Lousonna
Lousonna est un vicus gallo-romain situé dans le quartier actuel de Vidy à Lausanne (Suisse).
Lousonna | ||||
Le port de Lousonna | ||||
Localisation | ||||
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Pays | Suisse | |||
Canton | Vaud | |||
Commune | Lausanne | |||
Protection | Bien culturel d'importance nationale | |||
Coordonnées | 46° 30′ 59″ nord, 6° 36′ 03″ est | |||
Altitude | 377,4 m | |||
Géolocalisation sur la carte : Suisse
Géolocalisation sur la carte : canton de Vaud
Géolocalisation sur la carte : Lausanne
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Histoire
modifierLe vicus, dont la fondation est datée à 15 av. J.-C.[1], se situe à un important carrefour d'axes commerciaux, à la limite des bassins Rhodanien et Rhénan, et sur la route du col du Grand-Saint-Bernard, reliant l'Italie à la Gaule. Ses dimensions, 1,2 km de longueur sur 250 mètres de largeur pour une surface de 20 hectares, en font l'un des plus grands vicus de Suisse[réf. nécessaire]. À son apogée, 1 500 à 2 000 habitants y logeaient[2].
Lousonna était situé en bordure du lac Léman, constituant alors une importante voie de communication et de navigation, et où était implantée la Corporation des Nautes (Bateliers). La Corporation assurait, grâce à ses grandes barques à fond plat, un intense commerce d'amphores provenant de la Mer Méditerranée entre Genava (Genève) et Lousonna. Celles-ci y étaient alors débarquées avant de prendre la route d'Yverdon-les-Bains et du bassin Rhénan.
Lousonna commencera à décliner à partir de la période des invasions germaniques du IIIe siècle ; le site sera définitivement abandonné au profit de la colline de la Cité, au milieu du IVe siècle.
Découverte et fouilles du site
modifierAttesté depuis le début du XVe siècle par des découvertes faites sur le site, on découvre que les premières traces écrites datent du XVIIIe siècle[3], lorsque l'on mentionna aussi, pour la première fois, le nom de Lousonna. À la suite de l'urbanisation du site au début du XIXe siècle, on obtient les premiers relevés scientifiques, mais ce n'est que dans les années 1930, que l'on s'attache à de réelles fouilles[3]. C'est donc à cette époque que l'on découvre une maison ornée de fresques et sur laquelle sera fondé le musée romain de Lausanne-Vidy[4]. On dégage dans le même temps le centre du vicus[5].
De nouvelles fouilles sont entreprises dans les années 1960, pendant la construction de l'autoroute A1 sous laquelle se situe une grosse partie du site, puis lors de la construction de l'exposition nationale suisse de 1964. Les investigations réalisées entre 1972 à 1976 mettent au jour le forum à l'emplacement de la promenade archéologique actuelle[6]. Entre 1998 et 2001, c'est la fouille de la rive est du Flon qui permet la découverte d'un théâtre romain et d'un quartier d'habitations[7]. La zone qui englobe les structures à vocation domestique se développe du delta du Flon jusqu'à celui de la Chamberonne[7]. En 2012, les prospections préventives entreprises sur le site du futur stade permettent la découverte de plusieurs sépultures appartenant probablement à une nécropole[7].
En 2013, c'est une maison (probablement une auberge) qui est mise au jour tout à l'ouest du site à l'occasion d'une fouille-école de l'Université de Lausanne, qui s'est poursuivie en 2014[8]. Ce bâtiment était le premier rencontré par les visiteurs arrivant depuis Nyon[9].
Déesse Leusonna
modifierCette Maison de l'Ouest a livré en 1984 une hachette votive romaine, de type Allmendingen. Son inscription en latin, partiellement effacée, a pu être réinterprétée grâce à de nouvelles investigations menées par le laboratoire de l'école des Sciences criminelles de l'Université de Lausanne. Ces nouvelles recherches ont montré que l'inscription, incisée au poinçon, évoque probablement une divinité indigène influencée par l'Égypte, ISIS LEUSONNA[10].
Site
modifierLe site de Lousonna se trouve actuellement dans le quartier de Vidy[11], à environ 200 mètres de la rive Nord du Léman[12],[3]. On peut visiter une partie du site dégagé, bordé au sud par un étang rappelant la rive du lac à cette époque. L'ensemble du site est inscrit comme bien culturel suisse d'importance nationale[13].
Forum
modifierLe forum de Lousonna n'était pas situé au centre de l'agglomération mais à l'est de celle-ci, sur une position un peu plus élevée, à une altitude variant entre 100 et 150 mètres[3]. Il est bordé au sud par la basilique, située au bord du lac[12],[7]. C'est le bâtiment le plus important du site. Sa fonction principale était probablement celle d'une salle de réunion du conseil municipal, qui, comme dans toutes les cités du territoire helvète, dépendait de la colonie d'Aventicum (Avenches). La basilique devait aussi servir de tribunal et de centre d'échange. Adossées à celle-ci, on trouve des boutiques, et des tabernae[14]. L'une de ces tabernae a fait l'objet d'un remaniement pour devenir une schola[15]. Les ruines de ce bâtiment à vocation collégiale, ont été exhumées lors de prospections archéologiques. Par ailleurs, cette schola a été identifiée comme appartenant aux nautae de l'ancienne cité lausannienne, une confrérie corporative constituée de riches bateliers gallo-romains[3],[14],[7]. Une inscription épigraphique, sous forme de dédicace, a été retrouvée au cours des sondages. Ce texte (« numinibus Aug(austurum) ») rédigé en latin, est gravé sur un bloc de pierre de 185 centimètres de long, pour 55 de large. L'inscription témoigne du statut de la schola comme lieu de réunion des nautae de Lousonna. Au centre de la place, une area publica dont la destination est essentiellement commerciale, le temple carré de type gallo-romain, est édifié plus tardivement au milieu du IIIe siècle[12],[16]. Il est voué au culte de Rome et de l'Empereur, comme l'attestent les fragments d'une frise trouvé à proximité[17],[3].
