Maprounea guianensis

Maprounea guianensis est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Euphorbiaceae (famille du ricin). C'est un arbuste néotropical.

Il est connu en Guyane sous les noms de Radié chancre (créole), Ka'akɨ, Yalakasilo, Yalakasila (Wayãpi), Idurasβeiti (Palikur), Aye wiwii (Aluku), Vaquinha (portugais)[2].

Description modifier

Maprounea guianensis est un arbre petit à moyen, à bois dur[2], haut de 3 à 10 mètres. Ses feuilles sont elliptiques à ovales avec un apex aigu à acuminé, portant 0, 1 ou 2 paires de glandes à la base de la face abaxiale. On compte (1) 2 ou 3 fleurs pistillées par inflorescence. Les inflorescences staminée ont un contour oblong-elliptique, plus long que large. Les fruits sont des capsules longues de 4–6(–8) millimètres[3].

Notons que Maprounea guianensis change de phénotype sous l'effet du stress hydrique[4]

Répartition modifier

On rencontre Maprounea guianensis du Panama au Brésil en passant par la Colombie, le Venezuela, Trinidad, le Guyana, le Suriname, la Guyane, l'Équateur, le Pérou et la Bolivie. Il croît dans les forêts sempervirentes de plaine ou de basse montagne, souvent dans les habitats ripicoles ou perturbés, depuis le niveau de la mer jusqu'à 900 m d'altitude[3]. Il est commun en Guyane sur la côte dans les lisières de savane et les forêts secondaires, et plus rare dans l'intérieur[2].

Utilisations modifier

En Guyane, Maprounea guianensis sert à préparer un remède Créole pour soigner les chancres vénériens et les boutons sur les jambes. Les Wayãpi en tirent un antidiarrhéique. Il favorise la cicatrisation l'ombilic des nouveau-nés chez les Palikur[2]. Il sert aussi à soigner les coupures et pour la toilette intime des femmes Aluku[5]. On l'utilise pour soigner les plaies et apaiser les démangeaisons chez les Amérindiens du nord-ouest du Guyana[6].

On a découvert à Maprounea guianensis des vertus antiparasitaires nématicides sur Haemonchus contortus[7]

Maprounea guianensis a fait l'objet de plusieurs études biochimiques[8],[9],[10].

Histoire naturelle modifier

En 1775, le botaniste Aublet propose la diagnose suivante[11] :

Maprounea guianensis par Aublet (1775) Planche 342.
L'on a repréſenté un rameau de grandeur naturelle. L'on a groſſi ſes fleurs & les parties ſéparées. - 1. Axe qui porte les fleurs. - 2. Cône de fleurs. - 3. Calice. - 4. Fleur. - 5. Calice ouvert. - 6. étamines[11].
« MAPROUNEA Guianenſis. (Tabula 342.)

Frutex octo-pedalis, ramoſus ; ramis & ramulis alternis, flexuoſis. Folia alterna, ovata, acuta, glabra, integerrima, petiolata, decidua, ſupernè viridia, infernè pallide virentia. Flores terminales, in capitulum ſubrotundum congeſti ; inferiores primo expanduntur, deinde casteri ſenſim accreſcunt 5 pedunculus communis elongatur, & in angulos incurvatur, ità ut appareat ſingulum angulum florem unum ſuſtinuiſſe. Quandoque ex angulo prodit pedicellus, capitulum minus floriferum proferens.

Florebat Decembri.

Habitat Caiennæ in pratis præcdii Loyola.
 »

« LE MAPROUNIER de la Guiane. (PLANCHE 342.)

