Météorite d'Ensisheim
La météorite d'Ensisheim, ou simplement Ensisheim, est une météorite tombée en 1492 à proximité du village d'Ensisheim (alors en Autriche antérieure ; aujourd'hui en France, dans le Haut-Rhin). C'est la plus ancienne chute de météorite répertoriée en Europe[1]. Appelée « pierre du tonnerre d'Ensisheim » lors de sa découverte, cette météorite fait partie des chondrites à olivine et hypersthène, du groupe LL6 dans la classification des météorites.
Météorite d’Ensisheim | |
Masse principale de la météorite. Musée d'Ensisheim. | |
Caractéristiques | |
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Type | Chondrite |
Classe | Chondrite ordinaire |
Groupe | LL6 |
Observation | |
Localisation | Ensisheim |
Coordonnées | 47° 51′ 10″ nord, 7° 22′ 34″ est |
Chute observée | Oui |
Date | 7 novembre 1492 |
Découverte | 1492 |
Masse totale connue | 135 kg |
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Histoire
modifierLe matin du [2], une météorite de pierre de 127 kg entre à grande vitesse dans l'atmosphère terrestre. La météorite laisse derrière elle une vive trainée lumineuse, avant de s'écraser dans un champ de blé, à proximité de la ville d'Ensisheim, sur le chemin de Battenheim. Ce site, aux coordonnées 47° 51′ 10″ N, 7° 22′ 34″ E[3], se trouve à l'époque sur le territoire de l'archiduc d'Autriche.
Un jeune garçon, seul témoin de cette chute, conduit les gens jusqu'au point de chute marqué par un cratère de deux mètres de diamètre. Ils prélèvent des fragments de cette météorite, dont la masse est estimée à 135 kg, en guise d'amulette porte-bonheur. Le bailli fait cesser ce pillage et, à la suite de la visite du roi allemand Maximilien Ier qui voit dans la pierre un signe divin de bon augure, fait suspendre la météorite par une chaîne dans le chœur de l'église paroissiale. Elle y reste jusqu'en 1793, date à laquelle les autorités la mettent à la vue du public dans la Bibliothèque nationale de Colmar. De nombreux prélèvements sont réalisés : cadeaux pour des visiteurs d'importance, spécimen à analyser pour Ernst Chladni. En 1803, la ville d'Ensisheim la récupère et la replace dans son église. Le , l'église voit son clocher s'effondrer. La météorite est alors remisée à l'école, puis à l'hôtel de la Régence devenu par la suite l'hôtel de ville[4]. À la Libération de la France, des conseillers scientifiques accompagnant l'armée américaine tentent de l’acheter, mais le maire de Colmar refuse[5].
Fragments
modifierElle a été divisée en plusieurs morceaux qui se trouvent aujourd'hui pour la plupart d'entre eux dans des musées. Un morceau de 55,75 kg (taille : 32 cm de haut pour 28 cm de large) resta à la commune, il est exposé depuis 1992 au musée de la Régence, musée municipal d'Ensisheim créé pour le cinq centième anniversaire de la chute de la météorite : on peut notamment voir des plaques noires correspondant à sa croûte de fusion[1].
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Fragment de 8,3 kg à la Galerie de Minéralogie et de Géologie du Muséum national d'histoire naturelle à Paris.
Postérité
modifierL'événement qui a rapidement gagné en notoriété a été relaté par de nombreux auteurs, c'est la première chute observée d'une météorite depuis l'invention de l'imprimerie. Le peintre Albrecht Dürer a reporté ses observations sur un dessin en couleurs au verso du tableau Saint Jérôme pénitent.
Sébastien Brant a fait un compte rendu sur cette « pierre de tonnerre » (Donnerstein) dans un tract (poèmes en l'honneur du roi allemand Maximilien Ier)[6],[7]. L'événement est aussi décrit en 1493 dans le folio 257 de La Chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel[8],[9].
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Der Donnerstein von Ensisheim, tract de Sébastien Brant (1492).
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La Chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel (1493).
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Dessin au verso de Saint Jérôme pénitent d'Albrecht Dürer.
Chaque année depuis 2000[10],[11], une bourse-exposition internationale consacrée aux météorites est organisée à Ensisheim l'avant-dernier week-end de juin[12].
Notes et références
modifier- (en) Gerald Joseph Home McCall, A. J. Bowden, Richard John Howarth, The History of Meteoritics and Key Meteorite Collections : Fireballs, Falls and Finds, Geological Society, , p. 17
- (de) Otto Buchner, Die Feuermeteore : Insbesondere die Meteoriten, historisch und naturwissenschaftlich betrachtet, Gießen, Ricker, , 192 p., p. 34 [lire en ligne].
- MBD, qui mentionne aussi les coordonnées moins précises 47° 52′ N, 7° 21′ E provenant de NHM.
- « La Météorite d'Ensisheim : Alsace, France, , 11 h 30... », sur meteorite.fr.
- Alain Carion, « La chasse aux météorites », émission sur Ciel et Espace, 3 septembre 2009.
- Charles-Laurent Salch, Imagiers des châteaux et remparts d'Alsace, 1370-1970, vol. 1 : A – F, Strasbourg, Castrum Europe, coll. « Châteaux-forts d'Europe » (no 53-54-55), , 160 p. (OCLC 800596692), p. 67 : Ensisheim, gravure sur bois, de Sébastien Brant, 1492, chute d'une météorite.
- « Von dem Donnerstein gefallen im XCII iar vor Ensishein : = De fulgetra anni XCII / ... Sebastianus Brant », sur e-rara, Universitätsbibliothek Basel (DOI 10.3931/e-rara-29215).
