Magh Mela
Magh mela, également orthographié Magha mela, est un festival annuel avec des foires organisées au mois de Magha (janvier/février) sur les berges des rivières et des réservoirs sacrés (bâoli) proches des temples hindous[1]. Environ tous les douze ans, le Magha mela coïncide avec ce que les fidèles considèrent comme une position astrologique propice de Jupiter, du Soleil et de la Lune, appelé alors Kumbh Mela, comme celui d'Allahabad (officiellement, Prayagraj). Au sud de l'Inde, une fête importante se déroule au bassin de Mahamaham du Kumbhakonam ; et à l'est, sur l' île de Sagar dans le Bengale occidental et à Konark, Puri[2],[3]. Le festival Magha, ainsi que les rituels du bain comme forme de pénitence, sont également observés par la communauté hindoue de Bali, en Indonésie[4].
Certaines dates telles que l'Amavasya et le Makar Sankranti sont considérées comme particulièrement sacrées, attirant un plus grand rassemblement. La fête est marquée par un bain rituel dans les eaux, mais c'est aussi une célébration du commerce communautaire avec des foires, des programmes culturels, des discours religieux de saints, du dāna (charité) et des repas communautaires pour les moines et les pauvres, ainsi que des spectacles de divertissement[1],[5].
Le fondement religieux du Magh Mela est la croyance que le pèlerinage est un moyen de prāyaścitta (expiation, pénitence) pour les erreurs passées[6] : l'effort purifie des péchés et se baigner dans les rivières sacrées lors de ces fêtes a une valeur salvifique, moksha – un moyen de se libérer du cycle des renaissances (samsara)[7],[8]. Selon Diane Eck, professeur de religion comparée et d'études indiennes, ces festivals sont de « grandes foires culturelles » rassemblant les gens et les soudant dans la dévotion religieuse, avec des manifestations commerciales, des échanges et des divertissements laïques[9].
Le festival Magha Mela est mentionné dans le Mahabharata et dans de nombreux Puranas majeurs[1],[10]. Le Magh Mela fait partie des fêtes fluviales qui suivent la transition de Jupiter dans divers signes du zodiaque. Ces festivals fluviaux, appelés Pushkaram (ou Pushkaralu), se déroulent tout au long de l'année autour des ghats (gradins) et des temples situés le long des principaux fleuves de l'Inde, chaque fleuve étant vénéré comme une déesse sacrée. Ils comprennent le bain rituel ainsi que les prières aux ancêtres, les discours religieux, la musique et le chant dévotionnels, la charité, les programmes culturels et les foires[11].
Un festival annuel de bain est également mentionné dans les anciennes anthologies tamoules de la période Sangam. Par exemple, neuf des poèmes conservés de la collection Paripatal sont dédiés à la déesse de la rivière Vaikai[12],[13]. Ces poèmes mentionnent les festivals de bain du mois tamoul de Tai (janvier/février) après le mois de Margazhi, une période qui chevauche le mois du calendrier septentrional de Magh. Ces festivals de bain sont décrits comme spirituellement propices et des occasions de sports nautiques, de foires et de rassemblements communautaires[14],[12].
Dans le sikhisme, le Magha mela, avec Diwali et Vaisakhi, sont trois festivals reconnus par Guru Amar Das qui a exhorté les sikhs à se rassembler pour un festival communautaire (1552-1574 EC)[15]. Populairement connu sous le nom de Maghi, ce festival commémore aussi la mémoire des quarante martyrs lors d'une guerre musulmano-sikhe (1705 EC) à l'époque du gourou Gobind Singh[16]. Le plus grand rassemblement de Maghi se trouve à Muktsar[17]. Selon Pashaura Singh et Louis Fenech, Guru Amar Das a construit Goindwal Sahib comme lieu de pèlerinage sikh (tirath)[18]. Il a également construit un baoli (réservoir d'eau à gradins) à Goindwal pour le bain rituel[19].
Galerie
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Magh Mela 2022, à Prayagraj.
