Adrien Maurice de Noailles
Adrien Maurice de Noailles, comte d'Ayen, 3e duc de Noailles (1708), marquis de Montclar, comte de La Motte-Tilly et de Nogent-le-Roi, vicomte de Carlux, né le [1] et mort le , est un officier français, élevé à la dignité de maréchal de France en 1734.
Adrien Maurice Duc de Noailles | ||
Adrien Maurice de Noailles Portrait par Eloi Firmin Féron, 1834 | ||
Naissance | 22 ou |
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Décès | (à 87 ans) |
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Origine | Royaume de France | |
Dignité d'État | Maréchal de France | |
Conflits | Guerre de Succession d'Espagne Guerre de Succession de Pologne |
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Distinctions | Chevalier de la Toison d'or en 1702 Grand d'Espagne de 1re classe en 1711 Chevalier du Saint-Esprit en 1724. |
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Autres fonctions | Président du Conseil de finances Secrétaire d'État aux Affaires Étrangères |
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Famille | Maison de Noailles | |
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Famille
modifierIl est le fils aîné d'Anne Jules de Noailles (1650–1708), 2e duc de Noailles, et de la duchesse Françoise de Bournonville (1656-1748).
Le , il fait un mariage avantageux en épousant Françoise Charlotte d'Aubigné (1684-1739), nièce et héritière de Mme de Maintenon.
Ils ont eu six enfants :
- Françoise Adélaide de Noailles (1704-1776), épouse (1717, séparés en 1721) Charles de Lorraine, comte d'Armagnac (1684-1751) ;
- Amable Gabrielle de Noailles (1706-1771), épouse (1721) Honoré-Armand de Villars (1702-1770), duc de Villars ;
- Marie Louise de Noailles (1710-1762), épouse (1737) Jacques Nompar III de Caumont, duc de La Force (1714-1755) (séparés en 1742) ;
- Louis de Noailles (1713-1793), duc d'Ayen puis duc de Noailles, maréchal de France ; épouse (1737) Catherine Françoise de Cossé-Brissac (1724-1794) d'où postérité
- Philippe de Noailles (1715-1794), duc de Mouchy, également maréchal de France, duc de Poix ; épouse (1741) Anne-Claude d'Arpajon (1729-1794) d'où postérité
- Marie Anne Françoise de Noailles (1719-1793) qui épousa (1744) Louis Engelbert comte de La Marck (1701-1773), veuf d'Henriette Marie Anne comtesse de Bienassis - sans descendance.
Biographie
modifierFormation et début de carrière
modifierÀ la suite de son père, il est gouverneur du Roussillon du à sa mort. Il est aussi gouverneur du Berry du à 1715.
La guerre de Succession d'Espagne (1701-1714)
modifierManifestant très tôt de grandes qualités militaires, il est d'abord capitaine de la première compagnie des Gardes du corps, promu brigadier le , maréchal de camp en 1704, lieutenant général en 1706.
Pendant cette guerre, il participe à sept campagnes en Catalogne, d'abord sous les ordres de son père ; il fait le siège de la place de Girona à partir du 15 décembre 1710 avec une armée de 18 000 hommes. Dans la ville, le comte Georg Ignaz von Tattenbach organise la défense catalane avec environ 2 000 combattants. Après six semaines d'attaques continues et de fortes pluies, les troupes françaises ouvrent une brèche dans le secteur de Santa Llúcia, (nord-est de la ville); la ville de Girona capitulera le 14 janvier 1711[2].
Président du Conseil de finances
modifierAprès la mort de Louis XIV (), dans le cadre du nouveau système de la polysynodie, il est nommé président du Conseil de finances le . En effet, le Régent cherche à remercier des amis politiques, comme les membres du clan des Noailles, qui s'étaient récemment ralliés à lui. Ainsi, Adrien Maurice de Noailles est chargé de la lourde tâche de redresser les finances du royaume, puisque le chef du Conseil des finances, le maréchal de Villeroy, n'est pas compétent. Le duc de Noailles est sans doute le noble d'épée qui maîtrise le mieux les finances et il est entouré, dans le Conseil de finances, de nobles de robe spécialistes dans ces matières[3].
La direction du Conseil de finances est théoriquement bicéphale : Villeroy en est le chef, titre accordé à ceux qui sont à la fois membres du Conseil de Régence et à la tête d'un Conseil particulier, et Noailles le président. En fait, Villeroy intervient peu et les affaires sont présentées par Noailles. Ce dernier ne se contente pas de présider les débats, il expose régulièrement des rapports sur des dossiers, comme un simple conseiller. Son bras droit, dont le rôle est particulièrement important, est Hilaire Rouillé du Coudray. Un autre conseiller, Henri François de Paule Lefèvre d'Ormesson, est de ses fidèles[3].
Confronté à des finances délabrées à la suite de la guerre de succession d'Espagne, il met toute son énergie à les redresser et à mieux contrôler les financiers, avec l'aide des frères Paris, grâce à l'opération du visa sur les papiers royaux et sur les receveurs généraux des finances. Il s'efforce aussi d'assainir la monnaie et donne son nom à un nouveau type de louis d'or, créé par son ordonnance du [4]. il parvient à éviter une banqueroute totale au prix de plusieurs banqueroutes partielles.
Il fut un des instigateurs de la chambre de justice de 1716, qui avait pour but de faire condamner les affairistes qui spolient l'État et ainsi réduire la dette. Il propose comme procureur Michel Bouvard de Fourqueux, neveu de son bras droit Hilaire Rouillé du Coudray. Bouvard de Fourqueux exerce la même charge à la Chambre des comptes et a la réputation d'être intelligent et souple, qualités que Noailles apprécie. Bouvard de Fourqueux ne cherche pas à ruiner les financiers mais à faire des exemples[5]. Finalement, les résultats sont maigres d'un point de vue financier[6], mais cette Chambre de justice permet de punir un grand nombre de malfaiteurs[5].
