Mahot
Les mahots sont des arbres ou arbustes tropicaux, ainsi nommés à La Réunion[1], aux Antilles, en Guyane pour désigner certaines espèces appartenant ou apparentées à la famille des malvacées ou leur ressemblant ou procurant des produits comparables .
l'appellation « Mahot » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
Voir texteLe nom se rapportait à l'origine aux espèces Hibiscus elatus ou Hibiscus tiliaceus et a été emprunté à la langue des Taïnos[2]. Ces indiens Arawaks des Grandes Antilles se servaient de l'écorce interne pour confectionner des lanières. Hibiscus elatus, le mahot bois-bleu[3], (en anglais Blue Mahoe) fut utilisé ensuite à Cuba pour fabriquer les liens retenant les paquets de cigares de Havane et il est devenu à la Jamaïque, l'arbre national[4]. Hibiscus tiliaceus, le mahot bord-de-mer, (en anglais Seaside Mahoe) est également connu et utilisé en Polynésie pour la production d'objets en textile, le more.
À La Réunion
modifierÀ La Réunion, plusieurs espèces indigènes d'arbres ou arbustes, appartenant au genre Dombeya ou au genre Hibiscus sont appelées mahots.
Dans la classification classique, le genre Dombeya est inclus dans la famille des sterculiacées, tandis que le genre Hibiscus appartient à la famille des malvacées.
Dans la classification APG, qui s'appuie sur des études de distances génétiques, ces deux genres sont rassemblés dans la même famille des malvacées, confirmant une certaine forme d'intuition des anciens. Certains mahots font par ailleurs immanquablement penser, par leur allure et la forme de leurs feuilles, aux tilleuls, dont la famille, les tiliacées, a elle aussi été fusionnée aux malvacées dans la classification APG. En Europe, on utilisait aussi l'écorce interne des tilleuls pour la fabrication de cordages et de liens.
La plupart des mahots sont caractéristiques des paysages de la forêt de bois de couleur des hauts, dans les montagnes de la Réunion, mais certaines espèces appartiennent à la flore de basse altitude, en forêt semi-sèche ou près du littoral.
Espèces
modifier- genre Dombeya
- Dombeya acutangula : mahot tantan (espèce de forêt semi-sèche des bas)
- Dombeya blattiolens
- Dombeya ciliata
- Dombeya delislei
- Dombeya elegans : mahot rose
- Dombeya ferruginea
- Dombeya ficulnea : petit mahot
- Dombeya pilosa : mahot blanc
- Dombeya populnea : mahot bleu (plus connu sous le nom de Bois de senteur bleu)
- Dombeya punctata
- Dombeya reclinata : mahot rouge
- Dombeya umbellata
La plupart des Dombeya des forêts de montagne ne possèdent pas de noms vernaculaires par espèce, et sont tous indifféremment appelés mahots. Il existe de plus des variations fréquentes de formes et des hybridations, qui ne facilitent pas la reconnaissance botanique. Dombeya populnea, espèce des forêts semi-sèches des Mascareignes est la seule du genre Dombeya à ne pas y être habituellement appelée mahot, mais plus souvent Bois de senteur bleu, à rapprocher d'une autre malvacée protégée, le Bois de senteur blanc (Ruizia cordata).
- genre Hibiscus :
- Hibiscus boryanus : mahot bâtard (plus connu sous le nom de foulsapate marron : espèce de forêt humide des bas)
- Hibiscus columnaris : mahot rempart (espèce de forêt semi-sèche des bas)
- Hibiscus tiliaceus : mahot bord de mer (le statut indigène de cette espèce présente sur de nombreux rivages tropicaux n'est pas certain)
Aux Antilles
modifierLes graphies « maho » ou « mahaut » sont également pratiquées.
Espèces
modifier- Malvaceae
- Guazuma ulmifolia (ex-Sterculiaceae) : mahot-baba, mahot-hetre
- Hibiscus pernambucensis : mahot franc
- Pavonia paludicola : mahot-mare
- Thespesia populnea : mahot bord-de-mer
- Triumfetta semitriloba (ex-Tiliaceae) : mahot-cousin rouge
- Urena lobata : mahot cousin
- Waltheria glabra (ex-Sterculiaceae) : mahot noir
- Annonaceae
- Guatteria caribaea : mahot anglais
- Boraginaceae
- Cordia collococca : mahot bré
- Cordia curassavica : mahot noir
- Cordia dentata : mahot blanc
- Cordia martinicensis : mahot noir
- Cordia polycephala : mahot fin, petit mahot
- Cordia reticulata : mahot lélé
- Cordia sulcata : mahot grandes feuilles
- Thymelaeaceae
- Daphnopsis americana : mahot piment
- Daphnopsis microcarpa : mahot piment grand bois
En Guyane
modifier« Mahot » est un mot d'origine Arawak qui semble désigner originellement l'espèce Talipariti pernambucense (Malvacées)[6]. Le mot est passé dans le Créole en Guyane.
Hormis les Mahot cochon (Sterculia spp.[7]), les Mahot coton (Eriotheca spp.) et le Grand mahot (Talipariti pernambucense)[8] qui appartiennent à la famille des malvacées, les Mahots font généralement partie de la famille des lécythidacées. Ils ont en commun la qualité de leur écorce interne (le liber), fibreuse, souple et résistante, permettant la fabrication de lanières, qu'ils doivent d'avoir été aussi nommés mahots[7].
Espèces
modifier- Malvaceae
- Eriotheca crassa (Uittien) A.Robyns, 1963, E. globosa (Aubl.) A.Robyns, 1963, E. longitubulosa A.Robyns, 1963, E. surinamensis (Uittien) A.Robyns, 1963 : Mahot coton
- Sterculia frondosa Rich., 1792, S. imberbis DC., 1824, S. pruriens (Aubl.) K.Schum., 1886, S. villifera Steud., 1843 : Mahot cochon
- Talipariti pernambucense (Arruda) Bovini, 2010 : Grand mahot
- Lecythidaceae
- Couratari multiflora, Couratari guianensis, Couratari oblongifolia : Mahot cigare
- Eschweilera odora, Eschweilera coriacea, Eschweilera sagotiana : Mahot noir
- Eschweilera amara : Mahot rouge
- Lecythis persistens : Mahot rouge
- Lecythis chartacea, Lecythis corrugata : Mahot blanc
Notes et références
modifier- http://mahots.univ-reunion.fr/
- (en) Etymologie du mot anglais Mahoe sur le dictionnaire en ligne merriam-webster
- (fr) Coralex, stylos et crayons en bois
- (en) Jamaica Information Service 2008 : National Symbols of Jamaica
- (en) Plants of the Eastern Carribean
- Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Prévost Marie-Françoise, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 646-647
- (fr) J.J. De Granville, La végétation naturelle des terres hautes, 1978
- Édouard Heckel, Les plantes médicinales et toxiques de la Guyane française : catalogue raisonné et alphabétique, Mâcon, Protat frères, , 160 p. (lire en ligne), p. 124