Louise de Ballon

religieuse cistercienne savoyarde du 17e siècle
Louise de Ballon
Gravure de Nicolas Couterot publiée dans l'ouvrage de J.Grossi, Les œuvres de piété de la vénérable Mère Louise de Ballon, Bibliothèque municipale de Grenoble.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Louise Perrucard de BallonVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activité
Autres informations
Nom en religion
ThérèseVoir et modifier les données sur Wikidata
Ordres religieux
signature de Louise de Ballon
Signature

Louise de Ballon, en religion sœur Thérèse, née le à Bellegarde-sur-Valserine et morte le à Seyssel, est une religieuse cistercienne, réformatrice de son ordre et fondatrice de la congrégation des bernardines réformées.

Biographie modifier

Famille et naissance modifier

Louise de Ballon naît le [note 1] au château de Vanchy, à Bellegarde-sur-Valserine. Sa famille est d'une noblesse récente, anoblie par le duc de Savoie pour asseoir son autorité sur le Haut-Bugey récemment conquis. Son oncle paternel et parrain Louis Négron Perrucard de Ballon est abbé commendataire de Chézery ; la famille de sa mère, les Chevron, a compté aux XVe et XVIe siècles plusieurs abbés commendataires de Tamié. Louise est elle-même cousine de François de Sales[2].

Jeunesse et premiers vœux modifier

Elle reçoit comme prénom de confirmation Blanche[3]. À sept ans, elle demande à ses parents à entrer chez les cisterciennes. Elle est placée à l'abbaye Sainte-Catherine du Mont, située dans le Semnoz au-dessus d'Annecy[4].

Le , âgée de moins de seize ans, Louise prononce ses premiers vœux[2]. Elle prend pour nom de religion Thérèse[3].

La création des Bernardines réformées modifier

Simple religieuse sans titre honorifique, Louise de Ballon, touchée par la remarque d'une cousine religieuse paraphrasant pour elle la parabole du figuier stérile[5], acquiert peu à peu un désir de réforme, qu'elle partage à quelques compagnes, ainsi qu'à son cousin et directeur spirituel François de Sales à partir de 1606. Un des points les plus importants que les réformatrices souhaitent mettre en œuvre est le retour à une stricte clôture, à l'opposé du système mondain prévalant alors. Effrayées par ces changements menaçant leurs habitudes les sœurs de Sainte-Catherine, non disposées à se réformer, résistent au changement. De guerre lasse, après quinze années de tractations (1607-1622), Louise s'établit à Rumilly[6],[7].

Le second point est le détachement des monastères réformés de la tutelle de l'ordre cistercien, jugé trop corrompu, pour se placer sous la juridiction directe des évêques. Louise s'appuie pour cela sur les conseils prodigués par les pères conciliaires au concile de Trente, qui recommande l'installation des communautés monastiques dans les villes et sous le contrôle spirituel de l'évêque. Le pape voit d'ailleurs d'un bon œil ce choix urbain et diocésain ; il fait ainsi pression pour que l'ordre cistercien accepte que ses religieuses soient détachées de son emprise directe[8]. Les autres points de la réforme concernent la communauté de biens, le silence et l'oraison[7]. La réforme connaît un succès immédiat et de nombreux monastères sont fondés ou réformés. Dès 1628, cinq couvents sollicitent du pape la reconnaissance d'une nouvelle congrégation[7].

Les tensions modifier

En 1623, trois religieuses de l'abbaye des Ayes à Crolles, Claude de Buissonrond, Louise de Paquier et Louise de Ponsonas, désirent également se réformer et fonder un monastère à Grenoble plutôt que dans le Grésivaudan. Sur la recommandation de l'abbé de Tamié, elles sont admises à Rumilly où elles se forment durant près de deux ans. Le , elles fondent l'abbaye Sainte-Cécile, dont Louise de Ponsonas devient la première abbesse, malgré le peu d'entrain de Pierre Scarron, évêque de Grenoble[9].

La forte personnalité de l'abbesse de Grenoble la fait s'opposer à Louise de Ballon, en particulier sur la rédaction des Constitutions de la nouvelle congrégation, que Louise de Ponsonas réécrit en 1631 tout en modifiant à son avantage l’histoire de la réforme. En ce qui concerne les nombreuses fondations, une partie notable de celles-ci s'effectuant en France, elle peut arguer de sa nationalité, face à Louise de Ballon qui est savoyarde, donc étrangère[10]. L'erreur à propos de la fondatrice des Bernardines réformées subsiste au moins jusqu'au début du XXe siècle[11].

Vieillesse et mort modifier

Louise de Ballon meurt le à Seyssel à l'âge de 77 ans.

Influences modifier

Outre les influences directement cisterciennes, en particulier celle de saint Bernard, Louise de Ballon est très sensible aux deux influences de François de Sales et de Jeanne de Chantal ; elle est également proche de la spiritualité oratorienne. Après la mort de son cousin et directeur spirituel, elle choisit comme nouveau directeur un antonin, Jean Palerne[12].