Cet arbre s'élève de ſept à huit pieds, ſur ſept à huit pouces & diamètre. Son écorce eſt liſſe, griſâtre. Son bois eſt blanchâtre & peu compacte. À meſure que le tronc ſe prolonge, il pouſſe des branches flexibles, chargées de rameaux alternes ; ils ſont garnis de feuilles entières, alternes, liſſes, ovales, terminées par une pointe. Leur pédicule eſt long & grêle. Elles ſont vertes en deſſus, plus pâles en deſſous, placées à l'extrémité des branches & des rameaux. On trouvé ſouvent des petits cônes en forme de chaton, ovoïdes, compoſés de pluſieurs fleurs entaſſées les unes contre les autres : celles du bas épanouiſſent les premières ; elles paroiſſent en cet état, portées ſur un court pédoncule. Leur calice eſt d'une ſeule pièce, diviſé en quatre parties égales, oblongues, & aiguës, de couleur verdâtre. Du milieu du calice s'élève un filet qui porte à ſon ſommet quatre anthères droites, placées autour d'un disque charnu & jaunâtre. Elles ſont à deux bourſes marquées par un ſillon à leur face intérieure ; les fleurs tombent peu après leur épanouiſſement. L'axe qui les ſoutient s'allonge & paroit courbe en zic zac, dont chaque angle portoit une fleur. Quelquefois au lieu d'une ſeule fleur, il part d'un des angles, un chaton de fleurs.

Je n'ai jamais trouvé d'autres fleurs ſur cet arbre, quelque recherche que j'aie faire ſur pluſieurs pieds qui étoient dans le même terrein. J'ai tout lieu de préſumer que les fleurs femelles croiſſent ſur un autre individu.

Cet arbre vient dans l'île de Caïenne, dans les prairies de Loyola.

II étoit en fleur dans le mois de Décembre.

J'ai obſervé qu'il perdoit ſes feuilles, & qu'il en pouſſoit de nouvelles chaque année. »

— Fusée-Aublet, 1775.


Notes et références modifier

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 22 novembre 2021
  2. a b c et d Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 629-630
  3. a et b (en) Paul E. Berry, Hans-Joachim Esser, Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 5 - Eriocaulaceae–Lentibulariaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 833 p. (ISBN 9780915279715), p. 16
  4. (en) Marília Grazielly Mendes dos Santos, Alexsandro dos Santos Sousa, Sâmia Paula Santos Neves, Davi Rodrigo Rossatto, Lia d’Afonsêca Pedreira de Miranda et Ligia Silveira Funch, « Drought responses and phenotypic plasticity of Maprounea guianensis populations in humid and dry tropical forests », Rodriguésia, vol. 72,‎ (DOI 10.1590/2175-7860202172077)
  5. Marie Fleury, MÉDICAMENTS ET ALIMENTS : L’APPROCHE ETHNOPHARMACOLOGIQUE : Végétaux utilisés pour l'hygiène intime des femmes Aluku en Guyane française : interprétation culturelle et intérêt pharmacologique, Paris, Orstom, coll. « Coll. et Sém. », , 418 p. (lire en ligne)
  6. (en) Tinde VAN ANDEL, Sanne DE KORTE, Daphne KOOPMANS et al., « Dry sex in Suriname », Journal of Ethnopharmacology, vol. 116, no 1,‎ , p. 84-88 (DOI 10.1016/j.jep.2007.11.003)
  7. (en) S.C.O. Santos, J.A. López, M. Meira, M.T.B. Guedes, J.M. David, F. Zacharias, J.P. David et F.W.M. Lima, « Haemonchus contortus protease inhibition by n-alkyl ferulates from Maprounea guianensis », Research in Veterinary Science, vol. 92, no 3,‎ , p. 492-493 (DOI 10.1016/j.rvsc.2011.06.001)
  8. (pt) Marilena Meira, Jorge M. David et Juceni P. David, « Triterpenos e outros constituintes de Maprounea guianensis [Triterpenes and other constituents of Maprounea guianensis] », Brazil,‎ (lire en ligne)
  9. (pt) Juceni P. David, Marilena Meira, Jorge M. David et Maria Lenise da S. Guedes, « Triterpenos e ferulatos de alquila de Maprounea guianensis [Triterpenes and alkyl ferulates from Maprounea] », Quím. Nova, vol. 27, no 1,‎ (DOI 10.1590/S0100-40422004000100013, lire en ligne)
  10. (en) Stewart McLean, Marion Perpick-Dumont, William F. Reynolds, Helen Jacobs et Sagar Singh Lachmansing, « Unambiguous structural and nuclear magnetic resonance spectral characterization of two triterpenoids of Maprounea guianensis by two-dimensional nuclear magnetic resonance spectroscopy », Canadian Journal of Chemistry,‎ (DOI 10.1139/v87-420)
  11. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 895-897

Voir aussi modifier

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