- Marvin 1992, p. 40.
- (en) « Image 586 of The Nuremberg Chronicle. », folio CCLVII, Library of Congress.
- « Belles météorites à Ensisheim », L'Alsace, .
- « Le retour des météorites ce week-end à la Régence », L'Alsace, .
- « 10ème Expo-bourse aux Météorites 2009 », sur Journal des spectacles, .
Voir aussi
modifierBibliographie
modifierCatalogues de météorites :
- [MBD] (en) « Ensisheim », Meteoritical Bulletin Database, sur lpi.usra.edu, Meteoritical Society et Lunar and Planetary Institute.
- [NHM] (en) Monica Grady (en), Andrew L. Graham, Alexander William Robert Bevan et Robert Hutchison, « Ensisheim », dans Catalogue of Meteorites : With special reference to those represented in the collection of the Natural History Museum, London, Cambridge et New York, Cambridge University Press, , 5e éd., 689 p., 1 vol. + CD-ROM (ISBN 0-521-66303-2), p. 193 [lire en ligne].
- [EoM] (en) « Ensisheim (LL6) », sur Encyclopedia of Meteorites, International Meteorite Collectors Association (IMCA).
Autres sources :
- Hubert Bari, « La météorite d'Ensisheim, tombé le : Légendes et réalités », Minéraux et Fossiles, no 112, , p. 13–19.
- Hubert Bari et Jean-Jacques Schwien, « La météorite d'Ensisheim : Légendes et réalités », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, SIM, no 798, , p. 57–64 (HAL halshs-00001455).
- (en) Clarence Chant, « The Meteor-Fall of Ensisheim (1492) », Journal of the Royal Astronomical Society of Canada (en), RASC, vol. 8, no 5, , p. 349–357 (Bibcode 1914JRASC...8..349C, lire en ligne).
- Gabrielle Claerr-Stamm, « 1492-1992, il y a 500 ans une météorite tombait près d'Ensisheim », Annuaire de la Société d'histoire sundgovienne, , p. 127–144 (lire en ligne).
- Jacques Deferne et Bogna Dominik, « À propos de la météorite d'Ensisheim tombée il y a cinq cents ans (1492) », Orion (de), SAS (de), vol. 50, no 252, , p. 222–227 (DOI 10.5169/seals-899012, Bibcode 1992Orion..50..222D, lire en ligne).
- Léa Dejouy et Philippe Thomas, Histoires de météorites, vol. 1 : Ensisheim, Châteauneuf-sur-Cher, Interface, , 182 p. (ISBN 2-9518090-1-8).
- Henri Furstenberger, « Demi millénaire de la chute de la météorite d'Ensisheim », Annuaire de la Société d'histoire des régions de Thann-Guebwiller, vol. 18, , p. 5–7.
- Odile Kammerer, « Un prodige en Alsace à la fin du XVe siècle : La météorite d'Ensisheim », dans Miracles, prodiges et merveilles au Moyen Âge (actes du 25e congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (SHMES), Orléans, ), Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 34), , 330 p. (ISBN 2-85944-270-7, DOI 10.3406/shmes.1994.1663, lire en ligne), p. 293–315.
- (en) Ursula B. Marvin, « The Meteorite of Ensisheim : 1492 to 1992 », Meteoritics & Planetary Science, vol. 27, no 1, , p. 28–72 (DOI 10.1111/j.1945-5100.1992.tb01056.x, Bibcode 1992Metic..27...28M, lire en ligne).
- (en) Ursula B. Marvin, « Meteorites in history, an overview from the Renaissance to the 20th century : The stone of Ensisheim, Alsace, 1492 », dans Gerald Joseph Home McCall (dir.), A. J. Bowden (dir.) et Richard John Howarth (dir.), The History of Meteoritics and Key Meteorite Collections : Fireballs, Falls and Finds, Londres, Geological Society of London, coll. « Geological Society Special Publication » (no 256), , 513 p. (ISBN 978-1-86239-194-9, DOI 10.1144/GSL.SP.2006.256.01.02, Bibcode 2006hmkm.conf...15M), p. 15–71 (16–22) [lire en ligne].
- (de) Pia Reimen, « "Der Donnerstein zu Ensisheim" : Zu einem Flugblatt Sebastian Brants », Publications du Centre universitaire de Luxembourg. Germanistik, no 5, , p. 1–13.
- (en) Ingrid D. Rowland, « A contemporary account of the Ensisheim meteorite, 1492 », Meteoritics & Planetary Science, vol. 25, no 1, , p. 19–22 (DOI 10.1111/j.1945-5100.1990.tb00966.x, Bibcode 1990Metic..25...19R, lire en ligne).
- (en) Alexandra M. Witze, « The Great Stone of Ensisheim Turns 500 », Sky & Telescope, AAS, vol. 84, no 11, , p. 502 (Bibcode 1992S&T....84..502W).
- Abstracts d'interventions à la 55e conférence annuelle de la Meteoritical Society (Copenhague, -), dans Meteoritics & Planetary Science, vol. 27, no 3, :
- F. A. Levi et G. R. Levi-Donati, « Contemporary Records of the (1492) Ensisheim Fall », p. 249 (Bibcode : 1992Metic..27S.249L) [lire en ligne].
- Ursula B. Marvin, « The Meteoritical Quincentennial : The Stone of Ensisheim 1492-1992 », p. 255 (Bibcode : 1992Metic..27..255M) [lire en ligne].
Articles connexes
modifierLiens externes
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- Ressource relative à l'astronomie :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :