Lucie Valore

peintre française

Lucie Valore, pseudonyme de Lucie Veau, née à Angoulême le et morte à Paris le [1], est une artiste peintre et graveuse (aquafortiste et lithographe) française.

Lucie Valore
Biographie
Naissance
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Genre artistique

Biographie

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Son activité de comédienne

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Paul Mounet.
Bruxelles, le Théâtre royal du Parc.
Georges Kars, Utrillo, 1926.
L'église Saint-Ausone d'Angoulême.
Cimetière Saint-Vincent, tombe de Maurice Utrillo et Lucie Valore.

Lucie Veau naît à Angoulême en 1878 du mariage de Lucien Veau et de Catherine Pillorget. Sa rencontre de Joseph Bernaud, sculpteur parisien missionné à Angoulême pour la restauration de la façade d'une chapelle - elle est alors serveuse dans le bistrot où il prend ses repas quotidiens[2] - conduit à un mariage en 1901 à Paris où elle va vivre dorénavant (un enfant naît, Alice Fernande Bernaud, que Lucie Valore fait élever chez ses parents à Angoulême - beaucoup plus tard, Alice vivra quelque temps boulevard Flandrin avec sa mère), suivi d'un divorce en 1909. C'est à la Comédie-Française, où elle suit des cours d'art dramatique, que lui est suggéré le pseudonyme de Lucie Valore sous lequel elle est engagée par Paul Mounet[3].

Son activité d'écriture

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Lucie Valore se remarie en 1915 avec Robert Pauwels, riche banquier belge issu d'une famille de mécènes et lui-même collectionneur de tableaux[4], dont elle fit la connaissance au Théâtre royal du Parc de Bruxelles où elle était engagée comme actrice[5] tandis qu'il y était abonné. C'est sous le nom de Lucie Pauwels qu'elle publiera en 1920, aux Éditions Oscar de Lamberty à Bruxelles, son roman Françoise en Belgique - 1914-1918[6] que l'historienne Sophie De Schaepdrijver analyse comme autobiographique, évoquant la vie de « Françoise d'Angoulême » en Belgique pendant les années de guerre, avec les incessantes réquisitions des occupants allemands et un voyage de l'héroïne en Hollande[7].

C'est après l'armistice de 1918 que Robert et Lucie Pauwels se partagent entre Bruxelles, le petit Domaine de la Doulce-France à Angoulême et leur appartement du boulevard Flandrin, dans le 16e arrondissement de Paris, fréquentant Montmartre où ils commencent à acheter des toiles à Suzanne Valadon et Maurice Utrillo, recevant ce dernier dans le cadre des après-midis littéraires qu'ils organisent dans leur salon du boulevard Flandrin[3]. C'est dans ce contexte que Maurice Utrillo se fait littérateur, versifiant ses hommages à la généreuse hôtesse, comme dans ce sonnet À Madame Lucie Pauwels daté du  : « Combien de gratitude, ô je vous dois Madame – Pour vos dignes présents réconfortant mon âme, – Pour vos mille bontés, ineffables cadeaux, – Que pour me chérir peintre vous m'adressez à flots. »[8]

Son activité de peintre

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Les Valadon sont ainsi les plus chers amis du couple lorsque, emporté par des crises d'urémie, Robert Pauwels meurt en 1933[9], offrant à sa riche veuve de se faire encore plus étroitement dame de compagnie et confidente de Suzanne Valadon. C'est devant les inquiétudes de cette dernière (« Qui s'occupera de mon fils après ma mort ? ») que Lucie Valore lui dit être prête à épouser Utrillo, perspective dont Suzanne Valadon s'amuse dans un premier temps pour ensuite l'encourager[10] : Jean-Paul Crespelle restitue que c'est bien plutôt « pour empoisonner André Utter, qui la trompait et la négligeait, que Suzanne Valadon avait favorisé ce mariage. Elle savait qu'en acceptant le départ de Maurice, elle coupait la source des revenus de son mari »[11]. Le , Lucie Valore épouse Utrillo à Paris 16e [12] (le mariage religieux est célébré le à Angoulême par Monseigneur Palmer, aumônier de la famille royale d'Espagne, en l'église Saint-Ausone[13]). Le couple demeure au Domaine de la Doulce-France à Angoulême (situé au 22, rue Basse-Montausier, aujourd'hui rue Maurice-Utrillo) durant les deux années qui suivent le mariage, puis s'installe au Vésinet, successivement au 27, route de la Plaine et au 18, route des Bouleaux (villa La bonne Lucie dont, lorsqu'elle commence à peindre vers 1940 sur les conseils d'Utrillo, le mât constitue son atelier[14]).

Lucie joue alors un rôle dans la gestion des finances du couple et surveille son époux pour le faire travailler et éviter sa rechute dans l'alcoolisme. Elle s'initie à la peinture, encouragée par son mari et sa belle-mère, et peint des portraits, des paysages et des natures mortes, dans un style frais et relativement naïf, et vend une de ses propres toiles au marchand Paul Pétridès en même temps que chaque toile d'Utrillo : Fernand Mourlot, restituant une visite au Vésinet en compagnie de l'éditeur Joseph Forêt, confirme : « sa peinture était impossible, mais si vous désiriez acheter un Utrillo, il fallait que vous achetiez aussi un Lucie Valore »[15].

En 1963, huit ans après la mort de son mari, elle fonde l’Association Maurice-Utrillo qui gère un centre de documentation sur Utrillo, Suzanne Valadon, André Utter et Lucie Valore (correspondances, photographies, catalogues de ventes ...) et une bibliothèque de plus de 3 000 ouvrages d'histoire de l'art[16].

Lucie Valore meurt en 1965, laissant ses biens et ses droits sur les œuvres de Maurice Utrillo à Jean Fabris, ancien homme de radio devenu son secrétaire, et repose auprès de Maurice Utrillo au cimetière Saint-Vincent, seul un mur de pierre séparant leur sépulture de la rue des Saules et du Lapin Agile[17]. Une rue d'Angoulême porte aujourd'hui son nom.

Iconographie

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  • Suzanne Valadon, Portrait de Lucie Valore, huile sur toile 55x46 cm, 1937[18],[19].
  • Maurice Utrillo, Portrait de Lucie Valore, huile sur toile, 1939.
  • Kees van Dongen, Portrait de Lucie Valore, huile sur toile, 1947, collection particulière, Japon[20].

Contributions bibliophiliques

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  • Jean Vertex, Amitiés de Montmartre, eaux-fortes originales de Bernard Lamotte, Pablo Picasso, Maurice Utrillo et Lucie Valore, quatre-vingt cinq exemplaires numérotés, typographie François Bernouard, Paris, 1949.
  • Jean Vertex (préface de Marcel Aymé), Le village inspiré - Chronique de la Bohème de Montmartre (1920-1950), illustré de douze gouaches de Maurice Utrillo et de dessins de Lucie Valore, quatre cent quatre-vingt dix exemplaires numérotés dont quatre-vingt cinq exemplaires avec une suite en hors-texte de Suzanne Valadon, Max Jacob, Edmond Heuzé, Marcel Leprin, Chas Laborde et Jules Pascin, Les Bibliophiles français, 1950.
  • André Maurois, Paris Capitale, dix lithographies originales de Maurice Utrillo avec culs-de-lampe de Lucie Valore, deux cent sept exemplaires numérotés, Éditions Joseph Forêt, Paris, 1955.
  • Sacha Guitry, Pierre Benoit, André Maurois, Edmond Heuzé, Fernand Crommelynck et Jean Cocteau, Maurice Utrillo V, lithographies originales de Maurice Utrillo, Suzanne Valadon et Lucie Valore (atelier Fernand Mourlot), deux cent-sept exemplaires numérotés, Joseph Foret, Paris, 1956.

Expositions

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  • Lucie Valore, Galerie Bosc, Paris, .
  • Maurice Utrillo, Lucie Valore - Paysages, portraits, fleurs, Galerie d'art du Faubourg, Paris, 1946.
  • Maurice Utrillo - Lucie Valore, Galerie Paul Pétridès, Paris, , janvier-[21].
  • Maurice Utrillo présente les œuvres de Lucie Valore, Galerie Paul Pétridès, Paris, 1955.
  • Maurice Utrillo, Suzanne Valadon, Lucie Valore - The personal collection of Mme Maurice Utrillo from the Utrillo home, « La bonne Lucie », Le Vésinet, France, Hammer Galleries, New York, mai-.

Réception critique

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  • « Probablement la dernière figure insolite de la Butte, Lucie Valore, créature primitive, rusée et mégalomane, durant vingt ans, "prolongea" la vie d'Utrillo, faisant de lui un petit bourgeois propret et parfaitement abruti, allant de son chevalet à son prie-Dieu, peignant des répliques de plus en plus indigentes des vues de la Butte auxquelles il devait sa gloire contre la promesse d'un verre de gros rouge coupé d'eau. "Toute ma vie, durant vingt ans, n'a eu qu'un sens,dit-elle, garder à la France l'un de ses fils les plus illustres". Robert Beachboard, André Warnod, Francis Carco ont raconté les scènes tragi-comiques qui marquèrent les fiançailles et le mariage d'Utrillo, l'opposition d'André Utter furieux de voir s'envoler la poule aux œufs d'or, et l'enlèvement final du pauvre Maurice favorisé par Suzanne Valadon ravie de jouer un bon tour à son mari. Il faudra un jour écrire l'histoire de Lucie Valore telle que la racontait Maurice de Vlaminck qui l'avait vu arriver à Montmartre au temps de son mariage avec le financier belge Pauwels. » - Jean-Paul Crespelle[11]
  • « Natures mortes, portraits, paysages : des images en couleurs qui n'ont d'autres mérites que ceux attachés à la personnalité complexe de la bonne Lucie qui épousa Utrillo en 1935. Des œuvres qu'elle fit connaître en imposant habilement leur présence aux organisateurs des expositions Utrillo, habileté douteuse puisqu'une telle confrontation ne pouvait que souligner leurs faiblesses. » - Gérald Schurr[22]

Collections publiques

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États-Unis

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Collections privées

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  • Jean Fabris[25].
  • Gérald Schurr, Portrait d'Utrillo, dessin de Lucie Valore à la plume et au crayon, 1955[26].

Références

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  1. Base Léonore
  2. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999.
  3. a b et c Richard B. Brettel, Paul Hayes Tucker, Nathalie H. Lee, Nineteenth and Twentieth-Century paintings in the Robert Lehman Collection, Metropolitan Museum of Art/Princeton University Press, 2099
  4. Article Maurice Utrillo dans l'Encyclopédie Larousse.
  5. Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, page 1259.
  6. « Un roman qui étonne et détonne : Françoise en Belgique -1914-1918 », 14-18, Archives et musée de la littérature, Bibliothèque royale de Belgique
  7. Sophie de Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Éditions P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles, 2004, page 248.
  8. Maurice Utrillo, « À Madame Lucie Pauwels, 14 avril 1925 », catalogue de livres, manuscrits anciens et modernes, Artcurial, 16 mai 2012
  9. Michel Peyramaure, Le temps des ivresses - tome 2 : Suzanne Valadon, Robert Laffont, 1998.
  10. Thérèse Diamand-Rosinsky, Suzanne Valadon, Flammarion, 2005.
  11. a et b Jean-Paul Crespelle, Montmartre vivant, Hachette, 1964.
  12. Mariage civil archives Paris (p. 28/31)
  13. Ville d'Angoulême, L'église Saint-Auzone (sic)
  14. Société d'histoire du Vésinet, Lucie Valore
  15. Fernand Mourlot, Gravés dans ma mémoire, collection « Vécu », Robert Laffont, 1979.
  16. Site officiel de Muarice Utrillo.
  17. « Maurice Utrillo, cimetière Saint-Vincent », Tombes et sépultures dans les cimetières de France et d'ailleurs
  18. Paul Pétridès, L'œuvre complet de Suzanne Valadon, Compagnie française des arts graphiques, Paris, 1971, tableau reproduit sous n°P465.
  19. Artcurial, Portrait de Lucie Valore par Suzanne Valadon, catalogue du 20 octobre 2007
  20. Jean Melas Kyriazi, Van Dongen après le fauvisme, Éditions Harmonies et Couleurs, Lausanne, 1976, tableau reproduit en page 81.
  21. Exposition Maurice Utrillo - Lucie Valore, Galerie Paul Pétridès, 1953, court-métrage. Source : YouTube ; durée 1'45"
  22. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981.
  23. Centre Georges-Pompidou, La personne Lucie Valore
  24. Metropolitan Museum of Art, Lucie Valore dans les collections
  25. Marc-Arthur Kohn, commissaire-priseur, Catalogue de la collection Jean Fabris, cinquante-huit œuvres de Lucie Valore, Hôtel Drouot, Paris, 1er juin 2016
  26. Exposition Visages d'artistes - Collection Gérald Schurr, Musée Courbet, Ornans, été 1984, n°60 du catalogue ; Exposition Portraits et autoportraits de la collection Gérald Schurr, centre culturel Arturo-Lopez, Neuilly-sur-Seine, avril-mai 1986, n°74 du catalogue ; Binoche, commissaire-priseur, Vente de la collection Gérald Schurr, Hôtel Drouot, Paris, 23 mai 2000, n°138 du catalogue.

