Mérikarê II
Mérikarê (ou Mérykarê) est un roi héracléopolitain de la IXe ou de la Xe dynastie, pendant la Première Période intermédiaire. Il règne à partir d’Héracléopolis en Haute-Égypte (20e nome).
Mérikarê II | |
![]() Palette de scribe portant le cartouche de Mérikarê (Musée du Louvre, E 10500). | |
Période | Première Période intermédiaire |
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Dynastie | IXe ou Xe dynastie |
Fonction principale | roi |
Successeur | Montouhotep II ? (XIe dynastie) |
Sépulture | |
Nom | Pyramide de Mérikarê |
Type | Pyramide à faces lisses |
Emplacement | Saqqarah ? |
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Attestations
modifierMerikarê est attesté par une palette de scribe (Assiout)[1], cité dans la tombe d'un nomarque Khety à Assiout[1], dans l'Enseignement pour Mérikarê et sur neuf stèles portant sur sa pyramide nommée Ouadj sout Mérykarê (Wȝḏ-s.wt-Mry-kȝ-Rˁ, « Les places de Mérikarê sont prospères ») et son culte à Saqqarah[2].
Règne
modifierEnseignements pour Mérikarê
modifierIl est le destinataire des célèbres préceptes datant du XXe siècle avant notre ère, attestés dans divers papyrus égyptiens [note 1] écrits en hiératique. Ces sebayt (« enseignements », en égyptien ancien) - peut-être composés sous le règne de Merikarê et fictivement attribués à son père - sont un recueil de préceptes pour la bonne gouvernance. Le texte mentionne également les frontières orientales, récemment sécurisées, mais qui nécessitent encore l'attention du roi[3]. Dans le texte, le père anonyme de Mérikarê mentionne avoir guerroyé pour conquérir Thinis, mais il conseille à Mérikarê de traiter avec plus de clémence les royaumes rivaux de Haute-Égypte[3].
Roi de la fin de la Xe dynastie
modifierUne fois couronné, Merikarê se résigne sagement à l'existence de deux royaumes séparés (celui d'Héracléopolis et celui de Thèbes) et tente de maintenir la politique de coexistence pacifique menée par son père[4]. Il semble que la période de paix ait apporté une certaine prospérité au royaume de Merikarê[5]. Quelque temps plus tard, le roi est contraint de remonter le Nil avec sa cour sur une grande flotte. Une fois arrivé à Assiout, le roi installe le nomarque loyaliste Khéty, qui succède à son père décédé Tefibi[3] ; il fait également des restaurations au temple local de Oupouaout. Ensuite, Merikarê avance plus en amont vers la ville de Shashotep, probablement pour réprimer une révolte, et en même temps pour montrer sa force dans les zones turbulentes de la frontière sud[6]. Merikarê meurt quelques mois avant la chute d'Héracléopolis. Ainsi, la défaite finale face au Thèbains, menés par Montouhotep II de la XIe dynastie, a probablement été infligée à un successeur éphémère et sans nom[3].
Roi plus ancien
modifierEn 2003, l'égyptologue Arkadiy F. Demidchik a suggéré que le placement de Merikarê au sein de la dynastie devrait être reconsidéré. Selon lui, si Merikarê a régné pendant la campagne menée par Montouhotep II, la pyramide de ce dernier et son culte n'auraient pas pu survivre à la conquête thébaine ; là encore, Mérikarê ne pourrait probablement pas obtenir de granit du sud du pays comme le mentionnent les Enseignements pour Mérikarê. Demidtchik a également fait valoir que le roi menant les batailles pour la conquête de Thinis mentionnées par Tefibi et Merikarê étaient les mêmes. Étant menées sur le front opposé par le souverain thébain Antef II, le règne de Merikarê devrait être placé quelques décennies plus tôt qu'on ne le pense habituellement, lorsque la puissance des rois héracléopolitain était à son apogée[2].
En 2016, le chercheur propose également que le nom de Sa-Rê était Khéty, soit le nom « dynastique » de la lignée royale héracléopolitaine. Il pense en effet que le roi était noté à la position V.24 du Canon royal de Turin où il ne reste aujourd'hui que Méry... Khéty et le placerait en tant que sixième roi de la dynastie (la ligne V.18, habituellement conprise comme celle d'un roi, est considérée par Arkadiy F. Demidchik comme la ligne introductive de la dynastie héracléopolitaine[note 2]). Il pense que la capitale royale sous son règne était Memphis, et ce depuis son prédécesseur et père qui l'aurait conquise[7].
