Louis Gabriel Taboureau des Réaux

Louis Gabriel Taboureau des Réaux
Fonctions
Contrôleur général des Finances
-
Intendant de la généralité de Valenciennes
-
Conseiller d'État
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 63 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Fratrie
Parentèle
Autres informations
Propriétaire de
Membre de
Conseil royal des finances (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Louis Gabriel Taboureau, seigneur des Réaux, né à Paris le et mort à Paris le , est un homme d'État français.

Famille modifier

Issu d'une famille bourgeoise de Touraine, anoblie en 1713, Louis Gabriel Taboureau des Réaux est le fils de Louis Mathurin Taboureau, seigneur des Réaux, de Villepatour et de Bois-Denier, grand-maître des Eaux et Forêts du Lyonnais, et de Catherine Geneviève Bazin[1] et le petit fils de Louis Taboureau[2], seigneur des Réaux, d'Orval, et de Lony, receveur au grenier à sel, receveur des tailles d'Angoulême, conseiller-secrétaire du Roy, Maison et Couronne de France et de ses Finances (20 août 1713)[3].

Frère du général Louis-Philippe Taboureau de Villepatour, il est aussi le neveu de Gabriel Taschereau de Baudry et du fermier général François Jules Duvaucel, ainsi que le cousin germain de Pierre-Antoine-Claude Papion.

Biographie modifier

Il est maître des requêtes, puis intendant général du Hainaut et Cambrésis du à 1775.

C'était un conservateur par principe et par tempérament[4], personnage passablement effacé, "débonnaire"[5] pour les uns, "connu pour sa parfaite honnêteté et grande modestie"[6], pour les autres, "doux, simple et humain"[7] et selon tous entouré de l'estime et de la considération générale, qu'on choisit sans doute pour ces motifs pour exercer nominalement les fonctions de contrôleur général des finances du au , tandis que Jacques Necker – qui ne pouvait être nommé contrôleur général car il était protestant – dirigeait effectivement le département avec le titre de directeur général du Trésor. Il commença par refuser le poste estimant "qu'il n'entendait rien à la manutention du fisc"[7].

Déjà, il se montre critique quant à l'application de l'édit de 1764, notamment quant aux bénéfices exportations qui ne profitent pas aux populations locales[8].

Portrait présumé de son épouse, Amédée-Adélaïde Desnoyers de Lorme.

Il est nommé contrôleur général des finances, "pour la forme", puisque Necker est déjà pressenti à ce poste[9]. Mais les négociations avec celui-ci allaient prendre du temps. Selon Maurepas, qui avait été chargé de conduire les négociations avec Necker, il s'agissait de choisir « un homme de bonne réputation, sans malice car il n’aura rien à faire que de laisser les choses telles qu’elles sont jusqu’à ce que les affaires d’argent et de crédit étant examinées, on soit dans le cas de faire des améliorations raisonnables ». L'intéressé voulut refuser cette proposition en faisant valoir que « quand on a passé cinquante ans, on n'est plus propre aux affaires publiques »[10], mais ce refus ne fit sans doute que convaincre Maurepas qu'il tenait son homme.

Dans le livre Anecdotes du règne de Louis XVI publié en 1791 on lit ceci :

« Comme il était d’usage qu’en nommant un contrôleur général, le roi lui remît une canne à pomme d’ivoire, un anonyme adressa ce quatrain à M. Taboureau :

Des aveugles sans nombre ont porté ce bâton ;

Pour diriger vos pas il n’est point nécessaire ;

Mais, remis en vos mains, il assure, dit-on,

A l’honneur un soutien, aux fripons leur salaire. »

Necker et Taboureau "ne s'accordèrent pas un seul moment"[7]. Maurepas a décidé que l'un s'occupait des dépenses et l'autre des recettes. Taboureau, seul assermenté à la chambre des comptes, estimait que tous les projets devaient lui être soumis pour examen; alors que Necker considérait pour sa part que ses projets ne devait soumis qu'à la seule révision du roi, lequel "ne revoyait rien"[7]. Les intendants des finances et du commerce "se regardaient comme les bras d'un contrôleur général, ils refusaient de travailler avec Necker, considéré par eux comme un intrus"[7].

