La malachite est un minéral secondaire des zones d'oxydation des gisements de cuivre, de formule Cu2CO3(OH)2, faisant partie du groupe des carbonates minéraux et du sous-groupe des carbonates anhydres avec anions étrangers.

Malachite
Catégorie V : carbonates et nitrates[1]
Image illustrative de l’article Malachite
Cristaux de malachite ; taille de la vue 3 cm, taille des cristaux 2-3 mm, Congo
Général
Numéro CAS 1319-53-5
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Cu2CO3(OH)2
Identification
Masse formulaire 221,12 uma
Couleur vert, vert noirâtre, vert clair, vert foncé
Système cristallin monoclinique
Réseau de Bravais primitif P
Classe cristalline et groupe d'espace prismatique;
P21/a
Macle fréquentes selon le pinacoïde {100} et {201}.
Clivage parfait sur {201}, irrégulier sur {010}
Cassure irrégulière
Habitus aciculaire, prismatique, massif, botryoïdal, pseudomorphose.
Échelle de Mohs 3,5 à 4
Trait vert clair, vert pâle
Éclat vitreux, adamantin, soyeux, mat, gras, terreux
Propriétés optiques
Indice de réfraction α = 1,655 ;
β = 1,875 ;
γ = 1,909
Biréfringence Biaxial(-) ; 0,254
Pléochroïsme x : presque incolore ; y : jaune verdâtre ; z : vert foncé
Dispersion optique 43°
Transparence transparent à translucide à opaque
Propriétés chimiques
Densité 3,6 à 4,05
Solubilité soluble dans HCl (bouillonne), soluble dans l'eau
Comportement chimique humidifié par HCl : colore la flamme en vert

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Historique de la description et appellations

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Inventeur et étymologie

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La malachite est identifiée à son chrysocolle « qui a la nuance du blé en herbe, dans sa verdure la plus fraîche » selon Pline l'Ancien[2]. Le nom de ce minéral vient du latin malachites déformation du grec ancien molochē (μολóχη), variante de malachē (μαλάχη), signifiant selon le contexte : « mollesse, voluptueux, efféminé », en allusion non à la couleur mais à la plante surnommée Mauve en raison de la mollesse de ses courbes.

Synonymie

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  • Chrysocolle vert[3]
  • Cuivre carbonaté vert[4]
  • Cuivre soyeux (Mine de cuivre soyeuse)[5]
  • Fleurs de cuivre vertes[6]
  • Oxyde vert de cuivre[7]
  • Vert de cuivre[8]
  • Vert de cuivre ferrugineux[9]
  • Vert de montagne[10]

Caractéristiques physico-chimiques

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Critères de détermination

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La malachite présente une effervescence à l'acide chlorhydrique, et est très légèrement soluble dans l'eau contenant du CO2.

Cristallochimie

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La malachite est analogue à la georgeïte (Cu2(CO3)(OH)2·6H2O), qui est amorphe[11].

Elle fait partie d'un groupe de minéraux isostructuraux appelé groupe de la malachite, constitué des espèces suivantes :

Cristallographie

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Maille conventionnelle de la malachite
  • Paramètres de la maille conventionnelle: a = 9,502 Å, b = 11,974 Å, c = 3,240 Å, β = 98,75 °, Z = 4, V = 364,35 Å3
  • Densité calculée = 4,03

Propriétés physiques

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Habitus

Les cristaux de malachite sont aciculaires ou prismatiques, et peuvent atteindre 9 cm[12]. Mais la malachite se trouve le plus souvent sous forme massive, botryoïdale, mamelonnée, fibreuse, stalactitique, en agrégats, grenue, terreuse, en rosette, en croûte, radiée, concrétionnée, cunéiforme, compacte, en enduit, ainsi qu'en pseudomorphose.

Gîtes et gisements

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Gîtologie et minéraux associés

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La malachite se forme dans la zone d'oxydation des sulfures de cuivre.