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Des villages éphémères se forment lors des Magh Mela, ici sur les bords du Gange, à Panchal Ghat, Farrukhabad, Uttar Pradesh, 2020.
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Pèlerins au Festival Magh Mela d'Allahabad, Uttar Pradesh, 2014.
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Pèlerins au Magh Mela d'Allahabad, 2014.
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Pèlerins arrivant au festival, Allahabad, 2014.
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Vente d'objets rituel, Festival Magh Mela au Sangam de Prayaga, Allahabad, Uttar Pradesh, 2014.
Références
modifier- Diana L. Eck, India: A Sacred Geography, Harmony Books, , 152–155 p. (ISBN 978-0-385-53190-0, lire en ligne)
- Thousands take holy dip near Konark on Magha Mela, The Hans India (January 2019)
- Hindu devotees bathe in the Ganges river in India on the occasion of Makar Sankranti at the Magh Mela, Telegraph UK (2019), Quote: "Pilgrims walk in a serpentine queue to offer their respects at the Kapil Muni temple after taking holy dips on the occasion of Makar Sankranti at Gangasagar on Sagar Island"
- Petrus Josephus Zoetmulder, Kalangwan; a survey of old Javanese literature, Martinus Nijhoff, (lire en ligne), p. 194
- Williams Sox, Encyclopedia of Religion, 2nd Edition, vol. 8, Macmillan, , 5264–5265 p.
- P. V. Kane, History of Dharmaśāstra: Ancient and Medieval Religious and Civil Law in India, vol. 4, , 55-56 (lire en ligne)
- Simon Coleman et John Elsner, Pilgrimage: Past and Present in the World Religions, Harvard University Press, , 140–141 p. (ISBN 978-0-674-66766-2, lire en ligne)
- Kama McLean (2009), Seeing, Being Seen, and Not Being Seen: Pilgrimage, Tourism, and Layers of Looking at the Kumbh Mela, Cross Currents, Vol. 59, Issue 3, pages 319-341
- Diana L. Eck, India: A Sacred Geography, Three Rivers Press, , 152–155 p. (ISBN 978-0-385-53192-4, lire en ligne)
- Purāṇam, Vol. 10, All-India Kasiraja Trust, , 61–62 p. (lire en ligne)
- Roshen Dalal, Hinduism: An Alphabetical Guide, Penguin Books India, , 319–320 p. (ISBN 978-0-14-341421-6, lire en ligne)
- Kamil Zvelebil, The Smile of Murugan: On Tamil Literature of South India, BRILL, , 123–124 p. (ISBN 90-04-03591-5, lire en ligne)
- A. K. Ramanujan, Vinay Dharwadker et Stuart H. Blackburn, The collected essays of A.K. Ramanujan, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-566896-4, lire en ligne), p. 235, Quote: "seventy poems dedicated to gods Tirumal (Visnu), Cevvel (Murukan) and the goddess, the river Vaiyai (presently known as Vaikai)."
- The festive bathing lines in the poem also allude to rebirths and merits in previous lives; Pari. 11:88–92, V.N. Muthukumar et Elizabeth Rani Segran, The River Speaks: The Vaiyai Poems from the Paripatal, Penguin Books, , 103–105 with notes on "Lines 184–91" (ISBN 978-81-8475-694-4, lire en ligne)
- H.S. Singha, Sikh Studies, Hemkunt Press, , 101–102 p. (ISBN 978-81-7010-245-8, lire en ligne)
- Major Nahar Singh Jawandha, Glimpses of Sikhism, Sanbun Publishers, (ISBN 9789380213255, lire en ligne)
- B.S. Marwaha (1969), Maghi fair – Muktsar, Sikh Review, 18(186): 44–46
- Pashaura Singh et Louis E. Fenech, The Oxford Handbook of Sikh Studies, Oxford University Press, , 93–94 p. (ISBN 978-0-19-100412-4, lire en ligne)
- Harjot Oberoi, Punjab Reconsidered: History, Culture, and Practice, Oxford University Press, , 254–255 p. (ISBN 978-0-19-908877-5, lire en ligne)