Maison de l'armateur (Le Havre)

hôtel particulier au Havre (Seine-Maritime)
Maison de l'armateur
Présentation
Type
Destination actuelle
Musée de France
Fondation
Style
Architecte
Paul-Michel Thibault
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Visiteurs par an
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Site web
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
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La Maison de l'armateur est une demeure du XVIIIe siècle située au Havre qui fut la propriété de plusieurs négociants avant d'être transformée en musée des arts décoratifs, ouvert au public depuis 2006. Elle se trouve au no 3 quai de l'Île, dans le quartier Saint-François, face au port de pêche. Elle a été classée monument historique par arrêté du [1].

Histoire modifier

La Maison de l'armateur a été édifiée sur les plans de l'architecte de la ville du Havre, Paul-Michel Thibault (1735-1799), à partir de 1790. Ce dernier était l'architecte des fortifications, du magasin général de l'Arsenal et le fontainier de la ville.

Martin-Pierre Foäche, négociant issu d'une des plus grandes familles d'armateurs négriers de la ville[2], acquiert la maison en 1800. Il y installe ses bureaux et sa résidence d'hiver.

Au milieu du XIXe siècle, la résidence est occupée par l'hôtel d'Helvétie. En 1889, elle est habitée par la famille d'Arras : Georges d'Arras et son épouse née Marie-Jeanne de Courson de la Villeneuve.

Le bâtiment reste debout malgré les bombardements du Havre de qui ont détruit 80% de la ville.

En 1950, la maison de l'armateur est inscrite sur la liste des monuments historiques, et rachetée cinq ans plus tard à la famille d'Arras par la ville du Havre. C'est un rare témoin de l'époque.

Architecture modifier

L'extérieur modifier

La Maison de l'armateur possède une façade d'architecture néo-classique.

Elle s'élève sur cinq niveaux : un rez-de-chaussée (écuries et entrepôt), un entresol, deux étages et un attique.

L'intérieur modifier

Les deux étages correspondent à la partie noble, constituée des appartements de la famille avec la chambre de Monsieur, la chambre de Madame, le grand salon, le salon de musique, la salle à manger, et de l'étage de la sociabilité et de la vie intellectuelle, avec le salon de lecture, la bibliothèque, le cabinet des cartes et plans, le cabinet de curiosités des peuples, une chambre des hôtes et un boudoir des souvenirs, le tout aménagé comme espace de vie avec meubles, tableaux et arts décoratifs.

Au début du XIXe siècle, chaque niveau était dédié à un moment de l'existence : les réceptions au premier, le travail au deuxième, la famille au troisième, les loisirs au quatrième. Entre le rez-de-chaussée et le premier étage se trouvent deux escaliers. L'un est en pierre avec un garde-corps en fer forgé sculpté, il était destiné aux propriétaires. L'autre était réservé aux domestiques, il s'agit d'un escalier en bois, à vis de Saint-Gilles.

La caractéristique principale de la maison de l'Armateur est l'organisation de ses vingt pièces[3] autour d'un puits de lumière octogonal[4]. L'exiguïté des pièces est palliée par des miroirs. Le sol est agrémenté de parquets en bois exotique de cinq essences différentes.

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Collection modifier

Ni tout à fait un musée, ni tout à fait une maison, la Maison de l'armateur est ouverte aux visiteurs depuis 2006.

Cette maison musée présente des objets de l'Ancien Régime et du XIXe siècle : meubles, cartes anciennes, statues, peintures, livres anciens. Les pièces sont agrémentées de livres anciens, de tableaux du musée d'art moderne André-Malraux et d'objets du muséum d'histoire naturelle[3]. Parmi les pièces les plus notables, on trouve :

Peinture

Meubles et objets d'art

  • Plat au chien Fô[5] et corbeille de fleurs
  • Sextant à lunette
  • Grand verre en cristal gravé et taillé, Pays-Bas, XVIIIe siècle
  • Maquette du trois-mâts L'Adélaïde

Mémoire de la traite négrière modifier

Cet hôtel particulier a appartenu à la plus importante famille d'armateurs négriers du Havre, les Foäche. S'il montre bien le luxe dans lequel vivaient les négociants qui vivaient du commerce triangulaire au XVIIIe et XIXe siècles, il intègre aussi une pièce consacrée à l'histoire de la traite négrière[2], unique lieu au Havre consacré à cette histoire.

La surface réduite consacrée à cette mémoire provoque de vives critiques de la part d'associations, notamment de Mémoires & Partages. Karfa Diallo, son fondateur, estime que « la maison de l’Armateur vante le luxe des armateurs qui se sont enrichis sur la traite humaine. C’est un scandale que le seul lieu évoquant ce passé soit cette maison »[6]. En janvier 2018, une pétition est même lancée par un habitant du Havre pour réclamer que cette mémoire soit présentée dans un espace dédié[7]. En réponse, la ville du Havre annonce en 2019 que des espaces seront libérés au musée Dubocage de Bléville afin d'installer une exposition permanente consacrée à ce sujet d'ici 2026[8].

Notes et références modifier

  1. Notice no PA00100713, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a et b « La maison de l'Armateur témoin du passé négrier du Havre », sur Franceinfo, (consulté le )
  3. a et b « Le Havre : maison de l'armateur », Paris-Normandie (consulté le )
  4. Élisabeth Leprêtre 2018, p. 15-21.
  5. Les chiens Fô sont des carlins gardiens des temples en Chine, voir l'article Pug (plus particulièrement le chapitre history) sur la Wikipédia anglophone.
  6. « La mémoire du commerce triangulaire et de la traite des noirs au Havre », sur www.paris-normandie.fr (consulté le )
  7. « Le passé négrier du port du Havre est-il trop « caché » ? Une pétition lancée pour un lieu de mémoire », sur actu.fr (consulté le )
  8. Par Laurent DerouetLe 21 septembre 2020 à 10h29 et Modifié Le 21 Septembre 2020 À 10h35, « Esclavage : le trop discret passé négrier du Havre », sur leparisien.fr, (consulté le )

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Aline Lemonnier-Mercier, « La maison de Paul-Michel Thibault, architecte de la ville du Havre, dite Maison de l'armateur », dans La Maison de l'artiste, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007
  • Élisabeth Leprêtre, La Maison de l'armateur. Un musée au Havre, Gand, Snoeck, 2018, 95 p. (ISBN 978-94-6161-394-3).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier