sa épouse, mais dont seulement deux survivront alors :

  1. Louis de Bourbon-Conti (1715-1717), comte de La Marche ;
  2. Louis-François de Bourbon-Conti, comte de La Marche puis prince de Conti ;
  3. Louis-Armand de Bourbon-Conti (1720-1722), duc de Mercœur ;
  4. Charles de Bourbon-Conti (1722-1730), comte d'Alais ;
  5. Louise-Henriette de Bourbon-Conti, qui épousa Louis-Philippe d'Orléans.

Carrière militaire

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Durant la guerre de Succession d'Espagne, le prince sert dans l'armée du Rhin, que le maréchal de Villars commande, mais sans montrer les mêmes qualités que son père. Il participera au siège de Landeau et est nommé maréchal de camp le . Le , il assiste à la séance du Parlement de Paris convoquée pour casser le testament de Louis XIV. Il deviendra membre du Conseil de régence et du Conseil de guerre le . Il ne siègera que très peu de temps dans ces conseils puisque le Régent met fin à la polysynodie en septembre 1718.

Pendant cette période, le Conseil de guerre devient, selon Saint-Simon, « une pétaudière » ou s'y multiplient les querelles de préséance pendant que l'activité décline considérablement, que ce soit en termes de fréquence des réunions ou de volume des affaires traitées[6]. Le , Louis-Armand reçoit le gouvernement du Poitou, aux appointements de quarante-cinq mille livres. Puis, lorsque la France déclare la guerre à l'Espagne en 1719, il est nommé lieutenant général, janvier 1719, et puis commandant de la cavalerie. Cette nomination fut assez largement contestée.

Il ne cessa de se quereller avec le maréchal de Berwick et suscitait le scandale des troupes car il exigeait d'être entouré de sa garde quand il était dans la tranchée. Il ne tarde pad à être relevé de son commandement. Le prince jouissait de beaucoup de ces fonctions grâce à son rang seul.

Spéculation et décès

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Le cerf pris dans l'eau devant le château de l'Isle-Adam par Michel-Barthélemy Ollivier, XVIIIe siècle.

Rentré en France, il gagne des sommes considérables grâce au système de Law, en achetant du papier-monnaie émis par la Banque générale créée par Law puis en convertissant ces billets en pièces d'or et d'argent à un cours très élevé. Prétextant un différend avec John Law, il en retire trois fourgons chargés d'or, ce qui provoque alors la panique financière et un krach, les autres épargnants prenant peur et demandant ainsi à leur tour à convertir leur papier-monnaie en pièces de métal fin. Réprimandé par le Régent, il n'en garda pas moins l'argent. Son épouse ayant fini par revenir au domicile en 17125, le prince commença à la retenir au château de L'Isle-Adam.

À force de séduction et de persuasion, elle finit par convaincre le prince, qui était alors atteint par une fluxion à la poitrine, de rentrer à Paris. Mais la maladie s'aggrave et le prince de Conti meurt en 1727 à l'âge de trente et un ans, non sans avoir supplié sa femme de lui pardonner ses tords. Il meurt à l'hôtel de Conti, rive gauche.

Notes et références

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  1. [1] Enquête sur les Contes de Perrault de Gérard Gélinas, Éditions Imago, - 272 pages.
  2. La Ville-Lumière : anecdotes et documents historiques, ethnographiques, littéraires, artistiques, commerciaux et encyclopédiques, Paris, 1909, p. 290 [2].
  3. M. de Bois-Jourdain, Mélanges historiques, satiriques et anecdotiques, p. 305 [3].
  4. Gaston Capon, Robert Yve-Plessis, Paris galant au dix-huitième siècle : Vie privée du prince de Conty, Louis …, 1907.
  5. Philippe de La Fare (1687-1752) était le fils du poète Charles-Auguste de La Fare (1644-1712). De nombreux contemporains n'ont pas douté qu'il ait été le véritable père de Louis-François Ier de Bourbon-Conti, qui n'avait pas hérité la bosse des Conti.
  6. Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN 978-2-87673-547-7)

Liens externes

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