Madeleine Moret
Madeleine Moret, née à Lausanne le 12 juin 1901 et morte dans cette même ville le 13 novembre 1973, est une pionnière de la télégraphie en Suisse et une mécène.
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Biographie
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modifierFille d’Édouard Moret, notaire, et de de Marguerite, née Paquier, Madeleine est issue d’une famille bourgeoise possédant plusieurs maisons et terrains dans la campagne vaudoise, à Denges, Clarmont et Reverolle. Elle grandit dans la maison familiale dite Le Curtil, à l’avenue Églantine à Lausanne[1].
Son oncle et parrain, Charles Schnetzler (1867-1951) est pasteur à Oron, historien, notamment de Charles Monnard, et très actif au sein de la Société vaudoise d’histoire et d’archéologie. Sa grand-mère Marie Paquier née Piccard (1842-1898) est la sœur du chimiste Jules Piccard (en) (1840-1933) et tante d’Auguste Piccard, lui-même père de Jacques Piccard[2].
Études et parcours professionnel
modifierAprès sa scolarité à l’École Vinet (Gymnase et École supérieure de jeunes filles), elle s’intéresse aux sciences techniques[1]. Rapidement, elle se passionne pour les émetteurs radio et la télécommunication[3] et devient pionnière en ce domaine. En 1927, elle est en Suisse la première femme à obtenir le brevet de télégraphiste[4]. Ce diplôme lui donne « le droit de posséder un poste d’émission télégraphique, à faire soi-même des émissions et à correspondre avec les divers postes émetteurs existants »[5]. Puis en 1930, après un nouvel examen et un stage de six mois à la station du Champ-de-l’Air et à la Blécherette, elle gagne un diplôme supérieur l’autorisant à fonctionner comme radiotélégraphiste sur les places d’aviation, dans le service météorologique ou sur un navire[6].
Par la suite, on ne sait pas grand-chose de sa carrière. Célibataire, elle ne quitte pas la maison familiale à Lausanne. Son père meurt en 1951 et sa mère en 1956, à 90 ans[3].
Distinction
modifierEn 1960, la commune de Denges décerne à Madeleine Moret la bourgeoisie d’honneur, en reconnaissance de la générosité qu’elle montra à ce village à diverses reprises, notamment en donnant une parcelle de terrain pour la construction d’une église[7]. Ce lieu de culte est effectivement construit en 1971-1973[3].
Fin de vie et legs
modifierMadeleine Moret vit dès lors en solitaire, et, à la fin de sa vie, peinant à gérer ses affaires, elles est mise sous tutelle. Elle s’éteint le 13 novembre 1973, ayant laissé à l’abandon « son jardin envahi d’herbes folles et de fleurs d’églantiers, et sa maison aux volets clos »[3].
Par testament, elle lègue à l’Union des Femmes de Lausanne la quasi-totalité de ses biens, ne laissant presque rien à sa famille. Selon les conditions de la légataire, ces biens doivent: « servir de lien entre les sociétés féminines de Lausanne et du canton en mettant à disposition un lieu de réunion ; servir à la défense des droits de la femme, la protection des intérêts féminins et l’amélioration de la condition de la femme et de la société en général. »[7].
Ainsi est inaugurée le 30 septembre 1976 la « Maison de la Femme », projet que la Fédération Vaudoise des Unions des Femmes caressait depuis 1948 déjà[8]. Cette institution féministe est un lieu de conférences, de débats, et propose différents services de conseil ainsi qu'une permanence juridique. Elle abrite aussi la Bibliothèque des femmes Simone Chapuis-Bischof[9].
Bibliographie
modifier- Sylviane Klein, « Madeleine Moret : mécène discrète et scientifique reconnue », Revue historique vaudoise, vol. 131, , p. 150-154 (ISBN 978-2-88901-251-0).
Références
modifier- Klein 2023, p. 151
- Klein 2023, p. 152
- Klein 2023, p. 153
- Claude Beda, « Les femmes surgissent de l’histoire vaudoise » , 24 heures, (consulté le ), (photographie de Madeleine Moret)
- Agence télégraphique suisse, « Une femme radiotélégraphiste », La Tribune de Lausanne, , p. 2 (lire en ligne)
- Agence télégraphique suisse, « Chronique locale - Une radiotélégraphiste lausannoise », La Tribune de Lausanne, , p. 4 (lire en ligne)
- Archives Madeleine Moret, Maison de la Femme, Lausanne
- Klein 2023, p. 154
- Thibault Nieuwe Weme, « Renaissance de la Bibliothèque des femmes, plus fournie que jamais », 24 heures, (lire en ligne )