Sépulture
modifierOuadjsout-Mérykarâ
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Wȝḏ-s.wt-Mry-kȝ-Rˁ |
Il a été enterré dans une pyramide appelée Wȝḏ-s.wt-Mry-kȝ-Rˁ (« Les places de Mérykarê sont prospères »), construite à Saqqarah. Son emplacement précis est inconnu mais un culte envers ce roi avait lieu près de la pyramide de Téti.
De nombreuses autres sources suggèrent que Mérikarê est enterré dans une pyramide non encore découverte à Saqqarah, appelée « Florissantes sont les demeures de Mérikarê », qui devait être proche de la pyramide de Téti de la VIe dynastie[3]. Les titres des fonctionnaires impliqués dans sa construction sont documentés, car son culte funéraire a perduré jusqu'à la XIIe dynastie ; en fait, le cartouche de Mérikarê apparaît sur les stèles d'au moins quatre prêtres qui étaient responsables du culte funéraire de Téti et de Mérikarê pendant le Moyen Empire[8], dont Gemni-em-hat qui a également occupé d'autres postes importants.
Titulature
modifierNotes et références
modifierNotes
modifier- ↑ The text of the Instruction to Merikare was preserved in three fragmentary papyri. The oldest, dating from the second half of the XVIIIth Dynasty (ca. 1539 - 1292 BCE), the so-called « Papyrus St.-Petersburg 1116A », is the most complete, but also the most corrupt, with numerous lacunae and many scribal errors. Papyrus Moscow 4658 dates from the end of the XVIIIth Dynasty, while Papyrus Carlsberg 6 may even be later. cf « The Royal Instruction of Khety to Merikare » (consulté le )
- ↑ Les groupes de rois présents dans le Canon royal de Turin sont en effet introduits par une ligne et conclus par une autre ligne, écrites toutes deux partiellement en rouge (a minima le premier signe). Cependant, concernant la première ligne du groupe de rois correspondant aux IXe et Xe dynasties (ligne V.18), seul le premier signe, celui du jonc (M23), est conservé et est écrit en noir. Ainsi, deux reconstructions sont possibles (cf. Demidchik 2016, p. 112-113) :
- la reconstruction habituelle de la ligne est celle d'un roi, le premier de la dynastie donc ; deux hypothèses sont alors possibles :
- soit la ligne introductive serait, comme pour les VIe à VIIIe dynasties, celle avant Ménès de la Ire dynastie, mais ce qui est étonnant, c'est que, là où la conclusion (lignes V.14-17) du groupe de rois des VIe à VIIIe dynasties est constituée de la somme du nombre de rois et de la durée de leurs règnes puis à l'addition de ces sommes à celles des cinq premières dynasties (qui forment un même groupe), la ligne de clôture du groupe des IXe et Xe dynasties (ligne VI.10) est bien trop courte pour contenir autant d'informations et devait donc ne concerner que ces deux dynasties,
- soit il manquerait une ligne introductive au groupe de rois, ce qui serait étonnant selon Demidchik,
- la reconstruction de Demidchik est celle de la ligne introductive habituelle, mais où le scribe aurait fait l'erreur de l'écrire entièrement en noir ; le chercheur appuie sa théorie en reprenant les mots de Kim Ryholt, chercheuse ayant beaucoup travaillé sur le papyrus, qui indique que le scribe a été peu rigoureux lors de la rédaction du papyrus, plusieurs coquilles étant présentes.
- la reconstruction habituelle de la ligne est celle d'un roi, le premier de la dynastie donc ; deux hypothèses sont alors possibles :
Références
modifier- Petrie 1897, p. 115-16.
- Demidchik 2003, p. 25–36.
- Hayes 1971, p. 467–478.
- ↑ Hayes 1971.
- ↑ Rice 1999, p. 113.
- ↑ Gardiner 1961, p. 113.
- ↑ Demidchik 2016, p. 97-120.
- ↑ Quibell 1907, p. 20 ff ; pl. XIII, XV.
Bibliographie
modifier- (en) Flinders Petrie, A History of Egypt, from the Earliest Times to the XVIth Dynasty, (lire en ligne).
- (en) Arkadiy F. Demidchik, « The reign of Merikare Khety », Les missives de Göttingen, no 192, .
- (en) Arkadiy F. Demidchik, « The Sixth Heracleopolitan King Merikare Khety », Journal of Egyptian History, no 9, , p. 97-120 (lire en ligne).
- (en) William Christopher Hayes, The Cambridge Ancient History, vol. 1, part 2, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-077915).
- (en) Michael Rice, Who is who in Ancient Egypt, Londres, Routledge, (ISBN 0-203-44328-4).
- (en) Alan H. Gardiner, Egypt of the Pharaohs. An introduction', Oxford University Press, .
- (en) James Edward Quibell, Excavations at Saqqara (1905-1906), Le Caire, Impr. de l'Institut français d'archéologie orientale, (lire en ligne).