Manufacture de Nast

La manufacture de Nast, dite aussi manufacture de la rue Popincourt[n 1], est une fabrique de porcelaine dure reprise en 1783 à Paris par Jean Népomucène Hermann Nast, un émigré autrichien naturalisé français.

Manufacture de Nast
illustration de Manufacture de Nast
Porcelaine dure signée Nast.
Service acquis en 1814 par le président James Madison. Collections de la Maison-Blanche.

Création 1780[1] / 1783
Disparition 1835
Fondateurs Pierre Lamaire[2] ; Jean Népomucène Hermann Nast
Siège social
Activité porcelaine

Historique modifier

Jean Népomucène Hermann Nast (dit Nast père), arrivé en France en 1778 de la région du Palatinat[réf. nécessaire], achète en 1783 la fabrique de porcelaine fondée en 1780 par Maire[1] (Lemaire[3], ou Pierre Lamaire[2]) dans la rue de Popincourt[1].

Avec le succès de sa production et l'aide de ses deux fils, en 1806[réf. nécessaire] (peut-être plus tôt : Auscher dit « peu après 1783 »[4]) il transfère la manufacture au 8[5] rue des Amandiers-Popincourt dans le 11e arrondissement de Paris[n 2][1]. Il en achète les bâtiments le 30 juillet 1791[6].

Le chimiste Louis-Nicolas Vauquelin travaille pour la manufacture, ainsi que les sculpteurs Pajou et (vers la fin) Klagmann, et des peintres de Sèvres[7]. On doit notamment à Nast père une nouvelle technique d'application de l'or sur la porcelaine avec l'utilisation de la molette pour les décors en relief[8], dont il dépose le brevet en 1810[9], et la mise au point de nouvelles couleurs. Parmi celles-ci, le vert de chrome (dit vert Empire), pouvant supporter les températures extrêmes de cuisson, est créé par Nast avec le chimiste Louis-Nicolas Vauquelin[réf. nécessaire], qui vient de découvrir en 1797 l'élément chrome[10].

La manufacture réalise ses porcelaines pour la haute société française, plusieurs cours d'Europe et crée également un des plus anciens services de porcelaine pour la Maison-Blanche en 1814[11].

Après la mort de Nast père en 1817, la manufacture demeure sous la houlette de ses fils Henri, Jean et François Jean Nast[7], associés à leur père dès 1811. Visitant l'exposition de 1819, le roi Louis XVIII leur décerne ses éloges : « Je vois avec plaisir le talent passer de père en fils, et je vous engage à le cultiver ». François Jean Nast poursuit seul l'exploitation à partir de 1831.[réf. nécessaire]

En 1835, François Jean Nast vend le fonds à la Ville de Paris, qui y ouvre une école convertie ensuite en maison de secours[12]. En août 2016, l'endroit est toujours occupé par une permanence d'action sociale.

Notes et références modifier

Notes
  1. Une autre manufacture de porcelaine a existé rue Popincourt. Celle-là a été créée par Cœur d'Acier ou Cœur Dassier jeune. Elle est vendue en 1807 à Darte aîné, et en 1825 à Discry fils. La marque de ses porcelaines est soit Darte ainé à Paris, soit un cœur[13]. Demmin précise qu'elle se situait au no 72, qui est l'ancien no 68 de la rue, et que Darte l'a reprise en 1812. Il cite aussi Discry, et un certain Talmour ; et ajoute qu'à la date de parution de son livre (1873) elle appartient à C.-H. Menard[14].
  2. Il s'agit de l'ancienne rue des Amandiers, dans la partie de rue devenue la rue du Chemin-Vert.
Références
  1. a b c et d [Jacquemart 1869] Albert Jacquemart, Les merveilles de la céramique, Occident (Temps modernes) (3e partie), Paris, L. Hachette et Cie, , 388 p., sur gallica (lire en ligne), p. 319.
  2. a et b (en) « Nast's Factory », sur britishmuseum.org (consulté en ).
  3. « La manufacture de porcelaine de Nast », sur histoires-de-paris.fr (consulté en ).
  4. Auscher 1914, p. 133.
  5. [Demmin 1873] Auguste Demmin, Guide de l'amateur de faïences et porcelaines : poteries, terres cuites, peintures sur lave, émaux, pierres précieuses artificielles, vitraux et verreries (Partie 2), Paris, libr. Veuve Jules Renouard, , 4e éd., 1227 p., sur archive.org (lire en ligne), p. 1157.
  6. Brigitte Laine, « Inventaire D48J 1 à 37, Procureurs au châtelet et avoués près le tribunal de première instance (XVIIe siècle-1848) » [PDF], sur archives.paris.fr, (consulté en ), p. 71.
  7. a et b [Auscher 1914] Ernest Simon Auscher (ex-chef de fabrication à Sèvres 1879-1889), Comment reconnaître les porcelaines et les faïences d'après leurs marques et leurs caractères, Paris, libr. Garnier Frères, (réimpr. 1921), 494 p., sur gallica (lire en ligne), p. 134 (voir aussi p. 130-131).
  8. [Armonville 1825] J.R. Armonville, La clef de l'industrie et des sciences qui se rattachent aux arts…, t. 2, Paris, Conservatoire royal des Arts et Métiers, , 558 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 286.
  9. G. Huyghe, Recueil des lois de la République Française, t. 10, cahier 28, Bruxelles, impr.-libr. A.J.D. De Braeckenier, , 471 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 32.
  10. [Spiesser] Michel Spiesser, « Nicolas Louis Vauquelin, la découverte de deux nouveaux éléments : le chrome (1797) et le glucinium (béryllium 1798) », Bulletin de l'Union des physiciens, no 807,‎ , p. 1403-1416 (lire en ligne [PDF] sur materiel-physique.ens-lyon.fr, consulté en ).
  11. [Brown Klapthor 1999] Margaret Brown Klapthor (en) (préf. Mamie Doud Eisenhower), Official White House China: 1789 to the Present, Washington D.C., Smithsonian Institution Press / The Barra Foundation / Harry N. Abrams, (1re éd. 1975) (ISBN 0-8109-3993-2 et 9780874741353).
  12. [Hillairet 1985] Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris (Chemin-Vert (rue du), no 70), Les Éditions de Minuit, .
  13. Auscher 1914, p. 134.
  14. Demmin 1873, p. 1165.

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