Il met également au point un projet de taille proportionnelle qui reçoit un début d'application[7]. En 1717, un comité est créé pour proposer des solutions de rétablissement de la situation financière. Après trois mois de réflexion, le duc de Noailles présente les conclusions de ce travail : suppression du dixième, réduction des dépenses et création de la compagnie d'Occident promise à John Law [3],[8]. Le duc de Noailles, disgracié par le Régent, démissionne en janvier 1718 du Conseil de finances[3].
La guerre de Succession de Pologne (1733-1738)
modifierPendant la guerre de Succession de Pologne (1733-1738), il fait la campagne d'Allemagne de 1734 sous les ordres du maréchal de Berwick. Il est élevé à la dignité de maréchal de France le après le siège de Philippsbourg.
La guerre de Succession d'Autriche (1740-1748)
modifierPendant la guerre de Succession d'Autriche, il est commandant en chef de l'armée d'Allemagne.
Fin avril 1743, son armée forte de 70 000 hommes traverse le Rhin à Spire et s'avance à la rencontre de l'armée anglo-hanovrienne commandée par George II. Leur rencontre à lieu à Dettingen[9], à 10 km au sud-est de Francfort, le . Au départ, la position française est forte, la victoire paraît certaine, mais à la suite d'une manœuvre intempestive de son neveu, le duc de Gramont, l'armée française est prise de panique et vaincue, réussissant cependant à atteindre Spire le 12 juillet.
L'année suivante, le duc de Noailles réussit à expulser les Autrichiens d'Alsace, mais laisse passer l'occasion de leur infliger de lourdes pertes au moment où leur armée franchit le Rhin.
En 1745, il fait la campagne de Flandre aux côtés de Louis XV. Il est doyen des maréchaux de France en 1748.
Carrière ministérielle et diplomatique (1743-1756)
modifierLe , il est nommé ministre d'État. Toujours partisan de la rigueur financière, il donne à Louis XV des conseils de fermeté dans le domaine fiscal, qui ne seront pas écoutés.
Il est secrétaire d'État aux Affaires étrangères du au . Il fait partie de ceux qui estiment impossible d'empêcher les Habsbourg d'Autriche de reprendre le titre impérial, perdu en 1742, et préconise un rapprochement avec Marie-Thérèse pour contrer l'Angleterre. En 1745, l'époux de Marie-Thérèse, François de Lorraine, est élu empereur après le décès du Bavarois Charles VII.
Il effectue ensuite plusieurs missions diplomatiques, s'efforçant en 1746 d'améliorer les relations avec l'Espagne. Il siège au Conseil du Roi jusqu'au , date à laquelle il se retire en raison de son âge.
Le duc de Saint-Simon, persifle à son propos dans ses Mémoires : « Le serpent qui tenta Ève, qui renversa Adam par elle, et qui perdit le genre humain, est l’original dont le duc de Noailles est la copie la plus exacte, la plus fidèle, la plus parfaite[10]. »
Distinctions
modifierIl a été fait chevalier de l'Ordre de la Toison d'or en 1702, grand d'Espagne de 1re classe en 1711, en récompense de ses services durant la guerre de Succession d'Espagne, et chevalier du Saint-Esprit en 1724.
Notes et références
modifier- Ou le .
- Manuscrit conservé à la Biblioteca Nacional de Catalunya (Ms. 846, identificador MCEM 132)
- Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN 978-2-87673-547-7)
- Gildas Salaün, « Le Louis d'or de Noailles », Monnaie magazine, , p. 38-41 (ISSN 1626-6145)
- (en) Erik Goldner, « Corruption on Trial : Money, Power, and Punishment in France’s Chambre de Justice of 1716 », Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, vol. 17, no Vol. 17, n°1, , p. 5–28 (ISSN 1422-0857, DOI 10.4000/chs.1407, lire en ligne, consulté le )
- Jean Villain, « Naissance de la Chambre de justice de 1716 », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 35, no 4, , p. 544–576 (DOI 10.3406/rhmc.1988.1467, lire en ligne, consulté le )
- Mireille Touzery, L’invention de l’impôt sur le revenu : La taille tarifée 1715-1789, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, coll. « Histoire économique et financière - Ancien Régime », (ISBN 978-2-8218-2850-6, lire en ligne)
- Edgar Faure, 17 juillet 1720. La banqueroute de Law, Paris, Gallimard, coll. « Trente journées qui ont fait la France » (no 15), , 742 p.
- Dettingen fait partie de la commune actuelle de Karlstein am Main.
- Saint-Simon, Mémoires, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 1985, t. V, p. 283.
Article connexe
modifierLiens externes
modifierBibliographie
modifier- Mémoires politiques et militaires pour servir à l'histoire de Louis XIV et de Louis XV, composés sur des pièces originales recueillies par Adrien-Maurice, duc de Noailles, maréchal de France et ministre d'État, par M. l'abbé Millot, 6 vol. Paris, 1777, disponible sur Google Livres. Réimprimés dans les collections de Petitot-Monmerqué (tomes LXXI-LXXIV, 2e série) et de Michaud-Poujoulat (tome XXXIV), disponibles sur Gallica.
- Pinard, Chronologie historique-militaire, Paris, 1761, tome III, p. 260-273, disponible sur Gallica.
- Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 - (ISBN 978-2-221-04810-8)
- Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne : (1519-1790), Paris 1996, p. 819-820