Annexes

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Bibliographie

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  • Lucie Pauwels (Lucie Valore), Françoise en Belgique - 1914-1918, roman autobiographique, Oscar de Lamberty, Bruxelles, 1920.
  • Robert Coughlan, « The dark wine of genius - Maurice Utrillo », Life, (lire en ligne).
  • Jack Palmer White, Lucie Valore, Éditions Les Gémeaux, Paris, 1952.
  • Robert Beachboard, La Trinité maudite - Valadon, Utter, Utrillo, Amiot-Dumont, Paris, 1952.
  • Lucie Valore (préface de Paul Carrière), Maurice Utrillo, mon mari, Éditions Joseph Forêt, Paris, 1956.
  • Jean-Paul Crespelle, Montmartre vivant, Hachette, 1964.
  • Jean-Paul Crespelle, Utrillo, la bohème et l'ivresse à Montmartre, Presses de la Cité, 1970.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981.
  • Jean Fabris, Claude Wiart, Alain Buquet, Jean-Pierre Thiollet, Jacques Birr, Catherine Banlin-Lacroix et Joseph Foret, Utrillo, sa vie, son œuvre, Éditions Frédéric Birr, 1982.
  • Jean Fabris, Maurice Utrillo, folie ?, Éditions Galerie Pétridès, 1992.
  • Michel Ragon, D'une berge à l'autre - Pour mémoire 1943-1953, Albin Michel, 1997.
  • Michel Peyramaure, Le temps des ivresses - tome 2 : Suzanne Valadon, Robert Laffont, 1998.
  • André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999 (lire en ligne).
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, Gründ, 1999.
  • Micheline Dupray, Roland Dorgelès - Un siècle de vie littéraire française, Albin Michel, 2000.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001 (lire en ligne).
  • Jeanne Champion, Suzanne Valadon, Librairie Arthème Fayard, 2004.
  • Sophie De Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Éditions P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles, 2004.
  • Thérèse Diamand-Rosinsky, Suzanne Valadon, Flammarion, 2005.
  • Richard R. Brettel, Paul Hayes Tucker, Nathalie H. Lee, Nineteenth and Twentieth-Century paintings in the Robert Lehman Collection, Metropolitan Museum of Art/Princeton University Press, 2009.
  • Laurence Berthon, Sylvie Carlier, Damien Chantrenne, Jean Fabris, Lucie Valore, Lucie Goujard, Sandra Martin et Cheryl Raman-Orthun, Valadon, Utrillo, Utter - La trinité maudite entre Paris et Saint-Bernard, Éditions du Musée Paul-Dini, Villefranche-sur-Saône, 2011.

Filmographie

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Liens externes

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