Postérité modifier

Œuvre littéraire modifier

  • Les Œuvres de piété de la vénérable mère Louise-Blanche-Thérèse de Ballon fondatrice des Religieuses bernardines réformées de Savoye et de France. Éditeur Couterot, Paris, 1700, 2 tomes en 1 volume.

Congrégation bernardines actuelles modifier

Les couvents situés en France qui subsistent à la fin du XVIIIe siècle sont tous fermés par la Révolution française ; ceux situés dans les états de Savoie demeurent jusqu'en 1792, date du rattachement à la France, à l'exception de Saint-Jean-de-Maurienne qui ne ferme qu'en 1796. Celui de Seyssel, où Louise de Ballon a terminé sa vie, fonde en 1821, après l'exil, un établissement à Belley, qui perdure jusqu'en 1947. Il ne reste que l'unique couvent implanté en Suisse, celui de Collombey ; après avoir survécu aux invasions napoléoniennes il reste actif au XXIe siècle, accueillant une communauté religieuse sans interruption depuis sa création en 1647.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Une archive de l'Ain affirme qu'elle est née le 17 octobre 1593[1], mais toutes les autres sources mentionnent le .

Références modifier

  1. Archives de l'Ain - paroisse de Lancrans, « B1588-1599 vue 12 », sur archives.ain.fr
  2. a et b Barrière & Montulet-Henneau 2001, L'entrée dans l'ordre de Cîteaux : stratégie familiale et vocation — Louise Perrucard de Ballon, p. 270.
  3. a et b « Louise de Ballon (1591-1668) », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le )
  4. APTEL, « Louise de Ballon », sur Abbaye Notre-Dame d'Igny (consulté le )
  5. Bible Segond 1910/Évangile selon Luc 13,6-9.
  6. Barrière & Montulet-Henneau 2001, L'entrée dans l'ordre de Cîteaux : stratégie familiale et vocation — Louise Perrucard de Ballon, p. 273.
  7. a b et c Alain Guerrier 1994, Rappel historique, p. 249.
  8. Barrière & Montulet-Henneau 2001, Les évêques : nouveaux pères immédiats ? — Le détachement des Cisterciens, p. 276.
  9. Alain Guerrier 2003, Louise de Ballon, fondatrice, p. 16.
  10. Alain Guerrier 1994, Faut-il une supérieure générale ?, p. 249-250.
  11. Jean-Baptiste Martin, Histoire des églises et chapelles de Lyon, vol. I, Paris, H. Lardanchet, , 366 p. (lire sur Wikisource), « Bernardines », page 524.
  12. Marie-Élisabeth Henneau, « Louise-Blanche-Thérèse Perrucard de Ballon », sur SIÉFAR, (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Joseph Garin, La vénérable mère Louise de Ballon, Albertville, Librairie Vve M. Bertrand, coll. « Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère », (lire en ligne)
  • [Alain Guerrier 1994] Alain Guerrier, « Théorie et pratique de l'autorité chez les Bernardines réformées : XVIIe et XVIIIe siècles », dans Centre européen de recherches sur les congrégations et ordres religieux, Les religieuses dans le cloître et dans le monde des origines à nos jours : actes du deuxième colloque international du C.E.R.C.O.R., Poitiers, 29 septembre-2 octobre 1988, Saint-Étienne, Université Jean-Monnet-Saint-Étienne, coll. « Travaux et recherches » (no 4), , 958 p. (ISBN 9782862720432, OCLC 32065356, lire en ligne), p. 249-256
  • Spiritualité cistercienne : histoire et doctrine, Éditions Beauchesne, , 556 p. (ISBN 978-2-7010-1369-5, lire en ligne), « Robert de Molesme », page 524
  • [Barrière & Montulet-Henneau 2001] Bernadette Barrière et Marie-Élisabeth Montulet-Henneau, Cîteaux et les femmes : Architectures et occupation de l'espace dans les monastères féminins : modalités d'intégration et de contrôle des femmes dans l'Ordre : les moniales cisterciennes aujourd'hui, Paris, Éditions Créaphis, , 353 p. (ISBN 978-2-907150-99-6, lire en ligne), p. 270-285
  • [Alain Guerrier 2002] Alain Guerrier, « Louise de Ballon (1591-1668) — 1 », Association pour le Rayonnement de la Culture Cistercienne, Ordre cistercien,‎ , p. 16-23 (lire en ligne)
  • [Alain Guerrier 2003] Alain Guerrier, « Louise de Ballon (1591-1668) — 2 », Association pour le Rayonnement de la Culture Cistercienne, Ordre cistercien,‎ , p. 16-23 (lire en ligne)
  • [Marie-Élisabeth Henneau 2013] Marie-Élisabeth Henneau, « Louise de Ballon », dans Audrey Fella, Les femmes mystiques : Histoire et dictionnaire, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 978-2-221-11472-8), p. 141-143

Articles connexes modifier

Liens externes modifier