De fait, il n'existe à peu près aucune décision qu'on puisse attribuer personnellement à Taboureau des Réaux durant son passage au contrôle général. L'intéressé était objet de quolibets : on le surnommait « la béquille »[11]. Il en souffrait d'autant plus qu'il n'approuvait pas les réformes de Necker et voulut démissionner en janvier 1777, puis en avril, mais Louis XVI refusa par deux fois. En définitive, le , le Roi dut s'y résoudre devant le refus catégorique du contrôleur général de signer l'édit supprimant les receveurs généraux des finances.

Lors de sa démission, L'Espion anglais, une gazette, écrit : "M. Taboureau, cul-de-jatte dans son ministère, ne pouvant remuer pied ni patte, puisqu'il n'avait point la destination de l'argent, s'est enfin lassé de son rôle absolument passif".

Taboureau fut remplacé par Necker avec le titre de directeur général des finances. Il fut nommé au au Conseil des Dépêches et au Conseil royal des finances le lendemain de sa démission ().

Il meurt le 31 mai 1782 sans postérité.

Armes modifier

D'azur, au chevron d'or, accompagné de trois tambour de même, au chef d'argent, chargé d'un lion courant de sable.

Références modifier

  1. de La Chenay Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse contenant les généalogies, l'histoire & la Chronologie des Familles nobles de France,, Paris, Schlesinger, 3ème éd., , 512 p. (lire en ligne), p. 363
  2. « Mariages & Morts », Mercure Français,‎ juin 1746, vol. 1, p. 211 (lire en ligne)
  3. Société Archéologique de Touraine, « Armorial général de la Tourraine », Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, vol. 19,‎ , p. 932 (lire en ligne)
  4. Lors de sa prestation de serment comme contrôleur général des finances, le Premier président de la Chambre des comptes de Paris loua : « Une raison lumineuse, une prudence active, la simplicité des mœurs... voilà les vertus dont vous avez donné l’exemple, voilà l’histoire de votre vie. Valenciennes en a joui pendant douze ans ».
  5. Philippe Guignet, Le pouvoir dans la ville au XVIIIe siècle Pratiques politiques, notabilité et éthique sociale de part et d'autre de la frontière franco-belge, Ecole des hautes études en sciences sociales, , 614 p. (ISBN 9782713230462, lire en ligne)
  6. Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Paris, Place des éditeurs, , 1257 p. (ISBN 9782262097462, lire en ligne)
  7. a b c d et e Antoine Etienne Nicolas Fantin des Odoards, Histoire philosophique de la Révolution de France, t. 1, Paris, 5ème édition, Mame Frères, , p. 98
  8. Anne-Sophie Condette-Marcant, Les intendants de Province et le marché des grains In, Concurrence et marchés, Droit et institutions du Moyen Âge à nos jours, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 472 p. (ISBN 9782111621107), p. 48 et suiv.
  9. Désirée Royale, Louis XVI Le Bienfaisant, Noblishing, , 144 p. (ISBN 9782889390342, lire en ligne)
  10. cité pat B. Faÿ, Louis XVI ou la fin d'un monde, Paris, 1966.
  11. Marie-Laure Legay, Finance et calomnie. L'abbé Terray, ministre de Louis XV, Paris, CNRS édition, , 330 p. (ISBN 9782271129079)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Anne Debast, Taboureau des Réaux et l'intendance du Hainaut, 1764-1775, 91-33-X p. Mém. Maîtrise : Histoire : Lille 3, 1993, dir. : M. de Viguerie. (Centre d'hist. région Nord et Europe du Nord-Ouest Lille 3).
  • A.P Dutertre, Notice sur la famille Taboureau des Réaux et les armoiries de la famille Papion, imp. CL Ranchon, 1935
  • J.C Waquet, Les Grands maîtres des eaux et forêts de France de 1689 à la Révolution, suivi d'un dictionnaire des grands maîtres, Droz, 1978, p. 122, (ISBN 9782600045285)
  • Sylvie Nicolas, Les derniers maîtres des requêtes de l'Ancien Régime (1771-1789), Dictionnaire prosographique, Ecole des Chartes, 1998, (ISBN 9782900791219)
  • Michel Antoine, Le Gouvernement et l’administration sous Louis XV. Dictionnaire biographique, Paris, éd. du CNRS, 1978, p. 229 - 232.

Liens externes modifier