Port
modifierLe port est situé à côté de la basilique. C'est le point de passage principal pour les marchandises transitant par Lousonna, principalement des olives, du vin de la vallée du Rhône et des conserves de poissons. Les bâtiments adjacents sont les entrepôts de la corporation des bateliers, également connus sous le nom de « nautae lacus lemani », et des locaux commerciaux[11]. Les barques abordaient soit la rive enrochée, ou étaient tirées sur un plan incliné et maçonné que l'on peut toujours observer aujourd'hui.
Les autres bâtiments du site, fouillés pendant les années 1930, ne peuvent être datés avec certitude et leurs fonctions sont mal connues[3]. Il est probable que ceux-ci correspondaient à des bâtiments administratifs ou, pour le pâté de maisons bordant le forum au nord, à des habitations.
Notes et références
modifier- « Aux origines de Lousonna », sur prolousonna (consulté le )
- « Une agglomération gallo-romaine », sur lausanne.ch (consulté le )
- René Dussaud, « Les fouilles de Lousonna. », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 84e année, no 1, , pages 30 à 37 (DOI 10.3406/crai.1940.77280, lire en ligne, consulté le ).
- « Musée romain de Lausanne-Vidy », sur lausanne.ch (consulté le )
- Nathalie Pichard Sardet, « Lousonna » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- « Promenade archéologique », sur lausanne (consulté le )
- Michel Tarpin, Sylvie Berti, Marc-André Haldimann, Frédéric Rossi et Lucie Steiner, « Le bassin lémanique gallo-romain. », Gallia, éditions du CNRS, vol. tome 56, , pages 33 à 44 (DOI 10.3406/galia.1999.3242, lire en ligne).
- Lanthemann F. et Luginbühl T. (dir.), Rapport d’intervention des fouilles-école UNIL-IASA Lausanne-Vidy Boulodrome 2014 (VB 14)
- Justin Favrod, « Une auberge antique mise au jour à Vidy », 24 Heures, (lire en ligne)
- Anne Bielmann Sanchez et Lara Dubosson-Sbriglione, « La déesse Leusonna à Vidy », Passé simple, vol. 69, , p. 17-19.
- Germaine Faider-Feytmans, « Hans Bögli et Madeleine Sitterding, Lousonna : les fouilles entreprises jusqu'en 1963 dans le vicus romain de Lausanne (Vidv), dans Revue historique vaudoise. », L'Antiquité classique, vol. Tome 33, no fascicule 1, , pages 293 à 295 (lire en ligne, consulté le ).
- Alain Daubigney, « Recherches sur le vicus : G. Kaenel, M. Klausener, S. Fehlmann, Nouvelles recherches sur le vicus gallo-romain de Lausanne (Vidy -Lausanne). Lousonna, 2G. Kaenel, M. Klausener, S. Fehlmann, Le vicus gallo-romain de Lousonna-Vidy, Rapport préliminaire sur la campagne de fouille 1983, vol. », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 13, , pages 378 et 379 (lire en ligne, consulté le ).
- [PDF] L'inventaire édité par la confédération suisse, canton de Vaud
- Bertrand Goffaux, « Schola, collège et cité : à propos de CIL, XIV, 2634 (Tusculum). », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. tome 86, no fascicule 1 (Antiquité - Oudheid, , pages 59 à 65 (DOI 10.3406/rbph.2008.5194, lire en ligne, consulté le ).
- Fanny Lanthemann, « Archéologie des espaces commerciaux : L’exemple des « maisons longues » durant le Haut-Empire. Panorama historique et implications politiques. », dans Fanny Lanthemann et al., Figures nouvelles, figures anciennes du commerce en ville., vol. 108, Les Annales de la recherche urbaine, (DOI 10.3406/aru.2013.3205, lire en ligne), page 39, note 4.
- « Le musée romain de Vidy et son site de Lousonna », sur latinistes.ch (consulté le )
Bibliographie
modifier- Colin Martin, « Lousonna », Bibliothèque historique vaudoise, Société académique vaudoise, vol. 42,
- André Laufer, « La péniche : un atelier de céramique à Lousonna, Ier siècle apr. J.-C. », Cahiers d'archéologie romande, Association Pro Lousonna, vol. 20, (ISBN 9782880280208)
- Antoinette Pitteloud et Charles Duboux, « L'époque romaine », dans Antoinette Pitteloud et Charles Duboux, Lausanne : un lieu, un bourg, une ville, PPUR presses polytechniques, , 142 p. (lire en ligne), pages 47 à 74.
- Société suisse de préhistoire, « Lousonna : la ville gallo-romaine et le musée », Guides archéologiques de la Suisse, vol. 27,
- Laurent Flutsch, Passé présent : Lousonna ou L'Antiquité d'actualité, Infolio, (ISBN 9782884741088)