Minéraux associés : Azurite, cuprite, cérusite, chrysocolle, calcite, limonite, calcédoine, atacamite, brochantite, ténorite, aurichalcite

Gisements remarquables

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Drapeau de l'Australie Australie

Drapeau du Brésil Brésil
Drapeau de la Colombie Colombie
Drapeau de la république démocratique du Congo Congo (République Démocratique)

Drapeau des États-Unis États-Unis

Drapeau de la France France

Drapeau du Mexique Mexique (mines de malachite associée à l'azurite)

Drapeau de la Namibie Namibie

  • Mine d’Onganja, 60 km au nord de Windhoek, Tsumeb

Drapeau de la Russie Russie

  • Nijni Taguil, Iekaterinbourg, Oural, Mine Mednoroudiansky (’minerai de cuivre’)
    Dans cette dernière mine qui a appartenu à l'industriel et mécène russe, le comte Nikolaï Nikititch Demidoff, un important filon de 250 tonnes de malachite fut découvert en 1835. Cela permit de produire de gros objets en grande quantité, et de décorer en particulier, les intérieurs de plusieurs palais en Russie[17]. Le plus gros bloc de malachite qui ait été trouvé dans cette mine pesait 40 tonnes[18].

Utilisation

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Décoration

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La malachite a été utilisée comme pierre ornementale, pour colonnes, tables, bijoux, trophées, objets d'art :

Le vase Demidoff, de style Empire, (1819), Metropolitan Museum of Art, New York, fondeur Pierre-Philippe Thomire

États-Unis

France

La Malachite room et ses Malachite doors, au château de Chapultepec, à Mexico

Mexique

  • En 1775, le vice-roi de Nouvelle-Espagne, Bernardo de Gálvez, ordonna la construction d'une maison de campagne sur la colline de Chapultepec, à Mexico, ancien site sacré pour les Aztèques. Le château de Chapultepec est l'un des deux seuls châteaux royaux dans les Amériques, ainsi que le seul en Amérique du Nord qui a été utilisé par des souverains. Le château comporte une « Malachite room », avec en particulier deux immenses portes « Malachite doors », décorées avec de la malachite de Sibérie. L'empereur Maximilien Ier, et son épouse l'impératrice Charlotte, sous le Second Empire mexicain, l'ont habité. L'empereur a apporté d'Europe d'innombrables pièces de mobilier et objets d'art. Ceux-ci sont exposés dans le château qui est devenu, depuis 1939, le musée national d'Histoire (Museo Nacional de Historia)[21].
Crimson Drawing Room au château de Windsor

Royaume-Uni

  • Un grand vase en malachite, aux poignées en bronze représentant des têtes de Bacchus, monté sur un piédestal de forme carrée, orné des armoiries impériales britanniques, se trouve dans la salle « Crimson Drawing Room » [22], du château de Windsor. Le vase a été probablement réalisé vers 1825, dans la manufacture lapidaire impériale de Peterhof, en Russie, et a été envoyé en cadeau au roi d'Angleterre George IV, par la tsarine Alexandra Feodorovna, (épouse du tsar Nicolas Ier), par l'intermédiaire du prince Lieven, ambassadeur de Russie en Angleterre. L'objet d'art a été enregistré dans les collections royales le , par Benjamin Jutsham, greffier du roi[23].

Russie

  • À Saint-Pétersbourg 16 tonnes de malachite ont été nécessaires, à l'époque, (extraits de la mine Nijni Taguil, non loin d'Ekatérinbourg), pour la décoration des colonnes de la cathédrale Saint-Isaac (associées à d'autres colonnes, décorées avec du lapis-lazuli).
Salon vert, du palais de la Moïka à Saint-Pétersbourg, Russie

Peinture

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La malachite a été utilisée comme pigment minéral depuis l'Antiquité pour rendre certains tons bleu-vert clair et lumineux, notamment dans la réalisation des enluminures et des fresques au Moyen Âge ainsi que dans la peinture des icônes[28]. Le pigment est sensible à la lumière et aux acides et a tendance à virer de couleur. Sa forme naturelle a été remplacée par une forme synthétique.

La malachite a été utilisée par Raphaël vers 1513-1514, en particulier dans son tableau La Madone Sixtine, pour les draperies vertes à gauche et à droite en haut du tableau. La malachite a été aussi utilisée par Le Tintoret vers 1560 dans son tableau Saint-Georges et le Dragon, dans le paysage vert : malachite et plus petites quantités de vert-de-gris, ainsi que dans les parties jaunes du paysage : malachite mélangée avec du jaune de plomb-étain (en) (ou jaune des Vieux Maîtres)[29].

De nombreux peintres comme Cennino Cennini, Jérôme Bosch, Rubens ainsi que des peintres de la Renaissance italienne l'ont utilisée, parmi lesquels : Botticelli, Le Tintoret, Le Titien, Giotto, Giovanni Bellini, Cima da Conegliano, Raphaël[29]...

Autres utilisations

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  • En cosmétologie, on prétend qu'elle a une action protectrice à plusieurs niveaux du processus de défense antioxydant des cellules, et un effet détoxifiant.
  • Comme minerai de cuivre.

Décoration moderne d'intérieur

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La malachite est toujours une source d'inspiration pour des artistes américains comme Tony Duquette (en) (1914-1999), dans sa propre résidence Dawnridge[30] à Beverly Hills, États-Unis, ou pour les designers Kelly Wearstler (en) ou Jonathan Adler (en), dans leurs créations pour leurs clients. Les motifs décoratifs particuliers, décrits par la malachite, peuvent être repris sur de nouveaux supports, grâce aux techniques modernes d'impression, quel que soit le support, comme sur les tissus d'habillement ou d'ameublement (malachite print) : rideaux, tissus muraux, comme l'a fait le créateur de mode américain Halston[31].

Notes et références

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  1. Après l'effondrement de l'URSS, l'usine intègre le ministère des Services publics de la Russie. Dès 1990, l'usine n'a pas été en mesure de survivre. Elle est mise en faillite en 1998. Depuis , l'usine fabrique des produits en granit, telles les bordures de protection. En conséquence, le premier centre de taille de pierre de la Sibérie, continue à fonctionner, à ce jour

Références

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  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Pline l'Ancien, Histoires Naturelles, XXXIII, 27.
  3. Torbern Olof Bergman - Manuel du minéralogiste, ou sciagraphie du règne minéral 1784 p. 225
  4. André Henri Lucas, René Just Haüy - Tableau méthodique des espèces minérales, Volume 2 1813 p. 348
  5. Ignaz Born (Edler von) - Catalogue méthodique et raisonné de la collection des fossiles de Mlle Eleonore de Raab, Volume 2 1790 p. 337
  6. Œuvres complètes de Buffon, tome 3, éd. Duménil, 1836, p. 3 (en ligne).
  7. Jean-Claude de La Métherie - Théorie de la terre, Volume 1 1797 p. 187
  8. Henri Landrin - Dictionnaire de minéralogie, de géologie, et de métallurgie 1852 p. 498
  9. ANNALES DE MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE A PARIS, CHEZ G. DUFOUR 1812 p. 345
  10. René Just Haüy - Tableau comparatif des résultats de la cristallographie et de l'analyse 1809p.90
  11. (en) Darren A.Lytle, David G.Wahman, Michael R. Schock, Mallikarjuna N. Nadagouda, Stephen Harmon, Katherine Webster et Jacob Botkins, « Georgeite: A rare copper mineral with important drinking water implications », Chemical Engineering Journal, vol. 355,‎ , p. 1-10 (DOI 10.1016/j.cej.2018.08.106, lire en ligne)
  12. (en) John W. Anthony, Richard A. Bideaux, Kenneth W. Bladh et Monte C. Nichols, The Handbook of Mineralogy : Borates, Carbonates, Sulfates, vol. V, Mineral Data Publishing,
  13. Mine du Cap Garonne, Le Pradet, Var,sur le site planet-terre.ens-lyon.fr, consulté le 13 juillet 2014
  14. Mine de Pioch Farrus, Cabrières, Hérault, sur le site cabrieres.fr, consulté le 13 juillet 2014
  15. Gîte de Chessy-les-mines, sur le site gegm-france.org, consulté le 13 juillet 2014
  16. (en) « Malachite from Mazapil Zacatecas, Mexico », sur mindat.org (consulté le ).
  17. a et b (en) Daniel Russell - Mindat.org, « The Demidoff Malachite Mine, Nizhne-Tagil'skoye, Russia », sur www.mindat.org, (consulté le ).
  18. (en) « Manual of Mineralogy », sur forgottenbooks.com (consulté le ).
  19. (en) The Metropolitan Museum of Art, « Vase, 1819, Pierre Philippe Thomire, Malachite, gilt-bronze, and bronze », sur metmuseum.org (consulté le ).
  20. Paris Capitale Historique, « Hôtel de la Païva : visite guidée », sur paris-capitale-historique.fr (consulté le ).
  21. (es) Instituto Nacional de Antropología e Historia (INAH), « Museo Nacional de Historia - Castillo de Chapultepec », sur mnh.inah.gob.mx (consulté le ).
  22. (en) The British Monarchy, « The British Monarchy - Windsor Castle - The Crimson Drawing Room », sur royal.gov.uk (consulté le ).
  23. (en) Royal Collection, « Malachite vase (vers 1825) », sur royalcollection.org.uk (consulté le ).
  24. Splendeur et secrets du métro de Moscou, « La mosaïque florentine », sur metro-in-moscow.com (consulté le ).
  25. a et b Lizotchka, « Trompe-l'œil à la russe: mosaïque et malachite », sur lizotchka-russie.over-blog.com, (consulté le )
  26. (en) Advantour, « Catherine Hall of the Grand Kremlin Palace », sur advantour.com (consulté le )
  27. (en) Saint-Petersburg.com, « Catherine Palace », sur saint-petersburg.com (consulté le ).
  28. Malachite, sur le site enluminure-peinture.fr, consulté le 13 juillet 2014
  29. a et b (en) Colourlex, « Malachite : Natural mineral pigment known since antiquity : Malachite : Pigment minéral naturel connu depuis l'Antiquité », sur colourlex.com (consulté le ).
  30. (en) « Hutton Wilkinson Tony Duquette Studios », sur tonyduquette.com (consulté le ).
  31. (en) Bryan Anthony, « Malachite madness (La folie de la malachite) », sur houzz.com, (consulté le ).
  32. Boris Vian - Cent sonnets, « Boris Vian - Vert malachite ne profite jamais », sur www.crcrosnier.fr (consulté le ).

Voir aussi

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Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • (en) Charles Palache, Harry Berman et Clifford Frondel, The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, Yale University 1837–1892, vol. II : Halides, Nitrates, Borates, Carbonates, Sulfates, Phosphates, Arsenates, Tungstates, Molybdates, etc., New York (NY), John Wiley & Sons, , 7e éd., 1124 p., p. 252–256
  • (1960) NBS Circ. 539, 10, 31.
  • (de + en) Süsse, P. (1967) Verfeinerung der Kristallstruktur des Malachites, Cu2(OH)2CO3. Acta Cryst., 22, p. 146–151 (in German with English abs.).
  • (de + en) Zigan, F., W. Joswig, H.D. Schuster, et S.A. Mason (1977) Verfeinerung der Struktur von Malachit, Cu2(OH)2CO3, durch Neutronenbeugung. Zeits. Krist., p. 145, p. 412–426 (in German with English abs.).
  • (en-US) Richard V. Gaines, H. Catherine W. Skinner, Eugene E. Foord, Brian Mason, Abraham Rosenzweig (1997), Dana's New Mineralogy : The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, John Wiley and Sons, Inc., New York (NY), 8e édition, p. 488

Liens externes

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Vidéo externe
Malachite in art Why this paint didn’t last 500 years sur le compte YouTube de la National Gallery